Je ne donne ici que la critique des Chants du crépuscule, je complèterai lorsque j'aurai lu Les Voix intérieures - ayant déjà lu et critiqué
les Rayons et les Ombres, que j'ai trouvés bien supérieurs aux Chants du Crépuscule.
Effectivement, je ne lis pas les
poésies de
Victor Hugo dans l'ordre, mais je vois bien son évolution, ses évolutions devrais-je dire, stylistiques, formelles, politiques. Face aux chefs-d'oeuvre que sont pour moi
les Contemplations et
les Châtiments, je suis un peu déçue ici, c'est le recueil que j'apprécie le moins de Hugo - relativement. En partie parce qu'il ne révolutionne pas - encore - la langue, les
poèmes sont écrits pour la plupart en alexandrins, il n'y a pas l'inventivité des Orientales ou des Châtiments. En partie aussi parce que Hugo est encore dans l'admiration du fils de son père pour l'épopée napoléonienne, et pour l'homme lui-même, mais avec un patriotisme guerrier qui n'est pas l'accent de l'épopée tragique mais accusatrice de certains
poèmes des Châtiments ("L'Expiation").
Il définit le crépuscule comme cet entre-deux, on ne sait pas si l'ombre va arriver, ou si la lumière va revenir. Et les
poèmes oscillent ainsi entre la tristesse d'un amour qui disparaît, et l'hymne asse sensuel à la nouvelle femme aimée. L'ombre est aussi celle de la pauvreté et de la prostitution, de la "déchéance de la femme par la faim" comme il l'écrira dans préambule des Misérables. le poète s'engage donc sur des thématiques sociales. La lumière peut, elle, venir de la foi - si je n'aime pas les
poèmes mystiques
De Lamartine, les trouvant excessif, Hugo associe toujours sa croyance en Dieu à la célébration de la Nature et de ses beautés.
Il y a donc les prémisses du poète que j'admirerais dans ses oeuvres postérieures, son engagement social, certaines thématiques, certaines beautés stylistiques, même si ce n'est pas encore le très grand
Victor Hugo - est-ce à dire que je préfère ses
poèmes où il expose ses souffrances et ses deuils, tout en les rendant universels ?