« Assis dans le canapé de la maison du Touquet, à côté de Bénédicte, il se surprit à pousser un soupir. Bénédicte ne l'entendit point ou fit semblant de ne pas y prêter attention. Sur le coup, il sentit une gêne. Il avait toujours su masquer ses sentiments et toute trace de sa vie d'avant. Et voilà que soudain une digue venait de rompre. Pas longtemps certes, un très court instant même. Mais autant qu'il s'en souvienne, cela ne lui était encore jamais arrivé ».
Sourire et vaincre, c'est la devise de l'unité d'élite de la marine nationale française et c'est aussi le titre de ce troisième volet des aventures de Nicolas Ostermann. Notre espion préféré, démis de ses fonctions par la DGSE après avoir échoué dans sa dernière mission est maintenant un héros déchu. Sa couverture grillée, il jette l'éponge et envisage une carrière de romancier. Avec son sens habituel de l'humour et de l'autodérision, il opte pour le polar plutôt que pour le roman d'espionnage: pas assez de lecteurs, trop peu rentable… S'il s'efface dans la première partie du roman au profit d'intrigues et manoeuvres orchestrées par les services secrets de plusieurs puissances étrangères où, comme d'habitude, les Russes et les Chinois ont une place de choix, il réapparaît très vite dans la deuxième partie du récit auquel, avec son talent habituel, il imprime une tension qui ne faiblit pas jusqu'aux dernières pages. Services secrets infiltrés, agents doubles, développement de la reconnaissance faciale, tels sont les thèmes de ce troisième opus où les Russes dominent largement la situation. L'ampleur des progrès technologiques effectués par les grandes puissances et les conséquences qu'ils entraînent font froid dans le dos.Quant à notre héros, il gagne en épaisseur, nous dévoile ses failles, et fait preuve d'une audace sans limites qui finit par payer.
Alors, Nicolas Ostermann va t-‘il prendre sa retraite ou reviendra t-‘il un jour pour de nouvelles aventures? le mystère reste entier.
« Son entretien trente-six heures plus tôt avec Vladimir Ustinovich l'avait fait frissonner intérieurement. Lui, l'espion français qui avait tout vu, tout entendu, commis toutes les transgressions avait été remis à sa place par les services russes sans avoir rien vu venir… Jamais, dans sa vie d'espion ou sa vie d'homme, il n'avait eu le sentiment d'avoir à ce point échoué, d'avoir à ce point été rappelé à sa condition… Nicolas Ostermann avait donc décidé d'accepter son échec, et surtout, de ne plus y penser. Après tout, la vie d'espion, c'était sa vie d'avant. L'avenir était à l'écriture de romans, voire à l'édition d'auteurs dont le talent lui semblait devoir être connu et partagé par le plus grand nombre. C'est ainsi du moins qu'il formulait la mission d'un éditeur.