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1946. Après la guerre, Steven Huxley retourne à la maison familiale d'Oak Lodge, en Angleterre. Il y retrouve son frère ainé, Christian, qui y vit seul depuis la mort de leur père. Ce dernier était obsédé par la forêt bordant la propriété qui selon lui abrite des mythagos, créatures mythiques nées de l'imagination collective. Il a consacré sa vie à percer les mystères de la forêt, au point de délaisser sa femme, morte de chagrin, et ses enfants. Steven va rapidement s'apercevoir que les obsessions du père sont devenues celles du frère...

La Forêt des mythagos est divisé en trois parties. Si la première est clairement du fantastique, la troisième est résolument fantasy. Quant à la seconde, elle glisse d'un genre à l'autre à l'insu du lecteur. Sans compter quelques discrets éléments de science-fiction. Autant dire que le roman est du genre inclassable. Les maniaques des étiquettes en seront pour leurs frais.

Robert Holdstock prend son temps pour installer son univers. Un peu trop d'ailleurs, car j'ai trouvé la première partie bien longuette. le concept de mythagos n'est pas simple à appréhender, et les explications, volontairement obscures, n'aident pas tellement. Heureusement, plus le récit avance, plus j'ai été pris dans l'ambiance. Les mythagos, traités de prime abord comme une simple menace obscure, prennent véritablement vie au fur et à mesure qu'on les découvre.
Plus on en apprend sur la forêt, plus on veut en savoir, chaque réponses amenant de nouvelles questions. Et au final, je me demande si les longueurs du début n'étaient pas nécessaires car je ne saurais dire ce qu'il faudrait enlever. Chaque détail finit par prendre sens.

La plume de Robert Holdstock est pleine de poésie. le Branchu, Capuchard, les faucons, le Jaguth, Celle qui Parle la Vie... La forêt est peuplée de mille et un personnages, pour autant de lieux, autant d'époques... Ce roman fait partie de ceux qui laissent un souvenir particulier après sa lecture.

Même si j'ai eu un peu de mal à entrer dans l'histoire, je ne regrette pas le voyage.
Lien : http://lenainloki2.canalblog..
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L'oeuvre de Holdstock dont c'est ici le premier volume est classée dans les classiques de la fantasy. Pourtant ce premier tome ne doit pas être complétement considéré comme un récit de fantasy au sens généralement admis car le lecteur serait alors déçu.

Pourquoi? Et bien parce qu'il s'agit plus ici d'un récit à la Lovecraft: un homme nous raconte qu'il revient chez lui pour trouver un père décédé après une vie de folie et un frère obsédé (possédé?) par la sombre et mystérieuse forêt qui borde la propriété familiale. Une forêt primitive dans laquelle l'espace temps semble différent et dont peuvent sortir d'étranges créatures.

Petit à petit, Steve va voir son frère christian sombrer dans la même folie qui avait envahie son père puis lui même va devoir s'aventurer dans la forêt obsédé par la recherche d'une de ses créatures (et pourchassé par d'autres)

Alors oui ce livre est bien un livre de fantasy en ce qu'il aborde des mythes (des mythagos même) mais ce premier tome est avant tout une explication des phénomènes théorisés par le père du narrateur et une première expérience de ceux ci par Steve au sein de la redoutable forêt.

