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3,62

sur 90 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
J'avoue que j'avais un peu peur de m'attaquer à ce livre ; sur la couverture, il est écrit "roman" mais il s'agit aussi essentiellement d'une autobiographie.
La narratrice est Siri Hustvedt elle-même, mais il y a plusieurs niveaux de narration. On a SH aujourd'hui, une femme de 62 ans qui s'occupe de sa mère âgée en maison de retraite et retrouve son journal intime rédigé quand elle était étudiante. On a donc aussi SH qui a 24 ans et vient s'installer à New York pour suivre des études et devenir écrivaine. Et enfin, on a le texte du roman qu'elle commence. L'ensemble est donc très dense.
J'ai un peu survolé le roman dans le roman car cela ne m'a pas intéressée, je me suis concentrée sur le journal intime et le récit de la première année de vie à New York de la jeune SH.
SH loue un petit appartement dans un immeuble à New York et les parois sont minces, si bien qu'elle entend beaucoup sa voisine Lucy crier, parler et pleurer ; elle va même retranscrire ce qu'elle entend dans son journal intime et inventer son histoire. Cela se passe en 1978-1979, SH va apprendre à connaître la ville, elle va beaucoup lire, réfléchir, écrire, faire des rencontres. Cette année sera celle de son émancipation, loin de son Minnesota natal.
Elle décrit très bien les milieux littéraire et artistique de cette époque. La narratrice d'aujourd'hui, SH 62 ans, analyse aussi celle qu'elle était à 24 ans, avec de la distance.
Elle s'interroge sur la différence entre la mémoire et l'imagination, ce qui reste vraiment des choses que l'on a vécues, sans qu'elles soient modifiées par le travail de l'imagination.
C'est un roman riche et intéressant.
Cependant, ce n'est pas un coup de coeur car la narration est complexe et on sent que l'auteure est une intellectuelle, j'ai donc un peu peiné dans ma lecture. C'est un roman ambitieux avec des réflexions quasi philosophiques. Je préfère ses premiers romans, je crois, enfin, c'est juste mon avis !
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Ce qui m'a plu avant tout, notamment dans le passage publié par Lire, c'est cette écriture très intimiste, cette façon de déléguer à son lecteur ce rôle de confident, à la façon diariste, puisque SH s'appuie sur un journal qu'elle a retrouvé à l'occasion du déménagement de sa mère, pour faire appel à ses souvenirs de façon plus précise. Cette année est charnière pour l'américaine puisque c'est pour elle, à travers son exil dans la métropole, une occasion unique de se consacrer entièrement à son art. C'est ainsi qu'elle va faire ressortir l'importance de cette césure, en entremêlant récit à différentes étapes de sa vie passée ainsi que de nombreux rappels au présent, rappelant à quel point les différents événements de cette année, ont contribué à transformer l'embryon d'écrivain qu'elle était en femme de lettre accomplie.

Car, du fait de cette particularité à centrer un récit sur une seule année de sa vie, le choix de SH de revivre ces quelques mois en les mettant en corrélation avec sa vie d'aujourd'hui est significatif de l'importance qu'elle a eue sur la vie de femme qu'elle est devenue. Cette fin de décennie qu'elle passe à New-York marque la perte de sa naïveté, de sa candeur de jeune fille fraîchement débarquée de son Minnesota natal qui arrive en ville, essayant de s'acclimater peu à peu à son mode de vie, son brouhaha, ses turpitudes et qui rencontre là des personnes qu'elle n'aurait pas connues sans son exil. Récit de son émancipation existentielle, d'une certaine forme d'apprentissage de la vie, qui se fera à travers la littérature, de la poésie, de la philosophie, omniprésentes dans ce récit.

