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Citations sur Paysages avec figures absentes (38)

Longer le pré aujourd'hui m'encourage, m'égaie. C'est plein de coquelicots parmi les herbes folles.
Rouge, rouge ! Ce n'est pas du feu, encore moins du sang. C'est bien trop gai, trop léger pour cela.
Ne dirait-on pas autant de petits drapeaux à peine attachés à leur hampe, de cocardes que peu de vent suffirait à faire envoler ? ou de bouts de papier de soie jetés au cent pour vous convier à une fête, à la fête de mai ?
Fête de l'herbe, fête des prés.
Mille rouges, dix mille, et du plus vif, tant ils sont brefs ! Gaspillés pour la gloire de mai.
Toutes ces robes transparentes ou presque, mal agrafées, vite, vite ! dimanche est court ....
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Peut il y avoir une lumière née du soleil et de l'usure.
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En hommage à Philippe Jaccottet, décédé le 24 février 2021

Mon regard touche à sa limite :
où la course de l'eau dans l'herbe
à des roseaux s'ouvre en écume.

Souffle du vent dans l'herbe
tu peux cribler de flèches cette cible
tu la traverses, tu ne l'atteins pas.

Courez, eaux grises, tout le jour
vers la frontière de roseaux :
elle ne sera pas franchie.

Cours, clair regard, à la barrière,
surprends l'écume :
seul fleurit l'inaccessible.





(p. 69)
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Soir
     
... Ailleurs est dite par les prés une parole encore plus lointaine et merveilleuse : dans ces sortes d’enclos où veille un seul peuplier, où quelque mûriers s’arrondissent, où j’aperçois encore une dizaine de moutons groupés, à contre-jour, bientôt dans l’ombre. Qu’est-ce qui accorde si parfaitement ces quelques bêtes à l’herbe haute et à l’huile du soir ? Là-bas, dans le lointain, que signifie ce groupe serré, silencieux, à peu près immobile ? […] presque éternelles et presque absentes, amies de la terre nue, de la poussière et des pierres — et telles que si le seul bélier qu’elles suivent vraiment était la lune. Vieilles comme les pierres, elles-mêmes pierres laineuses, ou antiques outres laineuses pressées les unes contre les autres, usées, farouches, cachées par la poussière que leur trottinement soulève, immémoriales …
     
Mais ce soir, c’est autre chose : quand elles sont arrêtées en groupe, en cercle, dans les herbes, entre le vert et l’or d’un pré qui peu à peu s’assombrit. Ce serait plutôt, juste encore visible avant la nuit, comme à la lueur jaune d’une bougie, une sorte de concile chuchotant, de conseil occupé d’on ne sait quel souci. Bêtes dorées par la flamme invisible, tandis que la cire s’épanche et bientôt blanchira au bord du ciel, recevant sur leur front étroit, osseux (presque un crâne déjà) l’huile sainte du crépuscule, l’onction solaire, dans cet enclos bordé d’arbustes. Autour d’elles, qui les garde et les situe, il y a moins une barrière ou une haie qu’un autre cercle, une autre assemblée plus large de feuillage dont l’ombre se creuse, une enceinte qui, plutôt qu’elle ne les enferme, en frissonnant doucement fraie un passage à l’obscur — et, à cause de la fraîcheur, on imagine que c’est la nuit qui monte d’en bas, non la nuit cruelle dont le vide est angoisse sans fond, mais la diaphane, l’arbre veiné d’argent — tandis que les bêtes se serrent au centre encore éclairé, dans ce dernier sursis du jour. De loin, on ne peut deviner ce qu’elles font, si elles broutent, si quelqu’une bêle, si elles écoutent ou attendent. Peu importe. Gardées par l’effusion des profondeurs, dans cette boucle scintillante et fraîche de la nuit imminente, encore aidées par la flamme d’une chandelle que nul ne tient, on les dirait toutes ensemble occupées à épeler tout bas les mots « herbe », « terre », « pacage » ; à moins que ce ne soit « paix infinie », « paix souveraine », « tranquillité dans le centre à jamais ». Dernière leçon dans l’école bocagère, vêpres d’étable dans ces replis des campagnes : la leçon dite et entendue, voici la flamme soufflée, et le doux trait du sommeil fiché en plein coeur de toutes choses.
     
pp. 98-100.
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En hommage à Philippe Jaccottet, décédé le 24 février 2021


Eau, défroisse tes pétales !
Paille, écume
Eau qui écumes contre ce mur de paille !

...

Contre cette cloison de paille
eau bienheureuse, tu t'ouvres
tu te changes en plume !

(p. 64)
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C'est le tout à fait simple qui est impossible à dire.
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On marche, on se rapproche, on s'arrête. Personne toujours. Nul qui ouvre la porte des forêts. Tout a-t-il cessé de vivre ? Alors, il apparaît qu'il n'est pas un de ces roseaux qui ne bouge. Un chuchotement rapide passe de l'un à l'autre, un peu plus haut que le sol ; au-dessus, des cris épars d'oiseaux que l'on devine, que l'on perd de vue. Entre le ciel et ses reflets. Rien que l'espace, presque immobile, et au milieu ce murmure, éternel.


(p. 91)
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Je n’ai fait que passer, accueillir. J’ai vu ces choses, qui elles-mêmes, plus vite ou au contraire plus lentement qu’une vie d’homme, passent.
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Ces choses, herbes et fleurs, ces coloris, cette foule, entr'aperçus par hasard, en passant, au milieu d'un plus vaste et vague ensemble,
herbes et coquelicots croisant mes pas, ma vie,
pré de mai dans mes yeux, fleurs dans un regard, rencontrant une pensée,
éclats rouges, ou jaunes, ou bleus, se mêlant à des rêveries,
herbes, coquelicots, terre, bleuets, et ces pas entre des milliers de pas, ce jour entre des milliers de jours.
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L'aube n'est pas autre chose que ce qui se prépare, encore pur, à brûler; l'aube est celle qui dit:"attends encore un peu et je m'enflamme"; le bourgeon de quelque incendie.
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