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Christine Le Boeuf (Traducteur)
EAN : 9782742707126
288 pages
Actes Sud (04/06/1999)
3.57/5   155 notes
Résumé :
"Pour moi, Klaus demeurait un jeune homme, en dépit du fait que les gens qui me connaissaient sous ce nom ne me prenaient jamais pour un garçon. Le fossé entre ce que j'étais bien obligée d'admettre devant les autres - à savoir : que j'étais une femme - et mes rêves intérieurs ne me dérangeait pas. En devenant Klaus la nuit, j'avais effectivement brouillé mon genre. Le costume, mon crâne tondu et mon visage nu modifiaient la perception que les gens avaient de moi, e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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The Blindfold
Traduction : Christine le Boeuf

C'est par ce recueil de quatre nouvelles bâties autour du personnage de la narratrice, Iris Vegan, que je suis entrée, sur les conseils de Julie, une amie rencontrée sur Nota Bene, dans le monde magique de Siri Hustvedt. J'écris "magique" parce que cette romancière possède à un degré rare la faculté d'instiller dans des destins au départ très banals la goutte insolite, dérangeante, voire franchement désagréable qui va faire basculer ses héros dans une vie tout à fait autre que celle qu'ils menaient jusque là.

Siri Hustvedt est l'épouse de Paul Auster dont tout le monde connaît la quête identitaire éperdue. Eh ! bien, avec un style, des personnages et des intrigues qui n'ont rien à voir avec Auster, on retrouve chez Hustvedt une recherche similaire mais traitée sur un tout autre ton et - ce n'est que mon avis - de manière un peu moins répétitive.
Dans la première nouvelle qui s'intitule tout simplement "Un" (vous avez devinez les titres des trois autres ? Bravo ! ;o) ), Iris, qui vient de rompre avec Stephen, son petit ami, se retrouve seule dans la touffeur de l'été new-yorkais. Pire : cette étudiante en littérature moderne a un mois de loyer de retard et doit absolument trouver un petit boulot qui lui permettra de régler sa dette à son propriétaire, Mr Then (oui, c'est son nom). Par le biais des petites annonces de la faculté, elle se présente chez un Mr Morning qui lui propose soixante dollars - en espèces - pour la description, soigneusement détaillée par écrit avant d'être chuchotée sur une bande magnétique, d'un gant blanc élimé ayant appartenu, dit-il, à une jeune fille morte.
Viendront ainsi un tampon de maquillage usagé et un miroir assez anonyme. A la quatrième visite chez Mr Morning, Iris, de plus en plus convaincue que celui-ci est responsable de la mort de la jeune fille, finira par flancher ...
La deuxième nouvelle nous fait remonter un peu en arrière, au temps de la liaison d'Iris avec Stephen. Un jour, sur les marches de la bibliothèque universitaire, elle voit Stephen en grande conversation avec un jeune homme qu'il lui présente comme Georges, un photographe professionnel. En suivant son amant chez Georges, Iris, qui, comme Siri Hustvedt, s'intéresse fortement aux arts graphiques et visuels, peut se convaincre que le photographe a du talent - un talent plutôt dérangeant. Un jour, elle le voit mitrailler au téléobjectif une femme prise d'un malaise épileptique dans la rue. Et, le jour même, il lui propose de poser pour lui, ce qu'elle accepte sans doute parce que, inconsciemment, Georges et le danger qu'il représente l'attirent fortement. Elle y laissera quelques plumes ...
Cette histoire qui a aussi entraîné sa rupture avec Stephen est-elle à l'origine des migraines qui s'installent pratiquement à demeure dans le crâne d'Iris ? le lecteur est en droit de le penser. Fasciné, il la suit dans une lancinante chute tout au fond d'elle-même, alors qu'elle se trouve hospitalisée dans la troisième nouvelle dans un service médical que ses finances ne lui permettent pas et où elle croisera le chemin de l'inquiétante et catatonique Mrs O. ...
Dans la quatrième et dernière nouvelle, qui est aussi la plus longue, Iris est sortie de l'hôpital et ne souffre plus de la tête. Mais, plus que jamais, elle se trouve au bord d'elle-même. A un point tel qu'elle finit par endosser régulièrement un costume d'homme pour sortir le soir dans Manhattan, où elle se fait appeler "Klaus", du nom du héros d'un curieux petit roman pseudo-sadique paru dans l'Allemagne d'avant-guerre et que le professeur de lettres qui l'a prise en stage cet été-là, Mr Rose, lui a demandé de traduire ...
Quatre nouvelles, ai-je dit et j'ajoute : quatre petits bijoux. Maîtrise, finesse d'exécution, degrés de lecture en trompe-l'oeil, tout y ravit le lecteur (et le relecteur) attentif. Peu à peu, Siri Hustvedt nous dévoile son univers si particulier, étrange, parfois effrayant avec comme les échos d'un rire fou qui s'élève de temps en temps de l'horizon ... Après avoir achevé "Les Yeux Bandés", on n'a qu'un seul désir : passer à l'un de ses romans.
Bientôt, je vous parlerai de "L'Envoûtement de Lily Dahl." ;o)
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Oui ce roman est fascinant par son écriture très simple et d'une grande précision, par l'analyse sincère de la personnalité multiple d' Iris, l'héroïne de ces quatre volets d'histoire. c'est déroutant, c'est envoutant, c'est à lire.
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Il ne vous échappera pas que l'héroïne s'appelle Iris (anagramme de Siri) et que l'histoire est sans doute par quelques aspects autobiographiques. Iris est donc étudiante en lettres. Jeune femme brillante mais fauchée, elle multiplie les petits boulots et les rencontres étranges : entre un homme mystérieux qui lui demande de décrire les objets ayant appartenu à une morte (l'aurait-il assassinée ?), un amour ravageur, un photographe inquiétant et un confident un peu trop bavard, Iris, bien mal entourée, voit sa santé décliner de jour en jour. Son comportement change lui aussi, et bientôt, après s'être travestie pendant des soirées en un personnage de roman aux pulsions malsaines, la jeune femme souffrant de troubles de la personnalité sent que le fil entre réalité et fiction est ténu.