Jai eu plaisir à passer cette année avec cette jeune étudiante qui se raconte sous l'oeil bienveillant de son moi sexagénaire, où l'amour de la littérature, de la lecture, la soif de penser, est le véritable fil conducteur de ces trois cents pages. Tout lecteur que l'on soit, cette passion du mot juste, qui l'anime, mais aussi son intérêt pour l'être humain, tout se recoupe dans cet amour du livre, et les pages qu'elle y consacre, sont d'ailleurs celles que j'ai préférées. C'est une femme à la culture littéraire remarquable, qui brille par cette intelligence particulièrement fine de la vie et du monde qui l'entoure. C'est aussi ce qui donne au texte tout son caractère et sa force tant par son contenu, ce livre c'est aussi l'histoire de son identité littéraire, en tant que lectrice mais surtout en tant qu'auteure en devenir, que par le contenant, un style très travaillé, soigneux, aiguisé. de fait son récit foisonne d'anecdotes littéraires, où le plaisir qu'elle prend à évoquer ses lectures, les auteurs qu'elle affectionne, est particulièrement plaisant, en tout cas, ce sont ceux des passages que j'ai particulièrement appréciés.


En revanche, au-delà de toutes ses qualités, le récit m'a semblé très chaotique et confus, notamment à cause de cette flopée de va-et-vient entre trois temporalités narratives, celui de SH, sexagénaire, écrivant, et celui de SH, jeune New-yorkaise, écrite, et encore celui de sa prime jeunesse. Ce besoin de marquer de nombreux retours en arrière dans son récit même semble vouloir parachever de raconter un élément narratif, or il me semble que cela rajoute encore plus de cacophonie dans cet assemblage de récits, dont j'ai bien eu du mal à trouver une cohérence, si ce n'est le fait qu'ils datent de la même année. Mon attention a quelquefois eu du mal à rester constamment en éveil, il y a eu bien des fois ou elle s'est relâchée lorsque je commençais à m'ennuyer. En un mot, c'est un texte beaucoup trop fragmenté, entre souvenirs de différentes temporalités qui se chevauchent, cette vie de jeune étudiante elle-même fragmentée entre plusieurs réalités, la jeune femme de la bande d'amis, la jeune étudiante qui lit, écrit, ou encore la jeune voisine qui espionne la locataire d'à côté au moyen du stéthoscope de son père.

Voilà encore un roman qui emploie à son tour le mode de l'autofiction, subterfuge romanesque très à la mode ces dernières années, et j'avoue que je suis un peu lasse de voir et revoir ce genre de procédés réapparaître régulièrement, la corde commence à s'user. Et finalement, dans le cas de notre roman, il me semble que cela rajoute encore plus de confusion à ce récit déjà bien décousu, qui s'éparpille entre le récit à proprement parler, des morceaux du journal intime que SH tenait à cette époque-là, des extraits de ses premiers essais littéraires, et des illustrations. À force de lire ces textes dans lequel le principal protagoniste entretient de grands points communs avec son créateur, je préfère finalement en ce moment lire ces récits dans lequel l'auteur se détache suffisamment de sa création pour en faire une entité entièrement indépendante de son créateur, et non pas un vague double de ce dernier.

À noter que le Nouveau Magazine Littéraire a publié dans son numéro de novembre 2019 un portrait consacré à l'artiste intitulé très sobrement Queen of New York si le coeur vous en dit.
Lien : https://wordpress.com/post/t..
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J'ignore pourquoi la traduction française manquait au catalogue des lecteurs de Babelio, apparemment bons bilingues. J'ai repris l'ouvrage d'un de mes auteurs familiers après l'avoir délaissé deux mois. Je prise surtout les souvenirs d'enfance, un peu le journal, beaucoup moins le roman en gestation. La démarche intéressante de juxtaposer trois sources d'écrits donne parfois le tournis. Donc à lire de façon continue, en ayant un faible pour la grosse Pomme, en se disant, au vu de ce qu'a déjà écrit S.H., il y aura bien quelque chose à retenir.À noter le format inhabituel chez Actes Sud, plus large que vertical, probablement pour donner de l'espace aux dessins de l'auteure.

