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EAN : 9782742797226
215 pages
Actes Sud (04/05/2011)
  Existe en édition audio
3.26/5   917 notes
Résumé :
Incapable de supporter plus longtemps la liaison que son mari, Boris, neuroscientifique de renom, entretient avec une femme plus jeune qu'elle, Mia, poétesse de son état, décide de quitter New York pour se réfugier auprès de sa mère qui a, depuis la mort de son mari, pris ses quartiers dans une maison de retraite du Minnesota. En même temps que la jubilatoire résilience dont fait preuve le petit groupe de pétillantes veuves octogénaires qui entoure sa mère, Mia va d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (205) Voir plus Ajouter une critique
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sur 917 notes
La Pause, c'est ainsi que Mia, fraichement délaissée par son mari, a surnommé la maîtresse et collègue de ce dernier. Une femme, évidemment plus jeune qu'elle, peut-être plus belle, aura eu raison de ces trente années passées ensemble. Ayant très mal vécu cette séparation momentanée, elle sombrera quelque temps dans la dépression. Internée, elle reprendra pied gentiment. Ne pouvant plus supporter l'appartement de Brooklyn tant chaque recoin lui rappelait Boris, elle décide alors de retourner vivre chez elle, pour l'été, dans le Minnesota, là où elle a grandi et où vit en ce moment sa maman. le docteur était d'accord, des rendez-vous téléphoniques étant fixés toutes les semaines. Sa fille Daisy et sa soeur ont déjà prévu de lui rendre visite. Poétesse auréolée d'un prix et enseignante à l'université, elle compte enseigner la poésie aux jeunes dans le cadre du Cercle artistique local. Entre les adolescentes à la recherche d'elles-mêmes, les vieilles de la maison de retraite à qui elle rend visite, les confidences de sa maman, la voisine délaissée et un peu paumée qu'elle tente de consoler et les lettres de Boris qu'elle reçoit, Mia scrute le monde qui l'entoure et les personnes qui l'animent et qui lui permettent de rester debout...

Siri Hustvedt décrit avec subtilité, tendresse, émotions et poésie ces instants volés à cette femme, ces instants où elle se livre et pose un regard empli de douceur sur ce qui l'entoure. L'on survole presque ces quelques pages, presque gêné de cette intimité, cette pudeur malgré tout exposée et l'on ne peut pour cela s'empêcher d'y entrevoir une certaine part intime de l'auteur. Elle-même poète, ayant connu des périodes de dépression et vivant parfois dans l'ombre de son mari Paul Auster, elle ressemble à Mia. Décrivant le portrait d'une femme à la fois forte et fragile, déboussolée, en proie à certains doutes et blessée au plus profond d'elle-même. L'écriture est d'une grande finesse, poétique, empli d'une tendre douceur et extrêmement maîtrisée. L'on pourra malgré tout regretter parfois la complexité de la trame, rendant cette lecture plus complexe qu'elle ne paraît.

Un été sans les hommes...un automne dans leurs bras...

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Et si on faisait une Pause ? Voilà ce que lui sortit un soir Boris. Après 30 ans de bons et loyaux services, 30 années à lui mitonner sa lunch box, à lui repasser ses chemises, à lui chouchouter sa fille chérie, voilà que ce bon vieux Boris veut faire une Pause, un Interlude. Nul doute que cette Pause a vingt ans de moins avec des seins qui tiennent la forme.

