L'Odyssée des gènes

La grande biologiste Evelyne Heyer livre une histoire de l'homme sous le prisme des découvertes de la génétique et nous montre comment la révolution génétique, a rendu possible, ces trente dernières années, le décryptage l'ADN avec toujours plus de pertinence.

Quand on remonte dans le passé, tous les ancetres peuvent permettre de tracer l'histoire de l'humanité grâce à l'ADN. Cette approche de l'ADN montre qu'on a tous des ancetres migrants et qu'on a peu de diversité génétique. Nous sommes une espèce qui a toujours migré et qui est faite de rencontres.

La rigueur scientifique et un souci permanent de vulgarisation,au sujet de questionnements passionnants : comment l'intégralité de la population humaine peuvent ils descendre de quelques populations préhistoriques vivant en Afrique? Quels sont les liens entre la diversité des culture et la diversité génétique?

Une chose est certaine : l'ADN de notre origine à tous est africaine, nous sommes identiques génétiquement à 99,9% et il existe finalement très peu de divergences génétiques liées à notre origine géographique.

Tout autant récit historique, cours de biologie et enquête pointue, L'Odyssée des gènes, est un ouvrage vraiment passionnant !
Lien : http://www.baz-art.org/archi..

Un petit préambule avant de commenter ce livre passionnant.
Pour rappeler combien dans ce domaine de la science qu'est l'anthropologie, comme dans tant d'autres, les progrès sont extraordinaires et exponentiels ces dernières années. Et ceci (comme toujours depuis que Homo sapiens existe) grâce aà de nouveaux "outils", ici ceux de la génétique, le séquençage de l'ADN à haut débit et les outils informatiques associés, qui permettent en peu de temps d'avoir l'intégralité de l'agencement des 3 milliards de paires de bases du génome humain. Un autre exemple d'un domaine scientifique d'actualité, c'est l'utilisation du génie génétique pour la fabrication d'un vaccin contre la Covid 19 en un temps record, moins de 9 mois, ce qui était inimaginable il y a quelques années.
Mais dans le même temps, pour constater avec tristesse que l'on assiste à une croissance tout aussi exponentielle de la défiance envers la science, des discours complotistes, des fake-news, des croyances irrationnelles. Comme si se maintenait et s'amplifiait, parallèlement au développement de la rationalité scientifique, ce besoin ancestral, "préhistorique" d'appréhender le monde par la croyance et non par les faits.

Le livre d'Evelyne Heyer, professeure d'anthropologie génétique au Musée de l'Homme à Paris, nous raconte, au travers de l'analyse des gènes des humains actuels et de ceux de nos divers ancêtres, les origines de notre humanité, mais aussi certains éléments surprenants des moeurs et cultures des humains d'aujourd'hui et d'hier.
C'est absolument passionnant, plein d'informations étonnantes.

La première partie nous explique l'histoire d'Homo sapiens, la séparation des Hominidés des Chimpanzés, il y a 5 à 6 millions d'années, puis l'émergence d'Homo sapiens en Afrique, il y a 400000 ans au Maroc, soit 100000 ans avant la datation faite en Afrique de l'Est et du Sud. La chercheuse nous explique aussi que l'analyse de l'ADN mitochondrial, transmis seulement par les mères, confirme l'origine africaine de "l'Eve mitochondriale", Puis, son premier départ d'Afrique vers l'Europe et l'Asie il y a 70000 ans, au rythme de 3 km par génération.
Dans son périple vers l'ouest, Sapiens rencontrera à l'Ouest du Moyen Orient Neandertal, dont les ancêtres étaient partis d'Afrique il y a 700000 ans. L'analyse du génome de Neandertal, au passage une prouesse technique, montrera qu'il est vraiment très proche de nous, beaucoup plus que son apparence le laisse croire, à 99,87% alors qu'entre deux sapiens l'identité est de 99,9%!. Et puis, qu'il y eut des relations intimes entre Sapiens et Neandertal, plutôt de Madame Sapiens avec Monsieur Neandertal, ce qui laissera dans le génome de tous les Européens 2% de génome néandertalien, avec comme effet une peau plus claire, une meilleure résistance aux pathogènes et des modifications métaboliques.
Mais ce n'est pas tout. Dans son voyage vers l'Est, d'autres Sapiens se mélangeront avec Denisova, un descendant d'autres hominidés partis d'Afrique, avec pour conséquence environ 6% d'ADN dénisovien dans le génome des humains de l'Asie du Sud-Est, du Tibet, et aussi indonésiens et australiens. Cette intégration de génome favorisera par exemple l'adaptation à l'altitude des tibétains.
Dans les dizaines de milliers d'années qui suivent, Evelyne Heyer nous montre les incroyables migrations voire les allées et retours que feront les humains, vers l'Australie il y a 50000 ans, vers l'Asie, l'Europe de l'Ouest (au passage l'étude de l'ADN montre que nous étions noirs jusqu'à il y a 9000 ans!), l'Amérique il y a 15000 ans, comment les Pygmées se séparent génétiquement des autres africains il y a 60000 ans, etc...

