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Citations sur Les Chants du crépuscule - Les voix intérieures - Les ray.. (70)

Hélas ! que fais-tu donc, ô Rabbe, ô mon ami
Sévère historien dans la tombe endormi !

Je l'ai pensé souvent dans mes heures funèbres,
Seul près de mon flambeau qui rayait les ténèbres,
Ô noble ami, pareil aux hommes d'autrefois,
Il manque parmi nous ta voix, ta forte voix
Pleine de l'équité qui gonflait ta poitrine ;
Il nous manque ta main qui grave et qui burine,
Dans ce siècle où par l'or les sages sont distraits,
Où l'idée est servante auprès des intérêts,
Temps des fruits avortés et de tiges rompues,
D'instincts dénaturés, de raisons corrompues,
Où dans l'esprit humain tout étant dispersé,
Le présent au hasard flotte sur le passé !
Si parmi nous la tête était debout encore,
Cette cime où vibrait l'éloquence sonore,
Au milieu de nos flots tu serais calme et grand,
Tu serais comme un pond posé sur le courant.
Tu serais pour chacun la voix haute et sensée
Qui fait que tout brouillard s'en va de la pensée,
Et que la vérité, qu'en vain nous repoussions,
Sort de l'amas confus des sombres visions !

[...]

Hélas ! à chaque instant des souffles de tempêtes
Amassent plus de brume et d'ombre sur nos têtes.
De moment en moment l'avenir s'assombrit.
Dans le calme du cœur, dans la paix de l'esprit,
Je t'adresserais ces vers où mon âme sereine
N'a laissé sur ta pierre écumer nulle haine,
A toi qui dors couché dans le tombeau profond,
A toi qui ne sais plus ce que les hommes font !
Je t'adressais ces vers pleins de tristes présages.
Car c'est bien follement que nous nous croyions sages !
Le combat furieux recommence à gronder
Entre le droit de croître et le droit d'émonder ;
La bataille où les lois attaquent les idées
Se mêle de nouveau sur des mers mal sondées ;
Chacun se sent troublé comme l'eau sous le vent ;
Et moi même, à cette heure, à mon foyer rêvant,
Voilà, depuis cinq ans qu'on oubliait Procuste,
Que j'entends aboyer au seuil du drame auguste
La censure à l'haleine immonde, aux ongles noirs,
Cette chienne au front bas qui suit tous les pouvoirs,
Vile, et mâchant toujours dans sa gueule souillée,
Ô muse ! quelque pan de ta robe étoilée !

Hélas ! que fait tu donc, ô Rabbe, ô mon ami
Sévère historien dans la tombe endormi !

- XVII - A Alphonse Rabbe, Mort Le 31 Décembre 1829. (Septembre 1835)
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Le grand homme vaincu peut perdre en un instant
Sa gloire, son empire, et son trône éclatant,
Et sa couronne qu'on renie,
Tout, jusqu'à ce prestige à sa grandeur mêlé.
Qui faisait voir son front dans un ciel étoilé ;
Il garde toujours sont génie !

Ainsi, quand la bataille enveloppe un drapeau,
Tout ce qui n'est qu'azur, écarlate, oripeau,
Frange d'or, tunique de soie,
Tombe sous la mitraille en un moment haché,
Et, lambeau par lambeau, s'en va comme arraché,
Par le bec d'un oiseau de proie !

Et qu'importe ! à travers les cris, les pas, les voix,
Et la mêlée en feu qui sur tous à la fois
Fait tourner son horrible meule,
Au plus haut de la hampe, orgueil des bataillons,
Où pendait de cette poutre envolée en haillons,
L'aigle de bronze reste seule !

- XVI - (Février 1835)
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Malheur alors ! Ô Dieu ! Faut-il que nous voyions
Le côté monstrueux des révolutions !
Qui peut dompter la mer ? Seigneur ! qui peut répondre
Des ondes de Paris et des vagues de Londre,
Surtout lorsque la ville ameutée aux tambours
Sent ramper dans ces flots l'hydre de ses faubourgs !

Dans ce palais fatal où l'empire s'écroule,
Dont la porte bientôt va ployer sous la foule,
Où l'on parle tout bas de passages secrets,
Où le roi sent déjà qu'on le sert de moins près,
Où la mère en tremblant rit à l'enfant qui pleure,
Ô mon Dieu ! que va-t-il se passer tout à l'heure ?
Comment vont-ils jouer avec ce nid de rois ?
Pourquoi faut-il qu'aux jours où le pauvre aux abois
Sent sa haine des grands de ce qu'il souffre accrue,
Notre faute ou la leur le lâchent dans la rue ?
Temps de deuil où l'émeute en fureur sort de tout !
Où le peuple devient difforme tout à coup !

