Le Chevalier aux épines, tome 1 : Le Tournoi des preux

Au moins ces turlupins ne cherchaient point à rhabiller leur basse humanité d'oripeaux mal taillés.

Seigneurs, je suis émerveillée qu'au nom de la défense d'une dame, vous en vilipendiez trois autres.

Pourquoi vous battez-vous ? s'emportait-il. Pour l'honneur ? Pour une femme ? Pour des couleurs ? Des mots, tout cela, des mots ! La vérité, c'est que vous combattez pour satisfaire votre orgueil ! Autant dire pour du vent ! Et ainsi, par vanité, vous êtes prêts à souiller vos mains bien plus que les miennes ! Vous êtes mêmes prêts à retourner à la boue !

Sic transit gloria mundi

Ils cheminèrent quelque temps de concert, dans le claquement paisible des sabots. Grossie par la fonte des neiges, la rivière grondait un joyeux ramage. Le soleil poudrait de lumière les derniers bancs de brume et faisait miroiter la rosée sur les prairies. Au milieu de toute cette joliesse, le jeune chevalier restait sombre.

Le service des dames nous jette dans d'étranges traverses [...] Vous voici mon prisonnier pour avoir soutenu la baronne ; me voici calomnié pour avoir porté les couleurs de la duchesse. Je soutiens cependant que nous ne sommes pas à plaindre. Si nous ne combattions que pour un suzerain ou des terres, que serions-nous ? De simples vassaux. En prêtant notre bras à ces dames, si artificieuses soient-elles, nos épreuves nous élèvent. On trouve parfois plus de grandeur dans l'abaissement que dans la gloire.

Avant même d'épouser sa querelle j'avais entendu raconter pis que pendre à votre sujet.