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Citations sur L'homme surnuméraire (88)

Pour les sociologues, en général, tout se vaut en termes d'esthétique ou de mode de vie, tout se vaut, sauf leur vérité, totalement imprenable celle-là, et pas discutable, pas relativisable !
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Le chiffre d'affaires explosa, d’autant que « Littérature humaniste » battait son plein. D'autres maisons d'édition s'engouffraient dans le même secteur de vente, et l'on vit des collections expurgées fleurir à l'étal des libraires : « Belles-lettres égalitaires », « Romances sans racisme », < La Gauche littéraire » et la plus célèbre, conçue pour les enfants, « Bébé, Sade, Maman ».

Dans le métro, on n'osait plus lire un roman qui ne fût justifié par l’une de ces collections, de peur d'affronter le regard réprobateur des passagers. Les journaux se plurent à rapporter les brimades qu'un lecteur de Mauriac en version originale, non expurgée, dut subir de la part de femmes outragées par cette scène qu'elles qualifièrent, par la suite, d'obscène : un homme lisant le Bloc-notes ! Devant des enfants ! Que le romancier de Thérèse Desqueyroux ne fût pas le plus scandaleux des écrivains, et même un catholique scrupuleux et moral, n*y changeait rien : ces mères en colère n'en voulaient rien savoir. Pour quelles raisons, expliquèrent-elles, si les livres de Mauriac ne sont pas des immondices, les publie-t-on dans des collections qui en suppriment les passages orduriers ?
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-Alors ? Quelle importance ? Qui, aujourd'hui, est en mesure de repérer une contradiction ? Tout le monde s'en fout, des contradictions ! Depuis les années soixante-dix, depuis la pop philosophie, le structuralisme, l’anti-œdipe et autres babioles, on joue avec les concepts, on écrit des choses vagues que personne n'est en mesure de contredire : contredit-on le vent ? Vous ne me comprenez pas. Clément, c'est un peu décevant... Quand le monde appartient aux pignoufs et aux sophistes, on est bien obligé, pour vivre, de jouer le jeu... En privé, certes, je m'occupe d'autre chose, mais en privé. En privé !
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Tous les corps de métier inventent un lexique singulier. Nous n’échappâmes pas à cette règle universelle. Ainsi naquit le verbe « céliner ». Lorsque Beaussant m'informait qu'il avait céliné une œuvre, c'est qu'il n'en restait, dans le volume et dans l'esprit, presque rien. Le verbe, on l'aura compris, se référait à Céline : Voyage au bout de la nuit, gros roman de plus de six cents pages, avait subi une cure d'amaigrissement, de sorte qu'il se présentait, dans notre collection, sous la forme d'une petite plaquette d'à peine vingt pages, dont le contenu guilleret, printanier et fleuri, n'aurait pas choqué les séides les plus soumis au politiquement correct. C'était devenu une bluette pour jeunes filles naïves (s'il en restait), qu'elles auraient pu déposer dans un panier d'osier, à l'arrière d'une bicyclette, parmi les framboises et les bouquets de marguerites, lorsqu'elles pédalent à travers les chemins de campagne, les beaux soirs de juin.
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L’art ne se maintient qu'en des temps où les élites terrorisent les foules plébéiennes ; mais si elles s'inclinent devant le nombre, le peuple, les ventes, eh bien, l'art disparaît dans l'indiscernable. Nous y sommes. Je ne crois pas que l'Europe s'en sortira. Encore quelques dizaines d'années, peut-être... Un jour, Molière et Verlaine ennuieront tout le monde, on leur préférera des récits à la mode, les chanteurs du jour, les films en 3D, le tout-venant de l'industrie culturelle... Le lien avec le passé sera coupé, et nous nous écraserons le nez sur le présent... Fin de partie…
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Mais où trouver de nos jours une prostituée qui lût les Évangiles ? Et si ni son épouse, ni ses enfants, ni personne ne l'aimaient, pourquoi Dieu lui accorderait-il cette faveur ? Cependant, il comprit que son désarroi l'obligeait à s’interroger sur la foi : pour Dieu, il n'y avait pas d'hommes en trop ; chacun, du plus miserable au plus glorieux, relevait de son administration miséricordieuse. Certes, si tous étaient élus, aucun ne l'était plus qu'un autre ; c'était un peu embêtant, mais au point où il en était, il n’allait pas faire la fine bouche.

Il devait bien reconnaître qu’il n'avait jamais pensé sérieusement à Dieu. La vie était déjà assez compliquée comme ça, avec l'école, le lycée, l'université, puis les traças professionnels à l'âge adulte ; sans compter la quête d'une femme, l'entretien d'une famille, plus tard, et les courses chez Leclerc. Si, en plus, il fallait jeter Dieu dans la bataille, on ne s’en sortait plus !
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Aujourd'hui, le succès des super-héros, ou tout simplement des héros, est encore une façon de célébrer les potentialités humaines. Nous, chez Langlois, nous allons plus loin, nous ne réservons pas seulement à quelques privilégiés l'honneur d'un panégyrique, nous démocratisons l'héroïsme : chacun a le droit d'être le héros d'un roman, car chacun est le héros de sa propre vie.

Et croyez-moi, il faut plus de courage et de volonté pour, tous les matins, affronter les odeurs du métro ou le carnet de correspondance de ses enfants, que pour.contempler de loin, comme Napoléon, un champ le bataille, avec une longue-vue !
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Au fond, le Serge ressemblait à un oignon, on pouvait en dénombrer plusieurs couches, sans qu'aucune fût plus essentielle que l’autre : une couche du Serge souffrait de l'insignifiance universelle, une couche plus ancienne continuait de peinarder dans la vie conjugale, une autre couche (très récente) souffrait de jalousie, une couche ombreuse songeait au suicide, etc.

Si un philosophe avait tenté de réduire Serge à une essence, une idée, il aurait été bien embêté, c'était le bazar là-dedans, la confusion, le chaos. Il fallait bien s'y résoudre : l’unité du Serge était une vue de l'esprit. Et de ce millefeuille, de ces mille Serge, l'intéressé n'avait pas une conscience très précise : aucune contradiction, à ses yeux, entre le sentiment d'inutilité de tout et la tristesse d'être largué. Or, si tout est insignifiant, pourquoi souffrir d'un fait aussi banal qu'une séparation (fût-elle la vôtre)? Une seule réponse : l’oignon et ses mille feuilles !
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Rien n'est plus ridicule que d'espérer de l'avenir une légitimation de nos aigreurs.
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Il n'est que trop évident que les hommes ont tendance à s'exagérer l'importance de leur personne. L'espèce se développe d'une façon inouïe, invente, découvre, engendre des technologies inédites. Mais l'exemplaire humain n'est le plus souvent qu'une ombre de l''époque, un reflet du temps présent, engorgé des idées les plus sottes de la saison. Le grand secret de l'existence est que l'être humain ne pense pas : c'est une marionnette bredouillant avec orgueil un texte collectif, banal et sans surprise.
(...) les êtres humains, tous prévisibles, prétendaient pourtant à l'unicité et à l'originalité. Quelle bande de cons !
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