Cela faisait un petit moment que je ne m'étais pas plongée dans la saga Alex Verus. Il faut dire que comme les éditions
Anne Carrière ont décidé de ne plus traduire les aventures du mage devin... j'étais un peu frileuse de me plonger dans les six derniers tomes dans la langue de
Shakespeare. Six c'est beaucoup. Même si je maîtrise assez bien l'anglais, je ne suis pas fluent et je me suis rendue compte que j'appréciais un peu moins mes lectures pour le coup quand je lisais en VO. Mais j'avais envie de savoir, parce que jusqu'ici, j'avais beaucoup aimé l'oeuvre de
Benedict Jacka.
Première chose : le niveau d'anglais. Franchement, je n'ai pas trouvé de difficulté à lire Burned. Je progresse moins vite qu'en français, mais j'ai trouvé que le style de
Benedict Jacka était fluide et facile à assimiler. Il y a deux trois mots que je n'ai pas saisi mais avec le contexte, cela n'a pas eu d'importance. Donc un bon point pour moi, car cela me conforte à lire la suite ! Surtout que ce tome sept était plus qu'épique. Moi qui croyais que l'on avait déjà eu notre lot de tension au maximum... L'auteur a visiblement de quoi nous faire frôler la crise cardiaque encore pendant un moment. Les romanciers sont sadiques, ça on le savait déjà. Donc si comme moi vous voulez poursuivre l'aventure en VO, je pense vraiment que c'est à la portée du plus grand nombre. Comme c'est le septième tome, nous avons déjà le vocabulaire et une bonne vue d'ensemble de l'univers pour ne pas être perdu.
La dernière fois qu'Alex a été autant acculé, il avait à ses trousses une bande de jeunes magiciens qui voulait se venger et n'avait absolument aucune limite. Là, notre devin a affaire à des mages de son âge, avec de l'expérience et surtout avec une floppée de politiciens pour les soutenir. Angoissant ? Non, qu'allez-vous chercher là ? Une vraie partie de plaisir... du genre à tenir ma liseuse un chouia trop fort parce que chaque page tournée faisait monter crescendo la tension, et lorsqu'on pensait pouvoir souffler un peu : BAM ! de la torture, je vous dis ! Et franchement, ce n'est pas du tout le genre d'ambiance que j'apprécie dans mes lectures. Voir notre héros pris au piège dans cette toile d'enjeux politiques et de jeux de pouvoir... Non, vraiment, c'était tout sauf amusant. J'entends bien que tout ce qui se passe dans Burned a un objectif, et que rien n'est fait au hasard, mais je me dis que notre pauvre Alex a déjà tellement morflé depuis le début. Et puis je déteste l'injustice. Parce que clairement, il fait tout pour vivre sa petite vie pénard. Depuis qu'il a quitté Richard, il fait tout pour ne pas faire de vagues et surtout pour qu'on arrête de le voir comme un mage noir. Mais non. On le pousse chaque fois dans ses retranchements. Il ne faut pas ensuite s'étonner qu'il se défende. Et il y a aussi tellement d'hypocrisie de la part du Conseil. Ce sont les premiers à la jouer de façon sale et à franchir la ligne rouge... Même ici, ils soupçonnent tous qu'Alex va rejoindre Richard alors qu'il n'y a aucune preuve. Malgré sa bonne foi, le nombre incalculable de missions qu'il a effectué avec succès pour le Conseil... Non, on reste sur des préjugés et on tire avant de poser des questions.
De quoi franchement mettre le lecteur bien en rogne. Et les jeux psychologiques qui se mettent en place sont aussi intéressants que frustrants. On a vu Alex tellement évoluer depuis le départ. S'ouvrir aux autres, choisir une ligne de conduite, essayer de faire le bien à son échelle, se battre contre ce système pourri... Et presque tout vole en éclats. On se rend compte que sa vie est fragile comme tout ce qu'il a construit. Ses amis et les gens en qui il peut avoir confiance s'amenuisent. Et le voir essayer de maintenir sa tête hors de l'eau, tout en continuant à faire ce qui est juste, pour ensuite en arriver là... En soit les mages de la lumière conduisent Alex à aller exactement là où ils ne le voulaient pas. Si la situation n'était pas aussi dramatique, je trouverai cela assez drôle. Et il y a de l'ironie partout, car un devin qui ne maîtrise pas son destin... Mais l'ensemble est tellement bien mené. C'est révoltant et en même temps, voir toutes les ficelles de l'intrigue, les pièces du puzzle se mettre en place, entrevoir la vision d'ensemble de tout cela. Je dis chapeau. Et
Benedict Jacka arrive tellement bien à nous faire ressentir toutes ses émotions et à nous impliquer dans l'histoire d'Alex Verus qu'il est difficile de ne pas aimer Burned.
Un tome sept dès plus intéressants à de nombreux niveaux. Nos héros sont poussés dans leurs retranchements, et ils doivent faire des choix. le groupe reste ultra soudé, mais les derniers événements seront un challenge de poids à relever. C'est grisant, angoissant à souhait, et encore une fois, j'adore l'exploitation du don d'Alex qui ouvre vraiment beaucoup de possibilité comme sa personnalité toute en nuances. Je pense que je ne mettrais pas longtemps à me plonger dans la suite.