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Critique de MissMylene


Un dimanche matin, la petite fille de Christophe Honoré, 10 ans, trouve un message anonyme punaisé sur la porte de leur appartement. le message est le suivant : « Guerre et Paix : contrepèterie douteuse ». Par ce message, quelqu'un entend reprocher à Christophe Honoré d'être à la fois père et gay et de former avec sa fille une famille douteuse. Ce ne sera pas la seule agression de l'homophobe anonyme. Il y en aura d'autres, un peu plus dégueulasses à chaque fois.

Que lui reproche-t-on finalement à travers ces agressions à répétition ? Probablement son homoparentalité, bien plus que son homosexualité. Voilà ce qui dérange vraiment, qu'un homme seul, assumant ouvertement son homosexualité, élève un enfant sur le mode de la garde alternée avec la maman de la fillette. Bien sûr l'agression va pendant un temps le déstabiliser. Elle va surtout l'amener à réfléchir à son parcours, son désir d'enfant, sa relation à son père, ses lectures et sa bibliothèque où figurent beaucoup d'auteurs homosexuels (illustré par des portraits de Bernard-Marie Koltès, Hervé Guibert, Jacques Demy…, son récit est d'ailleurs également un tombeau pour les artistes morts du sida). Jamais en tous cas le récit de Christophe Honoré ne tourne au règlement de comptes. Il relate pourtant des maladresses, de la part d'une soeur, d'une sage-femme, d'une mère d'élèves, mais il reste toujours tolérant même envers les intolérants. C'est aussi et peut-être surtout un récit poétique et émouvant, qui dit joliment comment les relations avec les parents peuvent parfois se poursuivre au-delà de la mort et comment celles avec les enfants se construisent au jour le jour à travers les petites choses du quotidien.

J'ai été consternée à la fin du récit en apprenant l'identité de l'auteur des lettres anonymes. Je crois que j'aurais préféré un harceleur d'une autre génération, car j'aurais alors pu me dire que tout cela était du passé. Au lieu de cela, la révélation finale dresse un constat particulièrement pessimiste de l'homophobie ambiante, tout en rendant le récit de Christophe Honoré nécessaire.
Lien : https://marentreelitteraire...
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