Se retrouver seule la soixantaine approchante à en devenir folle. Hystérique même et follement dépressive à s'en faire interner quelques temps, histoire de se reposer, de retrouver ses moyens, et de pouvoir avancer de nouveau un pas devant l'autre. Boris, tranquille lui, à froufrouter avec sa nouvelle brune sans cheveux blancs, au cul plus ferme. Mais elle… Retour dans le Minnesota pour y rejoindre sa mère, dans une institution pour les encore plus vieux, derrière étape digne avant le mouroir. Là-bas est l'occasion de renouer des liens avec sa vieille mère, de repenser aux premiers émois sexuels (pendant que Boris doit réinventer certaines figures du Kâma-Sûtra avec son Interlude français), de revoir ces premières rencontres parce que Boris elle l'aime encore (malgré sa Pause française). Se reconstruire en faisant le point sur son passé et son présent, et lire sur la terrasse ombragée pendant que le saule pleureur chante sa mélopée à travers la brise du vent. Elle est poétesse, alors la lecture, ça l'émoustille (et pas qu'elle, d'ailleurs).

Elle donne des cours dans un collège à de très jeunes filles, à douze ans la poésie n'intéresse pas vraiment les gars. Une bouffée d'oxygène que de se confronter à cette jeunesse, fraiche et presqu'innocente. Mais n'est-ce pas également un moyen de retrouver la sienne aussi, de se redescendre un petit peu quelques années en arrière, et qu'en même temps de leur prodiguer des ateliers de poésie, n'en profite-t-elle pas pour imager des cours de la vie, au début de l'ère passionnelle, celle où les garçons commencent à rentrer dans le champ de vision de ces demoiselles.

Siri Hustvedt m'énerve à un point inimaginable. Et ça elle ne le sait pas encore. Mais déjà que j'admire en plus haut point son mari, grand maître incontesté de mes lectures et de ma vie passionnante de lecture et de lecteur passionné. Et voilà qu'elle aussi s'y met, à captiver mon attention, à aviver mon intérêt pour cette femme de soixante ans – et le pauvre Boris. Un couple uni avec autant de talent littéraire réuni, cela frôle l'indécence. le pire, c'est que « un été sans les hommes » est clairement destiné à un public féminin, et pourtant je suis happé par ses pensées ses souvenirs ses relations avec sa mère avec son Boris avec ses élèves. le pire, c'est que « un été sans les hommes » ne présente aucune scène lesbienne – la raison principale qui m'a valu d'ouvrir se livre en espérant y égarer ma main pas absolument indispensable pour tenir le format d'Actes Sud.

« Lire est une activité privée, souvent exercée derrière les portes fermées. Une jeune dame pourrait se retirer avec un livre, l'emporter dans son boudoir et là, étendue sur ses draps de soie, tandis qu'elle s'imbibe des passions et frissons manufacturés par la plume d'un écrivain polisson, l'une de ses mains, pas absolument indispensable pour tenir le petit volume, pourrait s'égarer. »

N'empêche que j'aimerai bien voir le cul de cette Pause, sacré Boris.
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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Tact, tendresse, humour, dérision : voilà Siri Hustvedt dans « Un été sans les hommes ». C'est peu dire que j'ai adoré !

La narratrice nous raconte quelques petites semaines passées en célibataire...Son mari lui a demandé en effet une pause, ce qu'elle-même a transformé en la Pause, incarnée en la personne d'une jeune et jolie collègue de laboratoire où l'époux grisonnant travaille. Cette pause a bien mal commencé, puisqu'elle s'est retrouvée illico en hôpital psychiatrique, à ramasser ses « tessons de cerveau ». Et quand ceux-ci ont été rassemblés, elle est allée les recoller convenablement dans une petite maison, louée près de l'endroit où vit sa mère en compagnie d'autres amies très âgées. Pour occuper son esprit malmené, elle guide aussi quelques très jeunes adolescentes dans son atelier d'écriture (notre narratrice est poète). Et elle est très attentive à la jeune voisine flanquée d'une petite fille et d'un nourrisson mais malheureusement aussi d'un mari colérique.

La voilà lancée dans un été exclusivement féminin, de l'âge tendre à l'âge sage, en passant par l'âge accaparé. Et cette narration la – et nous – transbahute d'une femme à l'autre, d'une pensée à un coup d'émotion, d'un apprentissage subtil à une découverte étonnante.