Art et littérature se mêlent ici avec brio. le travestissement, thème cher à l'auteur, est ici abordé à travers une histoire fascinante, où le fait de se déguiser en un personnage masculin hautement symbolique pousse l'héroïne à transgresser les codes et à finir par dépasser sa recherche de liberté en adoptant un comportement dangereux. Iris, passant d'un extrême à l'autre, se révèle être sa pire ennemie, mais ce sont son évolution, ses doutes et ses impulsions qui rendent ce roman si subtil et dense à la fois. Foisonnant de personnages complexes, le récit passionnant donne en soi une excellente raison de découvrir ce roman. Ajoutons à cela l'écriture fluide et la plume superbe de Siri Hustvedt, et voilà un splendide premier roman !

Aussi sur mon blog : http://myloubook.hautetfort.com/archive/2008/05/21/de-l-art-de-plaire.html
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J'allais commencer en disant que l'atmosphère était très austérienne, et puis je me suis reprise, face à cette expression sexiste, j'ai décidé que l'atmosphère était plutôt hustvedto-austérienne. (Cependant, mon premier choix était peut-être acceptable si l'on considère qu'il s'agit ici du premier roman de Siri Hustvedt, et que Paul Auster écrivait déjà depuis 10 ans, et avait déjà publié sa fameuse tragédie trilogie new-yorkaise).

Quoi qu'il en soit, il s'agit du récit de deux années new-yorkaises d'une jeune étudiante fauchée, Iris (chercher l'anagramme) luttant pour sa survie dans un New York où la canicule froisse et humidifie les draps, voguant, déambulant de la bibliothèque universitaire à des bouches sordides. Elle fréquente des hommes étrangement exigeants, secrets à en être mystérieux. Elle est dans une perpétuelle quête d'identité, avec une riche expression psychosomatique, toujours à la limite de la folie, en quête d'une sorte de salut entre le bien et le mal. le livre est un grand jeu avec la vérité, à travers l'usage des noms, des pseudonyme, des objets, de l'art et des images. le travestissement et la fascination impactent les comportements, les pervertissent, modifient les émotions.

