[...] l'Art n'est ni un lieu ni un temps à proprement parler; parfois, il me semble qu'on peut le définir comme l'état de l'être débarrassé des limites du soi, mais, en d'autres occasions, cette vision me parait trop étriquée, car les limites du "soi" ne sont pas les seules que nous imposons à notre expérience de l'être.
Cela m'était égal : même si nous n'avions plus pu partager que la souffrance, c'est avec bonheur que j'aurais accepté la sienne. Nous étions toujours ensemble.
Sois prudent, mon cœur, lui transmis-je, mais doucement, doucement, afin qu'il ne perçoive pas combien j'avais peur pour lui.
L'histoire n'est pas plus figée ni morte que l'avenir. Le passé est tout près il commence à la dernière respiration qu'on a prise.
J'étais incapable de trouver en moi assez d'amour de la vie pour avoir peur de la mort
Petit frère, ne me traite pas comme si j'étais déjà mort ou agonisant. Si c'est ainsi que tu me vois, j'aime mieux être mort pour de bon. Tu voles le maintenant de ma vie quand tu crains que je disparaisse demain. Ta peur a des griffes glacées qui m'enserre et me dépouillent du plaisir que je tire de la chaleur du jour.
Si l'on ne meurt pas d'une blessure, on guérit d'une façon ou d'une autre, et il en va de même pour le chagrin. De la terrible douleur de l'instant de la séparation, nous passâmes tous deux dans les jours grisâtres de la stupeur et de l'attente hébétées ; c'est toujours ainsi que m'est apparu le chagrin, comme un temps où l'on attend, non que la souffrance s'efface, mais que l'on s'y habitue.