Lien : https://cinemoitheque.eklabl..
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Il faut quelques dizaines de pages pour se familiariser avec le texte, dense, irrégulier, truffé de références littéraires et artistiques, tressautant entre les cordes du temps, la fiction et la réalité.
Certains passages sont franchement alambiqués.

Le roman a une tonalité possiblement autobiographique. La narratrice, devenue une vieille noix (c'est elle qui le dit !), tente de recontacter celle qu'elle était à 23 ans.
Une année charnière qui s'ouvre sur un virage. Elle a quitté les grandes plaines du Minnesota et la maison familiale pour s'installer à NY (un rêve de toujours) et se lancer dans l'écriture de son 1er roman.

Prenant appui sur ses souvenirs et son journal de bord de l'époque, SH. retrace sa route et découvre comme un trésor enfoui, un angle de vue et des événements qu'elle avait oubliés ou transformés.

Le contenu des souvenirs évoqués m'a parfois paru tortueux, ressassé, mais le travail fourni est d'une grande honnêteté.
L'auteure décortique le mécanisme de la mémoire, souvent déconcertant.
Ses distorsions involontaires ou inconscientes, ses projections fantasmées, les sensations diffuses mais rémanentes, et les images d'une netteté photographique, curieusement focalisées sur des détails (une phrase, la couleur d'une robe...).
A cela s'ajoute, sans possible censure, le regard, l'analyse de celle qu'elle est devenue.

L'expérience est riche et fait résonance car qui n'a jamais regardé par dessus son épaule ?
Qui n'a jamais fouillé sa banque de données personnelle, images, sons, émotions, en se demandant parfois, comment distinguer le vécu du fabriqué ?
Qui n'a jamais rêvé de pouvoir s'adresser à son moi jeune adulte pour lui souffler conseils et avertissements, à la lumière de l'expérience accumulée ? (ne sort jamais avec ce type que tu vas trouver charmant, c'est un sombre connard. Consacre plus d'attentions et de temps à ta grand mère tant qu'elle est en vie, c'est un regret que tu porteras durant le restant de tes jours...)

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‘un portrait de l'artiste en tant que jeune femme'
Nous sommes habitués aux romans et essais très réfléchis et magnifiquement composés de Hustvedt. Et ce livre y répond. En substance, elle décrit les expériences d'une jeune fille de 23 ans, S.H. déménageant du Midwest (Minnesota) à New York pour écrire un roman. L'orientation autobiographique immédiatement est claire, bien que Hustvedt ait depuis précisé dans des interviews que tout n'est pas basé sur ses propres expériences, mais néanmoins en grande partie. Inévitablement, ici on arrive à la deuxième couche du roman : une écrivain qui, à 63 ans, revient sur cette « époque pionnière », et donc sur les rouages insidieux de la mémoire, sur le travail inexorable du temps et sur la façon dont des narratives contribuent activement à la vie d'une personne. Cela semble familier, et en effet, Hustvedt est loin d'être le premier à se livrer à une telle quête du temps perdu. Heureusement, elle assaisonne son histoire avec des éléments de suspense, tels que l'étrange voisin qui murmure constamment, le cercle de sorcières dont celle-ci fait partie et une expérience d'agression sexuelle décrite d'une manière terrifiante. En repensant constamment à un journal intime de cette époque, le livre prend la forme d'une histoire-cadre. Ceci est renforcé par le fait que Hustvedt inclut également des fragments du roman qu'elle (ou bien sa protagoniste) écrivait à l'époque, une sorte d'histoire de passage à l'âge adulte d'un jeune homme obsédé par Sherlock Holmes. Naturellement, il y a une interaction fascinante entre le journal intime, les expériences réelles d'alors (1979) et d'aujourd'hui (2017) et ces premiers écrits, résultant en un merveilleux ensemble d'autoréflexivité face à la réalité. Je ne pense pas que ce soit son meilleur livre, mais la manière approfondie et réfléchie dont Hustvedt raconte continue de me charmer.
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