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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
La forêt des mythagos (Mythago Wood, 1984) de Robert Holdstock
Tr. de l'anglais par William Desmond
Denoël 1991
En 1946, après avoir pansé ses blessures de guerre en France, Steven Huxley revient dans sa maison familiale, Oak Lodge, située au bord d'une forêt ancestrale, Ryhope, dans le Herefordshire, en Angleterre.
Son frère aîné Christian, physiquement très changé, le reçoit avec une étrange circonspection. Leur père, à présent décédé, avait une obsession pour la forêt « concomitante» et délaissait sa famille pour y disparaître des semaines entières. La lecture de ses notes, que Christian l'engage à lire, lui apprend que leur père poursuivait, dans cette forêt, des créatures issues de mythes créés par l'intelligence collective, tels Gwiwenneth, la belle princesse celte, le roi Arthur Pendragon ou encore l'Urscumurg, mythago primordial. En effet, au cours de ses recherches, il avait été capable de leur donner la vie.
Steven se rend vite compte que Christian poursuit la quête de leur père et s'éclipse, lui aussi, régulièrement dans la forêt. À son insu, bien qu'il s'attache à remettre la maison en état et à ne pas s'inquiéter des lubies de son frère, des créatures naissent à la périphérie de sa vision tandis que d'autres sortent de la forêt pour venir lui voler des poules ou même lui rendre visite. C'est ainsi qu'il rencontre Gwiwenneth.
Il sait que Christian, qui n'est pas rentré depuis la dernière fois qu'ils se sont séparés à l'orée du bois, a déjà rencontré une version de ce mythago, dont il est tombé amoureux, mais qui a été tuée accidentellement. Les notes prouvent que leur père était tout autant envoûté par elle.
À son tour il partage des sentiments amoureux avec la créature sauvage sortie des bois et lui apprend son langage pour pouvoir communiquer avec elle. Il s'aperçoit qu'une presqu'île de chênes, poussés en quelques jours, a rejoint et investi le bureau du père qui devient le domaine réservé de Gwiwenneth. Il est alors clair pour Steven qu'elle est sous l'emprise de la forêt dont elle ne peut s'éloigner. Il tente de la rassurer lorsqu'elle lui apprend qu'elle sent approcher la fin de leur histoire.
Tandis qu'ils partagent une délicieuse soirée au jardin avec leur ami Keeton, l'ambiance vire soudain au cauchemar. du breuil en feu débarque une troupe d'hommes en armes commandée par un vieux chef qui ressemble au père de Steven en plus massif et n'est autre que Christian. Celui-ci capture Gwiwenneth qu'il affirme être sienne et ordonne à l'un de ses hommes de pendre Steven, devenu son rival, avant de s'enfuir avec sa horde car il est poursuivi par l'Urscumurg, le mythago primordial issu de l'ère glaciaire, l'esprit du sanglier à qui leur père a redonné une existence.
C'est Keeton, pourtant percé d'un javelot, qui délivre Steven du noeud coulant qui l'étrangle. Il ramasse à terre une amulette représentant une feuille de chêne en argent à laquelle Christian semblait beaucoup tenir.
Il apparaît maintenant évident que la forêt est une entité vivante qui se protège en égarant les intrus, ne se laisse pénétrer que par des entrées très précises et que le temps s'y déroule à une allure relativement différente à mesure que l'on approche du plus profond des bois. Ainsi, Steven a vu son frère pour la dernière fois un an auparavant mais Christian lui a dit avoir passé quinze années à fuir l'Urscumurg dans la forêt.
Harry Keeton est un aviateur que Steven avait engagé pour survoler Ryhope et tenter d'en découvrir ainsi les accès et les chemins profonds. Seulement, la sylve s'était défendue en projetant un brouillard opaque au dessus d'elle et toute tentative de traverser ce brouillard avait rejeté le petit coucou au-dehors comme une balle. Keeton dont l'appareil avait été abattu pendant la guerre à proximité d'une forêt ancestrale du même type que celle de Ryhope, décide d'accompagner Steven, qui veut retourner en forêt pour traquer son frère et lui reprendre Gwywenneth.
Ils rencontrent la tribu des shamigas et Kushar « Celle qui parle la Vie ». Ses histoires racontées sous forme de métaphores, ne doivent pas être interrompues sous peine d'être transformées. Elle évoque Lavondyss, « l'endroit où l'esprit des hommes n'est plus attaché aux saisons », là où le temps n'existe pas. Steven apprend également que la feuille de chêne en argent est un gage d'amour, que Christian, « Celui qui vient de l'Extérieur », est devenu un monstre destructeur qui sème la terreur dans la forêt et qu'il n'a pas plus de deux jours d'avance sur eux.
Lorsqu'ils arrivent à la tour perdue commence un voyage plus étrange encore puisque les mythagos ne sont plus seulement des personnages mais aussi des bâtiments, des ambiances, des paysages...

