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4,52

sur 2493 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Bucefale, fieffé salopard, tu m'en auras fait tout voir avec le récit de ta médiocre vie : des complots ficelés, des intrigues politiques complexes, des personnages hauts en couleur, noirceur, magie et balafres, guerre, tortures et jurons à profusion. Intelligence et rebondissements jalonnent ton parcours un tantinet macabre. Humour noir et frissons nous agitent constamment.

Et malgré ta sale gueule et ton caractère renfrogné, on t'aime bien Bucefale. On a pitié de toi et on tremble pour tout ce que tu te prends dans la trogne, on est aussi en colère que toi pour tout ces types qui te trahissent et ne font que t'utiliser tel un pantin démantibulé. On adore aussi la plume grandiloquente et grossière de notre serviteur préféré. Tu es parfois un peu bavard mais comment s'en lasser avec tout ce que tu nous chantes ?

J'ai apprécié faire un bout de chemin avec toi, à vivre tes péripéties à travers tes mots et tes pensées pour le moins sombres et agitées. A la bonne heure camarade !
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J'ai commencé ce roman avec une impatience certaine et des attentes immenses. Car cela faisait déjà pas mal de temps que certains amis me l'avait conseillé avec force louanges, mais ne lisant plus qu'en numérique je me languissais de sa sortie sous ce format. Autant dire que dès que je l'ai vu apparaître dans la bibliothèque numérique des moutons électriques je me suis précipité sur ma carte bleue.

Et je me suis donc retrouvé dans la peau Don Benvenuto, sorte de Cyrano gouailleur et batailleur mais à la morale bien moins stricte, pour ne pas dire inexistante. Un Don Benvenuto qui commence par exécuter une sale besogne pour son employeur, qui va s'en sortir non sans quelques traces, mais réussira quand même à revenir vers sa ville de Ciudalia, une ville toute à son image, rude et haute en couleurs. Et le retour dans ce panier de crabes ne sera que le début d'une longue aventure que je vous laisserais le soin de découvrir.

Comme beaucoup l'on déjà dit avant moi, la première chose qui marque à la lecture, c'est la langue, d'une richesse et d'une vigueur inimaginable, et on ressort de chaque séance de lecture un peu pantelant et fatigué sous les assauts incessants de l'auteur. Si cette richesse est délectable et donne à ce roman toute son originalité, je dois reconnaître que sur la fin je commençais à la trouver un peu fatiguante, me sentant un peu usé par ses excès.

Ensuite, l'histoire, que je qualifierais d'uchronie historique, nous donne un roman d'aventure d'une trame relativement classique avec son lot de combats, de trahisons, ainsi qu'une forte dose de manoeuvres politiques plus retorses les unes que les autres, et dont notre héros sera l'électron plus ou moins libre.

