La disparue du père Lachaise

j'ai bien aimé cet épisode des enquêtes de Victor Legris. j'ai déjà lu plusieurs autres volumes, et j'ai apprécié de faire davantage connaissance avec les personnages récurrents; il y a moins de longs paragraphes énumérant les rues de Paris; non que cela ne soit pas intéressant, mais bon, il faut que ça soit bien amené; parfois j'aimerais que le livre propose des plans du Paris de cette fin de siècle.
cette fois-ci, le thème proposé est la vogue du spiritisme, la construction du canal de Panama, l'épidémie d'influenza... bref, avec en fond de toile la vie des rapins et celle des domestiques, on brasse un peu toute la société citadine et c'est ma foi un sacré voyage dans les racines de notre siècle à nous.

Après avoir découvert cet été la première enquête de Victor Legris de Claude IZNER (merci Mesdames !), je viens de finir « La disparue du Père-Lachaise » qui se passe moins d'un an après « Mystère rue des Saints-Pères ».

Toujours sur la brèche lors d'un inventaire ou une bonne affaire pour approvisionner la librairie, Victor se blottit à l'occasion dans les bras de Tasha, qui, entre deux poses pour des étudiants en peinture, essaie de gagner un peu d'argent pour monter sa propre expo. Un jour qu'il passe à la boutique, le libraire reçoit la visite de Denise, la bonne d'Odette de Valois une autre maîtresse un peu délaissée… La bonne lui apprend que “Madame” a disparu au cimetière et que la maison est sûrement hantée depuis la mort de “Monsieur”, et qu'elle ne sait plus ou aller… Victor un peu préoccupé, convainc Tasha de prêter sa chambre à Denise, et pendant ce temps elle viendra loger chez lui au dessus de la librairie (ben tiens !). Tasha accepte le marché pour une semaine tandis que Kengi Mori est à Londres. le lecteur sait évidemment ce qu'est devenue Odette de Valois, estourbie d'un coup sur la tête et halée vite fait sur une charrette qui traînait dans le cimetière. La suite à vous de la découvrir.

La préface se déroulant dans les forêts humides de Panama, en pleine construction (ou presque) du canal, est intéressante et un peu perfide, car elle instille des idées au lecteur (du moins le croit-il) sur ce qui va arriver. Dès lors des pistes improbables font leur chemin dans l'esprit de ce dernier, et pendant tout le récit vont laisser planer le doute quant à la résolution du mystère. Menée tambour battant par Victor et Joseph, son second à la librairie, l'enquête virevolte d'un coin de Paris à un autre pendant que des intrigues parallèles se nouent avec de nouveaux personnages hauts en couleurs comme la belle Ninon, le père Moscou ou les aubergistes du quartier latin. le style de l'auteur est maintenant bien rôdé et les personnages principaux étant connus des lecteurs, le récit est beaucoup plus rapide et laisse davantage de place aux descriptions magnifiques de Paris, 20 ans après les transformations du Baron Haussmann, ses quartiers, ses monuments, debout ou voués à la destruction, lesquels deviennent le cadre de péripéties plus ou moins macabres…
Au coeur de l'intrigue vient se nicher la mode du spiritisme très en vogue à l'époque et fort prisée d'auteurs célèbres comme Victor Hugo ou Arthur Conan Doyle. À noter cette fois-ci à propos de personnages célèbres, l'évocation de Georges Méliès ou d'Anatole France. Il y aurait encore beaucoup à dire sur ce deuxième épisode des aventures de Victor Legris, mais le mieux est encore que vous le lisiez vous-mêmes.