En passant, Mia notre narratrice égratigne son mari, adore sa fille, fait un détour par sa propre enfance, se jette dans les bras de sa soeur, pouponne, tend une épaule rassurante à sa voisine d'un été, accède au secret d'une vieille dame un peu iconoclaste, aime sa mère, sauve une jeune fille du désespoir, et se hisse au plus haut d'elle-même, c'est-à-dire au plus profond de son coeur. Tout cela en nous interpellant, nous lecteurs, et en s'excusant de ses détours qui pourtant mènent à l'amour de la vie et à l'extraordinaire capacité qu'ont les femmes – quel que soit leur âge - de faire face.

Hymne à la féminité, ode à la vie, à l'acceptation de ses émotions, rires et larmes... Voilà à quoi peut nous mener un été sans les hommes !
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Un été sans les hommes, n'est-ce pas une merveilleuse invitation ? Je parle bien sûr du roman de Siri Hustvedt.
Un été sans les hommes, mais où sont-ils donc passés ? Certains sont partis, évaporés, certains sont morts, d'autres n'existent pas encore...
Ce sont des femmes sans les hommes que j'ai rencontrées ici pour mon plus grand plaisir, à commencer par la narratrice, touchante personne touchée par ce chagrin qui l'étreint.
Elle s'appelle Mia, c'est une poétesse auréolée d'un prix littéraire et qui donne des cours de poésie dans une prestigieuse université new-yorkaise. Mia. À l'envers ça donne I am... Je suis Mia... Oui, mais Mia n'y est plus. Elle a perdu cette confiance allègre qui lui allait si bien. Est-ce l'approche de la soixantaine ?
Après trente ans de mariage, son mari Boris, un neuroscientifique renommé, a décidé de faire une pause. « Tu comprends ? J'ai besoin de faire une pause. » Oui, mais voilà, la pause a un visage, un corps, de jolis seins, la pause est bien plus jeune que lui, bien plus jeune que Mia aussi, la pause est belle, Française, c'est une collègue de travail joyeuse, rencontrée dans un laboratoire et les laboratoires c'est fait pour faire des expériences... « Alors, tu comprends Mia ? J'ai besoin de faire une pause... » Ici la pause devient la Pause...
Comprendre ? Comprendre quoi ? Pourquoi comprendre ? Comprendre que Mia est ménopausée ? Qu'elle a cinquante-cinq ans ? Qu'elle n'a plus son corps de trente ans ? Celui d'une jeune et belle Française avenante, avec laquelle on rit de manière complice tous les jours ?
Pendant que l'époux fait sa pause, Mia craque, pète un câble, Mia ne comprend pas.
C'est l'histoire d'un effondrement, d'une déflagration. Que va-t-il advenir d'elle ?
Elle est alors hospitalisée dans un service pychiatrique. Sa fille Daisy est à ses côtés. Sa soeur traverse le continent américain pour venir au plus près d'elle. Ce sont ces premières présences essentielles qui vont peut-être sauver Mia...
Il lui faut quelques jours pour comprendre... Pas comprendre la pause, pas accepter la Pause, non comprendre qu'elle peut se relever, qu'elle doit se relever, se reconstruire, guérir de cet abandon, de cette déchirure dans son ventre... Comprendre qu'il ne lui reste plus désormais qu'à vivre. Non pas survivre, mais vivre.
Alors elle décide de retourner sur les pas de son enfance, se retrouver dans une maison qu'elle loue dans le Minnesota, pour un l'été, là où elle a grandi et où vit désormais sa mère dans une maison de retraite tout près entourée d'amies de la même génération, de charmantes veuves rigolotes et espiègles, dont l'ainée a 104 ans... Ah ! Abigail et ses secrets iconoclastes !
La femme médecin neurologue qui la suit dans son hospitalisation donne son accord, à la seule condition de rendez-vous téléphoniques fixés toutes les semaines.