Au final une excellente découverte, un roman à ne pas manquer et un auteur à suivre !
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Ah lala, mes aïeux quelle aventure !
Pour mon challenge de lecture 2023, je devais lire (entre autres) un roman de fantaisie. A priori ce n'est pas ma came. Je me suis fait aider par le vlog "mémo'art d'Adrien" et j'ai commandé Gagner la guerre. Quand je suis allée récupérer ma commande à la librairie et que le libraire m'a tendu ce pavé de 979 pages, je me suis dit "oh la vache ! Et si ça ne me plaît pas ?... - Y a peu de chances, à rétorqué le libraire, c'est génial." Je confirme.
L'histoire se passe à la fin du Moyen-âge, dans une république qui pourrait être Rome ou Naples ou Port Réal. En effet, ça ressemble pas mal à Game of Throne (en moins bien - il faut l'avouer, encore que). Benvenuto Gesufal est l'homme de main du podestat de la République, Leonide Ducatore. L'action commence lors de la dernière bataille (navale) contre le Royaume de Ressine durant laquelle Gesufal accomplit, pour le compte de son patron, un geste absolument stupéfiant. A partir de là commencent les emmerdes, les intrigues (toujours à trois bandes) et les aventures. le personnage principal est un fieffé salaud, une crapule brillante et on ne peut s'empêcher d'adorer ce bad boy. La véritable plus value de cet excellent roman, c'est une langue étincelante et parfaitement maîtrisée qui réconcilie les lecteurs réactionnaires et fatigués avec la littérature contemporaine mais qui rappelle à ces mêmes lecteurs que l'on encense une Virginie Despente qui maîtrise à peine son alphabet. Gagner la guerre serait un mélange de Game of throne, Les Indes fourbes, Les Trois mousquetaires et San Antonio. C'est fluide, drôle et réjouissant.
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J'ai fini ce livre voilà quelques jours et je n'en reviens toujours pas. Quelle histoire incroyable ! Contrairement à d'autres livres de Fantasy au cours desquels on procède petit à petit vers un conflit opposant le bien et le mal, l'auteur nous embarque immédiatement dans la guerre ; une fois qu'elle est gagnée on se dit que c'est plié... mais non ! car les gagnants, heureux habitants de la belle cité de Ciudalia ne sont pas super propres et ils sont, de plus, composés de plusieurs clans qui vont comploter les uns contre les autres ! le personnage principal Benvenuto Gesufal qui sert les desseins de son patron, le podestat, Léonide Ducatore, semble être comme un poisson dans l'eau dans cette ambiance. Il tue comme il respire et sans état d'âme ;Il maltraite les femmes et j'en passe... Il accomplit les sales besognes commandées par son patron avec zèle, même si parfois, il en subit les conséquences (il n'est vraiment pas épargné).
Même si on ne peut pas s'attacher à ce personnage principal tant il est détestable, on ne peut pas pour autant lâcher son histoire, peut-être pour voir jusqu'où il peut aller ? Et si finalement il n'était pas le plus pourri dans cette histoire ? Et puis sa façon de s'adresser au lecteur dans un langage plutôt fleuri ! c'est délectable.
La plume de l'auteur est tout simplement excellente ! Il maîtrise tout : les descriptions puissantes qui nous font entrer dans les décors de la cité de Ciudalia ; les dialogues qui font mouche, le vocabulaire expéditif du personnage principal. Un régal qui fait passer du rire au dégoût. Et la fin, on en parle ? J'avoue avoir tourné la page pour vérifier qu'il n'y avait vraiment rien après. Une excellent lecture !
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On a du mal à croire que @gagner la guerre soit le premier roman de @Jean Philippe Jaworski tant il est maîtrisé de bout en bout.

Bienvenue dans de la Dark-fantasy française de haute-volée. Ici pas de place pour fées ou magiciens philanthropes, c'est la lutte pour le pouvoir qui motive le mage Sapientissime Sassanos ou la sorcière Lusinga dont Mathusalem doit verdir de jalousie sur sa longévité. Mais commençons au point de départ.

Nous faisons connaissance avec Benvenuto Gesufal qui bien que souffrant du mal de mer se retrouve au milieu d'une scène de bataille navale d'anthologie. La langue est riche, argotique ou recherchée, le mélange fonctionne à merveille et déjà la gouaille de Benvenuto me fait sourire.

Benvenuto le personnage principal du roman est un sicaire chargé par son employeur Léonide Ducatore d'une mission secrète qui permettra à ce dernier d'asseoir son pouvoir sur la République de Ciudalia.

Benvenuto est un être détestable, violeur, sans aucun scrupule, il aime tuer et pourtant son humour cynique, son intelligence, son courage, sa volonté de vivre font de lui un personnage captivant que j'ai détesté aimer.

@gagner la guerre, c'est près de 1000 pages d'aventure, de complot politique, d'action. C'est violent, ça dégouline parfois d'hémoglobine, les scènes où Sassanos utilise sa magie sur la rivière ou celle de la lutte finale contre Lusinga font froid dans le dos. L'histoire politique est crédible et passionnante. Une fois commencé on ne lâche plus le roman jusqu'à la fin. Bluffant  !

Et quand Ducatore déclare à Benvenuto  :

«  Tu deviendras une légende vivante, le plus grand assassin de la République, l'ange exterminateur de Ciudalia. le héros sanglant qui fera frémir la ville sur son passage.  »

On a bien envie de le croire  ! L'enfoiré  !

Challenge Pavé
Challenge Multi-défis
Challenge Atout Prix
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Voila, je referme cet énooooorme pavé avec un goût de trop peu!
Je ne vais pas vous mentir, ce bouquin vient de se propulser à la tête de mes livres favoris. A ce niveau on ne parle plus de coup de coeur, mais carrément de coup de foudre! le truc qui vous prend par surprise, vous laisse les jambes en coton et le palpitant au bord de l'éclatement.

Bien sur j'ai aimé l'univers ultra recherché du vieux monde, l'intrigue politique aux multiples ramures et aux trahisons d'enfoirés, l'aventure en elle-même, pleine de rebondissements et de surprises, la magie étrange et mystique, la société aux airs antiques dans sa gérance MAIS surtout ce qui enivre mon coeur et satisfait mon esprit c'est la plume.

