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Le début de l'année 2023 avait marqué le retour attendu sur la scène littéraire française de Jean-Philippe Jaworski et surtout celui de son univers de prédilection, le Vieux Royaume, déjà mis en scène dans « Gagner la guerre » mais aussi dans plusieurs nouvelles dont la plupart éditées dans « Janua Vera ». Après Benvenuto, héros emblématique de la nouvelle « Mauvaise donne », devenu ensuite protagoniste de son roman à succès, c'est au tour du chevalier de Vaumacel d'être mis à l'honneur, lui-même déjà introduit auprès des lecteurs par une autre nouvelle (« Au service de ces dames »). le chevalier aux épines, ainsi qu'on le surnomme, se voit ainsi consacrer rien de moins qu'une trilogie dont le rythme de parution se révèle particulièrement confortable puisque les trois tomes seront disponibles en l'espace d'un an seulement, le dernier volume (« Le débat des dames ») étant d'ores et déjà annoncé pour janvier 2024. « Le tournoi des preux », le premier opus, c'était révélé parfaitement conforme à ce qu'on pouvait s'attendre de la part d'un auteur du talent de Jaworski. L'auteur nous y invitait à plonger dans les méandres de la politique du duché de Bromael en proie à de nombreux troubles laissant planer la possibilité aussi bien d'une guerre extérieure contre leurs remuants voisins d'Ouromagne que d'une guerre civile opposant deux camps issus de la fine fleur de la chevalerie locale. La cause de ces bouleversements ? L'honneur d'une dame, et pas n'importe laquelle : dame Audélarde, ancienne duchesse de Bromael désormais recluse après avoir été accusée d'adultère, et remplacée par une certaine Clarissima Ducatore. Et oui, le monde est petit, aussi retrouve-t-on dans ce deuxième volume une partie des personnages marquants de « Gagner la guerre » originaires de la République de Ciudalia, à commencer par Benvenuto lui-même, ainsi que son redoutable employeur et désormais maître incontesté de la cité, le podestat Léonide Ducatore.

Le premier et le deuxième volume de la trilogie du chevalier aux épines n'auraient ainsi pas pu être plus dissemblables, quant bien même ils semblent voués à servir la même histoire. « Le tournoi des preux » nous était narré à posteriori par un mystérieux narrateur à propos duquel l'auteur se montrait pour le moins sibyllin, et qui s'attachait à suivre les pas du chevalier de Vaumacel. D'abord dans une quête étrange pour retrouver des enfants disparus, puis dans sa tentative de racheter son absence au procès d'Audéarde (il est le fameux chevalier avec lequel elle est soupçonnée d'avoir commis l'adultère) en se liant à l'un de ses plus fidèle partisan, son fils Blancandin. Ce dernier es en effet à l'origine d'une proposition insolite visant à remettre en jeu l'honneur de sa mère lors d'un tournoi organisé par son père, l'actuel duc, et auquel le chevalier aux épines a promis de participer. On connaît l'attrait de l'auteur pour les jeux littéraires ainsi que l'agilité de sa plume, aussi n'était-on guère surpris de le voir reprendre pour l'occasion tous les codes du roman courtois des XIe-XIIe siècles le style y était soutenu, et la narration accordait une grande importance aux enjeux d'honneur, de courtoisie, et surtout d'amour unissant chevaliers et belles dames. « Le conte de l'assassin » n'a strictement rien à voir. Et pour cause, puisque la narration est cette fois confiée à un vieux briscard à qui on ne l'a fait pas : Benvenuto en personne. On retrouve donc ici le protagoniste de « Gagner la guerre », brièvement croisé dans le premier volume, désormais au coeur de l'action. L'histoire étant désormais narrée de son point de vue, le chevalier de Vaumacel s'en retrouve occulté, quand bien même les deux personnages se croisent à une ou deux reprises, de même que la plupart des protagonistes du premier tome. La transition est, il faut l'avouer, quelque peu déstabilisante, au point qu'on a presque l'impression d'avoir à faire à deux romans n'appartenant pas à la même série, ou écrits par deux auteurs distincts. Et puis, très vite, on se laisse prendre à nouveau au charme de la plume de l'auteur et on savoure le plaisir de retrouver cette canaille de Benvenuto.

