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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Fascinée depuis toujours par l'océan et ce qui s'y cache, des plus petits êtres aux plus majestueux, je ne pouvais imaginer passer à côté de ce court récit qui met à l'honneur le monde marin et les baleines.

« … avec le vieillissement du monde, au fur et à mesure que l'homme négligeait sa part de divinité, il perdit aussi le pouvoir de parler aux baleines, le pouvoir de fusionner avec elles. C'est ainsi que la connaissance de leur langue fut réservée à une poignée d'individus. L'un d'eux était notre ancêtre Paikea. »

Avec « La baleine tatouée », Witi Ihimaera, auteur néo-zélandais d'origine maorie, fait voyager ses lecteurs à la découverte des mythes fondateurs de son peuple. L'histoire qu'il nous raconte est celle de son ancêtre Paikea, le chevaucheur de baleine, celui qui avait le don de leur parler.

Selon la légende, dans les temps anciens, un homme aurait émergé des flots à cheval sur une baleine géante et aurait projeté des sagaies à l'origine de la création du monde, des oiseaux, des animaux et du peuple maori.

*
Dans les traditions maories, les chefs de village transmettent leur autorité et leur pouvoir à leur fils ainé.
Koro Apirana, le chef de la tribu de Whangara et descendant de Paikea, est très attaché aux coutumes ancestrales. Lorsque son arrière-petite-fille Kahu naît, il refuse l'idée qu'une femme lui succède un jour. La rejetant fermement, méprisant son sexe, il se met en quête d'un héritier mâle.

« … l'amour que Kahu recevait de son arrière-grand-père s'apparentait à des restes tombés de la table, aux miettes après un grand festin. Mais ça n'avait pas l'air de la déranger. Elle se jetait dans ses bras dès qu'il lui accordait un instant et elle prenait tout ce qu'il consentait à lui donner. »

Pourtant, Kahu, nommée en l'honneur de l'ancêtre de sa tribu, est étonnante et charismatique. J'ai aimé cette petite fille singulière qui recherchait l'amour et l'attention de son arrière-grand-père. Koro, borné, aveuglé par un conservatisme rigide, ne se rend pas compte que l'avenir des maoris et l'équilibre de la terre pourraient dépendre de cette fillette sensible et intrépide qui tisse des liens avec les baleines.

*
Si j'ai aimé le mystère que dégageait Kahu, j'ai eu un réel coup de coeur pour Nany Flowers, l'arrière-grand-mère. Généreuse, bienveillante, aimante, explosive, elle crie l'importance mésestimée des femmes et la bêtise affligeante de son mari, Koro Apirana. Elle ne cesse de le rabrouer, le menaçant sans cesse de divorce. Ce couple met une très belle touche d'humour à cette histoire et leurs échanges sont savoureux.

Vous aurez compris, il y a beaucoup d'émotions et d'amour dans ce livre. Les sentiments passent par les regards et les gestes de cette petite fille en quête d'affection, par l'ironie et le sarcasme de Nany Flowers, par l'attitude grincheuse et boudeuse de Koro Apirana, par le chagrin de la baleine géante.

L'écriture douce et apaisante, tragique et profonde de l'auteur m'a emportée. Je suis passée du rire à une très grande tristesse face à la médiocrité et l'insensibilité des hommes.

*
Ce conte contemporain est devenu un classique de la littérature suite à son adaptation cinématographique. Il est le livre néo-zélandais le plus traduit dans le monde. Et je comprends pourquoi.
J'ai adoré ce récit qui alterne la voix des hommes et celle de la baleine géante qui pleure son maître. La nature est omniprésente dans ce récit inextricablement lié à la Terre, à l'océan et ses habitants. Leur vision du monde est harmonieuse et connectée au monde vivant. L'équilibre est fragile.

*
Dans ce conte empli de sagesse, Witi Ihimaera explore avec subtilité et émotions les thèmes liés à l'identité culturelle maorie, le respect des traditions et l'évolution de la société, les conflits générationnels et les idées reçues, le racisme et le sexisme, le pouvoir des femmes et l'acceptation de la valeur de l'autre dans sa différence, la fragilité de l'environnement dont nous dépendons.