C'est à l'égal de tout ce qu'on en dit partout, j'en ai lu des choses sur la façon d'écrire de JP Jaworski mais le lire de ses propres yeux c'est autre chose!
C'est comme de voir des photos d'une aurore boréale, vous devez bien reconnaitre que c'est superbe mais quand vous vous retrouvez face à elle pour de vrai vous êtes complètement subjugué, hypnotisé, charmé. Et bien la Plume de Jaworski c'est mon aurore boréale à moi.
Ce mélange de style soutenu et de jurons imagés, nous envoie dans des envolées stylistiques qui m'ont totalement charmé

Le "Héros" quant à lui, n'en est pas un, ce n'est pas non plus un anti-heros, c'est juste un méchant, et c'est là la force de Jaworski, c'est qu'il casse les codes en faisant pour personnage principal un méchant, un vrai. Qui tue, massacre, vol, ment, trahit et j'en passe. Et c'est tellement bien amené qu'on fini même par avoir l'impression d'être son ami à ce connard, on l'aime bien, on s'y attache!
C'est quand même dingue de réussir a nous faire affectionner un profil aussi antipathique et mauvais!

Cette lecture valide la carte {Rois et Reines} du #fantasycardschallenge et ce fut une LC avec @lamediabooksta et @babouttwood et c'était extra de lire ca toutes les 3.

Je vais me jeter comme un loup affamé sur Janua Vera pour profiter encore un peu de ce monde!

Lien : https://www.instagram.com/ly..
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Gagner la Guerre est un excellent candidat à ma sélection de livres pour une île déserte. Mon problème est que je ne parviens pas à décider quelle livre de la sélection actuelle sacrifier .... (dur dur ...)

Il y a beaucoup dans ce roman.

Il y a le trio de crapules - pardon - de personnages centraux : le podestat Léonide Ducatore, le Sapientissime Sassanos et le spadassin Benvenuto Gesufal dont les relations complexes sont le ciment du récit. Ce sont des personnages franchement amoraux, conscients de leur turpitude. Ils ne s'en excusent pas, ils ne se justifient pas, ils agissent.

Il y a la ville, Ciudalia, qui est l'objet de leur passion. Il ne vivent que pour elle, pour la posséder, la soumettre. Froidement, rationellement Ils utiliseront tous les moyens pour y parvenir.

Le reste n'est que décors, objet ou personnages à manipuler, à détruire pour arriver à leur fin.

Le lecteur ne sort pas indemne d'une telle confontation. le narrateur, Gestufal Benvento, lui tend régulièrement un mirroir : Et toi, lecteur, qui es-tu pour me juger, toi qui te plais à me lire ...

L'univers de Jaworski est riche, il est superbement documenté et décrit. Beaucoup ont déjà fait le parralèle avec Venise, Florence, Rome. On cite Calligula, les Borgia, Machiavel. La fantasy y est légère, quoique très présente. Elle complète et enrichit la dynamique de l'histoire sans en être l'élément central.

On soulignera enfin la richesse de la langue de Jaworski tant au niveau du vocabulaire que grammatical.
Si son livre est si passionant et si prenant, c'est aussi parce qu'on peut en tirer des citations toutes les trois pages.

On en redemande.

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De la nouvelle au roman, Jean-Philippe Jaworski s'est très vite imposé comme un auteur phare de la fantasy française.

Avec ses 230 000 exemplaires vendus, son roman Gagner la Guerre caracole en tête des classiques du genre.

Il était donc temps que je le lise, d'autant que je l'ai dans son édition limitée, tirée à seulement 3000 exemplaires que les Moutons électriques ont publié en 2020. Or, il fallait bien un si luxueux écrin pour accueillir les récits du Vieux Royaume.

Dans Gagner la Guerre, on retrouve Benvenuto Gesufal chargé d'une mission secrète pour le compte du Podestat auprès du Chah Eurymaxas afin de mettre un terme à la guerre opposant la République à Ressine au profit exclusif de Léonide Ducatore lui-même. Voilà une tâche bien ingrate pour l'homme de main qui va d'ailleurs le conduire à commettre un acte de trahison et finalement lui coûter fort cher, y compris dans sa propre chair. Mais peut-on réellement dire non à l'homme le plus puissant de Ciudalia.