De bonnes idées, un concept original et riche de promesse pour une utilisation limitée encore, plus proche du roman de terreur que de la fantasy. Toutefois il s'agit d'une première partie posant les bases d'un univers et la suite peut potentiellement se révéler intéressante dans une autre orientation
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Cette excursion dans la forêt des Mythagos fut une expérience inédite et appréciable. Si je connaissais Robert Holdstock seulement de nom, j'avais en tête de commencer par lire un de ses one-shots le bois de Merlin. Mais récemment, un ami m'a conseillé La forêt des Mythagos comme une série incontournable. Ni une, ni deux, je me suis donc procuré ce premier tome et j'ai accroché d'emblée à l'histoire.
Effectivement, une fois rentré dans la forêt des Ryhope, il est difficile d'en sortir et de revenir à la réalité. J'ai beaucoup aimé l'aspect païen et légendaire qui se dégage de cette histoire. Pour faire court et vous situer un peu l'action sans trop vous en dévoiler, la forêt des Mythagos abrite les perceptions visuelles de figures historiques, mythiques et emblématiques. Ces entités finissent par prendre une consistance physique réelle, et interagissent avec les personnages principaux de l'histoire qui sont Steve et son frère Christian. Ces deux anglais se retrouvent au manoir familial dans le Herefordshire, dans une Angleterre d'après guerre. Leur père vient de mourir, et les deux frères reprennent en main le manoir qui est en piteux état. Comme leur père avant eux, c'est Christian l'aîné qui développe une fascination mystérieuse et presque effrayante pour la forêt.
Steve constate très vite que son frère est victime de l'emprise de la forêt mais plus précisément, qu'il est obnubilé par une des présences féminines qui occupe les lieux. Christian part dans la forêt pour tenter de retrouver cette fameuse Guiwenneth qui hante son esprit. Fille de légende, fille de la terre et de la forêt c'est un personnage attachant, qui va finalement apparaître à Steve, resté au manoir. Tous deux vont vivre une histoire belle et profonde, un amour pur, vrai et sincère les unit et va au delà de la compréhension verbale. Ils ne parlent pas le même langage, sont issus de deux époques différentes, et pourtant ces deux là semblent ne faire qu'un. Mais alors que pendant un certain temps l'auteur nous berce pour ainsi dire dans cette tendre illusion, les ombres de la forêt vont inéluctablement se rapprocher et troubler la quiétudes des deux amants. Commence alors une course poursuite effrénée, un tourbillon infernal entre Steve et les êtres légendaires qui peuplent la forêt des Rhyope.

Les personnages de ce récit sont plaisant à suivre, surtout Steve et Guiwenneth, sur qui l'on porte presque automatiquement, un regard bienveillant, et dont la séparation forcée m'a beaucoup chagrinée. Cette forêt, est une entité à part entière, presque un personnage principal, ou devrais-je dire le personnage central de ce roman. Plus qu'un lieu, elle influe sur la personnalité des deux frères et ses mystères vont complètement bouleverser leur vie.

J'ai donc beaucoup apprécié le côté mythes et légendes qui transparaît au travers de cette histoire. On sent nettement l'attachement des personnages à la terre, aux rites ancestraux qui rythmaient la vie de ces peuples antiques. Cet aspect païen, ainsi que les énergies terrestres et sylvestres dont il est question ici se marient à merveille avec le genre fantastique du roman. Onirisme, fantastique, histoire d'amour et aventure se côtoient dans ce récit inédit et dramatique.
En somme, une excellente découverte de l'auteur et de cette série qui l'a rendu célèbre.

