Celle-ci est une aveugle. Est-ce une exception? Non. Nous sommes tous des aveugles. L'avare est un aveugle ; il voit l'or et ne voit pas la richesse. Le prodigue est un aveugle ; il voit le commencement et ne voit pas la fin. La coquette est une aveugle ; elle ne voit pas ses rides. Le savant est un aveugle ; il ne voit pas son ignorance. L'honnête homme est un aveugle ; il ne voit pas le coquin. Le coquin est un aveugle ; il ne voit pas Dieu. Dieu est un aveugle ; le jour où il a crée le monde, il n'a pas vu que le diable se fourrait dedans. Moi je suis un aveugle ; je parle, et je ne vois pas que vous êtes des sourds.
" La mort a cela de bon pour les gens, qu'elle fait un peu parler d'eux."
"Dans l’engloutissement de tout, la tendresse surnage."
“Il pouvait beaucoup pour les malheureux. Il les faisait rire. Et, nous l’avons dit, faire rire, c’est faire oublier”
La vie n’est qu’une longue perte de tout ce qu’on aime.
"Quel est le père du privilège ? le hasard. Et quel est son fils ? l’abus. Ni le hasard ni l’abus ne sont solides. Ils ont l’un et l’autre un mauvais lendemain. Je viens vous avertir. Je viens vous dénoncer votre bonheur. Il est fait du malheur d’autrui. Vous avez tout, et ce tout se compose du rien des autres."
Quand on s'aime, ce qui est exquis, ce sont les silences, il se fait comme des amas d'amour, qui éclatent ensuite doucement.
Se taire sur quelqu'un, il semble que c'est l'éloigner. En s'informant, on craint d'appeler. On met du silence de son côté comme on fermerait une porte.
Vous augmentez la pauvreté du pauvre pour augmenter la richesse du riche. C’est le contraire qu’il faudrait faire. Quoi, prendre au travailleur pour donner à l’oisif, prendre au déguenillé pour donner au repu, prendre à l’indigent pour donner au prince ! Oh oui, j’ai du vieux sang républicain dans les veines. J’ai horreur de cela. Ces rois, je les exècre !
Le solitaire est un diminutif du sauvage, accepté par la civilisation. On est d'autant plus seul qu'on est errant. De là son déplacement perpétuel. Rester quelque part lui semblait de l'apprivoisement. Il passait sa vie àpasser son chemin. La vue des villes redoublait en lui le goût des broussailles, des halliers, des épines, et des trous dans les rochers. Son chez-lui était la forêt. Il ne se sentait pas très dépaysé dans le murmure des places publiques assez pareil au brouhaha des arbres. La foule satisfait dans une certaine mesure le goût qu'on a du désert.