La ligne droite n'est pas si courte que cela et le temps perdu est quelquefois le mieux employé
Le mensonge est une lourdeur ; il attache une pierre au cou de sa victime pour la noyer ; au lieu que l'ironie tend la perche à celui qu'elle égare.
On peut appeler "la conscience" une ironie naissante, un sourire de l'esprit.
Le sérieux est essentiellement fragile.
La pudeur est cette précaution de l'âme qui ménage les transitions.
L'ironie développe en nous la conviction suivante: le tout est aussi nécessaire que le détail est contingent.
Hélas ! pourquoi ne peut-on à la fois être raisonnable et ardent ?
L’ironie est un appel qu’il faut entendre ; un appel qui nous dit : complétez vous-même, rectifiez vous-même, jugez par vous-même. Pour les sceptiques, le partenaire est simplement un adversaire qu’il faut réduire au silence : seule l’ironie socratique a connu l’interlocuteur dans l’amitié du dialogue. Car l’ironie fait parler. L’ironie délie les langues (...)
L’ironie, sous peine de naufrage, doit ainsi louvoyer périlleusement entre la Charybde du jeu et la Scylla du sérieux (...)
Car le but de l’ironie n’était pas de nous laisser macérer dans le vinaigre des sarcasmes ni, ayant massacré tous les fantoches, d’en dresser un autre à la place, mais de restaurer ce sans quoi l’ironie ne serait même pas ironique : un esprit innocent et un cœur inspiré.
Les bonnes âmes malfaisantes ne seront pas tranquilles tant qu'il y aura des ironistes pour crier à tue-tête leur vrai nom et pour les envoyer au diable, eux, leurs postiches, leurs momeries et leur rhétorique en carton. Que l'ironie est donc indiscrète ! On ne peut même plus s'enrichir vertueusement sans qu'elle vous épie.
L'athéisme est plus près de la foi que l'indifférence.