Le voilà donc, lui aussi, entraîné malgré-lui dans les tourments qui agitent le duché de Bromael, désormais très proche allié de la République de Ciudalia comme en témoigne le mariage de la file du podestat avec le duc, mais aussi la substantielle aide financière et militaire accordée en vue d'une prochaine offensive contre l'Ouromagne. Offensive vitale pour les plans de Leonide Ducatore, mais désormais menacée par les divisions internes au sein de la noblesse de Bromael. La mission de Benvenuto est donc relativement simple : s'assurer que les intérêts ciudaliens sont préservés, et, pour se faire, s'assurer que l'or promis arrive à destination, et se rapprocher de Clarissima afin de s'assurer qu'elle ne complote pas, par rancoeur, dans le dos de son père avec les ennemis de la République. La rébellion des fils du duc apparaît très vite comme un obstacle mineur parmi de nombreux autres, le plus grand résidant certainement dans la détestation profonde (et méritée) que porte la nouvelle duchesse au spadassin. On retrouve avec plaisir la gouaille propre à l'assassin qui n'a rien perdu de sa roublardise et ne possède visiblement toujours aucune morale. Benventuo est ainsi un personnage particulièrement ambivalent, puisqu'on ne peut s'empêcher d'apprécier l'histoire qu'il nous raconte, tout en le trouvant, lui, parfaitement abjecte. le mercenaire n'hésite en effet pas à se livrer aux pires exactions pour mener à bien sa mission, multipliant les meurtres, les insultes homophobes, et portant un regard glaçant et gluant sur la gente féminine. Rien que la façon dont il a d'euphémiser en permanence le viol dont il fut l'auteur lors d'une scène marquante de « Gagner la guerre » suffit à susciter l'aversion du lecteur pour sa personne.

Difficile dans ces conditions de s'attacher au personnage dont les aventures parviennent pourtant à nous capter, et ce pour plusieurs raisons. La première tient du plaisir un peu coupable que l'on pend à voir l'odieux assassin échouer ou se faire régulièrement démolir. C'est qu'il endure, le Benvenuto ! Et d'une certaine manière on ne peut s'empêcher de trouver les épreuves qu'il traverse dûment méritées. L'autre raison qui permet au lecteur de suivre avec autant d'intérêt le récit tient à la capacité du personnage à envisager et étudier toutes les implications possibles de tel ou tel événement. le spadassin passe ainsi presque autant de temps à agir qu'à réfléchir aux conséquences de ses actes et de ceux des autres, au point qu'on a parfois l'impression de retrouver un peu du Machiavel dont s'inspirait « Gagner la guerre ». L'intérêt que l'on porte à l'intrigue et au narrateur n'empêche toutefois pas le lecteur de se lasser par moment de la lenteur du récit et de ses digressions. Bien qu'intéressant, le premier tiers du roman ne propose en effet qu'une autre vision des événements déjà mis en scène dans le premier tome, aussi ne peut-on s'empêcher d'être pris d'une impatience de plus en plus grande. Si l'auteur parvient encore à nous surprendre à plusieurs reprises par des coups de théâtre impressionnants, il faut aussi reconnaître que la répétition de plusieurs ressorts narratifs, dont un en particulier (dont je ne dirais rien ici pour ne pas gâcher la surprise), déçoit. Les personnages sont pour leur part bien campés mais relégués pour la plupart à l'arrière-plan, Benvenuto occupant presque seul le devant de la scène. Les femmes, elles, sont toujours cantonnées au sempiternel rôle de faire-valoir masculin et, quant bien même Clarissima, la duchesse de Brégor ou encore Audéarde, disposent incontestablement d'une grande influence, elles en sont toutes réduites à l'inaction puisque condamnées à n'agir que par l'intermédiaire des hommes qui les entourent. Vaumacel, lui, passe carrément à la trappe, ce qui n'aide pas à renforcer aux yeux du lecteur l'aura de ce personnage difficile à cerner et dont la rigidité et la froideur rendent difficile la naissance de tout sentiment d'affection. le mystère qui l'entoure reste néanmoins attractif, et ce d'autant plus que les quelques indices récoltés par Benvenuto à son propos laissent présager des révélations croustillantes.