Je continuerai bien sûr la série de la forêt des Mythagos avec Avilion qui conte les aventures des descendants de Steve et Guiwenneth. En espérant y retrouver l'âme si particulière de ce premier tome.
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La forêt des mythagos (Mythago Wood, 1984) de Robert Holdstock
Tr. de l'anglais par William Desmond
Denoël 1991
En 1946, après avoir pansé ses blessures de guerre en France, Steven Huxley revient dans sa maison familiale, Oak Lodge, située au bord d'une forêt ancestrale, Ryhope, dans le Herefordshire, en Angleterre.
Son frère aîné Christian, physiquement très changé, le reçoit avec une étrange circonspection. Leur père, à présent décédé, avait une obsession pour la forêt « concomitante» et délaissait sa famille pour y disparaître des semaines entières. La lecture de ses notes, que Christian l'engage à lire, lui apprend que leur père poursuivait, dans cette forêt, des créatures issues de mythes créés par l'intelligence collective, tels Gwiwenneth, la belle princesse celte, le roi Arthur Pendragon ou encore l'Urscumurg, mythago primordial. En effet, au cours de ses recherches, il avait été capable de leur donner la vie.
Steven se rend vite compte que Christian poursuit la quête de leur père et s'éclipse, lui aussi, régulièrement dans la forêt. À son insu, bien qu'il s'attache à remettre la maison en état et à ne pas s'inquiéter des lubies de son frère, des créatures naissent à la périphérie de sa vision tandis que d'autres sortent de la forêt pour venir lui voler des poules ou même lui rendre visite. C'est ainsi qu'il rencontre Gwiwenneth.
Il sait que Christian, qui n'est pas rentré depuis la dernière fois qu'ils se sont séparés à l'orée du bois, a déjà rencontré une version de ce mythago, dont il est tombé amoureux, mais qui a été tuée accidentellement. Les notes prouvent que leur père était tout autant envoûté par elle.
À son tour il partage des sentiments amoureux avec la créature sauvage sortie des bois et lui apprend son langage pour pouvoir communiquer avec elle. Il s'aperçoit qu'une presqu'île de chênes, poussés en quelques jours, a rejoint et investi le bureau du père qui devient le domaine réservé de Gwiwenneth. Il est alors clair pour Steven qu'elle est sous l'emprise de la forêt dont elle ne peut s'éloigner. Il tente de la rassurer lorsqu'elle lui apprend qu'elle sent approcher la fin de leur histoire.
Tandis qu'ils partagent une délicieuse soirée au jardin avec leur ami Keeton, l'ambiance vire soudain au cauchemar. du breuil en feu débarque une troupe d'hommes en armes commandée par un vieux chef qui ressemble au père de Steven en plus massif et n'est autre que Christian. Celui-ci capture Gwiwenneth qu'il affirme être sienne et ordonne à l'un de ses hommes de pendre Steven, devenu son rival, avant de s'enfuir avec sa horde car il est poursuivi par l'Urscumurg, le mythago primordial issu de l'ère glaciaire, l'esprit du sanglier à qui leur père a redonné une existence.
C'est Keeton, pourtant percé d'un javelot, qui délivre Steven du noeud coulant qui l'étrangle. Il ramasse à terre une amulette représentant une feuille de chêne en argent à laquelle Christian semblait beaucoup tenir.
Il apparaît maintenant évident que la forêt est une entité vivante qui se protège en égarant les intrus, ne se laisse pénétrer que par des entrées très précises et que le temps s'y déroule à une allure relativement différente à mesure que l'on approche du plus profond des bois. Ainsi, Steven a vu son frère pour la dernière fois un an auparavant mais Christian lui a dit avoir passé quinze années à fuir l'Urscumurg dans la forêt.
Harry Keeton est un aviateur que Steven avait engagé pour survoler Ryhope et tenter d'en découvrir ainsi les accès et les chemins profonds. Seulement, la sylve s'était défendue en projetant un brouillard opaque au dessus d'elle et toute tentative de traverser ce brouillard avait rejeté le petit coucou au-dehors comme une balle. Keeton dont l'appareil avait été abattu pendant la guerre à proximité d'une forêt ancestrale du même type que celle de Ryhope, décide d'accompagner Steven, qui veut retourner en forêt pour traquer son frère et lui reprendre Gwywenneth.
Ils rencontrent la tribu des shamigas et Kushar « Celle qui parle la Vie ». Ses histoires racontées sous forme de métaphores, ne doivent pas être interrompues sous peine d'être transformées. Elle évoque Lavondyss, « l'endroit où l'esprit des hommes n'est plus attaché aux saisons », là où le temps n'existe pas. Steven apprend également que la feuille de chêne en argent est un gage d'amour, que Christian, « Celui qui vient de l'Extérieur », est devenu un monstre destructeur qui sème la terreur dans la forêt et qu'il n'a pas plus de deux jours d'avance sur eux.
Lorsqu'ils arrivent à la tour perdue commence un voyage plus étrange encore puisque les mythagos ne sont plus seulement des personnages mais aussi des bâtiments, des ambiances, des paysages...

