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Critique de la_chevre_grise


J'ai réussi à traîner Loesha pour cette lecture commune que nous projetions depuis quelques temps déjà. Sauf que nous avions été toutes les deux passablement refroidies par une lecture précédente de John Irving : pour moi, L'oeuvre de Dieu, la part du Diable trouvé passablement long et ennuyeux malgré des passages vraiment intéressants sur la condition féminine et le droit à l'avortement ; pour Loesha, c'était L'hôtel New Hampshire qui ne lui avait vraiment pas plu. Sauf que, d'un je ne me voyais pas passer à côté de la lecture de ce livre culte et de deux, je suis tombée l'été dernier sur l'adaptation cinématographique avec Robin Williams et Glenn Close et j'ai adoré cette histoire. Alors, en insistant bien, j'ai décidé ma comparse à tenter l'aventure.

Et autant vous dire que c'est avec entrain que j'ai entamé cette lecture. Au final, si je continue à adorer cette histoire, je ferai le même reproche à ce roman qu'au précédent que j'ai pu lire : il y a des passages vraiment longuets. Je pense spontanément, par exemple, au voyage à Vienne de Garp et de sa mère, qui à mon sens n'apporte pas grand chose (à l'exception peut être de la naissance d'un écrivain, mais il y avait moyen de faire plus court dans ce cas). Pour certains lecteurs, peu habitués à ce genre de roman, il faudra accepter d'entrer dans l'univers un peu loufoque, en tout cas au début, que l'auteur nous propose, et cela sans a priori.

Ce roman est fortement autobiographique et on y retrouve bon nombre de sujets de prédilection de l'auteur : la Nouvelle Angleterre, où Irving a fait ses études ; la lutte, qu'il a pratiqué à l'université ; Vienne, où il est lui-même allé ; il est également question de prostituées, de parent absent, d'ours (je me demande tout de même quel est le problème d'Irving avec ces bêtes-là !) et bien sûr, le plus intéressant, la condition féminine.

Car si ce roman propose au lecteur de suivre, de sa conception à sa mort, la vie de l'écrivain ST Garp, ce sont surtout les femmes qui l'entourent qui sont intéressantes, à commencer par sa mère qui a voulu un enfant sans s'engager auprès d'un homme de quelque façon que ce soit. Elle profite donc d'un sergent technicien revenu de la guerre à l'état de légume pour obtenir un enfant, qu'elle élève seule, selon des principes un peu bizarres, mais en l'entourant néanmoins d'affection. Elle devient plus tard, un peu contre son gré, une égérie du mouvement féministe. Sa nature profonde l'amenant à aider son prochain, c'est assez naturellement qu'elle se retrouve à diriger un refuge pour les femmes en perdition. Tout en affirmant que la femme doit être maîtresse de son corps et de sa destinée, Irving n'hésite pas à dénoncer les extrémismes du féminisme en créant les ellen-jamesiennes.

Le tout n'est pas dénué d'humour, bien au contraire. Garp est un personnage vraiment attachant, et les énergumènes dont il est entouré sont forts, que ce soit sa mère, Roberta (dont j'ai adoré les répliques), les ellen-jamesiennes qui questionnent tant Garp et le lecteur... Il y a beaucoup de drames également, ce qui en fait bien le récit d'une vie telle qu'elle est dans la réalité. Les frontières entre le réel et la fiction deviennent plus floues. On aborde alors le questionnement sur le métier de l'écrivain, la source d'inspiration, le souffle qui nourrit l'auteur pendant la création. Un auteur écrit-il pure fiction qui doit sembler réel ou s'inspire-t-il de la réalité pour la transformer en fiction ? John Irving intercale d'ailleurs dans son récit les histoires que Garp écrit, mais cette mise en abîme provoque elle aussi des longueurs dispensables à mon sens.

Au final, et comme le montrait le film, c'est bien davantage le personnage de la mère qui m'aura marquée dans cette lecture que Garp et ses interrogations. J'ai vraiment adoré tout ce qui touchait à Jenny Fields et à l'évolution de la condition de la femme. Un roman sur la liberté de chacun donc, qui m'aura quelque peu réconciliée avec l'auteur, même si je ne pense pas devenir une inconditionnelle. Ceci dit, A moi seul bien des personnages, son dernier roman, m'intrigue maintenant :-)
Lien : http://nourrituresentoutgenr..
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