La maison natale
et autres nouvelles (6)
Henry James (1903)
traduit de l'anglais par
Louise Servicen (1972)
Denoêl (302p)
James est un classique, on le sait, on l'aborde donc avec crainte et déférence. Ce sont les dernières nouvelles de James (1843-1916) né aux Etats-Unis et naturalisé Anglais à la fin de sa vie, dont les influences furent
Balzac,
Flaubert et
Tourguéniev. C'est donc ce qu'on peut appeler un réaliste, mais aussi un moderniste dans la mesure où il a marqué fortement les écrivains qui venaient après lui.
Joseph Conrad a fait un bel éloge de son talent d'écrivain.
Les personnages de ces nouvelles sont des domestiques, des aventuriers américains, des mères et leurs fils, des écrivains dont l'un est sans doute un double de James pour qui l'écrivain, dont l'ambition est de faire de son oeuvre une oeuvre d'art, est d'abord un homme qui doute.
Si l'histoire est simple, presque sans actions, sa composition et son avancée sont plus complexes. On sent les choses venir, mais on se demande dans quel sens elles vont tourner. Les dialogues sont très travaillés, aidant à comprendre locuteur et interlocuteur, et parfois l'un des personnages fait comprendre à l'autre ce que ce dernier est véritablement, fait sentir aussi comment les Anglais voient les Américains. C'est dit sans être dit, c'est subtil, ironique, voire satirique. C'est intelligent.James explore la conscience, voit le dessous des choses, sait lire
le motif dans le tapis. Il montre également aux lecteurs comment vivent certaines classes sociales. Une misogynie certaine perce chez James.
le choix du narrateur est important. Tout sera dit à partir de son point de vue.
La lecture de ces nouvelles est intéressante, et même plaisante, mais je suis persuadée qu'une relecture accentue l'intérêt et le plaisir.