Pour commencer, elle décide d'enseigner la poésie dans le cadre d'un cercle artistique local à sept jeunes filles en fleurs, qui ont pour la plupart aux alentours de treize ans, un peu embarrassées de manière pataude par leur féminité qui surgit, les étonne et dont la poésie n'est pas forcément leur centre d'intérêt principal...
Un été sans les hommes devient alors pour Mia un été avec des femmes, avec ce grand écart générationnel dans lequel elle vient se poser comme un pont.
Mia se promène alors dans ce beau paysage empli de sororité, oscillant entre des adolescentes à la recherche d'elles-mêmes, des vieilles dames charmantes dans leur maison de retraite, les confidences de sa mère à qui elle n'a pas encore raconté le drame qui lui arrive, et puis la voisine perdue, désespérée, dont elle devine peu à peu une violence conjugale en arrière-plan, cette voisine qu'elle tente de consoler, de prendre sous son aile protectrice avec son enfant...
Mia observe ce microcosme animé exclusivement de femmes...
Toutes ces femmes qu'elle côtoie alors, avec leurs joies, leurs souffrances, leurs appréhensions, leurs désillusions, le désespoir des enfants cruels entre eux, l'humiliation qui peut conduire au bord du vide même à treize ans, la fin de vie pour d'autres plus âgées, c'est un chemin de guérison fait de sens pour Mia.
À ces jeunes filles persécutées, elle leur propose de se multiplier par les mots, de cracher des syllabes comme des sagaies.
Et puis il y a la relation d'une mère a sa fille, qui se parlent comme jamais elles ne l'ont faits encore.
La mort des autres est présente, se faufile dans le texte comme une ombre.
Dans Un été sans les hommes, ces derniers ne sont jamais loin, on pourrait même dire qu'ils sont tout le temps présents dans le texte. Et c'est là toute l'ironie du titre et la manière espiègle avec laquelle l'autrice joue avec ce thème.
Elle se sait encore fragile, titubante, elle tient debout... Au début, c'est un peu comme les vieilles dame de la maison de retraite, elle a l'impression de s'aider elle aussi d'un déambulateur pour avancer dans sa reconstruction.
Elle parle de ces instants comme d'une réclusion solitaire.
De temps en temps, elle reçoit des lettres de Boris qui donne des nouvelles de sa pause, - il appelle cela désormais un interlude...
J'ai aimé quand la narratrice avoue qu'elle avait envie de mordre brusquement, je me suis alors dit qu'elle était en bonne voie, qu'elle revenait à la vie.
Elle répond aussi aux lettre de Boris avec humour, quand lui commence à douter de cette pause. « Comment peux-tu rire de cela ? » questionne-t-il étonné ?
Elle se demande alors comment elle aurait pu tenir le coup sans l'ironie qui lui est sienne.
Peu à peu, elle se penche sur elle, son existence, mais sans pathos, avec détachement, avec autodérision aussi, fouillant les méandres d'une mémoire qu'elle convoque, mémoire de son coeur, de son corps aussi, mémoire sexuelle, comme si elle voulait comprendre, comprendre quelque chose qui a pu lui échapper...
Comprendre son histoire familiale, ce qui se terre encore dans son ventre, ce qui est enfoui...
L'autorité d'un père qu'elle contournait avec difficulté. Ce père à qui elle voulait plaire à toutes forces. Et cet époux, qui fait aujourd'hui une pause, est-ce un recommencement de tout cela ?
C'est une confidence, elle se laisse tanguer dans les mots. Devant un orage de nuit, elle se souvient de l'immensité du monde et c'est beau.
Dans ses souvenirs, la bibliothèque où elle se laisse déflorer pour la première fois devient alors un univers érotique insoupçonné et je vous promets que je n'entrerai plus dans ma médiathèque préférée avec la même innocence que jusqu'ici...
