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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
A l'origine du monde Maori, il y a Tohorā, la baleine gigantesque, arborant un Moko sur la tête, un tatouage traditionnel. C'est elle qui conduit ses soeurs vers la terre sacrée et qui va conduire sur son dos Paikea, l'homme chargé de fonder le peuple Maori. Et dans la tribu Maori, le.patriarche chargé de maintenir les traditions, c'est Koro Apirana. Il espère pouvoir transmettre cette responsabilité à un garçon, mais c'est la petit Kahu qui voit le jour. Une arrière-petite fille vive, intelligente et qui, dès qu'elle peut s'exprimer, voue un amour sans borne envers cet arrière grand-père qui, l'ignore complètement jusqu'à la rabrouer, toujours plongé dans ses réminiscences ...Il faudra l'arrivée d'un banc de baleine menaçant et une mise en danger de la tribu pour infléchir le vieux chef et lui ouvrir les yeux.

Un roman qui alterne mythologie et vie de la tribu, et surtout qui dépeint l'état d'esprit dans cette tribu Maorie, où le chef de famille, toujours dans l'attente d'un garçon pour reprendre le flambeau, s'accroche au patriarcat, n'envisageant jamais de faire la place à une fille, même brillante. Un roman qui évoque également la vie difficile des Maoris dans leur propre pays ou quand ils cherchent du travail notamment en Australie où ils sont méprisés. Mais c'est surtout un récit qui fait la part belle à la poésie, à l'espoir et à la mythologie fondatrice des Maoris, celle de cette baleine mythique et son tatouage, l'être d'exception, protectrice qui permet de surmonter les épreuves. Witi Ihimaera livre un conte moderne, alliant poésie et tradition, avec beaucoup de subtilité.
Je remercie Baelio et les éditions Au vent des îles pour cette très belle découverte.
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« Un point d'écume à l'horizon. Une forme sombre qui s'élevait des profondeurs vert jade de l'océan. Prodigieuse, colossale, elle brisait la surface et fusait vers le ciel avant de retomber. Sous l'eau, le tonnerre étouffé retentit comme un grand portail s'ouvrant dans le lointain ; l'impact du plongeon ébranla terre et mer. […] La forme sombre s'élevait, encore et encore. C'était un tohorā. Une baleine, gigantesque. »

La famille Apirana est descendante de Paikea, le chevaucheur de baleine, une lignée prestigieuse dans laquelle les sagesses ancestrales se transmettent de fils aîné à fils aîné.
Lorsque Koro Apirana, le chef de famille, apprend que son petit-fils Porourangi a eu une fille, il la rejette immédiatement. Il n'est en effet pas concevable pour lui de transmettre le savoir sacré māori à une femme. Un rejet d'autant plus difficile pour Kahu, elle qui admire son arrière-grand-père et recherche toujours son attention.

Le récit nous est raconté par Rawiri l'oncle de Kahu et permet à l'auteur d'aborder de nombreuses thématiques sur la place de la culture māori dans la Nouvelle-Zélande d'aujourd'hui. Quête d'identité et transmission des traditions doivent en effet s'adapter au monde moderne. A travers ce roman, c'est notamment la place de la femme dans la culture māori qui est posée. Kahu, en tant que fille ne peut prétendre à l'héritage de la sagesse ancestrale, elle qui pourtant a un lien si particulier et intense avec l'océan et les animaux qui le peuplent.

La nature est fortement présente et mise en valeur dans le roman. La préservation des fonds marins et de la faune y est primordiale et le livre dénonce ainsi les ravages de la pêche intensive à la baleine ou ceux des essais nucléaires effectués par la France à Moruroa.

Le récit alterne entre réel et irréel et efface ainsi la frontière qui existe entre les deux. C'est parfois déstabilisant lorsqu'il penche plus vers l'onirisme et le fantasmagorique mais l'auteur maintient bien l'équilibre tout au long de son histoire.
J'ai apprécié la petite touche de légèreté et d'humour apportée par les arrière-grands-parents de Kahu qui sont sans arrêt en train de se chamailler (quel caractère cette Nani Flowers !), elle permet de maintenir le récit dans le réel.