Et puis, dans une deuxième partie, c'est la révolution néolithique, il y a 10000 ans. Certains Sapiens deviennent agriculteurs au lieu d'être chasseurs -cueilleurs; l'analyse génétique montre qu'une expansion démographique, sans doute liée à la fin de l'âge glaciaire, précède l'invention de l'agriculture, et qu'en Europe ce sont des populations venues de l'Est (l'Anatolie actuelle) qui migrent en apportant l'agriculture, les migrations étant plus complexes en Asie.
Chose étonnante, le changement d'alimentation, les céréales remplaçant l'alimentation riche en vitamine d'des poissons et gibiers des chasseurs-cueilleurs, des mutations induisant une peau claire apparaissent, permettant à la peau de produire plus de vitamine D.
D'autres mutations apparues il y 6500 ans vont permettre à certains Sapiens, essentiellement des éleveurs, mais pas tous, en Europe, en Afrique sub-saharienne, mais peu en Asie, de pouvoir à l'âge adulte dégrader le lactose du lait, qui constituera de ce fait un élément important de l'alimentation.
Et puis,encore des migrations venue de l'Est vers l'Ouest de l'Europe, il y a 3000 ans, à l'âge du Bronze, dont on retrouvera la trace génétique chez tous les Européens , sauf les Sardes qui sont donc restés "néolithiques"!

Dans une troisième partie, Mme Heyer nous montre à l'aide de nombreux exemples, comment l'analyse génétique des populations peut nous en dire énormément sur les moeurs et les cultures, les migrations et les brassages, ou pas, des populations, comment les différences linguistiques ne se superposent pas toujours aux différences génétiques. Comment par exemple, les femmes bougent toujours plus que les hommes, comment le développement de sociétés hiérarchisés conduit à ce que les génomes des "puissants" se retrouvent plus que les autres, comment cela se manifeste le plus souvent de façon patrilinéaire (ah, la domination masculine!) mais pas toujours, chez les chasseurs-cueilleurs, ce sont les femmes, comment la différence de religion peut parfois expliquer les différences génétiques, mais ce n'est pas toujours le cas, cela dépend du niveau d'endogamie, très variable selon les régions, etc...C'est absolument passionnant.

Enfin, dans une dernière partie, la chercheuse démonte le concept de races, construit en réalité pour asseoir une domination, mais sans fondement génétique. Elle nous apprend, notamment, chose absolument stupéfiante, c'est que les ancêtres de toute l'humanité actuelle vivaient tous il y a seulement 3000 à 5000 ans, donc que nous sommes tous cousins! Elle nous montre aussi l'intérêt pour la diversité génétique du brassage les populations humains, et enfin, nous rappelle que de tout temps, il y a eu des migrations importantes des humains, et au passage démonte le mythe des migrations exclusivement des pays du "Sud" vers les pays du "Nord"

Tout cela nous est raconté de façon très vivante, avec enthousiasme et humour, la passion de la chercheuse est communicative. Elle nous fait partager parfois son expérience de terrain, qui n'est pas toujours triste; ainsi quand dans une région habitée de Sibérie, les chercheurs arrivent dans une zone où s'est malencontreusement écrasé un vaisseau Soyouz et qu'ils sont pris pour des espions, ils décident de partir précipitamment de Russie avec leurs échantillons d'ADN!
Le discours est très pédagogique et le style très imagé. Un seul regret important, mais sans doute l'auteure n'y est pour rien, c'est l'absence quasi totale d'illustrations, de figures et tableaux qui aideraient beaucoup à la compréhension du texte. C'est malheureusement devenu fréquent dans les ouvrages de vulgarisations scientifiques, sans doute par mesure d'économie, mais c'est vraiment dommage. Car, comme le dit un proverbe chinois, un dessin vaut mieux que mille discours.
Une autre qualité de l'ouvrage, c'est que la chercheuse nous fait partager l'esprit de la démarche scientifique, avec sa nécessité d'esprit critique, avec aussi ce que la science nous apprend, mais les questions auxquelles elle ne peut répondre dans l'état actuel des connaissances, voire auxquelles elle ne pourra pas répondre. C'est réjouissant de lire cela, ce degré d'incertitude du scientifique, exemple de l'esprit de raison qui doute, dans un monde où beaucoup veulent des certitudes sur tout.

En conclusion, une masse exceptionnelle d'informations sur notre histoire de Sapiens.

