Citations sur Le réveil des sorcières (35)
La vengeance dévore celui qui cherche à l’assouvir bien plus sûrement que la cible qui le poursuit.
On a longtemps cru que les écrivains aimaient les chats pour accompagner leur solitude créatrice, il semblerait que ce soit le contraire. Les chats recherchent ce flow qui les apaise. Or nous tendons à aimer ceux qui nous aiment.
C’est souvent comme ça avec les gosses. On croit qu’ils comprennent rien et ne font pas attention, mais ce qu’ils perçoivent, c’est comme l’humidité, ça leur rentre sous la peau.
La sorcellerie n’est pas autre chose que ça, une image projetée avec une intention si forte qu’elle devient réalité. Les mots, lors des rituels, servent à ancrer les images, à leur donner corps.
Il en va de même pour l’écrivain. Pour écrire de la fiction, il faut voir. Voir soi-même, donner à voir aux lecteurs.
Être mère, c'est l'art de l'attente. Épouser le rythme d'un enfant au détriment du sien propre. Égrener les minutes et les heures, il est invité à un anniversaire, il a cours de solfège, il rentre dans deux jours de colonie de vacances.
Et nous attendons, avec bonheur, anxiété, ennui ou impatience. Attendre quelque chose de lui... aussi.
C'est la contrepartie inconsciente. Et proportionnelle.
Avant de m'intéresser de près au monde de la sorcellerie, je connaissais, comme tout un chacun, les chapitres noirs de l'Inquisition. Ces milliers de femmes noyées, brûlées, torturées parce qu'on leur prêtait des accointances avec le malin alors que, pour l'immense majorité d'entre elles, elles se contentaient de soulager les maux des paysans, mettre au monde leurs enfants et accompagner les femmes à travers les métamorphoses de l'âge. J'ai longtemps cru qu'elles avaient été victimes de la crédulité et de la bêtise des religieux. Que la chasse aux sorcières les avait prises dans ses filets alors qu'elles n'étaient pas directement des proies. C'est moi qui étais crédule. Au contraire, ces femmes étaient personnellement visées. Car elles mettaient en danger la puissance de Dieu qui a seul pouvoir de vie, de mort, de châtiment ou de guérison. La compétence de ces femmes défiait Dieu. Cela a été pour moi une surprise. Il m'a fallu creuser le sujet pour me convaincre que l'écrasement des femmes par la religion (quelle qu'elle soit) n'était pas fortuite, elle ne relevait pas d'une simple division des tâches qui aurait mal tourné. Il s'agissait d'une volonté délibérée des hommes de confisquer le pouvoir.
Vouloir connaître l'avenir, c'est se rendre prisonnier.
Les mots annonçant la mort figent le temps, emprisonnent les gestes, les sensations, le langage dans une masse compacte, gluante, qui vient s'accrocher au souvenir. Le cadre, les sensations de l'instant, la journée qui va suivre, assortie de menus détails qui, d'ordinaire, s'envolent vers l'oubli, tout cela va stagner dans la mémoire, comme autant de gouttes indissociables du malheur qui formeront ce marais répugnant, prêt à surgir tout entier à la moindre évocation.
Être mère, c'est l'art de l'attente. Épouser le rythme d'un enfant au détriment du sien propre. Égrener les minutes et les heures, il est invité à un anniversaire, il a cours de solfège, il rentre dans deux jours de colonie de vacances.
Et nous attendons avec bonheur , anxiété, ennui ou impatience. Attendre quelque chose de lui... aussi.
C'est la contrepartie inconsciente.Et proportionnelle.(p.298)
Certains morts ne passent pas. Tant et tant de romans pour trouver l’apa. À moins que ce ne soit l’œuvre du temps en soi, les livres n’étant que le marqueur de tout ce par quoi il a fallu passer avant d’y parvenir.