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Citations sur Gestes et opinions du Docteur Faustroll, pataphysicien (8)

DU PETIT NOMBRE DES ÉLUS
À travers l’espace feuilleté des vingt-sept pairs, Faustroll évoqua vers la troisième dimension :
De Baudelaire, le Silence d’Edgar Poë, en ayant soin de retraduire en grec la traduction de Baudelaire.
De Bergerac, l’arbre précieux auquel se métamorphosèrent, au pays du soleil, le rossignol-roi et ses sujets.
De Luc, le Calomniateur qui porta le Christ sur un lieu élevé.
De Bloy, les cochons noirs de la Mort, cortège de la Fiancée.
De Coleridge, l’arbalète du vieux marin et le squelette flot-tant du vaisseau, qui, déposé dans l’as, fut crible sur crible.
De Darien, les couronnes de diamant des perforatrices du Saint-Gothard.
De Desbordes-Valmore, le canard que déposa le bûcheron aux pieds des enfants, et les cinquante-trois arbres marqués à l’écorce.
D’Elskamp, les lièvres qui, courant sur les draps, devinrent des mains rondes et portèrent l’univers sphérique comme un fruit.
De Florian, le billet de loterie de Scapin.
Des Mille et Une Nuits, l’œil crevé par la queue du cheval volant du troisième Kalender, fils de roi.
De Grabbe, les treize compagnons tailleurs que massacra, à l’aurore, le baron Tual par l’ordre du chevalier de l’ordre pontifical du Mérite Civil, et la serviette qu’il se noua préalablement autour du cou.
De Kahn, un des timbres d’or des célestes orfèvreries.
De Lautréamont, le scarabée, beau comme le tremblement des mains dans l’alcoolisme, qui disparaissait à l’horizon.
De Maeterlinck, les lumières qu’entendit la première sœur aveugle.
De Mallarmé, le vierge, le vivace et le bel aujourd’hui.
De Mendès, le vent du nord qui, soufflant sur la verte mer, mêlait à son sel la sueur du forçat qui rama jusqu’à cent vingt ans.
De L’Odyssée, la marche joyeuse de l’irréprochable fils de Pélée, par la prairie d’asphodèles.
De Péladan, le reflet, au miroir du bouclier étamé de la cendre des ancêtres, du sacrilège massacre des sept planètes.
De Rabelais, les sonnettes auxquelles dansèrent les diables pendant la tempête.
De Rachilde, Cléopâtre.
De Régnier, la plaine saure où le centaure moderne s’ébroua.
De Rimbaud, les glaçons jetés par le vent de Dieu aux mares.
De Schwob, les bêtes écailleuses que mimait la blancheur des mains du lépreux.
D’Ubu roi, la cinquième lettre du premier mot du premier acte.
De Verhaeren, la croix faite par la bêche aux quatre fronts des horizons.
De Verlaine, des voix asymptotes à la mort.
De Verne, les deux lieues et demie d’écorce terrestre.

Cependant, René-Isidore Panmuphle, huissier, commençait de lire le manuscrit de Faustroll dans une obscurité pro-fonde, évoquant l’encre inapparente de sulfate de quinine aux invisibles rayons infra-rouges d’un spectre enfermé quant à ses autres couleurs dans une boîte opaque ; jusqu’à ce qu’il fût in-terrompu par la présentation du troisième voyageur.
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Il est vraisemblable que vous n’avez aucune notion, Panmuphle, huissier porteur de pièces, de la capillarité, de la tension superficielle, ni des membranes sans pesanteur, hyperboles équilatères, surfaces de nulle courbure, non plus généralement que la pellicule élastique qui est l’épiderme de l’eau.
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SPÉCULATIONS


Cercle vicieux :
Le Président n’obéit point à la température, mais à la pesanteur.
Il oscille, tel un pendule, de ci et de là avec Paris pour centre.
Ceci explique qu’un balancement l’ait envoyé en Algérie et que l’élan du
retour le rejette, brûlant sa bonne métropole, jusqu’à Londres.
On se rappelle l’expérience de Foucault, au Panthéon.
Le pendule passe par un tas de points qui n’avaient pas été prévus dans
son premier itinéraire.
Et voilà pourquoi la terre tourne.
La tête de l’observateur tournerait à moins.
Il est grandiose de renouveler l’expérience de Foucault avec un Président de
République.
Il passe, au cours de ses oscillations, par toutes les capitales.