Il y a de belles sororités autant parmi ces vieilles dames qui tombent comme des mouches, que parmi ces adolescentes dont l'atelier d'écriture va prendre brusquement une allure de conte gothique. On dirait des sorcières pubescentes.
Texte féministe ? Texte féminin ? J'aurais tendance à dire, texte universel. le féminisme de Siri Hustvedt n'est jamais ostentatoire et n'est jamais dirigé contre les hommes.
C'est un féminisme élégant et construit, lucide et plein d'humour, trempé dans un texte riche empli de digressions, intelligent, parfois cru, souvent poétique, exigeant aussi. Beau autant dans sa forme que dans sa profondeur.
Un été sans les hommes n'est pas un énième roman sur le couple, ni sur l'adultère, ni sur la séparation. Heureusement, c'est bien autre chose.
« N'avons-nous pas tous le droit de folâtrer, de baiser, de batifoler ? » se questionne-t-elle à elle-même.
Siri Hustvedt est capable dans un même chapitre de nous parler avec beaucoup d'esprit de la naissance de la littérature romanesque, de l'orgasme féminin dont j'ai découvert ici la spécificité de l'espèce humaine dans le règne animal, - cela dit, de le savoir ne devrait pas révolutionner fondamentalement mon mode de vie, de la vie sexuelle chez les chimpanzés, de Mark Twain qui disait : « Une bonne bibliothèque est une bibliothèque qui ne contient pas d'ouvrage de Jane Austen. » Et Siri Hustvedt de renchérir : « Les douleurs de femmes, sans importance ? Ça peut aller quand c'est Flaubert, bien entendu. Pitié pour les idiots. » Et, - cerise sur le gâteau si j'ose m'exprimer ainsi, dans cette découverte romanesque fondamentale du XVIIIème siècle, de l'importance pour les jeunes femmes de l'époque de lire des livres légers d'une seule main, car l'autre, la dextra, doit pouvoir être allégée de toute contrainte afin de naviguer dans sa plus vertigineuse liberté... Je comprends aujourd'hui pourquoi les liseuses ont tant de succès...
Alors, Un été sans les hommes, est-ce un livre pour les femmes seulement ? Je pense que dans mon propos vous avez déjà une esquisse de réponse...
Un été sans les hommes. Mais qu'en sera-t-il à l'automne ?
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Quand elle apprend la liaison de son mari avec une jeunette, Mia, poétesse, la cinquantaine, pète les plombs et se retrouve internée en psychiatrie. Après une période de thérapie, elle part, le temps de l'été, dans sa ville natale se réfugier auprès de sa mère qui vit dans sa maison de retraite.
Mia va peu à peu reprendre le contrôle d'elle-même et de sa vie. L'atelier d'écriture qu'elle accepte d'animer et les 7 adolescentes qui y participent, ainsi que la fameuse équipe formée par sa mère et ses copines lui permettront de redonner un brin de sens à son existence. Elle sera aidée aussi, à distance cette fois, par sa fille et sa thérapeute. Elle soutiendra à son tour sa jeune voisine, débordée par ses deux petits enfants et son mari instable.
Le roman nous décrit Mia qui observe ces générations de femmes, et qui s'observe elle-même.
Un point commun entre toutes: la vulnérabilité. La fragilité physique des plus âgées est souvent à la mesure de leurs regrets et souvenirs, le psycho-drame qui se joue entre les ados montre que cet âge-là peut être cruel, stupide mais aussi pur et tellement fragile.
Le récit n'est pas déprimant pour autant: paradoxalement ce sont les vaillantes octogénaires qui montrent l'exemple et ne se laissent pas abattre par les misères de l'âge. Et la fin de l'été apaisera les tensions...
