Une mort esthétique

Le monde est un lieu magnifique et terrible. Des actes d'horreur s'y commettent à chaque instant et pour finir, ceux que nous aimons meurent. La défense peut paraître frêle face aux horreurs du monde, mais nous devons nous y cramponner et y croire, car c'est tout ce que nous avons.

C'est une erreur de vivre jusqu'à l'âge où, le matin, on n'accueille plus la lumière avec joie et soulagement, mais avec déception et avec un sentiment qui ressemble fort au désespoir.

La réaction de son père lorsqu'il lui avait annoncé son choix professionnel n'en était pas, il le soupçonnait, à sa première déclamation. "Lorsqu'on choisit un métier, il n'y a que deux choses importantes : il faut qu'il favorise le bonheur et le bien-être d'autrui tout en t'apportant de la satisfaction.

Le gouvernement, qui prétend vouloir que cinquante pour cent d'une classe d'âge fréquente l'Université et qui, en même temps, fait tout pour qu'il y ait quarante pour cent d'illettrés à la sortie du lycée, vit dans un monde imaginaire.

Les colères d'enfants peuvent être terribles. Si un petit de quatre ans déchaîné avait une arme à feu et la force de s'en servir, combien de familles seraient encore intactes ?

Il arrive que le médecin ne vienne pas quand on l'appelle - l'entrepreneur de pompes funèbres, lui, vient toujours.

Il avait remarqué qu'en prenant de l'âge, les hommes remarquables tendaient à accentuer les excentricités de leur jeunesse et de leur maturité, comme si ces bizarreries volontaires étaient une défense contre l'épuisement des forces physiques et mentales, contre l'écrasement amorphe du moi dans ses dernières années.

Elle pensa: Le monde est un lieu magnifique et terrible. Des actes d'horreur s'y commettent à chaque instant et pour finir, ceux que nous aimons meurent. Si les cris de toutes les créatures vivantes de la terre se rassemblaient en un unique hurlement de douleur, il ébranlerait sûrement les étoiles. Mais nous avons l'amour. La défense peut paraître frêle face aux horreurs du monde, mais nous devons nous y cramponner et y croire car c'est tout ce que nous avons.

Le professeur Glenister sortit des gants chirurgicaux de sa sacoche de cuir et effleura le visage de Gradwyn, puis son cou et ses bras [...]
Elle se tourna vers Benton : "La rigidité cadavérique n'a certainement plus aucun secret pour vous inspecteur?
- Non docteur. Je sais quelle se manifeste d'abord au niveau des paupières environ 3h après la mort, avant de s'étendre au visage et au cou, de là au thorax et finalement au tronc et au membres inférieurs. La raideur est généralement complète en 12h environ et commence à disparaitre en sens inverse approximativement au bout de 36h.
- Pensez-vous que la rigidité cadavérique permette d'estimer avec certitude l'heure de la mort?
- Pas avec une entière certitude.
- Je dirais plutôt sans aucune certitude. D'autres facteurs peuvent intervenir, comme la température de la pièce, la condition musculaire du sujet, les causes de la mort.....

[...] ... Il prit la parole : "En 2002, Rhoda Gradwyn a écrit, pour la Paternoster Review, un article sur le plagiat dans lequel elle s'en prenait à un jeune écrivain, Annabel Skelton, qui s'est suicidée par la suite. Quelles relations entreteniez-vous avec Annabel Skelton ?"

Les yeux de Candace Westhall se posèrent sur lui, glacés d'antipathie et, lui sembla-t-il, de mépris. Il y eut un bref silence dans lequel l'animosité qui émanait d'elle sembla crépiter comme un courant électrique. Sans détourner le regard, elle répondit : "Annabel Skelton était mon amie. Si je vous disais que je l'aimais, vous vous méprendriez sur une relation que j'aurais bien peine, je le crains, à vous faire comprendre. Aujourd'hui, toutes les amitiés semblent se résumer à des questions de sexualité. Elle était mon étudiante, mais son vrai talent la portait vers l'écriture, pas vers les lettres classiques. Je l'ai encouragée à écrire son premier roman et à le soumettre à des éditeurs.

- Saviez-vous alors que certains passages étaient plagiés ?

- Me demandez-vous, commandant, si elle me l'avait dit ?

- Non, Miss Westhall, je vous demande si vous le saviez.

- Je ne le savais pas avant d'avoir lu l'article de Gradwyn." ... [...]