Voilà une belle histoire, servie par la jolie plume pleine de tendresse d'
Anne-Gaëlle Huon.
Pourtant, lorsque j'ai eu le livre en main, le titre un peu trop « fleur bleue » à mon goût m'a faite hésiter.
Mais j'avais lu de cette même autrice
Les Demoiselles, que j'avais beaucoup aimé, et le résumé parlant de passé secret, de zones d'ombres qui appellent à être démêlés, tout cela a fait sauter mes réserves et je me suis donc lancée.
Et puis voilà, c'est dit, je suis assez bonne cliente de romans à tiroirs secrets.
Julia rejoint sa grand-mère Jeannine, dont elle a toujours été très proche, en Provence. Jeannine a récemment été placée en maison de retraite, luttant contre une mémoire de plus en plus défaillante. Julia découvre chez Jeannine un carnet dans lequel elle raconte sa vie à sa petite-fille, écrit parce qu'elle pressentait que sa mémoire commençait s'en aller, et dans lequel elle y révèle de nombreux secrets. Mais il y a des zones d'ombre que Julia va tenter de mettre à jour.
C'est une narration à deux voix : celle de Julia qui tente de comprendre le passé de sa grand-mère, et celle de Jeannine, à travers son carnet, qui s'adresse directement à Julia pour lui raconter sa vie.
Si je dois résumer en un seul mot ce roman, c'est l'adjectif « tendre » qui me vient à l'esprit. Voilà donc un roman d'une grande tendresse, dont on devine qu'il a été écrit, en arrière-plan avec beaucoup d'amour de la part d'
Anne-Gaëlle Huon pour sa vraie grand-mère. C'est une histoire de secrets de famille, mais aussi et surtout de transmission.
Cependant, certaines situations sont à mon goût, un peu trop belles pour être vraies : l'image idyllique donnée par la maison de retraite idéale et ses résidents un peu trop rocambolesques et parfaits. Une Provence et ses habitants hauts en couleurs un peu trop idéalisés. Et beaucoup de petites phrases glissées ici et là un peu trop romantiques à mon goût (un peu comme le titre…).
En fait, je me dis que ce roman aurait mérité d'être un peu plus long, plus fouillé, avec des personnages peut-être moins nombreux mais à la personnalité plus complexe. Mais je ne suis pas écrivaine. Ce que je ressens, c'est que c'est un beau roman à la hauteur de l'amour qu'
Anne-Gaëlle Huon semble porter à sa grand-mère, mais qu'il y manque la profondeur d'un décor apporté par des personnages secondaires moins lisses et une description plus travaillée des lieux.
C'est malgré cela, une lecture très agréable, un roman très bien écrit, une histoire émouvante. Et comme dans
Les Demoiselles avec le Pays-Basque et cette part d'histoire méconnue sur ces hirondelles ou demoiselles traversant les Pyrénées pour échapper à la pauvreté, on découvre là une région et quelque unes de ses traditions, la Provence.
En point fort, j'ai vraiment aimé toutes les petites listes que Jeannine a intégré à son carnet : liste des choses à ne pas oublier, liste des choses qu'elle espère oublier, liste des jurons préférés, liste des petits bonheurs de l'existence, liste des odeurs et des bruits qui la rendent heureuse, liste des choses qu'elle espère ne jamais oublier, etc. Ça colore le récit et amène beaucoup de vie au roman.