Tout d'abord, merci à Babelio et Flammarion de m'avoir permis de découvrir ce livre dans le cadre d'une opération masse critique non fiction.
C'est à un voyage à travers le temps que nous convie Evelyne Heyer. Sa machine à remonter le temps s'appelle la génétique, terme barbare pour beaucoup mais qui fait ce que nous sommes : la couleur de nos yeux, notre taille, notre adaptabilité à tel ou tel facteur de notre environnement. Tout cela est inscrit au plus profond de nous et nous a été légué par nos parents, à travers une chaîne qui remonte de générations en générations jusqu'au berceau de l'humanité : l'Afrique.
Evelyne Heyer nous ramène à l'origine de notre espèce, elle nous explique de façon passionnante le parcours de ces premiers hommes qui ont colonisé la planète entière en plusieurs vagues, en rencontrant et se croisant à d'autres espèces humaines aujourd'hui disparues. Ainsi, vous apprendrez le parcours de nos ancêtres d'Afrique au Moyen-Orient puis de là vers l'Europe, l'Asie et même l'Australie.
Professeure en anthropologie génétique au Muséum national d'histoire naturelle, l'auteure nous entraîne dans ses voyages, principalement en Asie, où elle participe à des campagnes de prélèvements d'ADN afin de mieux comprendre et déterminer les déplacements des êtres humains à travers le temps et l'espace. La génétique est une science qui a beaucoup évolué, malgré cela de nombreuses questions restent en suspens. Evelyne Heyer ne les élude pas, elle reconnaît que la communauté scientifique n'a pas encore toutes les réponses, que de nombreuses hypothèses s'affrontent et qu'il faudra encore du temps pour répondre à toutes ces questions.
Le voyage n'en est que plus passionnant, suivre ces hommes à travers leurs déplacements, comprendre l'évolution de ces populations constitue une plongée, une remise en question de notre propre existence.
Evelyne Heyer nous guide à travers sa spécialité en évitant de nous perdre, choisissant ses mots afin qu'ils nous soient compréhensibles. Cet ouvrage de vulgarisation scientifique est à la portée de tous à la condition de s'intéresser un minimum au sujet. La dernière partie « Les temps modernes : tous parents » m'a particulièrement intéressé, les notions de nationalisme, de migrations actuelles, de l'avenir démographique de notre planète mériteraient à elles seules un ouvrage à part.
Je sors donc de cette lecture enthousiasmé et plus instruit et s'il ne fallait retenir qu'une chose, ce serait qu'au-delà de nos différences physiques ou culturelles, notre origine est commune et notre avenir également, à nous de le construire tous ensemble.

Le premier ancêtre généalogique commun à toute l'humanité daterait de seulement 3000 ans.
Évelyne HEYER est spécialiste d'une discipline relativement nouvelle : l'anthropologie génétique. En effet, la lecture du génome a fait de grands progrès depuis 2011.Cette science nous permet de relire la naissance de l'humanité et de voyager dans le temps en passant par notre patrimoine génétique, notre ADN.
Je vous livre pêle-mêle quelque quelques données fortes que j'ai tirées de cet ouvrage passionnant qui se lit comme un roman :
-Le code génétique est universel et chacun possède le même programme que ce soit une jonquille, une algue, ou un oiseau. Cette universalité provient du fait que toutes les formes de vie sur terre sont les descendantes d'une seule et même molécule apparue il y a environ 3,5 milliards d'années.
-Hormis certains cétacés, il semble que nous soyons la seule espèce dont les femelles survivent au-delà de la période de reproduction.
-Néanderthal est sorti d' Afriquel il y a 700 000 ans, sapiens il y a 70 000 ans, et il est arrivé en Europe il y a 40 000 ans, soit 3 km parcourus par chaque génération. le peuplement de l'Amérique s'est effectué par le détroit de Bering en provenance de la Sibérie aux alentours de -20 000 ans. Cette sortie d'Afrique est à l'origine de toutes les races humaines et compris pygmées et aborigènes australiens. Seulement 150 coïts entre Néandertal et sapiens suffisent à expliquer les 2% de gènes que nous avons en commun. Ces coïts concernaient plutot les hommes Néandertals avec les femmes sapiens.
-La tolérance au lactose est faible parmi les éleveurs d'Asie centrale, ce qui les a obligé à fermenter le lait (yaourt) permettant la prédigestion du lactose par les levures.
-Chacun de nous a 2 parents, 4 grands-parents, 8 arrières-grands-parents et à chaque génération suivante ce chiffre est multiplié par 2. Il y a 40 générations, au temps de Charlemagne, nous avions donc tous 1000 milliards d'ancêtres potentiels par individu multiplié par 70 millions de français... Conclusion : nous sommes tous cousins. Chaque groupe de communauté juive est différent génétiquement des autres : ashkénazes, séfarades et Mizrahis (Caucase). Les communautés juives séfarades et Mizrahies sont très proches génétiquement des populations non juives de leur région.
-Outre la sélection naturelle par mutation génétique, il existe une sélection sexuelle ; il en est ainsi de la taille des individus : les études montrent une préférence des femmes pour les hommes de plus grande taille qui auront donc en moyenne plus d'enfants car une plus forte probabilité de trouver un conjoint. Ce caractère est transmis aux descendants. Si prochainement la mode est aux oreilles pointues et que ce caractère soit transmissible d'une génération à la suivante, nous pourrions dans plusieurs générations ressembler à Spock de Star Trek !
Allez-y, lancez vous, c'est facile çà lire même sans connaissance scientifique.

