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Citations sur Ton père (15)

"Plus j'excitais mes sens, plus je m'impatientais à être père. Et quand j'ai admis, qu'à mes yeux, l'homosexualité tait l'aventure la plus excitante, jamais je n'ai attaché à ce constat le renoncement à la paternité. Jamais je ne me suis résigné à ce que ça soit le prix à payer."
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Un hiver, nous avons cassé un carreau et craint la prison et décidé de nous ranger, nous faire oublier. le printemps suivant, nos parents ont commencé à nous acheter des mobylettes.
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Pourtant, tu t'en souviens, nous avions pris ça [ les premières manifestations contre le "mariage pour tous" ] à la légère. Tu étais sur mes épaules quand nous avons marché de Denfert à Bastille. Ils ne nous effrayaient pas, nous nous sentions du bon côté, celui de l'avenir joyeux. Nous avons cru leur échapper, mais non. Ils nous ont dénichés, encerclés, assoiffés. Et le manque d'espoir dont je me sens souffrant et épris, dit la victoire de ce malheur.
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Je devais tout désapprendre, à la fatalité substituer la malchance; mais je ne me défaisais pas de l'idée que cette fois, le sida ne me raterait pas, il viendrait se loger dans mon corps au moment où je m'étais engagé auprès d'une femme à l'imprudence nécessaire, le rapport hasardeux absolu, celui qui devait nous permettre de procréer.
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(...) je dis "bonjour", "papa", "je vais mettre le couvert", "j'ai eu dix-sept en allemand", il me fait face, il ne s'approche pas, ses yeux ne prennent pas la peine d'accompagner un minuscule sourire, toujours, souveraine, l'impression qu'il me méprise. Il ne me répond jamais, il ne m'accueille pas dans sa vie et déjà , à quatre ans, à huit ans, à treize ans je pensais, un jour, je vais le tuer.
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Ce lundi là, je me suis dit que la peur me ferait peut être écrire. J'avais l'espoir que cette piètre et absurde affaire me servirait à quelque chose. Mais je me suis aussi dit: est ce qu'en tant qu'homosexuel tu as combattu les discriminations qui pèsent sur les homosexuels. Puis: est ce que tu te considères comme un modèle d'Homosexuel? Es tu aux yeux des autres, avant tout un homosexuel?
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Je réalise aujourd’hui que j’ai vécu des heures de solitude, de nuit totale. Nous sommes le vingt et un février, il pleut, c’est la fin d’après-midi, ma fille est dans sa chambre et je m’efforce d’écrire ce que j’ai fait hier après avoir poursuivi un blouson de velours beige dans les rues du troisième arrondisse- ment et c’est encore dans un état perplexe, comme ces périodes instables qui succèdent à des très courts sommeils et où on est incapable de distinguer ce qui fut vécu de ce qui fut rêvé.
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Ai-je un jour pensé que ma vie se jouerait sans passion si je ne procréais pas ? N'ai-je pas cédé à la pression sociale, ne me suis-je pas soumis à une norme hétérosexuelle en fabriquant un enfant ? N'ai-je pas au fond toujours douté de la fin naturelle d'une histoire d'amour homosexuel, de son développement normal, de son couronnement ? Ne me suis-je pas toujours demandé ce que l'homosexualité avait en tête, si elle était guidée par une force qui dépasse le plaisir ? Ne pourrait-on pas aisément me convaincre que l'amour homosexuel ne possède aucune valeur créatrice, qu'il ne mène qu'à l'égoïsme et à la solitude ? Face à un jury d'homosexuels, ne serait-il pas facile de me faire condamner pour haute trahison ? Ne serais-tu pas alors convoquée lors de ce procès en tant que pièce à conviction, mobile et arme du crime ? N'ai-je pas voulu échapper à mon destin d'homosexuel ? Ai-je rejoint les lignes ennemies par idéologie ? D'ailleurs je ne t'ai pas conçue avec une femme lesbienne mais hétérosexuelle, et je t'élève avec des Pâques en famille, des conseils de classe, des goûters d'anniversaire, des vacances chez tes grands-parents… Ne nous ai-je pas construit une vie standard d'hétérosexuels ? Ne suis pas sujet de ma honte ? Quand je croyais me révolter, n'étais-je pas en train de plier ? Où pouvait-on lire mes contestations de l'hétérosexualité dominante ? Dans quels propos, livres, films ? Était-on bien sûr de cet adjectif, queer, pensait-on vraiment qu'il convenait à ma personnalité ?
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(Je réalise que je n'ai fait figurer dans cette liste qu'un seul cinéaste homosexuel. J'étais prêt à confier ma fille à Renoir, Wenders, Ozu mais pas à Fassbinder, Pasolini ou Almodóvar, qui sont pourtant des cinéastes essentiels de ma propre cinéphilie. Lorsqu'il a fallu définir vingt noms, j'ai écarté l'air de rien les homosexuels, l'air de rien je me suis plié à la vieille interdiction, comme un aliéné, sans le penser j'ai fait avec un « il ne vaut mieux pas », « autant éviter », « ce n'est peut-être pas une bonne idée », « attendons quelques années », incapable de me débarasser de la vieille interdiction ; les vingt adultes étrangers qui pouvaient se pencher sur le berceau de ma fille étaient presque unanimement blancs, mâles et hétérosexuels. Mon club idéal était le club le plus académique, conventionnel, attendu, respectable qui soit. Un club qui ne m'aurait jamais accepté comme membre.)
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« Deux hommes s'enculent dans un bois, l'affaire faite, l'un d'eux se plaint de maux de ventre, il s'inquiète, demande s'il ne va pas avoir un bébé. L'autre se moque de lui, lui dit qu'il n'y a pas de risque. Mais le premier continue à se plaindre, et s'agenouille dans l'herbe, halète, répète qu'il va accoucher, je t'assure, je sens que ça vient, ça vient, je pousse, je pousse, voilà ! Oh regade, j'ai fait un bébé, il est tout petit, je t'avais bien dit, regarde notre bébé. Mais non imbécile, lui répond l'autre, tu vois pas que t'as chié sur une grenouille ! » Quel est le premier qui a raconté cette blague, mon père, une amie de ma mère, ma sœur, un oncle ? Qui a mis le ton à chaque phrase du dialogue ? La bouche en cul-de-poule, la voix qui dérape dans les aigus, l'accent folle qui convenait. Et le poignet cassé, les fesses cambrées, déhanchement, battement des mains devant les yeux qui se lèvent au ciel, idiotie ventilée ? C'était moi qu'on désignait, c'était moi agenouillé dans un bois, c'était ma bouche, ma voix, mon poignet, mes fesses, et j'étais conforme à l'image que ces adultes répandaient, je comprenais qu'ils savaient tous quelque chose de moi qui les autorisaient à en tirer du mépris. Combien de fois ai-je dû rigoler à des blagues de pédés ? Et combien de fois en ai-je raconté ? Le « bébé grenouille » était dans mon répertoire au collège. J'en faisais profiter les autres, puisque ce n'était rien, je ne devais pas me faire si mal que ça en répétant les mots, les gestes, le ton. Imbécile, t'as chié sur une grenouille. Maintenant me voilà avec l'enfant que je mérite, couvert de merde aux yeux de certains.
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