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Nick Pitarra (Illustrateur)Ryan Browne (Illustrateur)
EAN : 9781607067269
152 pages
Image Comics (30/04/2013)
5/5   1 notes
Résumé :
The second amazing volume of the Science, Bad book of the new millennium. The battle for global supremacy is underway and the bad men of the Manhattan Projects will only accept one outcome: World domination!
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome fait suite à The Manhattan Projects Volume 1: Science Bad (épisodes 1 à 5) qu'il faut impérativement avoir lu avant. Il regroupe les épisodes 6 à 10, initialement parus en 2012/2013, écrits par Jonathan Hickman, dessinés et encrés par Nick Pitarra pour les épisodes 6 à 9, et par Ryan Browne pour le 10, avec une mise en couleurs réalisée par Jordi Bellaire. le tome se termine avec un trombinoscope des 13 principaux personnages sur deux pages.

À la fin de la seconde guerre mondiale à Oberammergau en Haute-Bavière, les américains ont bombardé le château où plusieurs physiciens allemands travaillaient à développer des armes d'une nouvelle génération. Wernher von Braun a réuni tous les scientifiques et leur fait un point sur la situation critique. Il demande où se trouve Helmutt Göttrup qui n'est pas parmi les hommes réunis. Ce dernier a pris quelques-unes de ses notes et s'enfuit en courant loin du château, voulant désespérément échapper à la mainmise tyrannique de von Braun. Il finit par trébucher sur une racine, dégringoler dans une pente et se retrouver les quatre fers en l'air. Il est récupéré par un commando soviétique fortement armé, trop heureux d'avoir mis la main sur l'un des précieux scientifiques nazis. Dans la base russe de Star City, il est marqué d'une croix gammée, au fer rouge sur le front. Une fois arrivé à leur destination, le colonel Korolev explique aux prisonniers allemands qu'ils ont de la chance : 23 millions de russes sont morts dans la guerre, et eux sont toujours vivants. S'il laissait faire les autorités, ils seraient exécutés, ou pire rééduqués. Mais à Star City, ils ont une chance : travailler pour l'URSS afin que le pays soit le premier à faire sortir un homme dans l'espace. Il ajoute : le travail rend libre.

Au cours de la seconde guerre mondiale Wernher von Braun bénéficie d'un entretien privé avec le Führer. Il l'assure de servir entièrement la cause. Derrière un mur, Helmutt a tout entendu et il est tout enthousiaste à l'idée de concevoir et de construire des missiles et des fusées. von Braun lui rappelle sèchement sa place de subalterne. Au temps présent, Helmutt a le plaisir d'annoncer au colonel Korolev qu'il a mené à bien son projet. Il n'a pas pu mener à bien une rétroconception du moteur du vaisseau récupéré à Tunguska, mais il a pu dupliquer le système d'atterrissage. le colonel le prend à part : si ça fonctionne vraiment, il pourrait être en mesure de rendre sa liberté au chercheur allemand. Celui-ci en pleure une larme de joie. Quelque temps après, le vol de Vostok 1 est un succès. Helmutt se remémore les nombreux coups donnés par von Braun qu'il a reçus : il était traité comme un moins que rien, comme esclave par von Braun qui reprochait ses échecs à Helmutt et qui s'appropriait ses succès. Yuri Gagarine est de retour avec Laïka à ses côtés et il s'adresse aux scientifiques qui ont conçu et bâti la fusée. Il a une mauvaise nouvelle à leur annoncer : le colonel Korolev est décédé sur le territoire du Nouveau Mexique, lors d'une rencontre avec les américains. le nouveau responsable du projet s'appelle Dimitriy Ustinov et il prend la parole à son tour. Il sait que c'est dur pour tout le monde, mais il demande un investissement encore plus grand à tous, un sacrifice personnel de chacun.

Après le premier tome, le lecteur sait à quoi s'attendre : la bande de joyeux drilles du Projet Manhattan n'a pas travaillé que sur la bombe atomique. Ils ont également réalisé des avancées telles le voyage vers d'autres dimensions, la création de nouvelles armes, et le premier contact avec une race extraterrestre. Youpi, c'est la fête ! le délire peut continuer. Il a gravement sous-estimé la puissance créatrice du scénariste, et la froideur sarcastique du dessinateur. Il est parti pour une balade d'agrément, il se retrouve emporté par un tourbillon furieux. Comment a-t-il pu penser un seul instant que tous les fous furieux, pardon, tous les scientifiques les plus visionnaires, étaient réunis au sein du projet Manhattan ? Bien sûr que les russes ont récupéré ceux qu'ils ont pu et qu'ils avaient leurs propres ambitions technologiques. Et bien sûr que le communisme a créé des monstres aussi terrifiants que le capitalisme. Ah, on me souffle dans l'oreillette qu'on est loin du compte : comment imaginer un instant que les scientifiques associés aux militaires puissent tenter une prise de position hégémonique dans la société et que le pouvoir temporel, sans oublier celui de l'argent, se laisseraient faire ? le scénariste prend alors le lecteur à contrepied, en lui faisant reconsidérer la position des militaires comme étant plus sensée que celles des politiques. Euh, on parle bien de ces fous furieux prêts à massacrer l'ennemi qu'il soit russe ou extraterrestre ?

