Mémoire de Cendres, tome 10 : Le bûcher

On le devinait depuis un moment : tout – et tout le monde – converge vers Montségur. Tous les personnages qui ont fait la grandeur de cette série beaucoup trop peu connue.
Héléna et son fils Sanche, Leila la femme de ce dernier, et maintenant sa fille, et puis Isarn le borgne et Corba, Guillaume le bâtisseur, Arnaud le précepteur, Jordan le compagnon et Rémy le fidèle allié. Et même le spectre de Bernard de Lorac.
Les derniers résistants sont acculés dans leur terrier sur le pog et les boulets des trébuchets ne leur laissent aucun répit. Les hommes et les femmes tombent et on se prend à craindre que tout finisse à Montségur, avec le bûcher des cathares que l'on sait inexorable tant Jarbinet ne prend pas L Histoire à la légère.
Encore une fois également, et c'est tellement crédible, tellement conforme à la réalité, le basculement s'opère à la suite d'un détail, d'un concours de circonstances : un blaireau gigote au pied d'une muraille, une sentinelle sursaute et fait tomber son arbalète, il sort par la poterne pour la récupérer, le chien d'une gamine sort à sa suite, la gamine poursuit son chien, des braves gens réveillés par le boucan veulent la rattraper... ça tient à si peu de chose, vraiment, hein ? Tout comme tuer des coupables ou épargner des innocents... Vraiment, le diable est dans les détails.
Le bûcher advient, bien sûr, le sud abdique et se rend à l'envahisseur, finalement.
Mais quelques-uns de nos héros survivront quand même parce que la vie, elle, n'abdique jamais.
Probablement l'une des meilleures séries de BD qu'il m'ait été donné de lire, dont la deuxième moitié, qui pourtant est encore meilleure que la première, n'existe plus qu'en numérique, je le redis une dernière fois car c'est grande pitié.

28 décembre 1243

Les troupes du roi de France assiègent le château de Montségur depuis déjà plus de sept mois.
La mise en action d'un trébuchet lançant des boulets de pierre qui arrivent sur les remparts des cathares semble sonner le glas des espoirs de ces derniers.

Boulet après boulet, les dégâts et pertes humaines s'alourdissent.
Pour répondre à ces attaques, Guillaume entreprend la construction d'une machine de jet, tout aussi capable d'envoyer des pierres sur les français et ce n'est pas ce qu'il manque sur la montagne.
Là aussi, le résultat est au rendez-vous et les projectiles sèment la terreur dans les rangs des catholiques.

En attendant, les assiégés de Montségur commencent à craindre une issue dramatique pour leur bastion, d'autant que les renforts promis par le comte Raymond de Toulouse, cousin d'Héléna, ne sont toujours pas arrivés.

À moins d'un miracle, les heures de Montségur et de ses occupants sont comptées....

La couverture du tome que j'ai lu arbore le sticker "Fin de Cycle"... Cela laissait supposer le début d'un autre cycle. 2007, date du tome 10 est déjà loin et on peut supposer qu'il n'y aura pas de suite à ce premier cycle. Dommage, sans doute, tant cette série possède de belles qualité.

Un petit faux pas... la couverture ne représente que le titre, le bûcher, mais ne représente aucune situation du tome lui-même.

Le bûcher, c'est celui de l'Inquisition qui se referme sur Monségur où se retranchent les derniers Cathares. A moins d'être une vraie brêle en Histoire, on sait comment tout se termine.

Nous sommes en 1243, soit 3 ans après le tome 9. Jarbinet boucle le tout avec cette ultime résistance, ces derniers retranchements, ces combats désespérés.

Jarbinet opère aussi une passation... Elena n'est plus vraiment le point central du récit. Leila est revenue vers Sanche, leur amour est beau, synonyme d'avenir, d'espoir. D'autant qu'il est concrétisé par une fille adorable. Sa disparition, sans doute aux mains des Inquisiteurs, va semer l'émoi dans la forteresse. La cause est perdue, mais l'amour perdure... voilà un message assez chouette au terme de 10 tomes de bruit, de fureur et de trahisons.

Et pour bien enfoncer le clou de la fin, la dernière planche se déroule en 1273, le mouvement cathare est alors bien loin derrière les protagonistes.