*
Pour conclure, j'ai été séduite par ce court roman serti de mots en langue maori.
Un conte contemporain tendre et cruel, touchant et plein de sagesse, dont je suis ressortie à regret, le sourire aux lèvres, les yeux pleins de rêves et émue.
Une vraie surprise et un coup de coeur !
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Witi Ihimaera est un auteur très simple et sympathique, le type même de l ‘auteur océanien qui se promène en tongs et chemise bariolée comme lors d' un salon de livre océanien où j'ai eu l'occasion de le rencontrer
Pour autant, n'oublions pas qu ‘il est l'auteur maori le plus traduit dans le monde et que ses ouvrages ont été plusieurs fois adaptés au cinéma (Paï)
Avec lui, il faut oublier les schémas occidentaux et même asiatiques
Nous rentrons ici en Océanie où la symbolique est totalement différente
Pas seulement dans la culture maorie, en opposition avec la culture anglo-saxonne de la Nouvelle Zélande, mais dans la plupart des cultures océaniennes, mélanésiennes ou polynésiennes par exemple où l'animal ici la baleine a une très haute valeur symbolique.
Chez les kanak aussi , dans le Sud , l'apparition de la première baleine à bosse est un symbole majeur dans le cycle de la vie coutumière, qui est régie par des règles strictes
L ‘autre intérêt de ce livre , qui pourrait paraître simplement exotique pour un occidental, est aussi de critiquer les principes machistes de cette société maorie
L'apparition de la petite fille, très intelligente , Kahu qui remet en cause l'autorité du patriarche, représentant de l'ordre immémorial de la société maorie, bouleverse l'ordre d'une société figée
Ce livre , non dénué d'humour , comme son auteur, reste très rafraîchissant parmi la pléthore de publications actuelles
Un bon moyen de se cultiver ( oui, il existe une culture maorie à la fois patriarcale et poétique) et de s'ouvrir au monde océanien que peu de gens connaissent
Un livre référence
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J'avais noté ce titre suite à la vidéo d'une booktubeuse et je regrette infiniment de ne pas avoir aussi noté qui était cette personne, parce que j'aurais voulu pouvoir la remercier personnellement pour la magnifique lecture que j'ai faite 🙂

Nous sommes ici dans un mélange de légendes maories, de nature writing et d'histoire de famille.

L'auteur nous immerge dans le quotidien de son village tout en le replaçant dans le contexte plus vaste du peuple et des traditions maories. C'est raconté avec beaucoup d'humour, par la voix d'un narrateur subjectif qui nous fait sentir toute la tendresse qu'il porte aux siens, même s'il n'oublie jamais de mentionner leurs défauts. La relation qu'il entretien avec sa nièce Kahu en particulier est très touchante.

On sent également tout l'amour qu'il éprouve pour l'endroit où il est né, pour la nature qui l'entoure et pour les traditions de son peuple. le texte inclut des légendes maories et nous suivons aussi un banc de baleines. Les 3 récits s'entrecroisent et se rejoignent pour former une très belle histoire, portée par de très belles descriptions de la Nouvelle-Zélande.

Mais l'histoire ne vaut pas uniquement pour elle-même, elle est aussi l'occasion de dénoncer les nombreux préjugés, intolérances et discriminations auxquelles font face les personnages: racisme, sexisme, LGBTQ-phobie, etc.

C'est également un plaidoyer très fort pour la préservation de la nature et de la planète et c'est cet aspect qui m'a le plus marquée je crois, même si l'ensemble du roman est mémorable.

Certains chapitres sont profondément émouvants et/ou choquants. Je me rappelle avoir été particulièrement investie dans le chapitre 15, qui m'a beaucoup remuée. J'ai été aussi très en colère contre le grand-père, ce vieil homme borné au point d'en être cruel qui refuse d'accepter sa petite-fille parce qu'elle n'est pas un garçon.

Le roman est très court, seulement 159 pages et pourtant il a tout ce qu'il faut pour faire un grand livre. C'est beau, cruel, touchant, poétique, émouvant, choquant, fort et bien d'autres choses encore.

En un mot, magnifique.
Lien : https://bienvenueducotedeche..
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c'est ma deuxième lecture de ces éditions Au vent des îles, et tout comme pour @Blackbird de Jacques-Olivier Trompas, je n'ai pas été déçue !
L'écriture est très belle, l'histoire nous immerge dans les traditions de l'autre côté de la planète... voyage exotique garanti ! Je trouve touchant et je suis curieuse de ces populations, de leurs croyances, de leur environnement. A travers l'histoire de cette enfant et de sa tribu, l'auteur aborde aussi des questions importantes : les traditions et la modernité, l'attrait des villes, la place de la femme ... Il y a pas mal de mots autochtones qui peuvent peut-être déconcerter les lecteurs, mais le contexte, les notes de bas de pages et le lexique à la fin pallient les éventuels doutes et cela n'a pas du tout entamé mon confort de lecture, au contraire cela a participé à mon immersion.
C'est donc une belle découverte que ce roman. Deux autres ouvrages de ces éditions m'attendent dans ma PAL : je crois que je ne vais pas trop tarder .... ;-)
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« La baleine tatouée » me fait partir en Nouvelle-Zélande, pour une escale de mon tour du monde.
La légende se mêle à l'histoire contemporaine, ce qui m'a un peu perdue : cette légende pleine de noms maoris n'était pas simple à suivre, et je ne voyais pas le lien avec l'histoire actuelle de la petite Kahu. Bien sur celui-ci s'est fait, ainsi en est-il des contes.
Celui-ci nous captive et nous fait voyager, dans le temps, et aussi à l'autre bout du monde.
Riche en émotions, en poésie, en rebondissements, il se dévore.
N'hésitez pas, laissez-vous entraîner.
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Embarquez pour la Nouvelle-Zélande avec La baleine tatouée.

