Une couverture épurée mais classe, un titre étrange, un résumé qui parle de gens évaporés, invisibles, qui visitent nos appartements et vivent littéralement à nos crochets sans qu'on s'en aperçoive...
Il ne m'en fallait décidément pas plus pour pour sauter sur ce premier volume de Sangsues, le nouveau thriller des éditions Casterman.
On a tou.te.s déjà eu cette impression en rentrant chez soi, qu'une chose n'est pas à sa place, qu'une autre semble manquer ou simplement que quelque chose s'est passé là alors qu'on ne l'a pas vu, qu'on n'y était pas. Et si ce n'était pas que de la psychose ? Et s'il y avait une sorte de société sous la société et qu'elle se promenait librement dans nos maisons ? C'est de ce principe de base un peu flippant qu'est partit Daisuke Imai, jeune mangaka publié pour la première fois en France avec le titre dont il est question aujourd'hui.
Sakura est une sangsue, c'est à dire qu'elle vit chez plusieurs personnes, qu'elle utilise leur matériel et qu'elle se sert dans leur frigo mais que ces personnes ignorent tout de sa présence et de ses activités.
Elle pensait être la seule à faire ça jusqu'au jour où elle se réveille avec un message particulièrement clair écrit sur le bras : Alors toi aussi t'es une sangsue, Sakura ? A partir de là la jeune femme va aller de découvertes en déconvenues. Elle qui se pensait seule va découvrir une société plus organisée qu'il n'y parait au premier abord. Une société violente, dangereuse, avec ses codes, ses règlements de compte et adepte du chacun pour soi.
Il est difficile de ne pas faire le rapprochement entre cette histoire et le fait divers remontant à 2008, où un japonais avait découvert qu'une femme habitait dans son placard depuis presque une année. de là à dire que l'auteur s'en est inspiré, au moins pour l'idée de départ, il n'y a qu'un pas, mais je n'ai rien trouvé corroborant (ou infirmant) mes suppositions.
Coté design, le dessin est vraiment sympa même si les traits ronds et mignons semblent parfois un peu décalés avec l'histoire. Par moment la mignonitude des expressions et la douceur qui ressort, de Sakura en particulier mais d'une partie des autres personnages aussi, allègent des scènes pourtant dramatiques. C'est à la fois un peu dommage et un très joli tour de force, mettant ainsi en scène la naïveté de l'héroïne se heurtant à la violence du monde dans lequel elle vit. Certain.e.s n'aimeront pas, c'est obligé, mais personnellement j'ai choisi de le prendre ainsi et du coup je trouve que c'est plutôt très bien joué.
En même temps il ne s'agit que du tome 1, à voir donc, si le style graphique des quatre prochains évoluera avec l'expérience du personnage principal et les changements forcément à venir dans sa façon de voir le monde qui l'entoure.
Donc, en résumé, c'est un très bon premier tome, on s'attache vite à Sakura, le scénario est original et bien mené et, d'un point de vue 100% subjectif, j'adore cette façon de dessiner les visages.
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