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Critique de Patlancien


Lire du Victor Hugo, c'est comme s'attaquer au Mont Blanc que dis-je à l'Everest. J'ai eu l'occasion étant ado de lire du même auteur le dernier jour d'un condamné et QuatreVingt-Treize et lorsque mes amis Babelionautes m'ont proposé l'homme qui rit en lecture commune, j'ai tout de suite sauté sur l'occasion et j'ai bien fait.

Le livre de notre ami Victor Hugo est un mixte entre le roman Sans famille d'Hector Malot écrit en 1878 et le conte la Belle et la Bête de Gabrielle-Suzanne de Villeneuve paru en 1740. On fait vite le parallèle entre le jeune Rémi d'Hector Malot et le Gwynplaine enfant d'Hugo. le musicien ambulant Vitalis du Sans famille n'a rien à envier à l'humanité du colporteur ventriloque Ursus de l'homme qui rit. Les animaux aussi ne sont pas non plus oubliés. Au singe Joli-Coeur de Malot, on retrouve son pendant avec Homo, le chien-loup d'Hugo. Je ne vous parlerai pas des deux prétendantes, Lise et Dea, la première étant muette et la deuxième aveugle… Si les deux romans retracent les péripéties d'un enfant volé (Malot) et abandonné (Hugo) adoptés par deux saltimbanques, la force de l'oeuvre de Victor Hugo réside dans la puissance et le romantisme de son écriture.

Dans l'homme qui rit, tout est démesuré voire disproportionné. de l'horrible cicatrice de Gwynplaine voulue par ses kidnappeurs qui lui donne en permanence un rire disgracieux en passant par les horribles châtiments subis par les condamnés à mort ; des récits terribles sur la misère sociale de l'Angleterre au XVIII siècle face à l'énumération sans fin des richesses de la noblesse anglaise ; des innombrables décors du Londres de cette époque aux interminables descriptions des navires et autres bâtiments navals ; du trop grand nombre de personnages à l'exagération des sentiments humains…Tout est excessif, extrême, exorbitant mais que c'est beau et bien écrit, de la tempête dans la Manche au naufrage, de la représentation de la pièce de théâtre d'Ursus aux débats houleux de la chambre des Lords…

La prose de Victor Hugo est avant tout magnifique et éblouissante. Les mots sont forts et percutants. Ils viennent apporter à l'aventure une force et une vraisemblance qui pousse à l'admiration. L'épopée hugolienne est romantique avec un grand A. La lutte entre le Bien et le Mal se retrouvent à chaque page. le chaos se heurte à l'harmonie. L'ombre se mêle à la lumière pour fusionner et nous donner un clair-obscur qui nous suivra tout au long de l'oeuvre. Avec l'amour et la haine, la mort et la vie, le rire et les larmes, le roman fait le plein de sentiments. L'homme qui rit sait nous raconter avec panache et en quelques pages (838) l'histoire d'un petit garçon qui connaîtra un destin exceptionnel mais dramatique.

Et pour La belle et la Bête me direz- vous … J'y viens mes amis…ce concept du beau et du laid est récurrent chez Victor Hugo. On peut même parler de la beauté des laids avec son Quasimodo, sonneur de Notre-Dame comme son Gwynplaine du roman. Il n'hésite pas à opposer la laideur à la beauté, allant même jusqu'à les comparer voire les confondre. le laid c'est le beau. La beauté d'Esméralda ou celle de Déa ne se révèle que par la laideur de leurs « amoureux »respectifs. L'auteur du poème « J'aime l'araignée et j'aime l'ortie » sait sublimer la laideur comme le grand romantique qu'il est. Dans le conte précité, la Bête restera un monstre sauf à rencontrer une femme susceptible de tomber amoureuse de sa beauté intérieure en faisant fi de son aspect physique. Et cette personne sera la Belle.

Si l'histoire d'Hector Malot ou de Gabrielle-Suzanne de Villeneuve finissent bien pour Rémi qui découvre être l'héritier d'une grande fortune tout en épousant Lise ou pour la Bête en épousant sa belle, ce sera bien différent pour notre Gwynplaine mais pour le découvrir, il vous faudra lire le roman de notre ami Victor Hugo. Faites comme moi mes amis et passez un bon moment avec l'un des maîtres du romantisme français.

« le beau n'a qu'un type ; le laid en a mille ». Victor Hugo, extrait de sa préface sur Cromwell (1827)
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