Witi Ihimaera est le premier romancier māori à avoir été édité. Avec La baleine tatouée, il nous propose un conte qui oscille en permanence entre réalité et onirisme et questionne intelligemment la place de la culture māori dans le monde d'aujourd'hui. Son roman Bravoures sera bientôt publié aux mêmes éditions Au vent des îles, un livre que je lirai certainement.
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Ce texte assez court se lit comme une légende contemporaine. On y retrouve effectivement une alternance de chapitres racontés par oncle Rawiri ancrés dans notre monde contemporain et de chapitres écrits du point de vue immémorial d'un groupe de baleines.
Ce point de vue des baleines m'a fait penser à histoire d'une baleine blanche de Luis Sepulveda, que j'ai lu cette année. Dans les deux livres, le point de vue sert à dénoncer le rapport des hommes à la nature qui est devenu mercantile. On regrette dans les deux cas un paradis perdu, une communion originelle entre les hommes et la nature, dont les baleines sont les acteurs privilégiés en tant qu'intermédiaire entre les dieux et les hommes dans cette légende maori ou entre le monde des morts et le monde des vivants dans le texte de Luis Sepulveda.
Le récit est raconté avec beaucoup d'humour, et on sent l'attachement entre les protagonistes aux blagues échangées. J'ai d'ailleurs été touchée par la description des liens familiaux et par le besoin de la présence des différents membres de la tribu / famille, exprimé en particulier par la grand-mère Nani Flowers. le ton est très léger mais les thèmes abordés sont eux sérieux : comment intégrer le monde moderne dans l'organisation traditionnelle de la société maori, en particulier la place de la femme ? ; Comment porter une revendication nationale maori dans une société très européenne, alors que beaucoup de traditions ont été perdues?
J'ai d'ailleurs été surprise de découvrir une société maori très patriarcale dans la gestion du sacré et de l'éducation alors que je n'avais pas ses images en tête. le narrateur fait un passage en Australie et en Papouasie, ce qui étonne sur un texte aussi court mais qui permet de rendre compte du chemin parcouru par le narrateur sur des sujets de racisme et de nationalisme, ainsi que de montrer l'importance de l'attachement au lieu de naissance, au lieu de la tribu.
Par ailleurs, je trouve la couverture très belle et j'aurais aimé que des illustrations émaillent le texte, qui s'y prêterait très bien je trouve, tant certaines scènes sont spectaculaires.
Pour conclure, une belle lecture, facile avec une intégration intéressante de légendes maoris dans la société contemporaine.
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En Nouvelle-Zélande, à Wanghara, vit un clan dirigé par le vieux Poko Apirini. Il se chamaille sans arrêt avec sa femme Nani Flowers. Elle est descendante d'une cheffe de tribu qu'elle revendique constamment.

Quand naît Kahu, une petite-fille, Poko refuse de la voir, de lui accorder de l'attention. Il voulait un fils pour lui succéder.
On connaît la légende de la baleine tatouée, sacrée, qui était domptée par l'ancêtre de la tribu. On nous raconte la naissance de la tribu, fruit de l'amour entre la terre et la mer.

Kahu n'a de cesse depuis petite de chercher l'affection de son grand-père qui la rejette. C'est Rawiri le narrateur qui en parle. il est le jeune oncle de Kahu. Il remarque qu'elle a un don pour parler aux animaux.

Un événement tragique viendra sceller le sort de Kahu un échouage immense de baleines dont leur chef la baleine tatouée, un mâle venu mourir en ces terres où son maître humain repose.

Malgré la mobilisation, c'est un échec pour remettre à l'eau les baleines. de nuit, c'est Kahu qui va chevaucher le tohora, la baleine sacrée. Car le sort de sa tribu en dépend.

Un beau conte où la part belle est faite aux relations dans la tribu, le respect des traditions, le rapport avec la mer, les animaux marins...

Les femmes ont finalement le dessus, l'ascendant sur le pouvoir. Un conte initiatique féministe donc ! Un récit drôle, moderne, universel.











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Wah. (Non mais je te jure WAH pour de vrai)

J'ai l'impression d'avoir onze ans, des fourmis sur le cul à être resté toute la journée assis pour écouter un vieux conte maori ! (et c'est un sentiment que j'aime beaucoup, qui réconforte, qui fout le smile sur ta petite ganache de sale gosse et tout, si tu veux tout savoir).

Si t'as cru qu'au commencement était le verbe, tu te fourres le coude dans la poutre de l'oeil, parce que d'après ce que raconte Witi Ihimaera, au commencement était Tohorā, une gigantesque baleine, devenue amie de l'homme, même après que celui-ci ait décidé de chasser les cétacés.

