A cause des rois de France, de Saint Louis, peut-être.
Je trouvais que c'était joli et classique, Louis.
Que ça annonçait un joli destin.Un Louis ne pourrait que sortir de la mouise de Menglazeg, tandis qu'un Eddy ou un Johnny ou un Dick, ça sonnait vieux loubard et mec ringard plombé à la dope et voué à l'éternel chômedu.
Les gentils, c'est des boeufs qui se laissent mener à l'abattoir.
Sylviane face aux collègues de la brigade de recherche, face au procureur, face à son avocat selon la tournure que prendront les événements, et obligés de répéter son histoire, et forcée de revivre son cauchemar, à l'infini, da viken, comme on peut le lire sur les tombes, en breton, une langue qui a trois mots différents pour dire "jamais".
L'un pour jamais dans le passé, l'un pour jamais dans le présent, et da viken, pour jamais dans le futur.
Des vies souillées. A jamais, pour toujours.
Une constante, à la campagne, les enquêtes de voisinage vite bouclées. Suffit d'écouter déblatérer les vieilles pies. Pour ça, les gendarmes, issus du terroir, sont mieux placés que les flics, souvent étrangers au pays. Les gendarmes suscitent les confidences, qui ne sont souvent que des commérages.
A une demi-heure de voiture des stations balnéaires de Cornouaille, à proximité des voies express, des gares et des aéroports encombrés, toute leur vie Martial et Léontine étaient restés à l'écart de la société d'abondance, de gaspillage et de crédit facile. Bien avant de le quitter, depuis longtemps réduits à l'état de concept sociologique aberrant, ils n'étaient déjà plus de ce monde.
Pendant quelques mois ils vécurent sous le même toit,mais l'un à côté de l'autre. Martial tolérait son fils comme il aurait toléré la présence d'un chien qui n'aboie jamais et vit caché sous la table.
On devrait toujours songer que sous chaque pierre tombale reposent des destins insoupçonnés.
On devrait toujours songer que sous chaque pierre tombale reposent des destins insoupçonnés
Ils sirotèrent leur grog en savourant cette sérénité des couples heureux qui envisagent la mort comme la continuation en commun d'un éternel présent.
Il est revenu, mais il m'a pas épousée.
Et maintenant, rideau !
Je pense plus à rien.
A RIEN !
Si quelqu'un a quelque chose contre, qu'il vienne me le dire en face.
Je lui cracherai à la gueule.
Je luis cracherai à la gueule ma vie de merde, ma misère, ma douleur, mon chagrin, mon désespoir.
A travers le toit de la 4L des gendarmes, la pluie fait toc-toc-toc dans ma tête.
JE PENSE PLUS A RIEN !
J'attends l'arrivée de tout le bazar, projos, plongeurs, dépanneuse, plus une ambulance, au cas où.
Au cas où, tu parles. Sûr qu'ils sont dedans, les pauvres petits.
PENSE PLUS A RIEN, JE TE DIS !
D'accord. J'écoute la pluie.
La pluie sur le toit de la 4L des gendarmes couvre le vacarme des mots dans ma tête.
Putain, ce que ça fait du bien, de plus penser à rien.