Propulsé par la popularité de son anime, cet OVNI qu'est Libraire jusqu'à l'os m'a fortement intriguée dès son annonce, moi la fan de livres. Je m'attendais à une bonne satire du milieu des libraires, le tout avec beaucoup d'humour. L'ai-je eu ? Oui. Est-ce que ce fut suffisant ? Non. Je vous explique.
Libraire jusqu'à l'os est un shonen en 4 tomes (et non un seinen contrairement à ce que dit l'éditeur français...) qui raconte le petit train train quotidien d'une japonaise qui travaille dans une librairie de manga. On découvre à coup d'anecdotes ce qui peut faire le sel de son métier. L'auteur a la particularité de l'avoir mise en scène sous les traits d'un squelette et de la même façon de "déguiser" chacun de ces collègues pour bien mettre en lumière les particularités de chacun. C'est donc censé être un manga drôle et critique.
En effet, c'est un titre tranche de vie qui fonctionne sur le principe de chapitres indépendants les uns des autres et auto-conclusifs. On y découvre des situations assez drôles du quotidien d'un libraire manga japonais : la rencontre avec des clients étrangers, les fans de BL, les réassorts et autres joyeuseté de la mise en rayon et du travail en coulisses, etc. On apprend plein de choses sur leur métier là-bas et ça fait écho, je pense, en partie à celui de nos libraires en France. de plus, l'héroïne est assez particulière, tout comme ses collègues, avec leurs peurs des clients, leurs maladresses, leurs coups de folies en mode private jokes. Ça donne de suite une bonne ambiance et on aimerait bien travailler avec eux dans cette librairie.
Le problème, c'est que le manga ne va pas jusqu'au bout de son concept et à cause de cela il devient vite anecdotique. On se lasse vite des anecdotes de l'héroïne, qui en plus se répètent. Combien de fois parle-t-elle de BL ? Combien de fois parle-t-elle de lecteurs étrangers ? Rien qu'en un tome, l'auteur se répète déjà... de plus, j'ai trouvé l'humour mal travaillé. Je n'ai pas ri comme dans La voie du tablier par exemple. Ici, ça fait très private jokes et je ne suis pas forcément concernée, alors oui parfois ça m'a amusée, mais bien souvent ça m'est passé au-dessus. On se retrouve plus au final avec un amoncellement d'anecdotes sans liant et pas toujours drôles, ce qui donne de vrais coups de mou à la narration et me fait dire qu'un seul tome me suffit pour faire le tour de la série.
Autre gros problème qui risque de se poser au lecteur, c'est qu'il y a beaucoup de références à des titres de mangas pas toujours publiés chez nous et auxquels le traduction/l'éditeur/l'auteur (?) a enlevé une syllabe (une question de droits j'imagine) ce qui empêche de les reconnaitre. Alors si vous êtes un amateur éclairé, vous allez en reconnaitre la plupart heureusement, mais vous n'êtes pas à l'abri de louper certains titres et certaines références du coup. Il aurait été bienvenu d'avoir des clés de compréhension en cours de lecture ou à la fin du tome ;)
J'en viens au point qui me faisait le plus peur : les dessins. L'auteur lui-même disant que ce n'était pas son point fort, j'avais un peu peur, mais au final, j'ai trouvé le trait tout à fait correct avec une belle variété de styles et aucune faute de proportions notable. C'est par contre un style assez personnel, complété par des cases pas mal surchargées en texte, ce qui alourdit la lecture. Cependant, ça m'a bien plu d'avoir des héros "caricaturés/déguisés", ça change de ce qui est publié chez nous habituellement et ça met de suite dans l'ambiance.
Ainsi, même si Libraire jusqu'à l'os n'a pas su totalement me convaincre, ce fut une lecture intéressante et dépaysante. J'ai appris plein de choses et au début je me suis amusée du quotidien du boulot de Honda. C'est juste le manque de renouvellement et la narration un peu lourde et redondante qui ont eu raison de moi et feront que je m'arrêterai là. Je ne pense pas que l'auteur se renouvellera par la suite. Cependant je garderai un bon souvenir de ce tome.
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