Moi je trouve que le roman il est sacrément coriace dans la narration. Ça va emprunter le dynamisme des histoires orales qu'on se transmet de génération en génération et dont l'histoire peut s'interpréter quand on les plaque sur la vie contemporaine.

C'est le cas ici, où un vieux patriarche aigri, sexiste et traditionaliste refuse de croire à la détermination de son arrière petite fille à reprendre le flambeau et qui malgré tout les ressentiments du vieillard, l'aime du plus profond de son coeur mais surtout bien décidée à devenir « l'élue » qui recevra l'héritage de sa tribu.

La baleine tatouée fait penser à ces films des années 90 qu'on nous balançait en pleine gueule à coups de « respecte la nature / prends soin des plus faibles, bla-bla-bla mon cul…» mais tellement auréolés de sponsors et d'hypocrisie blanche bien pensante que 30 ans plus tard ça nous fait surtout marrer jaune…

Ici, il s'agit de messages écologistes et de bienveillance mais surtout d'égalité entre toustes, fait intelligemment, avec une parfaite dose entre humour, provocation, respect des traditions et progrès.

J'ai adoré, je te jure. J'aurais adoré lire ça plus jeune mais La baleine tatouée n'est pas un roman young adult pour autant.

J'me suis pas ennuyé une seule seconde, je t'ai avalé le bestiau comme un petit litchi bien frais et j'en ai le coeur tout rabiboché avec je sais pas quoi, mais quelque chose de positif.

(Autant dire que ça fait large le taf tu crois pas ?)


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Excellent choix que de lire ce livre durant mon voyage en Nouvelle-Zélande, qui ne l'a rendu que plus mystique encore. On entre dans l'histoire d'une tribu Maorie, avec ses légendes (Paikea, le chevaucheur de baleine) et son histoire contemporaine qui tourne autour de la descendance de la tribu et de l'identité du futur chef.

La galerie de personnages est incroyablement touchante : en peu de pages, on s'attache à chacun.e. Ce sont des personnages de tous les jours, comme vous et moi, mais avec une identité maorie. de Koro et Nani Flowers qui se chamaillent comme mes propres grands parents avaient l'habitude de le faire à l'attendrissante Kahu, qui s'accroche malgré le rejet de son grand-père, on sent la tendresse qui lie cette famille à travers les yeux de Rawiri, qui raconte l'histoire. Mention spéciale pour Nani Flowers d'ailleurs, féministe avant l'heure, pour ses punchlines qui décoiffent.

La plume est infiniment poétique, j'avais l'impression de lire un poème tout du long, qui rend hommage à la nature, aux baleines, aux femmes, à l'interdépendance, à la famille. Quand je le lisais, j'avais cette sensation d'entrer dans un bain tout chaud.

J'ai particulièrement aimé les passages où ce sont les baleines qui parlent, (ce sont les plus lyriques), et le passage où elles s'échouent sur la plage m'a brisé le coeur.

J'ai regretté de ne pas plus me sentir en Nouvelle-Zélande car les descriptions des lieux et paysages sont absentes de ce récit. Finalement, j'ai plutôt ressenti le voyage au niveau de la philosophie, de la spiritualité, des valeurs comme celles du respect de l'autre et du monde qui nous entoure que j'ai ressenti moi-même en arrivant là-bas. C'est également une ode à la place de la femme dans la société, et je ne m'attendais pas à trouver ce message dans ce livre.

La fin m'a laissée sur ma faim, même si elle est émouvante et que j'ai versé une larme, j'ai l'impression que ce livre se termine au moment où il commence, comme si tout ce qu'on avait lu jusqu'à présent était un prélude.

J'ai cependant passé un moment de lecture onirique et je recommande ce beau voyage philosophique et spirituel que nous offre cet auteur au coeur de sa culture. Ce livre est d'ailleurs l'ouvrage néo-zélandais le plus traduit dans le monde, une lecture idéale donc pour commencer votre voyage littéraire au pays du long nuage blanc (Aoteaora en maori).
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Aussitôt commencé aussitôt terminé ! Ce roman, qui se lit comme un conte, est vraiment très beau et jusqu'au bout on se demande comment il va se terminer.
On découvre la vie de Kahu et sa famille à travers les yeux de Rawiri son oncle.
Rapidement, nous comprenons qu'elle est l'héritière que la tribu attend, mais son grand-père, le chef, s'obstine. Il doit avoir pour héritier un garçon, c'est la tradition et malgré les signes, malgré Kahu qui fait tout pour se faire accepter par ce grand-père qu'elle adore, il refuse. le reste de la famille, elle, comprends peu à peu, elle s'attriste et espère qu'il va ouvrir les yeux et voir le pouvoir de cette enfant.
Un beau roman, une ode à la nature, à la tradition et à son évolution pour continuer à s'épanouir.
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Une découverte de la culture néo-zélandaise, un conte poétique sur le monde animal à protéger.

