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EAN : 9782715235656
192 pages
Le Mercure de France (07/09/2017)
3.49/5   100 notes
Résumé :
Christophe vit à Paris avec sa fille de 10 ans. Un jour, la petite fille trouve un papier accroché à leur porte avec ces mots : « Guerre et paix : contrepèterie douteuse ». Très vite, tout s’emballe, devient presque polar. Qui a écrit ces mots ? Qui le soupçonne d’être un mauvais père ? Peut-on être père et gay, c’est bien la question qu’on est venu lui poser, de façon malveillante… À partir de cet événement et de la stupéfaction qu’il produit en lui, Christophe Hon... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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Un petit livre, un témoignage sûrement autobiographique à peine scénarisé pour les besoins de la convention romanesque. Un peu moins de 200 pages .

Je l'ai ouvert hier soir, très tard.

Un brûlot.

Il m'a réveillée en pleine nuit et j'ai dû l'achever à toute force. Ou plutôt c'est lui qui m'a achevée.

Une histoire simple, à la limite de l'insignifiance: le cinéaste et romancier gay, Christophe Honoré, trouve, punaisé sur la porte de son appartement parisien, un message écrit à la main : "Guerre et paix : contrepèterie douteuse ".

Guerre et paix... Père et gay, c'est son cas: voilà l'objet du harcèlement, de la persécution, car d'autres attaques suivront, tout aussi cruelles, tout aussi anonymes.

Le vrai intérêt de ce récit fulgurant est moins dans l'énigme à éclaircir, le coupable à trouver et à neutraliser, que dans les interrogations, les mises en perspective qu'elle suscite.

L'auteur n'a jamais renié son homosexualité mais c'est son homoparentalité qu'on lui reproche: il élève à mi-temps une petite fille, conçue naturellement avec une amie hétéro et célibataire, dans une parfaite harmonie éducative et affective, avec vacances estivales communes. Mieux et plus reposant que bien des divorces hétéros.

Scénariste et cinéaste de talent, auteur de littérature enfantine et de romans pour adultes, Honoré semble hors de portée de l'homophobie à front de taureau qui torturait, par exemple, un Eddy Bellegueule, avant sa notoriété.

Pourtant ce harcèlement réveille en lui toutes les souffrances: la négation où l'a relégué son père, (heureusement) tôt disparu, celle tout aussi pernicieuse, quoique plus feutrée, où le tient sa soeur (une scène d'une rare violence...vous ne lirez plus Ouest-France de la même façon!)

Un vertige le prend: le désespoir d'une époque sans horizon, marquée par le terrorisme , la montée des fascismes, la corruption politique, les années sida, et surtout, dans son cas, les manifestations anti-mariage pour tous, ce désespoir le précipite dans une vraie crise existentielle, une interrogation sur son appartenance, ses trahisons éventuelles, ses petites lâchetés quotidiennes.


Un flot de questions le submerge.

Les livres qu'il a lus, tel ce Gide décoré aimablement d'une merde de chien, sur son paillasson, lui deviennent suspects : plus de 200 livres écrits par des homosexuels, il doit s'en séparer! Nuit de paranoïa et de folie qui donne la mesure de son désarroi.

Finalement, après le questionnement , après le vertige, se restructure le père gay, pourtant fortement mis à mal : il convoque ses divinités tutélaires, sa fille - qui ne se prénomme pas Orange...encore une scène d'un humour grinçant assez inoubliable! - dans une lettre magnifique, et ses amis cinéastes ou écrivains, morts du sida , dont les portraits érigent une galerie protectrice , émaillant les pages de ce roman-récit-essai.

Éprouvant, sincère, percutant. Et remarquablement bien écrit. Fureur, humour, mais aussi esprit de finesse, et esprit de géométrie: Pascal serait content!