Écrit par un auteur maori, ce court roman alterne entre légende et récit familial. Nous suivons Kahu, une petite fille très éveillée qui fait tout pour attirer l attention de son arrière grand-père, qui la repousse car elle n est pas un garçon.
Celui-ci aurait en effet préféré un petit-fils pour l initier à la culture maori, transmise aux hommes.

C est un très beau roman qui se déroule sur les quatre saisons. Il aborde des thématiques, telle que la perpétuation de la tradition maori mais aussi, la place des maori dans la société néo-zelandaise, la place de la femme.

Ce conte qui nous parle de nature immense et magnifique est d une beauté sans nom. Il m a donné très envie de visiter le pays (bon, j avais déjà envie d y aller avant cette lecture mais ça n a fait que renforcer...)
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Une merveille de petit livre qui invite à se reconnecter à la puissance animiste de la nature, à s'évader dans les îles, à s'immerger dans les traditions maoris... et surtout à aimer cette très belle mythologie des baleines que l'auteur nous livre. On ne regarde plus la mer de la même façon après cela !
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Écoutez le chant de Witi Ihimaera, métaphore maritime, les eaux sublimes de l'océan Pacifique. L'enfant fable et alliée de la baleine tatouée, poésie océane. L'appel des rites ancestraux, Kahu désignée à la légende éternelle. Ce sablier mãori de Nouvelle-Zélande, mémoire vivifiante des intériorités, signes et certitudes.
Ce splendide livre, perpétuel et messager enchante la noblesse des histoires venues des profondeurs.
Kahu, petite fille qui sait le langage des baleines, les paraboles qui dressent le tableau d'une terre assoiffée de symboles. Koro Apirana son grand-père le sage et fidèle aux coutumes. le passeur des traditions dont il refuse l'enfant en héritage spéculatif. Elle, si vive, intuitive et tenace. Fusionnelle avec ce grand-père dont la pudeur et les coutumes sont plus fortes que tout. Les habitus qui refusent Kahu en souveraine un jour certain.
Ici, des pans d'idiosyncrasie mãori, les gestuelles assignées à l'essentialisme des traditions. L'enfant pas de côté, sourires dentelles et les bras, l'horizon d'une mer où elle s'abreuve. Mutique et maline, habile et elle si formidablement pure.
« Dans ses missives suivantes, mon frère exposait les problèmes auxquels étaient confronté notre peuple mãori. Il avait accompagné Koro Apirana en pays Raukawa où il avait été impressionné par leur façon de préparer la jeunesse à assurer la tradition avec le XXI ème siècle. »
« Et nous serons-nous prêts ? demandait-il. Notre peuple sera-t-il préparé à relever les nouveaux défis et à s'adapter aux nouvelles technologies ? Et dans quelle mesure restera-t-il mãori ? »
« Ainsi soit fait. »
Ce livre qui se lit en grand, entrelacs, embruns, mystique fable où les croisements fidèles aux désirs, aux changements d'âge et de certitudes sont les ballets des baleines. Une seule pour que l'enfant comprenne le pouvoir des fonds marins et les chants des cétacés.
Ce conte, sablier contemporain, parabolique et émouvant est le sceau d'un peuple assoiffé de loyauté, de courage, dans cette magnanimité des importances qui ne trahissent jamais les hommes. Entre les courants, ce qui adviendra de Kahu qu'on aime de toutes nos forces.
« La baleine est un signe, reprit-il.
-C'était elle, elle était la chevaucheuse de baleine. »
Magistral, bleu abyssal, beau à pleurer. Un conte culte qui élève et octroie le chant ésotérique des baleines dans une grâce certifiée.
« Un classique de la littérature devenu un classique du cinéma : Paï, l'élue du peuple nouveau. »
À lire en front d'océan et vous verrez comme tout change.
Traduit de l'anglais (Nouvelle-Zélande) par Mireille Vignol. Publié par les majeures éditions Au vent des îles.
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Il y a des lectures qui nous bouleversent, qui nous font ressentir toute une palette d'émotions. C'est le cas de " La baleine tatouée".
Il y a des livres qui m'ont fait pleurer en jouant sur la corde sensible, mais ici, ce sont vraiment des larmes d'émotions qu'on verse. Parce que c'est une histoire qui touche, qui fait réfléchir, tant sur notre rapport au vivant, qu'à la famille et aux traditions.

Si les premiers chapitres prennent du temps pour poser le décor et le contexte, les suivant nous plongent dans un univers onirique, où se mêlent réel et légende.

Le style d'écriture peut sembler un peu vieilli (serait-ce la traduction ?), mais c'est une très belle découverte qui sort des lectures "classiques".

En résumé : j'ai adoré et conseille vivement cet ouvrage !
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Le roman néo-zélandais le plus traduit au monde ! Une approche de la culture Maori à travers un très joli conte contemporain aux personnages attachants, surtout la petite Kahu aux multiples dons, que refuse de voir son arrière-grand-père, le chef qui cherche désespérément un successeur et ne peut imaginer que ce soit une femme...
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