L'histoire des migrations humaines et des métissages, depuis nos origines jusqu'à maintenant, dont la compréhension a fait d'énormes progrès grâce à la connaissance de notre génome et à l'amélioration des techniques de séquençage de l'ADN.
Ces mêmes techniques viennent également à l'appui des études généalogiques, avec des résultats parfois inattendus.
Une autrice passionnée, avec un véritable talent de conteuse ; et un ouvrage de vulgarisation, passionnant et très didactique, émaillé d'anecdotes sur les recherches de terrain et les campagnes d'échantillonnage dans des régions reculées mais riches en diversité culturelle et/ou génétique.

Dans cet excellent ouvrage de vulgarisation scientifique, Evelyne Heyer, généticienne au Muséum national d'histoire naturelle, éclaire la longue histoire d'homo sapiens à l'aune de ce que nous racontent ses gènes. Composé de courts chapitres très clairs et très faciles à lire ce livre revient sur les grandes questions que la discipline historique, qui tire ses sources des textes et de vestiges monumentaux principalement, ne parvient pas à trancher. La sortie d'Afrique d'homo sapiens, la rencontre et les croisements génétiques avec d'autres espèces d'hommes (Denisova et Néandertal notamment), les migrations vers l'Europe des premiers agriculteurs, l'origine commune des langues européennes, les singularités génétiques propres à une population (développement de maladies rares, digestion ou pas de tel ou tel aliment), l'affirmation des phénotypes par zones géographiques ou encore le rapport entre langue et stratégies de reproduction sont expliqués de façon très pédagogique et vivante. Nous connaissons bien la révolution qu'engendre l'exploitation de l'ADN dans le traitement des affaires de justice pénale, il semble bien que cette molécule qui est notre programme dévoile progressivement les différents mystères ayant trait aux origines de la vie sur terre. Un livre à lire !

Cette « Odyssée » est un véritable voyage dans le passé à la recherche des gènes de l'être humain.
La particularité de ce livre est d'avancer dans la découverte du passé grâce aux études génétiques.
Nous apprenons que nous partageons plus de 90% de nos gènes avec les chimpanzés et les Bonobos. Mais que le petit pourcentage restant fait toute la différence !
Nous découvrons que plusieurs espèces humaines ont coexisté sur terre il y a des millions d'années. Avant que Sapiens ne prenne le pas, et que ne débute l'ère de l'homme moderne il y a environ 70 000 ans à la sortie d'Afrique.
L'art de la paléo-génétique, qui est de travailler sur les moindres morceaux de dents ou d'os et d'en déduire tant de manières de vivre, de se nourrir, se déplacer, est fascinant.
Pour ces recherches, Evelyne Heyer et ses équipes ont parcouru le monde sur les traces de dernières peuplades comme les Pygmées en Afrique, ou bien vers le Moyen-Orient où les grands espaces de l'Asie mineure abritent encore des groupes ethniques homogènes. En croisant les données génétiques, après bien des prélèvements d'ADN, des études en laboratoires, les recherches patientes des scientifiques permettent de remonter le temps et de comprendre les grands flux de migrations de nos lointains ancêtres.
C'est à une véritable enquête que nous convie la scientifique Evelyne Heyer : et c'est passionnant !
Les courts chapitres, le vocabulaire simple, rendent la lecture aisée de ce livre de vulgarisation scientifique. Les descriptions des voyages, des difficultés d'ordre pratiques rencontrées sur le terrain, donnent vie à cette expédition dans le temps et au coeur de l'humanité. N'ayez pas peur et lancez-vous à la découverte de l'histoire de notre ADN !

Très bon livre à mettre entre les mains des racistes Facile à lire pour un non scientifique même si certains passages sont un peu rebutant Une petite frustration puisque certaines questions sur nos origines n'ont pas encore de réponse mais l'auteur est confiante dans la recherche à venir