A lire et à faire lire, si on en connaît, à tous ces pompeux imbéciles prompts à dénier aux autres leur droit au bonheur au nom de dieu sait quelle loi "naturelle".
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Christophe Honoré, c'est le cinéaste de magnifiques films comme "Plaire, aimer et courir vite", : "les chansons d'amour", le sous estimé mais splendide "les Biens aimés" et celui à venir de Chambre 212, présenté lors du dernier festival de Cannes que j'ai eu la chance de voir en avant première avant sa sortie en octobre 2019 et qui confirme tout le bien qu'on pense de ce cinéaste aussi inventif que sensible et délicat.

Cette sensibilité, elle est à l'oeuvre largement dans Ton père, qui marquait à la rentrée 2017 son retour aux affaires littéraires, lui qui l'avait un peu délaissé pendant une dizaine d'années à cause de ses productions cinématographiques ou théâtrales particulièrement prolixe

S'ouvrant sur la découverte par sa fille un matin d'un mot malveillant l'accusant d'être un mauvais père, Ton père est un très beau texte ou se mêlent souvenirs, récit sous forme d'un petite enquête pour découvrir le calomniateur et autobiographie en pièces détachées d'une jeunesse bretonne où son homosexualité va se réveler peu à peu

Pour suivre l' .insidieux cheminement d'une calomnie et d'attaques homophobes qui, s'en prenant violemment à un père gay et à sa fille, l'autobiographie du cinéaste se fait à la fois porteuse de rage et de mélancolie qui oblige le père qui ne cesse de douter à revenir sur lui-même et à sa propre histoire.

Honoré écrit en mettant ses pas dans ceux des écrivains homosexuels qui se sont contraints à la sincérité inhérente aux récits autobiographiques, d'André Gide à Hervé Guibert .

S'inscrivant en porte à faux dans une situation politique et sociologique réactionnaire et violemment homophobe qui domine la France depuis la Manif pour tous "Ton père" s'affirme avant tout plus comme une brillante et poignante réflexion sur l'affirmation de soi que comme un pamphlet militant et contestataire, ce qui en fait tout son prix.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Se lancer dans la lecture d'un roman est un acte particulier. Ouvrir un livre, c'est espérer qu'il va nous plaire, craindre la déception, attendre fébrilement le coup de coeur, la rencontre qui va transformer la lecture en enchantement, tout en sachant que rien ne nous assure que ça aura bel et bien lieu ; rien n'est sûr au début d'une lecture. Parfois, le roman ne nous plaît pas, parfois il nous plaît, sans plus. Quand on a de la chance, c'est effectivement un coup de coeur. Avec Ton père de Christophe Honoré, je n'ai pas ressenti un coup de coeur mais un coup de foudre. Il ne m'a fallu que quelque pages pour comprendre que ce roman, entre le portrait autobiographique et la fiction, allait devenir un de mes préférés. Quelques phrases seulement pour tomber amoureux des mots de son auteur.

Je connaissais une partie du travail cinématographique de Christophe Honoré. Une oeuvre qui ne m'a pas toujours convaincu. J'ai adoré ses films chantés, tombant amoureux de Louis Garrel dans Les chansons d'amour, je n'ai pas réussi à regarder plus de vingt minutes de Non ma fille tu n'iras pas danser, je n'ai été au bout de son Homme au bain que pour la plastique de François Sagat et la douceur de son regard. J'approchais donc Ton père avec curiosité.

Cela fait plusieurs jours que je cherche les mots pour rendre compte de ma lecture de ce roman mais je semble incapable de les trouver sans le sentir niais. J'ai comme l'impression de ne pas être capable de verbaliser ce que j'ai ressenti en découvrant ce livre de manière à lui rendre correctement hommage. Je glisse donc vers la solution de facilité : citer les mots de l'auteur et, je l'espère, vous faire tomber à votre tour sous le charme de cette écriture puissante.