Pour le challenge "Littérature du Commonwealth", il y avait cette LC sur un écrivain néo-zélandais. Ne connaissant absolument pas cette littérature, je l'ai commandé.

Kahu, petite-fille de Koro Apirana, chef de la tribu, cherche à attirer l'attention de son grand-père. Il la rejette car c'est une fille et ne pourra pas hériter du titre. Pourtant Kahu est une fille spéciale et son grand-père ne remarque pas son attention vers la mer.

Ce livre est raconté par un fils de Koro, il reste assez extérieur au récit sauf quand il part en voyage, le récit est centré sur Kahu, cette petite fille assez extraordinaire.

On sent dans ce récit un esprit de tribu très fort concentré dans le personnage de Koro. Koro lutte pour que la culture des Maoris coexiste avec la modernité, on ne peut que l'admirer. Malgré son rejet de sa petite-fille, on le comprend, les hommes sont encore le pilier d'une tribu.

A travers Kahu, Witi Ihimaera défend les filles/femmes, elles aussi ont un certain pouvoir et peuvent devenir le chef. Nani Flowers, femme de Koro, est une femme au fort caractère mais reste une femme au foyer. Kahu est la plus lucide sur le sort des baleines.

Les baleines, parlons-en, elles sont d'une grande importance dans ce récit. Elles sont décrites comme des personnes. Elles ont des sentiments d'où leurs chants. Elles illustrent l'origine du monde et c'est là qu'intervient le conte et la vision de la culture Maoris. Les baleines sont également liés à l'homme car la plus ancienne à été avec "The whale rider", un ancêtre de Koro mais cet homme a dû s'installer sur dans un village côtier et faire sa vie.

L'auteur dénonce le massacre des animaux et la bestialité de l'être humain : la baleine la plus ancienne ressent un appel du passé et retourne vers les terres avec ses congénères, sur les plages certaines se feront dépecer vivantes.

Une belle découverte !
Lien : http://novelenn.wordpress.co..
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Un court livre bourré de tendresse et de poésie. Entre tradition et modernité, l'auteur fait revivre une très ancienne légende maorie sur l'origine de la création du monde. de nos jours, le vieux chef Koro cherche son digne successeur qu'il refuse catégoriquement de voir en son attachante petite-fille… C'est un conte contemporain envoûtant, aussi sensible que subtil. Il est léger, il est grave : il véhicule des messages sur la fragilité de la nature, sur la place et le pouvoir des femmes, sur la tolérance, sur la perpétuation de la culture et de l'identité de tout un peuple.
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Quel beau voyage nous propose ce livre ! Bienvenue pour une immersion de quelques heures dans une partie de notre monde sous en regard simple tendre et magique à bien des aspects.

Dans la baleine tatouée on se laisse emporter dès les premières pages par une écriture fluide, agréable et parfaitement claire. La traduction habile, nous permet de lire le maori dans le texte (presque) sans en percevoir la frontière linguistique.

L'histoire, simpliste, nous propose un voyage métaphorique entre le monde des baleines et le monde des humains. Ces deux mondes se font écho et dialoguent en intégrant et immergeant le lecteur. Au combien les messages relayés sont clairs, universels, ancrés dans notre époque mais également dans bien des époques auparavant. Au combien ce message, cette supplique, cette prière sincère d'harmonie entre les peuples, d'harmonie entre les êtres et d'harmonie intérieure est belle à lire.

Ici pas de comparaisons à rallonges, pas de cheminement philosophique poussé, simplement l'histoire de deux peuples et de plusieurs individus qui s'entremêlent et qui appellent clairement, métaphoriquement, simplement de l'aide pour un avenir en commun.

Merci pour cette belle écriture, cette traduction qui nous donne accès à ce très beau texte. Et merci aux Éditions au vent des îles pour la qualité de de l'ouvrage qui participe au plaisir de cette lecture.

Petite déception, c'est un plaisir intense mais terriblement court, j'aurai aimé des centaines de pages pour me baigner dedans avec les baleines.
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