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EAN : 9782203237483
288 pages
Casterman (06/04/2022)
3.93/5   111 notes
Résumé :
Nouvelle-Calédonie, 1931. Le jour où des membres de sa tribu sont choisis pour participer à une mission spéciale à Paris, le jeune Edou, fougueux et aventureux, s'introduit dans le groupe. Sur place, il déchante rapidement lorsqu'il découvre un enclos et une pancarte sur laquelle est inscrite Cannibales.
Cette histoire est inspirée de l'exhibition des Kanaks pendant l'exposition coloniale de 1931, en marge de laquelle un groupe d'anciens coloniaux décide de ... >Voir plus
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« On se demande qui sont les sauvages et qui sont les hommes ! »

Avec son sens de l'à-propos, mon moussaillon de douze ans résume parfaitement les choses. La véritable sauvagerie, c'est l'exhibition d'humains présentés comme des primitifs afin d'assouvir la soif de sensationnalisme, d'engranger des sommes folles et par la même occasion de légitimer la politique colonialiste.

Annelise Heurtier contribue à raviver la mémoire d'un phénomène historique terrible, mais longtemps refoulé. Sa plume vive et acérée nous transporte en 1931. À Paris germe l'idée redoutable d'exposer une troupe de « Kanaks » en marge de l'exposition coloniale. Attiré par la perspective de voir du pays et la promesse de pouvoir présenter sa culture, Edou quitte la Nouvelle-Calédonie et embarque à bord du navire pour la France. le groupe déchante rapidement lorsqu'il se retrouve installé dans un enclos affublé d'une pancarte : « CANNIBALES ».

Edou est un beau personnage dont on partage les rêves et la curiosité, l'amour de sa mère, la désorientation, la peur, la révolte – bref, l'humanité. Une humanité qui nous renvoie à la sauvagerie des faits dont le roman reste très proche, soulignée par de saisissants documents d'époque insérés au fil des page. L'alternance de points de vue révèle aussi le cynisme méprisant des tenanciers de zoos humains et la curiosité malsaine des visiteurs (plus d'un milliard et demi entre 1810 et 1940 tout de même, nous dit l'historien Pascal Blanchard en post-face). N'ayant pas du tout pris la mesure de l'ampleur du phénomène avant de lire ce roman, j'en suis restée sonnée.

Avec ces émotions fortes, je ne vous ai même pas parlé de Victor ! Et bien, je n'en dirai pas plus pour vous laisser le plaisir de le rencontrer par vous-même.

Si les romans d'Annelise Heurtier sont si inspirants, c'est qu'ils évoquent toujours le courage infini de ceux qui osent ouvrir les yeux et s'exposer en première ligne pour repousser les obscurantismes et conquérir de nouveaux droits.

Un roman qui se dévore : dans la droite lignée de Sweet Sixteen, à la fois solidement documenté, éclairant et émouvant.
Lien : https://ileauxtresors.blog/2..
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1931, Nouvelle-Calédonie. Edou, jeune kanak, ne rêve que d'une chose : quitter la réserve, quitter son île, pour aller découvrir la France, ce pays dont il entend si souvent parler et qui le fait tant rêver. Alors lorsqu'un homme leur annonce qu'une partie d'entre eux partira en métropole pour présenter leur culture à l'Exposition coloniale et qu'ils pourront ainsi découvrir Paris, Edou n'hésite pas. Il prend la place d'un ami plus timoré et embarque à bord du paquebot qui le mènera en France.
Mais une fois arrivé sur place, la désillusion est vive.

Annelise Heurtier revient ici sur un fait historique qui fit scandale à son époque. L'exhibition de 111 Kanaks au Jardin d'Acclimatation, à l'occasion de l'Exposition coloniale internationale. Bref au zoo, en face des crocodiles. Pourquoi là-bas et pas au Bois de Vincennes où se tenait la célèbre exposition ? Tout simplement parce que le gouvernement français ne veut plus être associé aux « zoos humains ». Ces exhibitions sensationnelles « d'indigènes » ne sont effectivement pas en adéquation avec la mission d éducation menée dans les colonies.
Alors lorsque s'ouvre l'exposition coloniale internationale au Bois de Vincennes, la FFAC, Fédération française des Anciens coloniaux qui a besoin de renflouer ses caisses, n'a pas d'autre choix que d'installer au jardin d'Acclimatation ces hommes et ces femmes qui vont être présentés comme d'horribles cannibales et devoir se plier à une mise en scène odieuse. Une partie d'entre eux ira même en Allemagne poursuivre la « tournée ». Cette exploitation honteuse des kanaks provoquera la fureur des membres de la Ligue pour la Défense des droits de l'Homme, des communistes ou encore des membres des organisations chrétiennes.
Ce qui est assez drôle est de découvrir que les kanaks sont totalement assimilés: ils parlent et lisent la langue française, ils sont de fervents chrétiens, ... La mission d'éducation de la politique coloniale a en quelque sorte réussi puisque certains ne connaissent plus de chants coutumiers. Et là, à Paris, on veut les faire passer pour de réels sauvages qu'ils n'ont jamais été...