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Autre similitude : comme le pendule, ou la pendule, le Président ne marche
que pendant un temps donné.
Après, il s’arrête, et on le remonte, ou c’en est un autre.

p.312-313
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Mon crible flotte donc, à la manière d’un bateau, et peut
être chargé sans couler à fond. Bien plus, il possède sur les bateaux ordinaires cette supériorité, m’a fait remarquer mon savant ami C.-V. Boys, qu’on peut y laisser tomber un filet d’eau sans le submerger. Que j’expulse mes urates ou qu’une lame embarque, le liquide passe à travers les mailles et rejoint les lames extérieures.
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Le homard et la boîte de corned-beef que portait
le docteur Faustroll en sautoir.
FABLE
À A.-F. Hérold.
Une boîte de corned-beef, enchaînée comme une lorgnette,
Vit passer un homard qui lui ressemblait fraternellement.
Il se cuirassait d’une carapace dure
Sur laquelle était écrit qu’à l’intérieur, comme elle, il était sans arêtes,
(Boneless and economical) ;
Et sous sa queue repliée
Il cachait vraisemblablement une clé destinée à l’ouvrir.
Frappé d’amour, le corned-beef sédentaire
Déclara à la petite boîte automobile de conserves vivante
Que si elle consentait à s’acclimater,
Près de lui, aux devantures terrestres,
Elle serait décorée de plusieurs médailles d’or.

— Ha ha, » médita Bosse-de-Nage, mais il ne développa pas ses idées d’une façon plus complète.

Et Faustroll interrompit la frivolité des propos par un grand discours.
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Pourquoi n'organise-t-on jamais de courses de Présidents de Républiques ?
Quelle édification des masses ? Et quelle attraction pour un music-hall ?


p.313-314
EXTRAIT : SPÉCULATIONS
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Le docteur Faustroll naquit en Circassie, en 1898 (le XXe siècle avait (– 2) ans), et à l’âge de soixante-trois ans. À cet âge-là, lequel il conserva toute sa vie, le docteur Faustroll était un homme de taille moyenne, soit pour être exactement véridique, de (8 x 1010 + 109 + 4 x 108 + 5 x 106) diamètres d’atomes ; de peau jaune d’or, au visage glabre, sauf des moustaches vert de mer, telles que les portait le roi Saleh ; les cheveux alternativement, poil par poil, blond cendré et très noir, ambiguïté auburnienne changeante avec l’heure du soleil ; les yeux, deux capsules de simple encre à écrire, préparée comme l’eau-de-vie de Dantzick, avec des spermatozoïdes d’or dedans. Il était imberbe, sauf ses moustaches, par l’emploi bien entendu des microbes de la calvitie, saturant sa peau des aines aux paupières, et qui lui rongeaient tous les bulbes, sans que Faustroll eût à craindre la chute de sa chevelure ni de ces cils, car ils ne s’attaquent qu’aux cheveux jeunes. Des aines aux pieds par contraste, il s’engainait dans un satyrique pelage noir, car il était homme plus qu’il n’est de bienséance.
Ce matin-là, il prit son ponge-bath quotidien, qui fut d’un papier peint en deux tons par Maurice Denis, des trains rampant le long de spirales ; dès longtemps il avait substitué à l’eau une tapisserie de saison, de mode ou de son caprice.
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[Le singe Bosse-de-nage] le plus souvent (...) proférait un monosyllabe tautologique:
"Ha! Ha!" disait-il en français; et il n'ajoutait rien d'avantage.
Ce personnage sera fort utile au cours de ce livre, en guise de halte aux intervalles des trop longs discours: comme en use Victor Hugo (Les Burgraves, partie I, sc. II):

Est-ce tout?
- Non, écoutez encore:

et Platon en divers endroit: (...)
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