Deuxième tome de la trilogie « Le chevalier aux épines », « Le conte de l'assassin » est un roman déstabilisant puisqu'il rompt foncièrement avec le style du premier tome qui se voulait un hommage aux romans courtois médiévaux. En redonnant la place de narrateur au héros de « Gagner la guerre », Jean-Philippe Jaworski dynamite les codes qu'il avait patiemment mis en place dans « Le tournoi des preux », et nous plonge à nouveau dans de la pure crapule/dark fantasy. le mercenaire se révèle toujours aussi plaisant à suivre (et paradoxalement toujours aussi insupportable), et le choix de l'auteur de le placer au centre de la scène oriente inévitablement l'intrigue vers des détours qu'on ne pensait pas forcément la voir emprunter. le dernier tome paraîtra si tout va bien début 2024 : j'ai hâte de découvrir ce que la confrontation du chevalier aux épines et du célèbre assassin donnera !
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L'histoire du Chevalier aux Epines se poursuit par ce second volume non moins palpitant et plein d'aventures que le premier. On change de narrateur, et le récit est mené par le célèbre don Benvenuto Gesufal, héros de "Gagner la guerre", assassin professionnel plein de verve et d'humour, et sans aucun scrupule. Si on ne lui en veut pas de sa cruauté et de son manque de remords, c'est qu'il est au service de grands personnages infiniment pires que lui, dont il exécute les plans comme il peut. On risquerait, avec ce changement de narrateur et de mentalité, de perdre la dimension surnaturelle et l'étrangeté de certaines scènes et atmosphères du premier volume, mais avec beaucoup d'art et de malice, l'auteur fait jouer les forces, naturelles ou non, les unes contre les autres et maintient fermement la cohérence de son histoire. Ainsi, l'entrée en scène de Gesufal m'avait fait craindre de lire un volume entièrement politique, avec les subtiles intrigues que cela implique, dénuées de toute magie. Mais, à la différence de George R.R. Martin, Jean-Philippe Jaworski sait faire jouer les unes contre les autres des causalités de nature différente. Donc la lecture de ce volume est très agréable, et le changement de narrateur signifie aussi une pause bienvenue dans la recherche stylistique du mot rare et précieux.
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Le premier opus m'ayant laissé une impression relativement mitigée, j'espérais me refaire avec la réapparition du délicieusement affreux Benvenuto Gesufal qui m'avait tellement enchanté dans Gagner la guerre avec son récit à la première personne au raffinement immoral.
En plus de ses qualités stylistiques qui ne sont plus à prouver et de son champ lexical si caractéristique, Jaworski est un redoutable world builder. Il est vrai que c'est un rôliste invétéré et qu'il n'est venu au roman qu'après avoir écrit des jeux de rôle, ceci explique sans doute cela, et je ne serais pas étonné de voir le Vieux Royaume adapté un jour en jeu de rôle, tant ce monde est riche. Ce serait même légitime.
Mais c'est sans doute parce qu'il met une application parfois obsessionnelle à habiller son monde de mille et un détails, notamment géographiques, parfois dispensables, qu'il a souvent tendance à en oublier un peu le fil de son histoire et que j'ai trouvé toute la première partie, avant le tournoi de Lyndinas, terriblement longue à se mettre en place.
Même le tournoi finit d'ailleurs par se faire longuet, et c'est finalement la dernière ligne droite, jusqu'au château de Vayre et au-delà, qui m'a le plus emballé. J'aime ce souci de réalisme, où il nous montre que même pour un assassin patenté et sans pitié, tuer n'est sans doute pas chose aussi aisée que cela semble être dans les films américains.
Ça reste donc du Jaworski, avec des traits de génie, des expressions à nulle autre pareille, mais je trouve ça trop étiré en longueur, et même avec l'inénarrable Benvenuto, je n'ai pas pu retrouver l'incroyable enthousiasme que j'avais éprouvé à la lecture de Janua Vera et de Gagner la guerre.
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Dans le Conte de L'Assassin, Benvenuto Gesufal est chargé d'accompagner la délégation ciudalienne jusque dans le duché de Bromael pour apporter la dote conséquente de Clarissima Ducatore et pour l'occasion, il est nommé Grand Argentier. La mission ne lui plait guère car il est toujours en froid avec la donzelle, d'autant que le Podestat lui a expressément demandé de lui passer tous ses caprices et de se réconcilier avec elle. Alors Benvenuto le sait, il va morfler mais ce qu'il ne sait pas, c'est jusqu'à quel point car la délégation va débarquer en plein drame familial. En effet, pour épouser Clarissima, le duc de Bromael a répudié sa femme et l'a exilé dans un couvent, ce qui lui vaut l'animosité de deux de ses fils. Alors que la guerre gronde avec les Ouromands, il doit laver son honneur et prouver sa valeur dans un tournoi l'opposant à ses fils et à ses partisans. Alors quel rôle Benvenuto Gesufal jouera-t-il sur cette scène politique délicate ?