Comme à son habitude, Annelise Heurtier s'est beaucoup documentée et relate en majeure partie des faits véridiques dans cette fiction destinée aux adolescents. le style est très fluide, l'histoire se lit très bien et est très intéressante. Je regrette un peu que les personnages ne soient pas assez creusés et qu'ils ne soient là que pour servir L Histoire justement.

Un bon roman historique de littérature ado qui lève le voile sur un épisode peu reluisant de l'histoire coloniale française. Encore une fois.
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Annelise Heurtier est une prolifique autrice de romans pour la jeunesse. Certains s'inspirent d'événements historiques et parviennent avec efficacité à familiariser les jeunes lecteurs avec une période ou des faits dont ils ignorent tout, qu'il s'agisse de l'ouverture des établissements scolaires aux enfants noirs aux États-Unis dans « Sweet sixteen », ou du carcan qui pesait sur les jeunes filles désireuses de pratiquer un sport dans les années 1960 dans « La fille d'avril ». Avec « Des sauvages et des hommes », l'autrice s'inspire à nouveau d'un fait réel : celui de l'exposition en 1931 d'un groupe de Kanak présentés comme des cannibales et exhibés dans la capitale française comme de véritables animaux exotiques. C'est dans ces circonstances que l'on fait la rencontre entre les deux protagonistes de ce récit : Edou, un jeune Kanak qui rêvait de quitter la Nouvelle-Calédonie et l'oppressante main mise française et qui découvre avec effarement la manière dont on les traite et les présente au public ; et Victor, jeune parisien originaire d'une famille bourgeoise qui, bien que non politisé et très peu informé de la politique menée par la France en Nouvelle-Calédonie, va se questionner et s'émouvoir du sort d'Edou auquel il s'identifie rapidement malgré leurs différences.

L'histoire accorde évidemment une large part à la fiction, mais le contexte historique est malgré tout reconstitué avec soin. L'occasion d'en apprendre plus sur la politique coloniale française au début du XXe, de rappeler les dégâts qu'elle a provoqué, les souffrances qu'elle a pu engendré, et surtout les clichés racistes qu'elle a fait naître, dont certains continuent aujourd'hui encore de perdurer. le sujet pourrait certes paraître un peu plombant, voir trop complexe pour un jeune lectorat, heureusement la plume particulièrement fluide d'Annelise Heurtier permet de se plonger dans l'histoire et de suivre son déroulement sans trop de difficulté. On s'attache rapidement aux deux personnages qui, par leurs origines et leurs parcours très différents, nous permettent de mieux cerner le cadre dans lequel se déroule le récit. La société française telle que dépeinte ici est ainsi fortement empreinte de racisme, ces « zoos humains » servant le discours en vogue à l'époque concernant l'existence de races, dont certaines seraient inférieures à d'autres. le roman est d'ailleurs agrémenté de plusieurs articles de presse ou affiches de l'époque qui attestent de la violence du racisme engendré par la politique coloniale française, ce qu'explique d'ailleurs très bien l'historien Pascal Blanchard dans une postface instructive.