Il en ressort une atmosphère tout à la fois riche et désincarnée, où s'infiltre le désarroi du non-sens, alors que, certainement, dans la tête de l'autrice, tout a un sens. Trouver celui-ci n'est pas forcément le but, mais savoir qu'il est là donne une tonalité particulière à ce récit, dont la sensibilité à fleur de peau cache (ou prétend cacher), un certain intellectualisme quasi mondain : brilalnt et vain tout à la fois.

La forme globale du roman était certainement un coup d'audace pour une primo-romancière : quatre chapitres, les trois premiers comme des nouvelles décrivant côte à côte trois épisodes de cette errance initiatique, alors que le dernier décrit une période plus longue, dans laquelle s'imbriquent les premiers, sans qu'il soit pour autant complètement repris. J'ai eu l'impression que le côté astuce de ce montage, pour intelligent qu'il soit, faisait perdre une certaine force à la narration globale.

Coup d'essai, mais pas encore de coup de maître, mais coup séduisant, et déroutant, dans l'univers déjà totalement structuré de cette autrice pénétrante, où il est surprenant que les femmes n'aient droit qu'à des portraits bizarrement insignifiants.
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Nous sommes à New York. Quatre volets de la vie d'une étudiante en lettres, nous sont proposés dans cet ouvrage comme autant de nouvelles. L'écriture de Siri Hustedt est très accessible, mais à la fois nous permet d'approcher au plus près de ce que la rencontre avec des personnages singuliers peut dévoiler de la fragilité d'une personne. La perversion de certains de ces personnages est également très dérangeante. Et les différents scénarii rencontrés par la narratrice Iris (anagramme de Siri) nous font approcher du domaine de la folie, nous font côtoyer l'étrangeté.
J'ai été fascinée par cette lecture, et cela m'encourage à découvrir d'autres oeuvres.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
- Tu as rencontré quelqu'un cet après-midi ?
- Ah, ça, dit-il. C'était bien.
- Je connais ? J'écoutais avec une fascination détachée mon ton de jérémiade. Ma question était fausse. Aucune réponse ne m'aurait pacifiée. J'avais simplement cédé à un besoin pervers d'interroger, de m'exposer et de me tourmenter, et à peine m'étais-je entendue dire ces mots que j'en ressentais à la fois du soulagement et de l'humiliation.
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Il y avait huit mois que je connaissais Stephen et, bien que nous fussions souvent ensemble, nos amours allaient de crise en difficulté. Stephen était secret. Il aimait garder pour lui ce qu'il savait - l'origine d'un coup de téléphone, le lieu d'un rendez-vous, le nom d'un vieil ami, jusqu'au titre d'un livre. J'aurais dû savoir dès le début qu'il était perdu pour moi, mais la magie de son corps me tenait.
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Stephen inclina la tête. Son menton touchait le col de sa chemise amidonnée.
- Trop de secret, Stephen, dis-je. Je ne peux pas vivre comme ça. Ca m'étouffe.
- Tout le monde a des secrets, Iris.
- Je sais, dis-je, mais il y en a qui font du mal et il y en a qu'on ne peut pas garder. Tôt ou tard, ils éclatent au grand jour. Je me tus un instant. Comme toi et Georges. Je me sens dupée. J'ai l'impression que vous avez ri de moi tout ce temps, tous les deux. Je veux te l'entendre dire, Stephen. Dis le moi maintenant. Vous êtes amants?
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À travers 4 expériences de vie, liées à des rencontres masculines , l'héroïne essaie de comprendre qui elle est,ses pulsions ,ses choix de vie,son appartenance sexuelle et l'origine de ses malaises physiques. C'est un peu comme se regarder dans un miroir brisé et essayer de recomposer son visage dans les fragments de la glace.
Il y a dans ce roman beaucoup de perversité , beaucoup d'atermoiement, d'auto analyses sur le corporel mais l'ensemble reste assez froid et " bien élevé"car la description profonde des sentiments,eux, sont tenus à l'écart.