Dans le Conte de L'Assassin, le célèbre personnage de Gagner la Guerre, Benvenuto Gesufal reprend officiellement du service. Aussi, il récupère son rôle de narrateur principal et s'en vient nous conter par le menu sa vision des faits qui se sont déroulés lors du Tournoi des Preux, sans omettre les évènements qui l'ont précédé et suivi. Avec sa réapparition, Jean-Philippe Jaworski casse volontairement l'ambiance chevaleresque de sa saga. En effet, sa gueule cassée et sa gouaille détonnent dans le décor policé d'une cour de gentilshommes et de gentes dames. le but recherché est de renverser les codes et pimenter ainsi le récit. L'objectif est atteint car on en oublie vite les sérénades contées précédemment entre chevaliers et nobles dames pour laisser la place aux meurtres commis à la dérobée et à un certain désordre.

Comme à son accoutumée, Jean-Philippe Jaworski malmène son personnage principal, d'autant qu'il l'envoie en terre inconnue où il est un étranger, autrement dit un homme facilement identifiable qui ne peut donc pas disparaître dans l'ombre. Autant vous dire que cette mission est une vraie chausse-trappe pour notre célèbre assassin qui se retrouve mêlé bien malgré lui à des intrigues initiées par le Podestat en personne mais à la finalité incertaine.

Ainsi, la venue de Benvenuto donne un nouvel éclairage au récit du Tournoi des Preux. La visée de chaque protagoniste est plus clair et le récit, tellement plus captivant. Pour autant, si l'on croit tout savoir de l'issue de cette histoire, notamment à propos de l'affrontement entre Ædan de Vaumacel et Benvenuto Gesufal, la conclusion proposée par Jean-Philippe Jaworski promet d'être surprenante.

Si l'auteur a parsemé sa série de motifs médiévaux tels le conflit de loyauté, les rivalités amoureuses ou l'infâmie, il a su moderniser le genre en y ajoutant sa touche personnelle, à travers son personnage irrévérencieux qui vient secouer les normes et dispenser le grabuge nécessaire aux desseins hégémoniques et machiavéliques de son commanditaire.

En lisant le Chevalier aux Épines, on sent le goût de son auteur pour L Histoire médiévale. L'ambiance et le décor n'en sont que plus immersifs. La richesse de la langue et du vocabulaire sont au rendez-vous pour retenir captifs les lecteurs... suite sur Fantasy à la Carte