Ce roman est particulier, inclassable. Son univers évolue entre du fantastique un brin horrifique d'abord, puis de la fantasy, avec même quelques touches de science-fiction. Pas facile d'accès, on dirait qu'il se défend comme le fait l'ancestrale forêt où il se déroule. Et pourtant, une fois qu'on a trouvé le moyen d'y entrer, on ne peut plus qu'avancer dans ses chemins profonds. La forêt en est le personnage principal, complexe, envoûtante, déroutante, mystérieuse, parfois même terrorisante. Les références aux contes et légendes de plusieurs origines y foisonnent. le chamanisme et l'animisme s'y déploient en toute liberté. On se sent vraiment absorbé dans un autre monde, une autre temporalité. L'écriture de l'auteur est très dense. L'action est lente mais on est assailli par une multitude d'informations, toujours imprévisibles, étranges. On ne sait jamais vraiment où on est… ni où on va.
La Forêt des mythagos, a obtenu le World Fantasy Award en 1984 et le British Science Fiction Award en 1985. D'autres livres ont été écrits dans ce même univers : Lavondyss, La Femme des neiges, le Passe-broussaille, La Porte d'Ivoire, publiés dans cet ordre chez Denoël, dans une intégrale en deux tomes. Chacun d'eux est un roman à part entière centré sur un personnage différent, appartenant ou non à la famille Huxley, mais partant à la recherche d'un proche disparu dans la forêt. La Forêt des Mythagos, si l'on a réussi à y entrer (mais pour cela, il faut le lire d'un trait en se laissant porter), fait partie des livres qu'on ne peut oublier et qu'immanquablement on relira plusieurs fois pour y découvrir encore et encore d'autres éléments qui nous avaient échappés. CB
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Cela faisait longtemps que je cherchais - désespérément - un bouquin de fantasy bien écrit et sans cliché. Je l'ai trouvé récemment, grâce aux conseils d'un ami, avec le cycle des Mythagos de Robert Holdstock (même si on est plus proche de l'onirique que de la fantasy). Cycle, car l'histoire s'étend sur quatre livres, réunis en deux tomes pour certaines éditions. le thème central est celui du pouvoir de l'imagination qui, en l'occurrence, peut donner vie aux "archétypes" (appelés ici "mythagos") de l'inconscient collectif, s'exprimant généralement dans les mythologies, mais devenant ici réalité au sein de la mystérieuse forêt de Ryhope. Très jungien donc. le texte est superbement écrit, on est parfois plus proche de la poésie que du roman, dans un style très "british", volontairement lent et reposant - ici nulle action à outrance, et même quand elle est présente elle se fait finalement discrète. C'est d'ailleurs ce que certains lecteurs reprochent à ce récit - trop lent, pas assez d'action, d'hémoglobine gratuite, etc - et il est vrai que 75% de la narration se concentre sur la description de la forêt, qui est le personnage principal du récit en réalité, vivant et changeant - ce qui peut-être déroutant au premier abord. Mais c'est délicieux, et on en redemande ! Et d'ailleurs on le relit forcément, car le texte est tellement riche et intelligent (certaines réflexions sont déroutantes !) que si on le lit une deuxième ou troisième fois, on ne le verra pas du même oeil. Bref, à découvrir d'urgence !
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C'est en 1984 que paraît en anglais le premier tome du cycle de Robert Holdstock qui deviendra, avec ses suites et les honneurs de plusieurs prix, un classique du genre. le cycle de la forêt des Mythagos (mythimages dans mon édition de 1993 chez Denoël) a traîné plusieurs années dans ma PAL, la série s'est étoffée de plusieurs titres, le temps a passé encore, l'auteur nous a quittés en 2009 et ce n'est que maintenant que je me penche sur cette oeuvre… il était temps !
Le premier constat est que cette lecture n'est pas aisée. Les concepts instaurés par l'auteur ne se mettent en place que progressivement et il faut au lecteur de la patience pour laisser infuser le tout. Résumer la thématique - une forêt qui cache de multiples dimensions, dans lesquelles apparaissent physiquement les héros et héroïnes des contes et légendes - est certes exact, mais non suffisant ; la forêt de Ryhope est en effet un personnage, LE personnage central d'ailleurs du cycle, avec ses couleurs, ses humeurs, ses secrets. Les humains qui la traversent et interagissent avec elle sont de passage ; elle seule perdure.
Dans ce premier tome, de genèse, nous suivons les frères Huxley qui, à la suite de leur père, vont faire l'expérience de la magie de la forêt de Ryhope. L'un et l'autre y perdront et y gagneront un peu d'humanité.
Si l'histoire des frères, de leurs relations et finalement de leur opposition pour garder le coeur de Guiwenneth (une Mythago sortie des légendes celtes) est plutôt classique, que les autres personnages sont brossés à trait parfois caricaturaux, le traitement donné à la forêt est tout autre. le temps y est dilaté et, de fait, Robert Holdstock s'est penché avec minutie sur les couleurs, les teintes, les bruits et murmures que produit une forêt primaire. La poésie qui en découle est désarmante, dérangeante et, il faut l'avouer, parfois incroyablement longue…
Un style particulier donc, auquel il faut adhérer avec patience.
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1946, Steven Huxley rejoint son frère Christian à Oak Lodge, le cottage familial, peu après la mort de leur père.
Un père qui a passé son existence à étudier les bois qui jouxtent la maison, y perdant la santé, délaissant sa famille, obnubilé par la nature de ces lieux inviolés depuis des millénaires.
Une forêt primordiale presque impossible d'accès, se nourrissant de l'inconscient collectif et insufflant la vie aux mythes.
Bientôt les deux frères, reprenant les notes de leur père, succomberont eux aussi à l'appel du bois...