« Des sauvages et des hommes » est un bon roman jeunesse qui permettra de sensibiliser de jeunes lecteurs à la « mode » des zoos humains et aux ravages de la colonisation. Fluide et bien rythmé, le récit ne pose pas de problèmes de compréhension particuliers et devrait pouvoir être lu dès la 4e.
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En 1930, Georges Bartholomoy et Maurice Séguin de la Fédération française des anciens coloniaux, ont l'idée de présenter des Kanaks lors de l'exposition coloniale de 1931 à Paris. Ils dépêchent en Nouvelle-Calédonie, Jean Pourrot, chargé de sélectionner les participants en lien avec le service des indigènes afin de sélectionner des femmes et des hommes en bonne santé et surtout dociles. Henri est choisi par le chef de son village mais il ne veut pas partir en France et son ami Edou invente un stratagème pour le remplacer au moment de l'embarquement sur le paquebot, Ville de Verdun. Edou retrouve sur le paquebot les compagnons de son village, Germain, Elisée et Germain. Après un débarquement à Marseille, ils arrivent à Paris où ils sont parqués dans un enclos du jardin d'acclimatation à côté des crocodiles et ils sont présentés au public parisien comme les derniers cannibales, ils doivent jouer des scènes afin que le public parisien frémisse ! Non loin de là, Victor Noblecourt est le fils d'une famille de drapiers qui s'est énormément enrichie pendant la première guerre mondiale. Il est étudiant en droit et en économie et ses soeurs veulent visiter l'exposition coloniale puis voir les cannibales au jardin d'acclimatation : lors de la visite, Victor rencontre Edou…


Annelise Heurtier a commencé à publier des romans pour la jeunesse en 2007 au Rouergue avec Sidonie Quenouille et publié depuis lors une quarantaine de romans, Ma grand-mère a un amoureux ! en 2008, Tu seras pirate, mon fils ! puis Les étranges disparitions en 2009, le grand concours des sorcières en 2010. Nous commençons à la connaître en 2011 avec le carnet rouge sur les secrets de famille et la découverte des origines d'une jeune héroïne, en 2012, La fille aux cheveux d'encre, Bertille au chocolat, Mon livre pour épater les grands, Olaf : le géant mélomane nous laissent moins de souvenirs avant la publication en 2013 de Sweet sixteen sur la ségrégation aux Etats-Unis d'Amérique qui reçoit un succès critique élogieux et permet à Annelise Heurtier d'être mieux connue et reconnue. Elle enchaîne alors les succès avec la série Charly Tempête et des romans pour adolescents comme Là où naissent les nuages en 2014 - sur le thème de l'obésité, Refuges en 2015 - sur le thème de l'accueil des migrants, le complexe du papillon en 2016 - sur le thème de l'anorexie, Envole-moi en 2018 - sur le thème du handicap, La fille d'avril en 2018 - sur mai 1968, Chère Fubuki Katana en 2019 - sur le thème du harcèlement.


Annelise Heurtier poursuit son travail de documentation pour aborder des sujets historiques qu'elle vulgarise dans des romans pour la jeunesse. Dans Des sauvages et des hommes, elle décrit l'organisation d'un zoo humain lors de l'exposition coloniale en 1931. Elle choisit comme dans Sweet Sixteen d'alterner les deux points de vue, ici, celui d'un jeune Kanak, Edou, parqué dans un enclos au jardin d'acclimatation et celui d'un jeune étudiant bourgeois parisien, Victor. Ces points de vue lui permettent de retranscrire à la fois l'expérience terrible du jeune Kanak et de montrer les attentes et les réactions de la société française à Paris. Annelise Heurtier partage dans ce roman de nombreux documents historiques retranscrits au fil de l'intrigue. Une postface de l'historien Pascal Blanchard permet de connaître l'histoire de ces zoos humains de 1810 à 1940 après des dizaines d'années d'occultation de cette pratique dans la mémoire collective jusqu'à l'organisation d'expositions et la publication d'ouvrages historiques sur le sujet tout récemment.
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: "- Nous offrirons un spectacle autrement plus passionnant que celui d'indigènes présentant benoîtement leur artisanat, poursuivit Seguin. Des Canaques! Des Canaques assoiffés de sang!...
- Des Canaques assoiffés de sang? Tu sembles oublier un détail. le Maréchal Lyautey l'a dit lui-même, " aucune monstruosité indigène indigne de la République" ne sera tolérée dans l'enceinte de l'Exposi...
D'un geste de la main, Seguin coupa la parole de son ami..."

Un préambule du roman nous préviendra nous aussi: la France dans ses faits réels reviendra sur ses excès et ses dérives en 1931. Il y avait du triste vécu.
Plus de zoos humains indignes. C'était aussi à dire que, bien que certains indigènes colonisés restaient parqués dans des zones alloués suivant les colonies, ils étaient devenus une part de la France, des frères "étranges" mais des frères quand même.