Fort heureusement les auteurs ont intégré des repères visuels dans leur narration pour laisser au lecteur la possibilité de reprendre pied à intervalle régulier. Chaque épisode comprend un titre, une introduction de quatre ou cinq pages, une brève citation des mémoires de Feynman ou d'un autre, une double page avec juste le numéro de l'épisode et son titre puis le chapitre proprement dit. Ce dispositif découpe l'ouvrage en unités plus petites, plus facilement assimilables, offrant une respiration à chaque fois. de même, le lecteur retrouve l'utilisation codifiée de la couleur, avec les séquences en bleu, et celles en rouge, dispositif narratif visuel clairement explicite dans le premier tome. Mais là, en gardant à l'esprit que le bleu est pour le personnage original ou pour un individu plutôt du bon côté moral, et le rouge pour un personnage issu d'une autre dimension aux actes moralement inexcusables, que comprendre quand un personnage passe du bleu au rouge dans une séquence, ou inversement ? Pourquoi leur positionnement moral est-il changeant ? Est-on vraiment censé prendre fait et cause pour un individu avec une croix gammée tatouée sur le front, ou en tout cas éprouver de l'empathie pour lui ? Comment prendre au sérieux une telle histoire où l'esprit d'un président des États-Unis a été transformé en intelligence artificielle placée dans un corps robotique massif maniant la faucille et le marteau ?

Ah oui, parce que le dessinateur est pas mal dans le genre non plus. Il prend un réel plaisir à mettre en scène les concepts les plus délirants du scénariste, en ajoutant un petit grain de sel qui parvient à conserver un équilibre remarquable entre horreur au premier degré et farce grotesque, sans oublier une touche humaine. le lecteur n'est pas près d'oublier des visions comme la ville futuriste de Star City, la couardise de Göttrup, sa mine déconfite en comprenant qu'il ne recouvrera jamais sa liberté et qu'il sera toujours sous le joug d'une autorité abusive, les préliminaires de l'orgie de Harry S. Truman, les multiples personnalités qui murmurent à l'oreille d'Oppenheimer, une faucille plantée en plein milieu du front d'un défunt, le groupe composé de El Conquistador, La Bure, Nebehu, Ingol et Truman, Einstein décochant un coup de pied dans le ventre d'un individu ligoté sur une chaise à roulette, ou encore Wernher von Braun découvrant l'état de son corps en reprenant conscience. Pitarra est également passé maître dans l'expression des visages : la froideur calculatrice d'Einstein, la candeur toujours trahie de Göttrup, l'attitude toujours menaçante et écrasante de von Braun, l'entrain juvénile de Feynman, le regard fiévreux du général Leslie Groves donnant l'impression d'être à deux doigts de perdre tout contrôle sur lui-même. Il faut un peu de temps au lecteur pour pleinement assimiler que l'artiste du dernier épisode n'est pas le même tellement il respecte l'esprit de Pitarra.

Le lecteur se rend très vite compte qu'il est emporté dans le récit inventif, brutal et piquant. Il se retrouve à éprouver de la sympathie pour des personnages méprisables, espérant bien ne jamais croiser d'individus leur ressemblant même de loin. Il est fasciné par chacun d'entre eux, à la fois dépourvu de tout sens moral quant aux conséquences de leurs inventions, et le plus souvent de leurs actes (science sans conscience), à la fois sous le charme de leur personnalité égocentrique et oublieuse d'autrui. Il plonge avec délice dans ces environnements étranges entre anticipation et science-fiction, impossibles et délicieux. Il se délecte des inventions impossibles et de l'usage irresponsable qui en est fait, entre paranoïa militaire et soif de conquête, refus de se soumettre. Comme Oppenheimer, il sent la folie le guetter à perdre ainsi ses repères habituels, à être dépassé par les événements, par le comportement imprévisible et en apparence totalement irrationnel des chercheurs, encore plus déstabilisé quand il bénéficie d'un accès à ses pensées qui expliquent ledit comportement. Il est horrifié devant les massacres et les boucheries. Il est consterné de se rendre compte que les pires comportements n'ont rien d'irréalistes.

Le lecteur entame le deuxième tome avec un horizon d'attente assez élevé du fait de la qualité du premier. Même en partant confiant, il ne s'attend pas à voir ses espoirs pulvérisés, et les auteurs les dépasser de beaucoup plus loin qu'il n'aurait pu imaginer. le dessinateur fait preuve d'une verve visuelle imparable réussissant à intégrer tous les événements les plus loufoques dans une réalité cohérente. le scénariste se lâche pour une exploration inédite rendue possible par des inventions technologiques de science-fiction, hors de tout contrôle. Tout peut arriver, même si le pire n'est jamais certain.
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Vidéo de Jonathan Hickman
Dans cet premier vrai épisode de l'année 2024, Aurélien et Emile vous parlent de leurs nouveautés préférées du mois de janvier dans la subjectivité la plus totale.
Titres abordés :
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Tous nos remerciements à Emmanuel Peudon pour le montage et à ClemB pour le générique.

Plus d'infos sur notre site internet : https://www.panini.fr/
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