Robert Holdstock, disparu bien trop tôt, a donné vie à un cycle d'une richesse incommensurable.

Ode à la rêverie sur fond de drame familial, ce 1er tome est une lecture exigeante qui récompensera le lecteur sachant, tel Steven Huxley, franchir les obstacles et pousser plus avant l'exploration de ces contrées légendaires nées de l'imaginaire humain depuis ses balbutiements jusqu'à en percer les mystères.

Un émerveillement qui ne faiblit pas au fil des relectures.

Magistral !


Les 3 tomes suivants que sont Lavondyss, le passe-broussaille et La porte d'Ivoire se lisent indépendamment et, bien qu'aussi riches, sont moins puissants.
Seul Avilion, le 5e tome, narrant la suite de l'histoire de Steven, parvient à renouer avec l'esprit du 1er.

L'auteur n'aura hélas pas pu nous conter davantage de récits du bois aux mythagos...
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A l'ouest de l'Angleterre, dans le comté d'Herefordshire, il est une forêt primitive bien mystérieuse : la forêt des Ryhope. Si l'on peut en faire le tour en quelques heures, il est très difficile d'y pénétrer et, lorsque l'on y parvient, on peut s'y enfoncer pendant des années sans jamais en voir le bout. Il faut dire que cette forêt a la faculté de matérialiser les contes et légendes de l'inconscient collectif. Ceux qui réussissent à y entrer donnent ainsi vie à leurs rêves, et à leurs cauchemars, grâce à la représentation qu'ils se font des personnages et créatures qui les peuplent : les mythagos…
C'est dans cet univers original que Robert HOLDSTOCK a aujourd'hui écrit cinq romans que je propose de lire dans l'ordre d'édition :
1) La forêt des mythagos (Mythago Wood, 1984)
2) Lavondyss (Lavondyss, 1988)
3) La femmes des neiges (The Bone forest, 1991)
4) le Passe-broussaille (The Hollowing, 1992)
5) La Porte d'ivoire (Gate of ivory, 1998)
Cet ordre est celui proposé par Denoël dans sa collection Lunes d'Encre. Il diffère quelque peu dans sa reprise au format poche chez Gallimard, dans la collection Folio SF. Dans cette dernière, le court roman La femme des neiges est en effet inséré à la fin du quatrième et dernier tome, La Porte d'ivoire. Il faut dire que les cinq romans du cycle ne se suivent pas particulièrement, même si leurs intrigues sont transversales.
Trois des cinq romans sont consacrés à la famille Huxley, dont le père est le découvreur de la forêt des mythagos ; La femme des neiges lui est entièrement consacré. le premier tome a pour personnage principal Steven Huxley, le benjamin de la famille, le cinquième Christian Huxley, le fils aîné. Lavondyss est centré sur Tallis, la jeune soeur d'Harry Keeton qui a accompagné Steven Huxley dans sa découverte de la forêt des Ryhope. le Passe-broussaille a pour personnage central Richard Bradley dont le fils, ami de Tallis Keeton, est retrouvé sans vie à l'orée de la forêt des Ryhope.