Dans la fiction, une Exposition coloniale viendra célébrer l'esprit de découverte à la française plus que celui de conquête, avec des pavillons et des hommes d'ailleurs, qui viendront vanter eux-mêmes la culture, insulaire ou d'un autre continent et l'artisanat indigènes en territoires français outre mer.

Les deux personnages de l'extrait ne seront pas persuadés que c'est ce que le public attendra, s'associer à un art tribal, à des traditions qu'on ne connait pas encore, en faire sien, les faire entrer dans les foyers. Et leur idée sera de faire beaucoup d'argent et rapidement pour la Fédération française des Anciens Coloniaux dont ils faisaient partis.
Donc, direction le Jardin d'acclimatation de Paris, en marge de la grande Exposition, là où il sera plus compliqué pour les autorités de pouvoir mettre le hola.
Et place au spectacle!

C'est l'histoire fictive d'un groupe de "Kanaks" invités pour l'occasion et dupé.

L'intrigue se tissera sur un fil tendu, sur une tentation: malgré les avertissements de l'État clairement envoyés aux organisateurs, le public se laissera t-il aller à alimenter du spectacle illégal, indigne?

Cèdera t-il à ses penchants pervers de curiosité qui le firent tomber auparavant bien bas, considérant parfois d'autres communautés d'hommes comme des animaux?

Qui s'en soucie? La fédération leur promettra du frisson près d'une fosse de crocodiles, avec la mise en scène d'un peuple promû au rang de cannibales.

Les personnages de la Fédération Française des Anciens Coloniaux de la fiction viendront répondre à la question: l'âme d'un homme a t-il un prix? C'est une intérrogation aussi valable pour le groupe de Kanaks que pour le public qui paiera pour venir les voir comme avant.
Le temps aura passé, Paris aura t-elle envie de s'amuser selon les termes de la Fédération du roman?
Nous suivrons l'aventure par le biais d'Edou, un jeune de Nouvelle Calédonie, qui verra une opportunité dans ce recrutement ( dont il ne fera pas parti), pour "voir du pays", la France, c'est loin.
Il prendra donc la place de son ami Henri et racontera.
Nous verrons comment les attentes des canaques et celles des organisateurs se rencontreront, tandis que sur tout le trajet vers la France, on tentera de les installer dans leur rôle de faux "sauvages", vêtus de pagnes et de grigri. Soit de confession catholique ou protestante, un minimum instruit, le groupe progressera dans l'incompréhension.
Piégé sur des contrats de travail de deux ans mais avec un salaire négocié, nous nous demanderons avant de dépasser la moitié du roman si les personnages seront traités en esclaves rémunérés ou si les organisateurs compteront sur la négociation pour ne pas perdre d'argent et que "le spectacle continue"?

On aime le ton qui ne forcera pas le trait de l'ignominie et nous replacera dans des échanges naturellement fourbes mais tristement humains qui nous parleront.
L'État sur de nouvelles bases en appellera à l'empathie, à l'ouverture culturelle et d'autres se soucieront surtout de comprendre comment rendre tout ceci utile pour se faire beaucoup d'argent plutôt que cette ouverture culturelle leur en coûte. Sinon à quoi bon?
L'après-colonisation laissera peut-être un goût amer sur lequel les organisateurs compteront surfer.
Les lecteurs n'auront qu'une hâte, c'est de constater si le groupe choisira la soumission, le compromis ou la "grève" du travail?
On aime bien les histoires basées sur des faits véridiques d'Annelise Heurtier, ils font réfléchir avec tact.