Un dimanche matin, la fille de Christophe (je me permets l'utilisation du prénom seul car il s'agit ici du narrateur, à la fois Christophe Honoré lui-même et personnage de roman), âgée de dix ans, trouve une note épinglée sur la porte de leur appartement : « Guerre et Paix : contrepèterie douteuse ». Cette agression lance l'homme dans une réflexion sur la paternité, et sur son apparente incompatibilité avec l'homosexualité. En même temps qu'il s'interroge sur l'identité de l'épingleur, Christophe remonte le fil de ses souvenirs qu'il nous livre dans un texte fort qui appuie là où ça fait mal.

La langue de Christophe Honoré est vivante, l'auteur use parfois d'une grande liberté dans sa façon de la manier. « Claquer la porte, courir au milieu de l'avenue. Pluie qui taquine mon cou. Traverser le terre-plein jusqu'à la rocade. Sourire à la conductrice qui vient de freiner devant moi. M'engager sur la chaussée, me retourner, marcher en arrière. Pouce, bien le tendre. »

La langue de Christophe Honoré est chaude, aussi. Il s'en dégage une sensualité que viennent soutenir les photos de l'auteur qui parsèment le texte. Ainsi, des fragments de corps masculins parsèment le récit que fait Christophe de ses retrouvailles avec un ancien amant, dans un cinéma : « (...) je ne voulais pas arriver le premier, et puis je fantasmais Benjamin déjà installé, debout face au mur dans un des cabinets, port entrouverte, son pantalon baissé à mi-cuisse, les fesses cambrées, (...) peut-être alors qu'il aurait préféré se mettre à genoux, qu'il ne désirait que sentir mon sexe dans sa bouche, sa gorge, sur ses joues et ses paupières (...) ».

La langue de Christophe Honoré est vivante et chaude, mais elle est aussi incroyablement précise. Elle peut se faire brutale ou douce selon les besoins de la narration, elle charrie la peur et la douleur que peuvent connaître les homosexuels dans une société qui ne les tolère que sous certaines conditions, la plus importante étant de renoncer à la paternité. « (...) amusez-vous entre vous dans le Marais, refilez-vous vos maladies dans les bordels, grand bien vous fasse, mais ne venez pas fréquenter les sorties d'écoles, les réunions de parents d'élèves, vous n'êtes pas diables en accompagnateurs de groupes scolaires, sinon c'est la porte ouverte au prosélytisme, puis aux attouchements, puis aux viols, est-ce si difficile à comprendre qu'on ne doit pas accueillir de loup dans une bergerie, est-ce homophobe que de protéger nos enfants de vous ? »

Christophe Honoré témoigne également de l'héritage qu'ont reçu les homosexuels, et en particulier ceux de l'âge de l'écrivain-cinéaste, des grands noms de la culture morts du SIDA dont les portraits ponctuent le récit. Christophe Honoré raconte la crainte d'une sexualité qui s'accompagne souvent de la maladie et de la mort. « Depuis mes quinze ans, j'avais été instruit à considérer le sperme comme la matière redoutable, celle qui condamnait à mort, une mort créée par mois et par les autres et si facilement transmise. » Crainte qui est revenue au moment où Christophe Honoré a décidé, avec une amie, de donner la vie à son tour. Crainte que l'auteur décrit avec beaucoup de sensibilité.

Avec ce texte très personnel, l'auteur touche à quelque chose d'universel : l'amour d'un père. Cet amour qui surmonte toutes les épreuves quand il s'agit de protéger l'autre, cet amour qui donne de la force tout en rendant plus vulnérable jamais. Christophe Honoré l'écrit à merveille, sans fausse pudeur mais sans enter dans l'exhibition pour autant.