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Encore un immense plaisir de lire du Jaworski. Un plaisir doublé car nous quittons le Chevalier aux Épines et sa belle langue pour retrouver le salaud Benvenuto, (anti)héros de Gagner la Guerre, que personnellement j'aime beaucoup comme personnage.
Jaworski nous avait laissé avec un énorme Cliffenger au tome 1, le tome 2 réussi à combler mes attentes. Changeant de narrateur, la façon de parler est très différente, c'est une force de Jaworski qui arrive à donner beaucoup de profondeur à ses personnages rien qu'à leur façon de parler. L'histoire est captivante, j'ai encore eu du mal à sortir de son récit, et même si la fin ne nous laisse pas un aussi gros Cliffenger que le tome précédant, il est évident que nous voulons savoir la suite. Janvier 2024.
J'ai tellement aimé !
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Deuxième volume de la trilogie « le chevalier aux épines » . Comme l'avaient annoncé les dernières lignes du premier tome ,une vieille connaissance revient sur le devant de la scène .Après un prologue assez mystérieux , la narration est reprise par ce cher (très cher) Don Benvenuto l'assassin préféré du podestat de Ciudalia . Devenu un ponte dans la mafia des Chuchoteurs , et chargé de la sécurité et des basses oeuvres du retors Leonide Ducatore .Celui-ci le charge de participer à l'ambassade envoyée au Duc de Bromael.Elle lui apporte la dot de la nouvelle duchesse Clarissima Ducatore. Dire que retrouver la donzelle à qui le lient d'épineux souvenirs ,enchante l'homme au sourire aurifié serait exagéré sans oublier un trajet maritime qui met à mal son estomac et un rôle de gardien de trésor qui lui va comme un tablier à une vache . Partie sous ces heureux auspices , l'expédition va se révéler bien pire. Ce deuxième tome reprend en partie (jusqu'au tournoi de Lyndinas) les évènements du premier mais sous l'angle du parti ducal et dans la langue verte du ruffian ciudalien ce qui donne moins de glamour mais infiniment plus de sel au récit . C'est toujours une intrigue de très haute facture portée par une langue travaillée et animée par des personnages fortement campés.Un régal.
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‌Le prélude nous présente enfin, bien qu'encore auréolé de mystère, le fameux conteur du premier volet qui croise un fameux personnage !
Ensuite, nous sommes très vite immergés dans l'histoire de notre chuchoteur préféré, dans sa tête même, puisqu'il nous la raconte lui-même :
- Il nous plonge dans les intrigues ciudaliennes et bromaloise, qui se ramassent à la pelle et nous montrent un autre visage de ce mik-mak
- Il nous complète une histoire plus vaste, bien au-delà d'une simple rébellion filiale et des petites intrigues de cours autour de ce fameux tournoi
- Comme dessiné en fin de premier tome, mais ici avec un volet supplémentaire impliquant le Patron et laissant apercevoir en quoi les Desséchés sont impliqués
- Il nous manque cependant encore des pièces à ce puzzle, les magiciens et les elfes en particulier pour lesquels les desseins ne sont pas encore très clairs

Nous retrouvons donc et avec un grand plaisir Benvenuto, avec sa gouaille, son esprit vif et retord, toujours fidèle au Patron (il paye bien)
- Contrairement à la fin du 1re volet, où nous étions tentés de le détester, nous revenons à l'apprécier et à le comprendre
- Il reste un peu agaçant qu'il se fasse si facilement contré et même destitué de ses actes de bravoure
- Il nous démontre avec tout cela qu'une situation se doit d'être appréhendée à travers différents prismes et nécessite toujours une pincée d'empathie !

‌Chapitre XI : tiens, un peu de calme !
- Un chapitre de transition entre Lindinas et Vayre, très descriptif
- Tout comme dans le tome 1 avec le trajet jusqu'à Vayre, un passage instructif, sans doute nécessaire pour poser l'histoire, mais un peu long

Et puis, comme toujours avec Benvenuto, ça repart vite en saucisse
- Nous y perdons, non pas un héros de la trilogie, mais un "numéro deux" héroïque et sympathique
- Ce tome deux se termine là encore sur un coup de théâtre
- Mais là la surprise est moins grande, elle l'aurait était plus si tout avait été si simple
- Et puis, nous n'avons pas encore extirpé un début de compréhension sur beaucoup de sujets
- Et puis, toutes ces manigances ne peuvent pas tomber à l'eau si rapidement, il y a un tome trois tout de même !

Plus globalement, il faut retenir quelques petites choses, prendre un peu de recul sur toute cette furia :
- le monde du vieux royaume est dépeint avec plus de précisions, de diversité ethnique, géographique et historique
- Les personnages sont solidement décrits, avec des personnalités riches et variées
- le rythme de l'histoire est soutenu (deux petites pauses tout de même avec le prélude et le voyage) et intègre encore une belle alternance action/description que j'apprécie, mais qui est quand même là en bascule vers plus d'action
- L'écriture et le vocabulaire sont toujours aussi riches et poétiques
- le scénario riche, très riche, haletant, il complète le tome un par superposition et il ménage son comptant de surprises, de suspense et de petits coups de théâtre (plus un gros)

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Ah !!! Deuxième tome des aventures moyenâgeuses du chevalier aux épines. Jean-Philippe Jaworski continue de nous régaler avec une fantasy somptueuse, à l'écriture riche, savoureuse, sensuelle et foisonnante. A conseiller aux amateurs de littérature, de vraie littérature car les textes sont amples et lettrés, une belle occasion d'acquérir du vocabulaire médiéval, architectural, végétal, lyrique et argotique. Un goût d'authenticité, et une vraie immersion dans un univers aussi baroque que fécond.