Soyons clairs, ce roman n'est pas un coup de coeur pour moi, et je ne l'ai pas dévoré. Mais je l'ai apprécié: certains personnages sont touchants, amusants, agaçants (ah ces ados!), et l'auto-dérision de la narratrice est plutôt drôle. Les hommes sont effectivement absents, mais, tout compte fait, on ne peut s'empêcher de parler d'eux.
Le récit n'est pas toujours chronologique, alterne narration classique et échanges d'e-mails, considérations philosophiques et phrases lestes, s'adresse parfois au lecteur, et superpose les épisodes entre Mia et chaque "catégorie" de personnages.
A conseiller à tout qui s'intéresse un tant soit peu à la psychologie des femmes...
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critiques presse (4)
Actualitte
22 juillet 2011
la thématique centrale de l’œuvre n’est pas tant la question de l’infidélité que celle des effets du temps sur l’unité de l’être et les relations humaines. Prise dans un conflit entre conscience de l’instabilité et fantasme de pérennité, la voix narrative peine à se trouver véritablement.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Liberation
01 juillet 2011
Les lecteurs qui ont aimé ses romans précédents reconnaîtront dans Un été sans les hommes des échos de Elégie pour un Américain ou de Tout ce que j’aimais, mais ils y verront aussi quelque chose de différent, plus fort et plus libre, plus littéraire aussi.
Lire la critique sur le site : Liberation
LePoint
16 juin 2011
Sous couvert d'une histoire attachante, Un été sans les hommes est bel et bien une tentative de définir le féminin sans pour autant l'opposer au masculin.
Lire la critique sur le site : LePoint
LeMonde
14 juin 2011
Une comédie américaine, une romance salée-sucrée, tantôt crue (le corps, jamais éludé) et tantôt amoureusement cuisinée.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (226) Voir plus Ajouter une citation
Le club de lecture, c'est très important. Il en pousse partout, comme des champignons, et c'est une forme culturelle presque entièrement dominée par des femmes. En réalité, la lecture de fiction est souvent considérée comme une activité féminine, de nos jours. Beaucoup de femmes lisent de la fiction. La plupart des hommes, non. Les femmes lisent des fictions écrites par des femmes et par des hommes. La plupart des hommes, non. Si un homme ouvre un roman, il aime avoir sous la couverture un nom masculin ; cela a quelque chose de rassurant. On ne sait jamais ce qui pourrait arriver à cet appareil génital externe si l'on s'immergeait dans des faits et gestes imaginaires concoctés par quelqu'un qui a le sien à l'intérieur. En outre, les hommes se vantent volontiers de négliger la fiction : "Je ne lis pas de roman, mais ma femme en lit." De l'imagination littéraire contemporaine émane, semble-t-il, un parfum nettement féminin. Rappelez-vous Sabbatini : nous autres femmes, nous sommes douées pour le verbe. Mais à dire vrai, nous avons été consommatrices enthousiastes du roman dès sa naissance, vers la fin du XVIIIe siècle, et, à cette époque, lire des romans vous avait un arôme de clandestinité. La délicate intelligence féminine, vous vous en souviendrez à la suite de fulminations antérieures dans ce même ouvrage que voici, pourrait aisément souffrir d'avoir été exposée à la littérature, tout spécialement au roman, avec ces histoires de passion et de trahison, ces moines fous et ces libertins, ses seins palpitants et ses Valmont, ses ravageurs et ses ravagés. En tant que passe-temps pour les demoiselles, la lecture de romans faisait monter les roses aux joues par son caractère risqué. La logique : lire est une activité privée, souvent exercée derrière des portes fermées. Une jeune dame pourrait se retirer avec un livre, pourrait même l'emporter dans son boudoir et là, étendue sur ses draps de soie, tandis qu'elle s'imbibe des passions et frissons manufacturés par la plume d'un écrivain polisson, l'une de ses mains, pas absolument indispensable pour tenir le petit volume, pourrait s'égarer. Ce que l'on craignait, en bref, c'était la lecture à une main.
