Gani Jakupi nous plonge au coeur de la révolution cubaine s'opposant au régime mis en place depuis 1902 et représenté par Fulgencio Batista. Si l'Histoire a principalement retenu les noms de
Fidel Castro et de
Che Guevara, d'autres visages se sont singularisés dans l'action par leur détermination et leur courage. L'occasion de revenir sur la personnalité de William Alexander Morgan, ancien soldat Yankee ayant rejoint les rangs des opposants à la dictature par conviction et idéalisme. Déçu après la victoire de 1959, il a émis de nettes réserves concernant le nouveau système mis en place par ses compagnons de route. Afin de couper court à ses diatribes, Castro l'a fait fusiller pour trahison. Une victime de plus à épingler parmi les milliers de morts, victimes d'une purge impeccablement orchestrée par le nouveau pouvoir. Dès lors,
Fidel Castro a annoncé qu'il identifiait son régime au communisme. Naturellement, un peu partout, un grand nombre d'intellectuels tiers-mondistes ont défendu la Révolution cubaine et le castriste sans réserve, même si certains ont déchanté par la suite. Pour brosser le portrait de Morgan, l'auteur s'est rendu à La Havane, en passant par Barcelone et Toledo, et s'est efforcé de retrouver des témoins dont Olga, la veuve de William Alexander, et de nombreux guérilleros. Au fil de ses entretiens, il a accumulé une manne, dont il s'est servi au moment de rédiger son ouvrage, faisant sortir des ténèbres une ombre oubliée des manuels scolaires pour parler du quotidien des soldats sans uniforme, de leur état d'esprit et de tous les sacrifices consentis pour accéder aux marches du palais présidentiel. Evidemment, un large pan de Cuba émerge de moult détails qui font entrer les récits individuels dans le projet collectif. Tout simplement passionnant !