Nous ne devons pas trouver d'ombre à notre bonheur avant même de l'avoir atteint. En ce qui me concerne, avec vous à mes côtés, je serai heureux n'importe où.
Peu de temps après, Cassy découvrit qu’elle commençait à se lasser de Sidmouth. Les plaisirs de la plage étaient épuisés ; la société lui semblait faite de gens sans consistance, sans intérêt, prisonniers des apparences. Les falaises avaient perdu tout attrait. Même les bals hebdomadaires des Assembly Rooms lui paraissaient ennuyeux. Quel plaisir pouvait-on bien trouver à danser ? Elle ne s’en souvenait pas. Elle restait donc à la maison avec Anna, à lire.
Cassy se pencha en soupirant vers le panier de pique-nique et sortit ses couleurs. Peindre l’apaiserait. Cela l’apaisait toujours quand elle était triste et, elle dut l’admettre, c’était à cet instant le cas inexplicablement et soudainement. Elle allait capturer le petit groupe qui évoluait dans les rochers. Elle traça le contour des falaises avec son crayon, puis tenta de s’attaquer aux personnages, lesquels, en tant que modèles ne se montraient pas dociles. Anna ne cessait de rire et de sautiller, Mr Henry Hobday – Cassy ne peut s’empêcher de sourire – ne restait pas en place. Bien. Il ne lui restait plus qu’à se concentrer sur son cher vieux papa.
De temps en temps, il fallait composer avec les caprices de la petite Fanny, une enfant au caractère déjà bien affirmé et qui supportait mal d'être tenue à l'écart de sa mère. Mais cela faisait du bien à Cassy d'avoir à la consoler. Au moins, sur les chagrins d'enfant, on pouvait appliquer un baume. Tandis que pour son chagrin à elle, il n'existait aucun remède.
Mais à présent que le moment était venu, elle sentais flancher sa résolution. Elle s'empara de la première lettre. Cela aurait, sans doute, dû être une joie de paser de de nouveau quelques heures en compagnie de sa sœur tant aimée. Et pourtant, cette perspective la faisait trembler. Cela eût été tellement plus simple de vivre l 'instant présent sans avoir à s'inquiéter des détails du passé.
En effet, elle était intelligente. De plus, elle avait eu la chance de grandir dans une maison où l'intelligence des filles était appréciée et où celles-ci n'avaient pas à s'excuser de posséder un cerveau.
Le soleil se coucha sur un salon baigné de bonheur familial.
[...]; la société lui semblait faite de gens sans consistance, sans intérêt, prisonniers des apparences.
Il y avait beaucoup d'amour dans la fratrie Austen et l'on se soutenait mutuellement. Cela l'attristait toujours de découvrir qu'il pouvait en être autrement dans certaines familles.
Les femmes se torturent toujours à propos de tout, et en particulier du mariage - ce moment qui marque un tournant décisif dans leur vie.