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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
En 1931, la politique colonialiste de la France est à son apogée et trouve peu de remise en cause. On lui prête de nombreux bénéfices politiques, économiques et humanistes, tant on est convaincu qu'elle permet aux territoires conquis de "sortir des ténèbres".
À cette époque, la Nouvelle-Calédonie est une colonie française depuis quatre-vingts ans environ. L'administration française a parqué les Kanaks dans des réserves pour donner les meilleures terres aux colons et aux anciens prisonniers (de 1864 à 1924, l'île sert surtout de bagne où la France envoie ses criminels et déportés politiques, dont ceux de la Commune de Paris). Un code de l'indigénat très strict soumet les Océaniens à des impôts, à une multitude d'interdictions et autres travaux forcés, on vise également à éradiquer la culture et le système de croyance kanak. Bien qu'elle soit romancée (d'où les légers changements de noms des principaux protagonistes), cette histoire se fonde sur des faits réels, l'exhibition d'une centaine de Kanaks dans un enclos du Jardin d'Acclimatation de Paris.
À ce moment-là, l'Europe connaît déjà une longue tradition d'expositions de ses populations indigènes, qui sont autant d'occasions pour les habitants - qui ne voyagent pas - de voir cet Autre qui les intrigue au plus haut point, de mener des études scientifiques sur la "race" et de confirmer les théories sur la supériorité de l'homme blanc. L'État ne souhaite cependant plus être associé aux exhibitions "sensationnelles" qui présentent ces populations comme des sauvages ou des primitifs, dans le sens où ces "monstruosités" lui semblent indignes de la mission d'éducation menée dans les colonies. C'est donc une association privée qui décide de faire venir la troupe de Kanaks. Officiellement, il s'agit pour les Océaniens de montrer leur culture aux Parisiens. En réalité, ils seront présentés comme des cannibales, dans un enclos en face des crocodiles.
Tous les documents présentés dans ce roman sont réels (...) et sont connus grâce au travail de Joël Dauphiné, dont l'étude très détaillée, Canaques de la Nouvelle-Calédonie à Paris en 1931 - De la case au zoo (L'Harmattan, 1998) m'a permis d'écrire ce roman. pg 5 à 7
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"Chers amis,
Quelle chance. Quelle chance vous avez là. Quel insigne honneur pour vous tous qui êtes rassemblés dans ces jardins. Bientôt, grâce à M. Pourrot dont nous pouvons louer le sens du devoir et le dévouement, vous allez pouvoir remédier à un tragique oubli. Oui ! À l'heure où se prépare une grandiose exposition coloniale à Paris, comment notre territoire aurait-il pu souffrir de ne pas être représenté ?
Vous voilà investis d'une immense responsabilité. Une belle et grande mission, qui honorera ces terres et les miracles que la République y a accomplis. Car la colonisation ne se limite pas au défrichement, à la construction de routes ou de bâtiments modernes. Comme l'a si admirablement dit le maréchal Lyautey : « Coloniser, c'est aussi gagner à la douceur humaine les cœurs farouches de la savane ou du désert. »
Avec vous, grâce à vous, le public parisien va redécouvrir une culture magnifiée par la lumière d'une puissance civilisatrice. Grâce à vos connaissances, à votre attitude irréprochable et à vos savoir-faire, vous ferez honneur à la grandeur de la France et à la Nouvelle-Calédonie.
Ce voyage est la chance de votre vie. L'occasion unique de contempler les splendeurs de notre patrie. L'opportunité de visiter nos cathédrales, nos églises. Oui, c'est une chance. Et une responsabilité.
Chers amis, j'ai confiance en vous. Faites-nous honneur en représentant, avec toute la candeur
et la générosité de vos cœurs purs, ce territoire que la Patrie a sorti des ténèbres, ce territoire qu'elle pousse chaque jour un peu plus sur les rails de la civilisation.
Chers amis, bon voyage ! Et revenez-nous vite, l'esprit grandi du bon accueil que vous aurez reçu." pg 53 à 55
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Victor s'était toujours demandé de quoi étaient faites les heures avant que l'histoire bascule.
La plupart du temps, bien sûr, ces heures n'existaient pour personne, puisque le virage, petit ou grand, individuel ou collectif, positif ou négatif, s'opérait sans qu'on en ait la prescience.
Mais qu'étaient-elles pour celui qui s'apprêtait à empoisonner sa femme ?
Qu'avait ressenti Gavrilo Princip juste avant d'assassiner l'archiduc François-Ferdinand ?
Et le meurtrier de Jean Jaurès ?
Victor était justement dans ces heures-là. Dans ces minutes, même.
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Suzanne Noblecourt entra dans le salon. Toujours impeccablement coiffée et habillée, la taille prise dans un corset, elle n’avait pas cédé à la mode de ces robes droites que l’on voyait dans les magazines ou, plus proche d’elle, sur Irène. Cette dernière poussait même le vice jusqu’à utiliser un aplatisseur de poitrine, il ne faudrait pas s’étonner si cette insolente n’arrivait pas à se trouver un mari.
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Mais il lui dirait surtout les ancêtres, la manière qu’ils avaient de voir la nature, le vivant et l’homme, le lien puissant entre les trois, tout ce qui avait survécu, là, quelque part en eux, malgré l’arrivée des colons, tout ce qui faisait leur culture et dans lequel Victor, lui, serait capable de trouver le beau et le pur.
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