Pour nourrir l'univers qui sert d'écrin à son roman Gagner la Guerre, Jean-Philippe Jaworski s'est inspiré de la Renaissance italienne du XVe siècle. En effet, sa cité Ciudalia qui sert de cadre d'action principal au récit n'est pas sans rappeler Florence sous la coupe des Médicis. D'autant qu'on y retrouve également des familles praticiennes rivales qui luttent pour conserver le pouvoir comme les Médicis le firent pour contrer l'influence des Albizzi, des Alberti et des Strozzi. Ciudalia est donc en but aux mêmes problématiques et voit ses quartiers être aux mains de factions partisanes. de même, les familles praticiennes siégeant au Sénat sont également adeptes du mécénat artistique pour asseoir le prestige social et politique de leur lignée comme cela est de mise depuis la Renaissance.

Le Vieux Royaume pose donc les bases d'un monde miroir à l'Europe de l'époque moderne, habité par un soupçon de magie. Celle-ci se dessine en filigrane de l'histoire lorsque le narrateur y est confronté. Ces manifestations ésotériques tiennent beaucoup à la nécromancie et sont réservées aux initiés. Pour y être le témoin autant que la victime, Benvenuto Gesufal conserve une méfiance à son égard et s'en tient éloigné autant que faire se peut.

Gagner la Guerre repose sur une intrigue tissée de complots politiques au coeur desquels Benvenuto Gesufal tente de mettre son esprit et son épée au service de sa survie. Plus souvent ballotté par les événements que maître d'eux, l'homme de main du Podestat incarne le parfait témoin du jeu de dupes qui anime les puissants de Ciudalia. Entre cabales, trahisons et chausse-trappes, Gagner la Guerre nous dévoile les coulisses d'un pouvoir dévoyé par l'ambition. Sous la plume de Jean-Philippe Jaworski, le récit se déroule comme une partie d'échecs dans laquelle Benvenuto Gesufal n'est pas maître de son jeu promettant ainsi aux lecteurs moult rebondissements très intrigants.

La force de ce texte tient également au caractère fourbe et parfois fort détestable de son personnage principal. Assassin et joueur invétéré, Jean-Philippe Jaworski n'a pas hésité à lui forcer le trait. Qu'on l'aime ou le déteste, on n'y est juste pas indifférent. Rustre, fieffé et gouailleur, Benvenuto Gesufal est tout en coups d'éclats, capable du pire comme du meilleur. On apprend à le découvrir au fil des pages de ce roman, notamment en prenant connaissance de son passé, ce qui fatalement influe sur notre première impression plutôt entachée par ses odieux et inacceptables comportements. Benvenuto Gesufal est un être ambivalent et retors que l'auteur se plaît à malmener. Mais tel le chat avec ses neuf vies, le mercenaire semble toujours retomber sur ses pieds. Je dois avouer que l'on se prend vite au jeu de le suivre dans les aventures qui menacent sa vie à tour de bras et finissent immanquablement par nous attacher à lui.

Bien sûr, je pourrais vous parler également du rusé Podestat et de son insupportable fille, mais je n'en ferais rien, préférant vous laisser le loisir d'apprécier par vous-même ces deux personnalités bien atypiques.

Gagner la Guerre, c'est aussi le charme d'un langage fleuri qui vient enrichir la très belle écriture de Jean-Philippe Jaworski et donne ainsi vie à un récit particulièrement immersif.

Entre la qualité de la plume, l'univers comploteur et la figure de l'antihéros, on comprend vite l'engouement autour des textes de Jean-Philippe Jaworski qui va même jusqu'à susciter l'intérêt des producteurs... suite sur Fantasy à la Carte.




Lien : https://fantasyalacarte.blog..
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Publié pour la première fois en 2009, Gagner la guerre a depuis, gagné ses lettres de noblesse. Devenu un des monuments du genre, il prouve que la fantasy française peut offrir des oeuvres d'ampleur. Mais se lancer dans un tel monument, cela peut être intimidant. Et si je n'accrochais pas ? Et si je m'ennuyais pendant ces centaines et ces centaines de pages ?…
Trois semaines de lecture et quasiment 700 pages plus tard, verdict : j'ai A-DO-RÉ !