C'est mon problème avec cette auteure,l' ambivalence,cette impression de lire des descriptions d'entomologiste, belles certes mais froides et précises,là où j'attendais des pleurs,des cris,un désespoir grandiose,du sang,des larmes bref de la vie. Trop de retenue.
Mais c'est très intelligent et bien disséqué... façon morgue...
Du coup je suis en train de relire un monde flamboyant et la femme qui tremble, histoire de voir si mon opinion a évolué.
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Sans le moindre semblant de réserve, il me dévisageait, détaillait du regard mon corps entier. Je ne sais pas si cet examen était libertin ou simplement curieux, mais je me sentis agressée et me détournai de lui, et lorsqu'il me demanda mon nom je mentis. Je mentis tout de go, sans hésitation, et m' inventai un nouveau patronyme Davidsen. Je devins Iris davidsen. C'était un acte défensif, une façon de me protéger d'un danger indéfini, mais par la suite ce faux nom m'a hantée et il semble qu'il m'ait suivie partout, me faisant dévier de mon chemin et modifiant étrangement mon univers pendant quelques temps. Quand j'y repense à présent, je vois dans ce mensonge le commencement de l'histoire, une sorte d'introduction à mon malaise.
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Videos de Siri Hustvedt (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Siri Hustvedt
Dans ce nouvel épisode des Éclaireurs de Dialogues, nous vous proposons une plongée dans l'univers de Diglee.
"Si je ne les écris pas, les choses ne sont pas allées jusqu'à leur terme. Elles ont été seulement vécues." Cette phrase d'Annie Ernaux, présentée en exergue de son livre le Jeune Homme, résonne pour notre invitée, qui pratique elle aussi une écriture de l'intime.
Artiste aux multiples talents, Diglee s'exprime par le dessin et les mots, par l'humour et le sérieux, et ne cesse de nous surprendre de livre en livre. Elle est aussi une autrice engagée et une passeuse de livres. Au fil de la conversation, il est question notamment de l'importance des traces, de harcèlement de rue, de poétesses oubliées et d'une retraite en Bretagne. Et trois libraires de Dialogues, Nolwenn, Laure et Marine, présentent chacune un livre de Diglee qui les a marquées.
Bibliographie :
- Atteindre l'aube, de Diglee (éd. La ville brûle) https://www.librairiedialogues.fr/livre/22262120-atteindre-l-aube-diglee-la-ville-brule
- Ressac, de Diglee (éd. Points) https://www.librairiedialogues.fr/livre/20654146-ressac-diglee-points
- Je serai le feu, de Diglee (éd. La ville brûle) https://www.librairiedialogues.fr/livre/19776423-je-serai-le-feu-diglee-la-ville-brule
- Libres ! Manifeste pour s'affranchir des diktats sexuels, d'Ovidie et Diglee (éd. Delcourt) https://www.librairiedialogues.fr/livre/11420971-libres-manifeste-pour-s-affranchir-des-dikt--diglee-delcourt
- le Jeune Homme, d'Annie Ernaux (éd. Gallimard) https://www.librairiedialogues.fr/livre/20614397-le-jeune-homme-annie-ernaux-gallimard
- Se perdre, d'Annie Ernaux (éd. Folio) https://www.librairiedialogues.fr/livre/586873-se-perdre-annie-ernaux-folio
- L'occupation, d'Annie Ernaux (éd. Folio) https://www.librairiedialogues.fr/livre/161352-l-occupation-annie-ernaux-folio
- La Force des choses, de Simone de Beauvoir (éd. Folio) https://www.librairiedialogues.fr/livre/16283-la-force-des-choses-simone-de-beauvoir-folio
- Les Grands Cerfs, de Claudie Hunzinger (éd. J'ai lu) https://www.librairiedialogues.fr/livre/16878883-les-grands-cerfs-roman-claudie-hunzinger-j-ai-lu
- Mon corps de ferme, d'Aurélie Olivier (éd. du commun) https://www.librairiedialogues.fr/livre/21689916-mon-corps-de-ferme-aurelie-olivier-ed-du-commun-rennes
- Ligne de fuite, de Sarah Baume (éd. Notabilia) https://www.librairiedialogues.fr/livre/21661963-ligne-de-fuite-sara-baume-les-editions-noir-sur-blanc
Au cours de la conversation sont aussi citées plusieurs autres autrices : Virginia Woolf, Siri Hustvedt, Marie Darrieussecq, Édith Boissonnas, Benoîte Groult.
Et l'émission que Diglee écoute tous les soirs depuis ses 13 ans est Parlons-nous, de Caroline Dublanche, sur RTL !
+ Lire la suite
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