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La chronique de ma sexualité ne me procurait pas la libération que j’en avait tant espérée. Le rappel de mes premiers et furtifs voyages masturbatoires en haut d’une montagne qui s’était soudain présentée comme quelque chose à escalader ; les jeux de langue avec M. B. qui me laissaient au matin la bouche endolorie parce que ni moi ni ledit jeune homme n’avions osé nous aventurer dans des territoires situés plus au sud ; plus tard, les avancées audacieuses de J. Q. sous mes soutiens-gorge et dans mes jeans, où il persévérait en dépit d’une résistance coloniale dont il faut reconnaître que les forces faiblirent avec le temps, tout cela frisait le ridicule, je ne pouvais l’ignorer. Quelle importance ? me demandai-je. Et cependant, pourquoi la femme mûre se retournait-elle sur la jeune fille avec tant de froideur, si peu de sympathie ? Pourquoi la personne vieillissante ne se risquait-elle que dans l’ironie ? N’avait-elle pas gémi et soupiré et langui et pleuré ? N’avais-je pas perdu ma virginité entre passion et confusion, ignorant encore, en dépit de mes aventures avec M. B. et J.Q., comment tout cela marchait ? Je me rappelle l’escalier de bois montant à l’étage, les draps et couvertures roulés en boule, mais ni couleur ni détails. Seulement qu’une faible lueur pénétrait par la fenêtre et que, dehors, les branches de l’arbre bougeaient et que la lumière bougeait avec elles. Cela avait fait un peu mal, mais il n’y avait pas eu de sang, pas d’orgasme.
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Mais c'était en ma mère elle-même que je me sentais à la maison. Il n'y a pas de vie sans un sol, sans un sentiment de l'espace qui n'est pas seulement extérieur mais intérieur aussi- les lieux mentaux. Pour moi, la folie avait constitué une suspension. quand Boris s'en fut de cette manière abrupte promener ailleurs son corps et sa voix, je me mis à flotter. Un jour, il laissa échapper son désir de pause, et ce fut tout. (...)
Après m'être reconstituée grâce à l'aide de "professionnels", je retournai vers un territoire plus ancien, plus fiable, vers le pays de M[aman] (p. 23)
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le clitoris demeure une énigme darwinienne. S'il n'est pas nécessaire à la conception, POURQUOI se trouve-t-il là ? Est-il adaptif ou non adaptif ? La théorie du petit pénis rabougri (non adaptif) a une longue histoire. Gould et Lewontin soutiennent que le clitoris, de même que les tétons chez l'homme, est un vestige anatomique. D'autres disent que non, le haricot du plaisir a une utilité évolutionnaire. Les batailles sont sanglantes. Mais, je vous le demande, qu'importent l'adaptation ou la taille si ce bien heureux petit membre fait l'affaire ? Avant de revenir à notre histoire, je vous laisse les mots immortels de Jane Sharp, une anglaise du XVIIe siècle, sage-femme de son état, qui a écrit du clitoris : "Il se dresse et retombe comme le ferait un yard, emplit les femmes de désir et leur rend la copulation délicieuse." (Les femmes et aussi, je le prétends, leurs sœurs simiennes et, dans l'attente de nouvelles découvertes, d'autres mammifères, sans doute. Autre commentaire annexe : l'usage, au XVIIe siècle, de la mesure yard pour désigner le pénis ne vous frappe-t-il pas comme une légère exagération, sauf si le yard n'était pas à l'époque le yard de maintenant ?)