Un hommage constant à la littérature française, car au long du roman, et selon les narrateurs, on aborde les grands styles de la littérature, sans doute moins ici que dans ses autres ouvrages car le principal narrateur est Don Benvenuto, l'assassin personnel d'un homme politique de Ciudalia, mais il y a quelques morceaux choisis dont un long poème médiéval.
Plus savoureux encore car l'aventure « chevaleresque » du tome 1, présentée à l'avantage du camp de la duchesse répudiée Audéarde, est ici vue par l'autre camp, notamment Don Benvenuto mis au service du duc Ganelon, de sa nouvelle épouse et de sa clique seigneuresque. Changement de langage, choc de culture, toute la culture chevaleresque du tome 1 est à présent vue à travers les yeux d'un étranger condescendant qui la présente comme une partition désaccordée... et pourtant la magie opère : les preux chevaliers déjouent comme par enchantement les affreux complots ourdis contre eux. Pour ce qui est de la magie, on trouve ici des indices lâchés ça et là, différents de ceux présentés dans le tome 1, mais qui restent cryptiques. Comme souvent chez Jaworski, la magie reste à l'appréciation de l'observateur, fantasme ou coïncidence étrange, affabulation ou ésotérisme inaccessible, force fondamentale de l'univers, ou derniers effluves de puissances décaties. La magie au sens propre y est omniprésente mais se dérobe aux sens et aux mots, pour une fois qu'elle n'est pas galvaudée en fantasy !
Dans ce conte sans morale, mais où la grâce littéraire coule à flots, j'ai été happé par la puissance narrative de cette fantasy noire et gouailleuse. La violence faite aux gueux et les malheurs de la guerre y côtoient le faste et les intrigues de cour comme une longue et belle valse, comme les deux facettes d'une monnaie avec laquelle se paient les drames humains. Ah que toute la fantasy ressemble presque à de la littérature enfantine face à ce conte cruel et drôle ciselé avec une plume si féconde.
Se relever la nuit pour finir un roman, ça ne m'avait pas pris depuis longtemps.
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Presque un an après le premier tome de la trilogie du Chevalier aux épines, je me suis replongé dans le Vieux Royaume en attaquant ce tome 2. Sauf que cette fois-ci je me suis préparé, j'ai relu Gagner la guerre, relu le service des dames, et j'ai relu le tome 1 du Chevalier aux épines (qui m'a beaucoup plu, plus qu'en première lecture).

Et je pense que cela m'a été très bénéfique. J'ai adoré ma lecture. le tome 1 finissait sur un cliffhanger, mais pour avoir le fin mot sur ce qu'il s'est passé, Jaworski nous ramène en arrière pour nous raconter un autre pan de l'histoire déjà déroulée dans le premier tome. Cela pourrait être raté ou redondant, ici cela ne l'est jamais. On retrouve avec plaisir quelques scènes que l'on connaissait déjà, mais ici avec un autre point de vue, et puis on a surtout un tout autre récit, avec un autre protagoniste, et j'ai beaucoup aimé.

Je n'en dirai pas plus pour ne pas spoiler mais c'était une super lecture. Je mets en lien le replay d'un live consacré à la trilogie (cela commence sans spoiler).
Lien : https://youtu.be/R03yRQYMR6s..
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Il nous avait tellement manqué que Jean-Philippe Jaworski a eu pitié de nous et l'a convoqué dans deuxième tome. Benvenuto, notre assassin préféré, de la guilde des Chuchoteurs, est de retour et il ne va pas être ménagé dans ce tome qui se présente comme une vision alternative des événements du premier.
L'auteur a de nouveau rassemblé toutes les qualités qui le caractérise pour ce 2e opus d'une série qui fera date dans l'Heroic Fantasy française. Evidemment, il faut aimer son écriture riche, posée et précise, dans une univers médiéval très réaliste, où le fantastique ne fait qu'effleurer l'action.

Je suis complètement fan et suis ravi d'avoir replongé dans son univers, tout en sachant que le troisième (et dernier) tome du cycle va bientôt pointer le bout de son nez.

Foncez, c'est du lourd et du très bon.
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