Citations sur Le Chevalier aux épines, tome 2 : Le conte de l'assassin (9)
Tôt ou tard, tout lecteur devient nécromancien.
Tôt ou tard, tout lecteur devient nécromancien.
Tôt ou tard, tout lecteur lit les mots d'un défunt, suit le fil de sa pensée, découvre ses souvenirs, partage ses émotions ou, au contraire, lutte contre ses erreurs ou son influence. Feuilleter un livre, c'est exposer à ouvrir la porte aux morts. C'est convoquer les esprits, écouter des voix sans timbre, vibrer avec les spectres.
En fait, il s'en foutait. Il ne voyait pas plus loin que la prochaine ribote. D'une certaine façon, il avait la lucidité des cuitards et des fins de race. Il jouissait le plus vite et le plus fort possible, en athlète de la débauche, ivre de sa déchéance et riant de sa chute prochaine.
Je m'octroyais une petite pause à côté du macchabée. Ca faisait presque plaisir, d'avoir de la compagnie sans bavardage adorné de courtisaneries. On pouvait savourer à l'aise la brise dans les feuillages, le crépitement doux des gouttières, le parfum tannique des écorces.
Je t'ai connu plus vif, Cesarino. Ne comprends tu toujours pas ce qu'est l'action politique? Il s'agit moins de façonner le cours des choses que de le maîtriser. pour exercer une autorité sur le monde, il faut d'abord en saisir la pente. Puisque le fil des événements peut t'amener à te dédire n'importe quand, la sagesse est d'exprimer ce qu'il est utile de dire, sans que ça t'engage véritablement.
Il faut souvent avoir plus de vertus que les grands pour s'abaisser à les servir.
Les étrons ne refoulent-ils point diverses fragrances selon les intestins et la pitance qui les ont mûris ? Carroel possédait donc une touche locale dans son bouquet de remugles, un arôme qui tenait au mariage de latrines charnues et de cuviers astringents avec, en arrière-bouche, comme une chancissure de vasière remontée des berges du Vernobre. Le ruisseau gras qui courait en pleine rue dispensait équitablement cette pestilence à tous les pas de porte. Pour parachever l’enchantement, il fallait garder un œil sur le cul des chevaux qui nous précédaient ; ils relevaient parfois la queue sans pudeur et nous chiaient quasiment à la gueule ; l’initié Erlend et moi, nous esquissions alors des entrechats pour éviter de patiner dans le crottin fumant. En bref, c’était l’odeur de la civilisation.
Il existe 3 types de bonhommes : les vivants, les morts et les marins en mer.
Il n’y a pire tracas que la confiance des grands.
Il faut souvent plus de vertu que les Grands pour s’abaisser à les servir.
Il faut reconnaître que sa puanteur avait un petit grain tout à fait personnel. Les mires ne goûtent-ils point les esprits de différentes urines ainsi que le font les sommeliers de crus variés ? Les etrons ne refoulent-ils point diverses flagrances selon les intestins et la pitance qui les ont mûris ? Carroel possédait donc une touche locale dans son bouquet de remugles