Ce roman est particulier, inclassable. Son univers évolue entre du fantastique un brin horrifique d'abord, puis de la fantasy, avec même quelques touches de science-fiction. Pas facile d'accès, on dirait qu'il se défend comme le fait l'ancestrale forêt où il se déroule. Et pourtant, une fois qu'on a trouvé le moyen d'y entrer, on ne peut plus qu'avancer dans ses chemins profonds. La forêt en est le personnage principal, complexe, envoûtante, déroutante, mystérieuse, parfois même terrorisante. Les références aux contes et légendes de plusieurs origines y foisonnent. le chamanisme et l'animisme s'y déploient en toute liberté. On se sent vraiment absorbé dans un autre monde, une autre temporalité. L'écriture de l'auteur est très dense. L'action est lente mais on est assailli par une multitude d'informations, toujours imprévisibles, étranges. On ne sait jamais vraiment où on est… ni où on va.
La Forêt des mythagos, a obtenu le World Fantasy Award en 1984 et le British Science Fiction Award en 1985. D'autres livres ont été écrits dans ce même univers : Lavondyss, La Femme des neiges, le Passe-broussaille, La Porte d'Ivoire, publiés dans cet ordre chez Denoël, dans une intégrale en deux tomes. Chacun d'eux est un roman à part entière centré sur un personnage différent, appartenant ou non à la famille Huxley, mais partant à la recherche d'un proche disparu dans la forêt. La Forêt des Mythagos, si l'on a réussi à y entrer (mais pour cela, il faut le lire d'un trait en se laissant porter), fait partie des livres qu'on ne peut oublier et qu'immanquablement on relira plusieurs fois pour y découvrir encore et encore d'autres éléments qui nous avaient échappés. CB
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Cela faisait longtemps que je cherchais - désespérément - un bouquin de fantasy bien écrit et sans cliché. Je l'ai trouvé récemment, grâce aux conseils d'un ami, avec le cycle des Mythagos de Robert Holdstock (même si on est plus proche de l'onirique que de la fantasy). Cycle, car l'histoire s'étend sur quatre livres, réunis en deux tomes pour certaines éditions. le thème central est celui du pouvoir de l'imagination qui, en l'occurrence, peut donner vie aux "archétypes" (appelés ici "mythagos") de l'inconscient collectif, s'exprimant généralement dans les mythologies, mais devenant ici réalité au sein de la mystérieuse forêt de Ryhope. Très jungien donc. le texte est superbement écrit, on est parfois plus proche de la poésie que du roman, dans un style très "british", volontairement lent et reposant - ici nulle action à outrance, et même quand elle est présente elle se fait finalement discrète. C'est d'ailleurs ce que certains lecteurs reprochent à ce récit - trop lent, pas assez d'action, d'hémoglobine gratuite, etc - et il est vrai que 75% de la narration se concentre sur la description de la forêt, qui est le personnage principal du récit en réalité, vivant et changeant - ce qui peut-être déroutant au premier abord. Mais c'est délicieux, et on en redemande ! Et d'ailleurs on le relit forcément, car le texte est tellement riche et intelligent (certaines réflexions sont déroutantes !) que si on le lit une deuxième ou troisième fois, on ne le verra pas du même oeil. Bref, à découvrir d'urgence !
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1946, Steven Huxley rejoint son frère Christian à Oak Lodge, le cottage familial, peu après la mort de leur père.
Un père qui a passé son existence à étudier les bois qui jouxtent la maison, y perdant la santé, délaissant sa famille, obnubilé par la nature de ces lieux inviolés depuis des millénaires.
Une forêt primordiale presque impossible d'accès, se nourrissant de l'inconscient collectif et insufflant la vie aux mythes.
Bientôt les deux frères, reprenant les notes de leur père, succomberont eux aussi à l'appel du bois...

Robert Holdstock, disparu bien trop tôt, a donné vie à un cycle d'une richesse incommensurable.

Ode à la rêverie sur fond de drame familial, ce 1er tome est une lecture exigeante qui récompensera le lecteur sachant, tel Steven Huxley, franchir les obstacles et pousser plus avant l'exploration de ces contrées légendaires nées de l'imaginaire humain depuis ses balbutiements jusqu'à en percer les mystères.

Un émerveillement qui ne faiblit pas au fil des relectures.

Magistral !


Les 3 tomes suivants que sont Lavondyss, le passe-broussaille et La porte d'Ivoire se lisent indépendamment et, bien qu'aussi riches, sont moins puissants.
Seul Avilion, le 5e tome, narrant la suite de l'histoire de Steven, parvient à renouer avec l'esprit du 1er.

L'auteur n'aura hélas pas pu nous conter davantage de récits du bois aux mythagos...
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C'est franchement avec bonheur que j'ai découvert Robert Holdstock. Il est vrais que ce livre, et ses suites, font quasi partie des classiques actuels du genre SFFF (bref, les mondes de l'imaginaire quoi!), en tout cas il fait partie de "La bibliothèque idéale de l'imaginaire" du Cafard Cosmique. Maintenant je comprends mieux pourquoi on tient ce livre en si haute estime car il est vraiment magnifique. Et je comprends également pourquoi il ne plaît pas à tant de monde car "La forêt des mythagos" n'est pas le dernier livre de fantasy classique et formaté. Robert Holdstock nous livre ici un livre à la croisée des genres de l'imaginaire, en cela je rejoint presque Brian Aldiss dans sa préface où il nous dit "La forêt des mythagos n'est ni du merveilleux, ni du fantastique, ni de la science-fiction, mais un genre à lui seul".

LA SUITE SUR MON BLOG... (voir le lien!)
Lien : http://naufragesvolontaires...
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Chef d'oeuvre. Un roman puissant construit autour de l'imaginaire de la forêt. L'auteur déploie efficacement une ambiance mystérieuse aux notes lovecraftiennes (une énigme issue du passé dont le narrateur lève peu à peu le voile ; la vie quotidienne des années quarante grevée par le fantastique) et une traque exploratoire en forme de grande aventure. Ce fut pour ma part un envoutement. D'autant que l'écriture fluide et élégante d'Holdstock invite à tourner d'autres pages...
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Chacun des tomes de cette série m'a permis une évasion merveilleuse !
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Que dire de plus. C'est sublime, fascinant, ça fait ressentir. Les odeurs, les textures, la peur, l'amour. Aussi simple qu'extrêmement complexe et vertigineux. C'est un experience à vivre. Un chouilla trop masculin, mais c'est largement compensé par la suite: Lavondyss.
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