Gagner la guerre c'est l'histoire de Don Benvenuto Gesufal, un personnage peu fréquentable (c'est le moins que l'on puisse dire), assassin particulier de Leonide Ducatore, un des podestats de la République de Ciudalia.
Benvenuto nous livre son histoire telle qu'elle est, authentique et sans censure. Alors oui, les mémoires d'un méchant sont remplies d'actes odieux et de pensées détestables, mais elles appartiennent à un méchant ; il ne peut en être autrement. le narrateur est un assassin, un tueur de sang froid, un mercenaire, un voleur, un truand, un menteur, un violeur… il agit et pense comme tel. La seule chose qui compte pour lui c'est sa survie dans un monde où les manipulations politiques vont bon train. S'il doit comploter, mentir, violenter, tuer… il le fait et sans aucun remord. Il ne s'embarrasse pas de morale. Non, ce n'est ni politiquement correct ni édulcoré. Alors non, si ce genre de personnages vous dérangent et vous fâchent, ne lisez pas les aventures de Benvenuto car Jean-Philippe Jaworski ne nous épargne aucun détail.

Et c'est là également la force de ce livre : le détail. Les descriptions sont telles que le lecteur est transporté au coeur de l'action, auprès de Benvenuto : sur un bateau, dans des geôles, dans la cité de Ciudalia, au coeur de la forêt, dans une auberge… tout prend vie sous nos yeux, l'expérience est totale.
Je n'oublierai pas de sitôt les quelques jours passés en prison en compagnie du narrateur alors qu'il souffre de nombreuses blessures, notamment au niveau de son visage, boursouflé de pus et de tuméfactions. Yeurk. L'exécution devant un palais de Ciudalia, me laisse également des souvenirs assez vifs du bruit des corps qui s'entrechoquent et tombent lourdement sur les pavés. Que dire des scènes de poursuite sur les toits de Ciudalia, dignes d'un film de capes et d'épées ! Quant à l'angoisse des nuits dans la forêt, visitées par une petite fille un peu trop présente… J'en ai encore des frissons dans le dos !
Vous souhaitez de la dark fantasy avec du sang, de la boue, des humeurs visqueuses et tout le toutim : allez-y. En revanche, si les nombreuses et longues descriptions dans lesquelles rien ne nous est épargné ne vous intéressent pas, Gagner la guerre n'est peut-être pas fait pour vous.

Malgré tout, l'auteur sait mener sa barque. Souvent qualifié de littéraire et dense, le style de Jean-Philippe Jaworski est surtout si bien maîtrisé qu'il s'avère très fluide – mais jamais pompeux ! – malgré le soin qui lui est apporté.
Et puis, même si on n'est d'accord ni avec les agissements ni avec les pensées de Benvenuto, on suit ses aventures jusqu'au bout car c'est un narrateur hors pair qui accroche son lectorat et ne le lâche plus jusqu'à la dernière page ! Tant de verve et de bagout (l'argot de la Guilde… exceptionnel !) chez ce personnage qui mêle ironie et humour aux scènes les plus violentes et difficiles. le court chapitre 11, dans lequel il s'adresse directement à ses lecteurs, vaut son pesant d'or !

En suivant ce salopard, c'est toute la politique du Vieux Royaume que l'on découvre. Finalement, Benvenuto n'est qu'un pion, loyal à son patron qui a des vues certaines sur les royaumes d'à côté. Un pion qui se retrouve sur un échiquier qu'il ne maîtrise finalement pas si bien que ça.
Les politiciens sont des manipulateurs ; Benvenuto évolue dans un vrai panier de crabes ! Il vaut mieux se méfier de tout et de tout le monde, et surtout de ses alliés car au final, chacun fait cavalier seul et peut vous planter un couteau dans le dos… Benvenuto autant que les autres !

Avec Gagner la guerre, Jaworski met en scène un salopard de A à Z et le fait avec brio ! Benvenuto est un narrateur exceptionnel qu'on adore lire, mais un sale type qu'on ne prendrait ni comme ami ni comme modèle !
Ma lecture terminée, je n'ai qu'une envie : m'y replonger en écoutant la version audio et relire l'adaptation en BD et le merveilleux recueil Janua Vera !
Lien : https://bazardelalitterature..
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Un chef d'oeuvre de littérature tout simplement. Une inventivité rare jusque dans la langue qui est utilisée pour façonner le héros ou plutôt le contre héros.

L utilisation de l Histoire et son mélange avec les codes de la fantasy immerge le lecteur dans un univers riche ( ciudalia la belle, vieufé le territoire de tous les dangers et bourg preux la rustique province reculée) parfaitement maîtrisé par l'auteur. Rien ne semble sur joué dans cette aventure même la magie qui n est utilisée qu avec parcimonie.

En plus de nous offrir cette immersion totale, Philippe Jaworsky distille des réflexions sur le sens de la politique dans une république. Un écho bienvenu dans la période sombre que nous traversons. Gagner la guerre oui mais pourquoi ou plutôt pour qui ?

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