Ton père restera sans doute longtemps un de mes livres préférés, une des lectures les plus importantes dans ma vie de lecteur.
Lien : https://8tiret3.blogspot.com..
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Christophe Honoré, écrivain, cinéaste, gay et père d'une petite fille ... Quelque chose vous dérange en lisant cette première phrase ? Ca tombe bien, c'est aussi la préoccupation de l'auteur qui, alors qu'il menait une vie ordinaire et tranquille, retrouve un dimanche matin, punaisé sur la porte d'entrée de son appartement, un bout de papier sur lequel on avait tracé ces mots : " Guerre et paix, contrepèterie douteuse ? " ( Père et gay, pour ceux qui ne fréquentent pas l'album de la comtesse du canard enchaîné ).
A partir de ces quelques mots ressentis comme une agression insidieuse dont la violence va s'insinuer peu à peu dans son esprit, va naître un questionnement, une mise à plat de sa vie, de son statut d'homme, du regard de la société face à la parentalité...surtout la sienne. Dans un texte où vont se mêler souvenirs, récit un peu fictionnel sous la forme d'un petite enquête pour découvrir l'auteur de ce mot, moments intimes ou présentés comme tels, photos, apparaissent surtout au fil des mots le désarroi, l'abattement, la colère de cet homme, parisien privilégié. Son quotidien, au final bien ordinaire, se trouve assailli par un sentiment de peur, peur des regards malveillants, résurgence d'une manif pour tous et de son cortège haineux qui continue à déverser ses pensées obtuses et violentes. Cette parentalité, voulue, souhaitée, vécue banalement, soudain lui saute au visage comme non conforme aux normes établies et finit par ressentir plus intensément ces regards fuyants ou ces dialogues détournés devant les grilles de l'école de sa fille, cette crainte de parents lorsqu'elle veut inviter une copine à la maison. le " Mais pourquoi ne viendrait-elle pas plutôt chez nous ? " s'enfonce comme un poignard dans l'esprit de ce père. Car voyez-vous, même à Paris ( et sans doute dans un quartier favorisé) , pour beaucoup gay signifie pédophile ! ( Faut dire que l'appellation courante " pédé " n'aide pas non plus à tuer les préjugés). Sans chercher, ni à se justifier, ni à plaider sa cause, Christophe Honoré nous ouvre la porte pour se présenter à nous, tel qu'il est dans sa vie de père gay parisien. Il évoque son enfance et son adolescence bretonne où sa découverte de la sexualité n'a jamais été envisagée sans la possibilité d'avoir des enfants, quitte à passer pour un traitre aux yeux d'une communauté gay (comme hétéro) aux diktats parfois binaires. Il raconte sans fard son projet de mettre un enfant au monde, naturellement, avec une amie proche et le quotidien qui suivit avec cette garde partagée, sans heurt, avec un amour et un respect évidents et réconfortants. ( vie que beaucoup d'enfants n'ont pas , même en rêve !).
La fin sur le blog
Lien : http://sansconnivence.blogsp..
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Quel regard porte la société sur l'homme qui s'affirme dans son homosexualité et qui a choisi d'être père? dans son roman, Christophe Honoré s'offre au lecteur avec beaucoup de sincérité, dans son oeuvre et ses choix, sa fragilité et son autorité. Sont cités ici de nombreuses personnalités du cinéma, de l'écriture, du théâtre et le livre est illustré de photos, portraits et clichés insolites. Une bonne lecture, une belle réflexion sur l'affirmation de soi.
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critiques presse (1)
LeMonde
18 septembre 2017
Le cinéaste et écrivain signe « Ton père », roman autobiographique, texte intranquille sur l’homoparentalité et le respect qu’on doit à chacun, et à lui comme à sa fille.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
"Plus j'excitais mes sens, plus je m'impatientais à être père. Et quand j'ai admis, qu'à mes yeux, l'homosexualité tait l'aventure la plus excitante, jamais je n'ai attaché à ce constat le renoncement à la paternité. Jamais je ne me suis résigné à ce que ça soit le prix à payer."