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Il est impossible de deviner l'issue d'une histoire pendant qu'on la vit; elle est informe, procession rudimentaire de mots et de choses et, soyons francs : on ne récupère jamais ce qui fut. La plus grande partie en disparaît. Et pourtant, comme je m'efforce, assise ici, à mon bureau, de le faire réapparaître, cet été pas tellement lointain, je sais que des tournants ont été pris qui ont affecté la suite. Certains ressortent comme des bosses sur une carte en relief, mais j'étais alors incapable de les percevoir parce que ma vision des choses se perdait dans la platitude monotone d'une vie vécue au jour le jour. Le temps n'est pas extérieur à nous, il est intérieur. Seulement nous vivons avec le présent, le passé et le futur, et le présent est trop bref, de toute façon, pour être reconnu comme tel; il est conservé après coup, et alors soit il est codifié, soit il glisse dans l'amnésie. La conscience est le produit du recul.
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Vidéo de Siri Hustvedt
Dans ce nouvel épisode des Éclaireurs de Dialogues, nous vous proposons une plongée dans l'univers de Diglee.
"Si je ne les écris pas, les choses ne sont pas allées jusqu'à leur terme. Elles ont été seulement vécues." Cette phrase d'Annie Ernaux, présentée en exergue de son livre le Jeune Homme, résonne pour notre invitée, qui pratique elle aussi une écriture de l'intime.
Artiste aux multiples talents, Diglee s'exprime par le dessin et les mots, par l'humour et le sérieux, et ne cesse de nous surprendre de livre en livre. Elle est aussi une autrice engagée et une passeuse de livres. Au fil de la conversation, il est question notamment de l'importance des traces, de harcèlement de rue, de poétesses oubliées et d'une retraite en Bretagne. Et trois libraires de Dialogues, Nolwenn, Laure et Marine, présentent chacune un livre de Diglee qui les a marquées.
Bibliographie :
- Atteindre l'aube, de Diglee (éd. La ville brûle) https://www.librairiedialogues.fr/livre/22262120-atteindre-l-aube-diglee-la-ville-brule
- Ressac, de Diglee (éd. Points) https://www.librairiedialogues.fr/livre/20654146-ressac-diglee-points
- Je serai le feu, de Diglee (éd. La ville brûle) https://www.librairiedialogues.fr/livre/19776423-je-serai-le-feu-diglee-la-ville-brule
- Libres ! Manifeste pour s'affranchir des diktats sexuels, d'Ovidie et Diglee (éd. Delcourt) https://www.librairiedialogues.fr/livre/11420971-libres-manifeste-pour-s-affranchir-des-dikt--diglee-delcourt
- le Jeune Homme, d'Annie Ernaux (éd. Gallimard) https://www.librairiedialogues.fr/livre/20614397-le-jeune-homme-annie-ernaux-gallimard
- Se perdre, d'Annie Ernaux (éd. Folio) https://www.librairiedialogues.fr/livre/586873-se-perdre-annie-ernaux-folio
- L'occupation, d'Annie Ernaux (éd. Folio) https://www.librairiedialogues.fr/livre/161352-l-occupation-annie-ernaux-folio
- La Force des choses, de Simone de Beauvoir (éd. Folio) https://www.librairiedialogues.fr/livre/16283-la-force-des-choses-simone-de-beauvoir-folio
- Les Grands Cerfs, de Claudie Hunzinger (éd. J'ai lu) https://www.librairiedialogues.fr/livre/16878883-les-grands-cerfs-roman-claudie-hunzinger-j-ai-lu
- Mon corps de ferme, d'Aurélie Olivier (éd. du commun) https://www.librairiedialogues.fr/livre/21689916-mon-corps-de-ferme-aurelie-olivier-ed-du-commun-rennes
- Ligne de fuite, de Sarah Baume (éd. Notabilia) https://www.librairiedialogues.fr/livre/21661963-ligne-de-fuite-sara-baume-les-editions-noir-sur-blanc
Au cours de la conversation sont aussi citées plusieurs autres autrices : Virginia Woolf, Siri Hustvedt, Marie Darrieussecq, Édith Boissonnas, Benoîte Groult.
Et l'émission que Diglee écoute tous les soirs depuis ses 13 ans est Parlons-nous, de Caroline Dublanche, sur RTL !
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