Les cinq textes sont des drames. Dans chacun d'entre eux un personnage part à la recherche d'un proche qui n'est jamais ressortit de la forêt des Ryhope. Mais le drame n'est pas seulement le fait de celui qui s'est perdu, mais aussi le fait de celui qui cherche à le secourir. Car en entrant dans la forêt, il expérimente lui même la création des mythagos, et les difficultés que cela entraîne.
Cet univers verdoyant et sauvage est mis en valeur par une très belle écriture, à la fois travaillée et imagée. Les références aux contes et légendes, notamment celtiques et amérindiens, sont innombrables, de même que celles relatives à la mythologie grecque, en particulier dans le Passe-broussaille. Les personnages principaux, bien réels, sont parfaitement caractérisés, mais jamais caricaturaux. Chaque texte est en outre une redécouverte de la forêt des Ryhope, Robert HOLDSTOCK réussissant la prouesse de se renouveler à chaque écriture.
Il n'en demeure pas moins que La forêt des mythagos n'est pas un cycle facile d'accès. le lyrisme de l'auteur peut déjà rebuter plus d'un lecteur avide d'action pure. Les notions relatives au chamanisme, très nombreuses, notamment dans Lavondyss, demandent aussi un effort certain de concentration. Notons aussi que plus les personnages s'enfoncent dans la forêt des Ryhope, plus l'écriture se fait dense, la forêt semblant ainsi prendre le pas sur toute autre forme de réalité.
L'effort demandé n'est toutefois pas vain puisqu'il permet de découvrir un univers éminemment original. Celui-ci ne peut pas laisser indifférent, que ce soit positif ou négatif. Je crois également que chaque lecteur tournera l'ultime page en étant convaincu qu'une deuxième lecture au moins est nécessaire pour appréhender toute la richesse de l'oeuvre.
Le premier roman, La forêt des mythagos, a obtenu le British Science Fiction Award en 1985 et le World Fantasy Award en 1984. Il est aussi pour moi le meilleur des cinq.
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L'idée de départ est excellente, très intelligente, et étant un grand fan de mythologie, mythes et légendes, je ne pouvais qu'espérer tomber sous le charme. le récit laisse quelques images en tête à la fin de la lecture, ainsi qu'une certaine atmosphère, que j'ai retrouvé par exemple avec Manesh de Stefan Platteau.
Cependant, j'ai été également assez déçu (bien que pas assez pour ternir complètement ce sentiment final positif, mais suffisamment pour me faire hésiter à lire la suite).
Je m'attendais je crois à vraiment encore plus de figures mythiques, et plus de rencontres et d'aventures avec les mythagos. Et je trouve que le pendant maléfique de Christian n'est pas assez développé, on entend juste qu'il ravage la forêt, on ne la voit (vit) pas, et c'est dommage.
Oh et dernier petit bémol, c'est le style qui nous laisse un peu en retrait de l'action, qui empêche un véritable souffle épique nous parcourir, alors qu'il en avait le potentiel. de même, dur de rester intéresser au sort des personnages, de rentrer en empathie avec eux. Si bien que je suis resté un peu hermétique, en tout cas laissé en retrait de l'histoire.

