Sous la supervision de Pierre-Yves Ruff, cet ouvrage regroupe quelques discours essentiels prononcés par
Jean Jaurès entre 1903 et 1914.
Le « Discours à la jeunesse » prononcé à Albi en 1903 fut l'occasion pour
Jean Jaurès d'expliquer pourquoi toute République authentique doit logiquement conduire au socialisme.
« Patriotisme et internationalisme », prononcé le 7 avril 1895, nous permet de comprendre sa conception de la nation et comment il envisage d'intégrer la nation dans le système mondial.
Jean Jaurès craint déjà les conséquences d'une mondialisation qui uniformiserait les nations et il réclame plutôt la construction d'une fédération au sein de laquelle chaque nation pourrait profiter des spécificités des autres, dans le respect de leur autonomie.
Impossible de ne pas parler non plus de l'engagement de
Jean Jaurès dans l'affaire Dreyfus et le soutien qu'il apporta à
Zola, pourtant vilipendé par le parti socialiste. On pourra lire sa déposition dans le Procès
Zola du 12 février 1898 et son intervention à la tribune de la Chambre pour l'affaire Dreyfus le 6 avril 1903.
Jean Jaurès soutint
Zola (qui soutenait lui-même Dreyfus) comme représentant du citoyen libre prenant le relais des pouvoirs légaux lorsque ceux-ci se montrent défaillants. le parti socialiste était inclus dans cette catégorie puisqu'une quinzaine seulement des membres du parti (sur une cinquantaine) soutinrent, et parfois faiblement,
Jean Jaurès.
« Ah ! je sais bien que M.
Zola est en train d'expier par des haines et des attaques passionnées ce noble service rendu au pays, et je sais aussi pourquoi certains hommes le haïssent et le poursuivent !
Ils poursuivent en lui l'homme qui a maintenu l'interprétation rationnelle et scientifique du miracle ; ils poursuivent en lui l'homme qui a annoncé, dans Germinal, l'éclosion d'une humanité nouvelle, la poussée du prolétariat misérable, germant des profondeurs de la souffrance et montant vers le soleil ; ils poursuivent en lui l'homme qui vient d'arracher l'Etat-major à cette irresponsabilité funeste et superbe où se préparent inconsciemment les désastres de la Patrie. »
Dans le cadre du débat contradictoire organisé à Lille en 1900 et qui l'opposa à Guesde, membre du Parti Ouvrier avec qui il se trouvait alors en conflit, on trouvera l'intervention argumentative de
Jean Jaurès opposant sa vision de la politique à celle de son ancien compagnon.
Enfin, on pourra lire son « Dernier discours » du 25 juillet 1914 (en réalité, le dernier discours réellement prononcé le fut le 29 juillet), apogée de ses convictions antimilitaristes et présage lucide de la Première Guerre Mondiale.
"La politique coloniale de la France, la politique sournoise de la Russie et la volonté brutale de l'Autriche ont contribué à créer l'état de choses horrible où nous sommes. L'Europe se débat comme dans un cauchemar. »
Ce recueil de discours se présente sous la forme la plus minimaliste qu'il soit. le néophyte le regrettera et devra accompagner sa lecture de nombreuses recherches pour arriver à reconstituer le contexte de leur émission. Ce livre semble donc s'adresser avant tout à ceux qui connaissent déjà bien le parcours de
Jean Jaurès. Pour les autres, un effort de compréhension sera requis, les discours présentés dans ce recueil ne frappant pas systématiquement par l'universalité des opinions antimilitaristes de
Jean Jaurès.