[Extrait] - XV - Conseil (Décembre 1834)
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Oh ! n'insultez jamais une femme qui tombe !
Qui sait sous quel fardeau la pauvre âme succombe !
Qui sait combien de jours sa faim a combattu !
Quand le vent du malheur ébranlait leur vertu,
Qui de nous n'a pas vu de ces femmes brisées
S'y cramponner longtemps de leurs mains épuisées !
Comme au bout d'une branche on voit étincelé
Une goutte de pluie où le ciel vient de briller,
Qu'on secoue avec l'arbre et qui tremble et qui lutte,
Perle avant de tomber et fange après sa chute !
Le faute en est à nous ; à toi, riche ! à ton or !
Cette fange d'ailleurs contient l'eau pure encor.
Pour que la goutte d'eau sorte de la poussière,
Et redevienne perle en sa splendeur première,
Il suffit, c'est ainsi que tout remonte au jour,
D'un rayon de soleil ou d'un rayon d'amour !

- XIV - (Septembre 1835)
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Seigneur ! est-ce vraiment l'aube qu'on voit éclore ?
Oh ! l'anxiété croît de moment en moment.
N'y voit-on déjà plus ? n'y voit-on pas encore ?
Est-ce la fin, Seigneur, ou le commencement ?

Dans l'âme et sur la terre effrayant crépuscule !
Les yeux pour qui fut fait, dans un autre univers,
Ce soleil inconnu qui vient ou qui recule,
Sont-ils déjà fermés ou pas encore ouverts.

Ce tumulte confus, où nos esprits s'arrêtent,
Peut-être c'est le bruit, fourmillant en tout lieu,
Des ailes qui partout pour le départ s'apprêtent.
Peut-être en ce moment la terre dit : Adieu !

Ce tumulte confus qui frappe notre oreille,
Parfois pur comme le souffle et charmant comme le luth,
Peut-être c'est le bruit d'un Éden qui s'éveille.
Peut-être en ce moment la terre dit : Salut !

[Extrait] - Prélude (20 Octobre 1835)
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Puissants ! nous ferions mieux de panser quelque plaie
Dont le sage rêveur à cette heure s’effraie,
D’étayer l’escalier qui d’en bas monte en haut,
D’agrandir l’atelier, d’amoindrir l’échafaud,
De songer aux enfants qui sont sans pain dans l’ombre,
De rendre un paradis au pauvre impie et sombre,
Que d’allumer un lustre et de tenir la nuit
Quelques fous éveillés autour d’un peu de bruit !

in Sur le bal de l'Hôtel de Ville
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Fonction du poète
[…]
Peuples ! écoutez le poète !
Écoutez le rêveur sacré !
Dans votre nuit, sans lui complète,
Lui seul a le front éclairé.
Des temps futurs perçant les ombres,
Lui seul distingue en leurs flancs sombres
Le germe qui n’est pas éclos.
Homme, il est doux comme une femme.
Dieu parle à voix basse à son âme
Comme aux forêts et comme aux flots.

C’est lui qui, malgré les épines,
L’envie et la dérision,
Marche, courbé dans vos ruines,
Ramassant la tradition.
De la tradition féconde
Sort tout ce qui couvre le monde,
Tout ce que le ciel peut bénir.
Toute idée, humaine ou divine,
Qui prend le passé pour racine
A pour feuillage l’avenir.

Il rayonne ! il jette sa flamme
Sur l’éternelle vérité !
Il la fait resplendir pour l’âme
D’une merveilleuse clarté.
Il inonde de sa lumière
Ville et désert, Louvre et chaumière,
Et les plaines et les hauteurs ;
À tous d’en haut il la dévoile ;
Car la poésie est l’étoile
Qui mène à Dieu rois et pasteurs !
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Les superstitions, ces hideuses vipères,
Fourmillent sous nos fronts où tout germe est flétri.
Nous portons dans nos cœurs le cadavre pourri
De la religion qui vivait dans nos pères.
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Soyez l’abri, le toit, le port, l’appui, l’asile !

-À M. LE D. D'O. [Ferdinand-Philippe, duc d’Orléans, fils aîné de Louis-Philippe]
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C'est vous-mêmes, ô rois, qui de vos propres mains
Bâtissez sur vos noms ou la gloire ou la honte !

Extrait d'Au Sanctuaire David, les Rayons & les Ombres
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