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Pourtant, tu t'en souviens, nous avions pris ça [ les premières manifestations contre le "mariage pour tous" ] à la légère. Tu étais sur mes épaules quand nous avons marché de Denfert à Bastille. Ils ne nous effrayaient pas, nous nous sentions du bon côté, celui de l'avenir joyeux. Nous avons cru leur échapper, mais non. Ils nous ont dénichés, encerclés, assoiffés. Et le manque d'espoir dont je me sens souffrant et épris, dit la victoire de ce malheur.
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« Deux hommes s'enculent dans un bois, l'affaire faite, l'un d'eux se plaint de maux de ventre, il s'inquiète, demande s'il ne va pas avoir un bébé. L'autre se moque de lui, lui dit qu'il n'y a pas de risque. Mais le premier continue à se plaindre, et s'agenouille dans l'herbe, halète, répète qu'il va accoucher, je t'assure, je sens que ça vient, ça vient, je pousse, je pousse, voilà ! Oh regade, j'ai fait un bébé, il est tout petit, je t'avais bien dit, regarde notre bébé. Mais non imbécile, lui répond l'autre, tu vois pas que t'as chié sur une grenouille ! » Quel est le premier qui a raconté cette blague, mon père, une amie de ma mère, ma sœur, un oncle ? Qui a mis le ton à chaque phrase du dialogue ? La bouche en cul-de-poule, la voix qui dérape dans les aigus, l'accent folle qui convenait. Et le poignet cassé, les fesses cambrées, déhanchement, battement des mains devant les yeux qui se lèvent au ciel, idiotie ventilée ? C'était moi qu'on désignait, c'était moi agenouillé dans un bois, c'était ma bouche, ma voix, mon poignet, mes fesses, et j'étais conforme à l'image que ces adultes répandaient, je comprenais qu'ils savaient tous quelque chose de moi qui les autorisaient à en tirer du mépris. Combien de fois ai-je dû rigoler à des blagues de pédés ? Et combien de fois en ai-je raconté ? Le « bébé grenouille » était dans mon répertoire au collège. J'en faisais profiter les autres, puisque ce n'était rien, je ne devais pas me faire si mal que ça en répétant les mots, les gestes, le ton. Imbécile, t'as chié sur une grenouille. Maintenant me voilà avec l'enfant que je mérite, couvert de merde aux yeux de certains.
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Ai-je un jour pensé que ma vie se jouerait sans passion si je ne procréais pas ? N'ai-je pas cédé à la pression sociale, ne me suis-je pas soumis à une norme hétérosexuelle en fabriquant un enfant ? N'ai-je pas au fond toujours douté de la fin naturelle d'une histoire d'amour homosexuel, de son développement normal, de son couronnement ? Ne me suis-je pas toujours demandé ce que l'homosexualité avait en tête, si elle était guidée par une force qui dépasse le plaisir ? Ne pourrait-on pas aisément me convaincre que l'amour homosexuel ne possède aucune valeur créatrice, qu'il ne mène qu'à l'égoïsme et à la solitude ? Face à un jury d'homosexuels, ne serait-il pas facile de me faire condamner pour haute trahison ? Ne serais-tu pas alors convoquée lors de ce procès en tant que pièce à conviction, mobile et arme du crime ? N'ai-je pas voulu échapper à mon destin d'homosexuel ? Ai-je rejoint les lignes ennemies par idéologie ? D'ailleurs je ne t'ai pas conçue avec une femme lesbienne mais hétérosexuelle, et je t'élève avec des Pâques en famille, des conseils de classe, des goûters d'anniversaire, des vacances chez tes grands-parents… Ne nous ai-je pas construit une vie standard d'hétérosexuels ? Ne suis pas sujet de ma honte ? Quand je croyais me révolter, n'étais-je pas en train de plier ? Où pouvait-on lire mes contestations de l'hétérosexualité dominante ? Dans quels propos, livres, films ? Était-on bien sûr de cet adjectif, queer, pensait-on vraiment qu'il convenait à ma personnalité ?
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Un hiver, nous avons cassé un carreau et craint la prison et décidé de nous ranger, nous faire oublier. le printemps suivant, nos parents ont commencé à nous acheter des mobylettes.
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