Citations sur Il n'y a pas de Ajar (146)
Un homme qui veut toujours être l'autre parce qu'il n'y a que comme ça qu'il a une chance d'être lui-même.
Imagine la scène :
Tu as face à toi un peuple increvable et hypermnésique, qui n’oublie rien et se souvient de tout. Les juifs peuvent te donner la date de naissance d’Adam, l’heure de la destruction du Temple de Jérusalem. Ils peuvent te dire le temps qu'il faisait ce jour-là et ce que le grand prêtre avait mangé au petit déjeuner.
Et c'est là qu'elle attaque et qu'elle s'accroche, cette saloperie. Tu sais : "l'identité", comme ils l'appellent tous. C'est fou comme elle les obsède aujourd'hui. Tu as remarqué ? Elle est partout. Elle bouffe toute la place : elle fait se sentir "bien chez soi" à la maison et en manque de rien. Et c'est comme ça qu'on devient muet, con, antisémite, et parfois les trois à la fois.
Nous sommes pour toujours les enfants de nos parents, des mondes qu’ils ont construits et des univers détruits qu’ils ont pleurés, des deuils qu’ils ont eu à faire et des espoirs qu’ils ont placés dans les noms qu’ils nous ont donnés.
Mais nous sommes aussi, et pour toujours, les enfants des livres que nous avons lus, les fils et filles des textes qui nous ont construits, de leurs mots et de leur silences.
La plupart des gens qui te disent qu'il est temps d'en finir avec les catégories et de ne plus être binaires, ils précisent généralement qu'ils ne le sont pas, eux, contrairement à leurs interlocuteurs. Et du coup, il n'y a pas plus binaire qu'un mec qui te dit qu'il ne l'est pas.
Je crois que c'est la pire chose qui puisse arriver dans l'existence : ne manquer ni de sel, ni de tendresse, ni d'amour... parce que alors, il n'y a aucune raison de se mettre à parler, à écrire ou à créer.
Et c'est là qu'elle s'attaque et qu'elle s'accroche, cette saloperie. Tu sais : "l'identité", comme ils l'appellent tous. C'est fou comme elle obsède aujourd'hui. Tu as remarqué ? Elle est partout. Elle bouffe toute la place : elle fait se sentir "bien chez soi" à la maison et en manque de rien. Et c'est comme ça qu'on devient muet, con, antisémite, et parfois les trois à la fois.
"Make America fake again"
"I believe I can lie"
"Le père, y en a pas deux !"
"Karl Marx répare. Karl Marx remplace."
"Vive la République et surtout... Vive la transe"
Je suis pour polluer toutes les "identités". Pour que puisse à nouveau circuler la conscience claire de tout ce que l'existence doit au mélange.
Des millions de gens dans le monde affirment qu'ils sont les enfants d'Abraham, des bons gamins fidèles au patriarche, sans percevoir l'incohérence de la démarche : ils se sont choisi comme père un type qui a envoyé bouler le sien. Ils s'imaginent tranquillement lui faire plaisir en lui collant aux basques, et en faisant le contraire de ce qu'il leur a montré qu'il fallait faire.