Et pourtant, au final, j'ai quand même bien aimé, mais sans plus.
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Ce qui m'attirait principalement dans ce titre – reconnu comme un classique de la fantasy – c'est la mention de certaines figures mythiques : le roi Arthur, Jason… Fantasy mythique, merveilleux, légendes arthuriennes, forêt celtique… cette saga semblait avoir tout pour me plaire !
Mais je vous arrête tout de suite, si les héros cités dans la quatrième de couverture apparaissent un jour, ce n'est pas dans ce premier tome (ou alors on les aperçoit très succinctement) et finalement, l'émotion n'a pas été au rendez-vous, la magie n'a pas opéré avec moi. Snif.

Un personnage principal qui est le narrateur (donc écrit à la première personne du singulier) et des figures principalement masculines dans ce premier tome. C'est assez typique de la littérature imaginaire des années 80 et on s'en contentait alors mais aujourd'hui, en 2021, on aimerait des héroïnes féminines un peu plus présentes (et intéressantes).
Il y a bien un personnage féminin dans ce premier tome : Guiwenneth, qualifiée de princesse celte ; mais on ne peut pas dire que sa personnalité soit particulièrement travaillée et bien mise en avant. Côté représentation, c'est pas hyper hyper féministe (c'est un euphémisme). Ok, elle apparaît dans la forêt car est créée de toutes pièces grâce à l'inconscient collectif donc est forcément bourrée de clichés (rouquine aux cheveux bouclés, avec une lance dans les mains) mais les descriptions la concernant l'érotisent constamment (son parfum, un mélange de forêt/de sueur, met le héros dans tous ses états), c'est un peu (beaucoup) lourd. La femme-objet dans toute sa splendeur.

Mis à part ce personnage féminin assez pauvre, je dirais que j'ai plutôt apprécié la première partie, quand le héros – Steve – débarque dans la maison d'enfance, retrouve son frère Christian et s'engouffre dans le mystère qui palpite au coeur de la forêt. Il y a du suspense, on a envie de comprendre en même temps que lui ce qui se passe (qu'est-il arrivé au père ? qu'y a-t-il dans cette satanée forêt ?) et on attend assez impatiemment les rencontres étranges qu'il va pouvoir faire.
Mais à vrai dire, quand il pénètre vraiment dans les bois et parvient à franchir la barrière, alors que l'action devrait être à son comble, c'est l'ennui qui domine. Et même si les Mythagos (les créatures mythiques créés par l'inconscient) sont de plus en plus nombreuses (et dangereuses), j'ai peiné à y trouver de l'intérêt.

Je crois que c'est un texte assez exigeant qui demande un bagage assez riche en terme de mythes et folklores anglo-saxons. Bagage que je n'ai qu'à moitié alors je pense que j'ai raté pas mal de références. Je pense aussi que c'est un titre qui a été initialement publié en 1984 et qu'il a, comme qui dirait, pris un coup de vieux.
Je découvrais le style de Robert Holdstock avec cette histoire et si je ne suis pas réfractaire aux descriptions – loin de là -, j'ai eu un peu de mal avec le rythme insufflé ici par l'auteur. Visuellement ça fonctionne, on imagine les scènes sans problème ; mais que c'est lent et pas toujours nécessaire…
Du côté des titres imaginaires qui se déroulent en forêt (avec des atmosphères prenantes et de nombreuses descriptions), je vous conseille bien plus largement Faërie de R. E. Feist, Les Sentiers des Astres de Stefan Platteau ou la saga Rois du Monde de Jean-Philippe Jaworski.

Là tout de suite maintenant, je ne suis pas sûre d'avoir envie de me plonger dans les 3 tomes suivants, même si on me promet la rencontre avec Arthur, Merlin, Jason… si vous avez lu toute la série, vous me ferez peut-être changer d'avis ?
Lien : https://bazardelalitterature..
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