AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Eve-Yeshe



Abdullah, dix ans et Pari, 3 ans, sont frères et soeur. Leur mère est morte et leur père doit faire des petits travaux pour pouvoir nourrir sa famille. le lien entre ces deux enfants est très fort. La famille habite dans un village d'Afghanistan : Shasbagh, et nous sommes à l'automne 1952. La vie est difficile, la nourriture manque. D'autant plus que leur est remarié et qu'il a un autre enfant : Iqbal.
Sur les conseils de Nabi, son beau-frère, il décide de vendre Pari à un riche propriétaire M. Wahdati dont la femme Nila, poétesse accomplie, ne peut pas avoir d'enfant. le père part donc pour Kaboul avec ses enfants et sa mule.
Abdullah comprend que son père n'est pas venu ici pour trouver du travail et la séparation entre lui et sa soeur est très douloureuse. En rentrant, le père prend une hache de abat le chêne centenaire sur lequel était fixé leur balançoire : ce qu'il venait de faire lui avait beaucoup coûté, même s'il n'avait rien montré de ses sentiments.
Ensuite, on découvre au fil des chapitres, les évènements qui sont arrivés dans toutes les familles ayant un lien avec ces deux enfants. D'abord, l'histoire de Parwana, soeur de Nabi, la seconde femme du père de Pari, Saboor, et comment elle a évincé sa soeur Masooma, frivole et très jolie qui était sa rivale : « une beauté comme la sienne, ça vous brûlait les yeux » P 84 en la faisant chuter d'un arbre, ce qui la rend infirme.
Ensuite apparaît, pour la première fois Markos, médecin pour une association humanitaire et qui est chargé de remettre une lettre que Nabi lui donnée en lui faisant promettre de ne l'ouvrir qu'à sa mort. Il raconte l'histoire de sa vie. Il a quitté son village natal car il se sentait étouffé avec ses deux soeurs dont l'une était infirme. Il voulait échapper à ce milieu sans avenir et il est entré au service de Suleiman Wahdati qui va se marier plus tard avec la belle Nila, femme aux moeurs légères, que la famille réprouvait.
On verra apparaître ainsi différents personnages qui ont tous un lien avec l'histoire de Pari : Suleiman et celle de Nabi, Nila et Pari en France, Markos en Grèce, l'exil aux USA pour d'autres par exemple Abdullah etc.etc. Et je vous laisse découvrir la vie passionnante de chacun d'eux…..


Ce que j'en pense :

J'ai beaucoup apprécié de roman. L'auteur nous raconte à la façon d'un conteur, l'histoire de ces deux enfants qui ont été séparés brutalement, et comment on peut survivre à une telle perte.
Il nous parle surtout de Pari, de son adoption par une femme qui est tout sauf maternelle. Elle est très égoïste, cherche constamment à accaparer l'attention, à être le centre du monde. Elle se conduit de façon tyrannique avec Pari, en la faisant se culpabiliser sans cesse. Elle n'est pas heureuse, donc personne ne doit l'être. Mais Pari est une scientifique, donc elle ne la comprend pas.
Nila a raconté des mensonges à Pari, lui parlant de sa grossesse, de sa césarienne pour justifier sa cicatrice, lui affirmant que son père était mort d'une crise cardiaque. Elle prend ce qui l'arrange dans la réalité et essaie d'y faire coller sa version des faits.
Khaled Hosseini évoque très bien le fait qu'un enfant puisse sentir qu'il y un manque dans sa vie : Pari sent qu'elle a un frère ou du moins un être qui a compté dans sa vie car elle se sent comme un jumeau amputé de sa moitié. le souvenir d'un chien aussi la hante alors que sa « mère » les déteste, et le vague souvenir d'un grand chêne. Elle a été privée de son père adoptif qu'elle aimait et qui l'aimait.
Il évoque de façon très douce, comme un poète l'amour qu'un homme peut éprouver pour un autre homme, et qui restera caché, tu, car on ne dit pas ces choses-là, on les effleure.
Il parle aussi très bien du handicap, de la maladie et des réactions de l'entourage: (masquer)la chute qui a rendu Massouma infirme, Thalia l'amie d'enfance de Markos en Grèce qui a été défigurée par une morsure de chien, Seliman diminué après son attaque, la polyarthrite qui ronge les articulations de Pari, la démence d'Abdullah. Et il décrit la réaction des proches vis-à-vis du handicap ou de la maladie : ceux qui restent, assument, s'occupent du malade comme Parwana qui fait manger sa soeur, qui la lave car elle est incontinente, assumant le fait qu'elle est à l'origine du handicap. Nabi qui s'occupe de Suleiman jusqu'à sa mort, le stimule, le promène dans les rues dans un fauteuil roulant alors qu'il voulait s'isoler.
Il y a ceux qui sont incapables de le faire : Nila qui abandonne son mari, incapable de s'en occuper (elle ne peut s'occuper de personne à part elle-même et encore), Driss qui sympathise avec une petite fille victime de violence pendant la guerre qui lui promet de la faire venir aux USA pour la faire opérer mais qui va l'oublier sitôt rentré chez lui alors que son cousin grande gueule, imbu de lui-même s'en occupera certes pas de façon altruiste mais pour qu'on parle de lui. (/masquer)
Et puis il nous parle avec simplicité de l'exil, ceux qui ont dû tout quitter pour fuir la guerre et ceux qui en profitent. Et il y ceux qui n'ont pas eu d'autres choix que rester tel Iqbal.
Et en toile de fond, omniprésent : l'Afghanistan, la beauté des montagnes, la guerre avec les Russes, puis les Talibans puis les Américains, comment évolue ce pays, les maisons riches d'antan qui sont de plus en plus à l'abandon. Kaboul mais aussi les petites villes avec des quartiers pauvres et des quartiers neufs pour les riches, les spoliations diverses.
Khaled Hosseini est un excellent conteur, il sait captiver l'attention du lecteur et l'entraîne avec lui, en cela il me fait penser à cet auteur libanais que j'aime tant : Amin Maalouf. On retrouve la même magie des mots. D'ailleurs, le livre commence par un conte pour enfant que Saboor raconte à Pari et Abdullah et qui va s'avérer au combien prémonitoire.
Je n'ai pas lu ces deux premiers romans « les cerfs-volants de Kaboul » et « mille soleils splendides » et j'ai bien l'intention de les lire car il m'a subjuguée. C'est un livre qu'on entend aussi, la musique des mots résonne en nous, nous imprègne.
Le titre est très significatif aussi, l'histoire de chaque protagoniste survient comme un écho à l'histoire précédente, chacune se renvoyant à l'autre à l'infini comme l'écho dans les montagnes.
A lire absolument.

Note : 8,5/10
et plus sur mon blog
Lien : http://eveyeshe.canalblog.co..
Commenter  J’apprécie          790



Ont apprécié cette critique (66)voir plus




{* *}