Zachary Taylor est art-thérapeute (personnel de santé utilisant divers moyens artistiques pour traiter la maladie ou une situation de crise) dans l'hôpital psychiatrique le plus angoissant de la région : les patients qui y sont internés n'ont pas leur place dans une prison "ordinaire" car trop fou ni dans un hôpital psychiatrique "habituel" car trop dangereux.
C'est dans cette ambiance très particulière que Zachary tente dans la mesure de ses moyens d'aider et de soulager les malades qui lui sont confiés. Un jour, un nouveau patient, aux portes de son procès, est confié à Zachary. Ce patient est accusé d'avoir tué douze personnes et de ne plus avoir commis de crime depuis deux ans, époque à laquelle il est devenu aveugle. Zachary, plein de bonne volonté au début, va alors très vite réaliser que l'homme est loin de vouloir accepter cette aide.
Pourtant, l'art-thérapeute est bien décidé à remplir sa mission et va, par tous les moyens, tenter de découvrir le secret de son patient, malgré l'hostilité de celui-ci et malgré le fait que son père fasse tout pour l'empêcher de s'occuper de ce fameux patient.
Un hôpital psychiatrique en toile de fond, un tueur en série aveugle, un jeune art-thérapeute combattant ses propres démons…autant dire que la quatrième de couverture en séduira plus d'un. Il faut bien avouer que tout bon amateur de thriller est attiré par les psychopathes enfermés dans une chambre capitonnée. le livre s'annonçait donc prometteur malgré l'intrigue classique de l'homme enfermé dans un asile de fous et accusé de meurtres face à son art-thérapeute qui essaye de le sauver envers et contre tout.
Le lecteur, en débutant le roman, s'attend alors à un récit dans la même veine que « glacé » de
Bernard Minier : un roman mélangeant l'enquête du polar à l'angoisse du thriller au sein d'une ambiance malsaine et angoissante d'un hôpital psychiatrique hors du commun.
Mais si le début du roman nous plonge bien dans cette ambiance à la fois prenante, inquiétante et angoissante, l'ambiance change peu à peu et c'est quelque chose de tout à fait différent que le lecteur est amené à lire. En effet, alors que Zachary tente de comprendre le passé de son patient, c'est une ambiance mafieuse qui nous est offerte peu à peu avec de l'action bien loin de ce que l'on pouvait imaginer à l'ouverture du livre.
Zachary accompagné de son frère et de sa petite amie s'affranchissent des limites imposées ordinairement et n'hésitent pas à contourner la loi quand ça leur chante (hacking, cambriolage). du coup, la progression de l'enquête sur Martin Grace s'offre des facilités flagrantes, qui desservent un peu le suspense. Dommage car le roman possédait un sacré potentiel qui ne demandait qu'à s'exprimer pleinement.
Le point de départ du thérapeute (ici un art-thérapeute, ce qui est une magnifique idée) confronté à un psychopathe dans une institution psychiatrique pouvait laisser présager un thriller psychologique à la
Thomas Harris. Même si cet aspect psychologique n'est pas complètement absent du récit, "
chambre 507" propose un traitement totalement différent. On n'est donc pas ici dans le registre du thriller psychologique mais bien dans celui d'un thriller qui flirt avec le fantastique (les entretiens entre le thérapeute, Zachary, et son patient, Martin Grace, sont d'ailleurs très peu nombreux). Pourtant, le roman ne bascule jamais vraiment explicitement dans le fantastique. le surnaturel y est disséminé par petites touches subtiles de plus en plus inquiétantes. D'ailleurs cet élément fantastique n'est jamais avéré et sa véracité toujours laissée dans le doute. Zachary est-il en train de sombrer dans la folie ?
Si les deux auteurs parviennent à instaurer une ambiance oppressante en ballotant le lecteur entre réalité et fantastique, ils ont aussi le travers de rester dans le vague, sans jamais aller au fond des choses, la narration restant trop nébuleuse par moments. Des propos volontairement évasifs qui ne m'ont pas convaincu. L'intrigue tournant autour du passé tragique de Zachary offrait une piste intéressante, que les deux auteurs n'exploitent pas assez profondément une fois encore. Un choix délibéré étant donné que l'art-thérapeute est devenu le personnage central d'une saga tournant autour de l'hôpital psychiatrique Brinkvale (« Personal Effects »).
Malgré ce flou entretenu sur les personnages, l'écriture à deux mains offre un style cinématographique agréable qui permet au lecteur de bien visualiser ce qui est lui est raconté. le livre sera d'ailleurs adapté au cinéma sachant que les droits de «
Chambre 507 » ont été achetés par le producteur Gore Verbinski (réalisateur de Pirates des Caraïbes et The Lone Ranger). le récit de «
Chambre 507 » se veut actuel d'où sa narration moderne avec un langage ostentatoire et la nature geek et borderline de ses personnages. On apprécie ou pas, mais il est clair que les auteurs ont voulu dépoussiérer un peu le genre en mettant en scène des protagonistes jeunes mais accomplis. Certaines expressions ou choix de mots peuvent faire tiquer car les références ne sont pas toujours expliquées, ce qui n'aide pas à la compréhension.
En définitive, un thriller bien étrange, un poil surnaturel et fantasque qui ravira les amateurs du genre. Pourtant, on peut regretter une ambiance/atmosphère de récit davantage travaillée et soignée que ses personnages et cette fin foireuse.
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