Décevant.
Patrice Jean est certainement l'un de nos grands écrivains, et l'on ne peut exiger que toute son oeuvre soit du même niveau. Mais là.. Bien sûr c'est toujours bien écrit et intelligent, toujours aussi drôle lorsque l'auteur brocarde ses bêtes noires favorites, raille l'inculture contemporaine et les modes auxquelles se soumettent les pseudo-intellectuels, et même les vrais -s'il en rester: cette conversation hilarante entre élèves de khâgne qui font assaut d'inculture!
Et aussi la petite musique du désespoir.
Mais, et c'est peut-être primaire, j'ai besoin d'éprouver une certaine empathie pour les personnages des livres que je lis. Attention, je ne suis pas difficile. Souvent un personnage jugé négatif m'enthousiasme. Par exemple j'adore Vautrin, pour moi le personnage le plus sympathique de la Comédie Humaine. Et...bon, assez disgresse.
Si j'écris cela, c'est parce que Paul et son ami et mentor Berg me navrent totalement. Bien sûr, ils sont intelligents, leurs discussions philosophiques sont de haute volée, mais quelle veulerie ! Bien sûr qu'on ne sait pas ce qu'on fait en réalité, que les chemins du futur nous sont cachés, et que nous ne savons pas où ils nous conduiront. Mais ce n'est pas une raison pour adopter comme Paul la politique du chien crevé au fil de l'eau, pour être incapable de se battre pour avoir la femme qu'on aime et la laisser à un butor qu'on méprise -et qu'elle méprise sans doute aussi. Et Henri Berg qui laisse un faux cas de conscience lui gâcher la vie. Il a tué un ennemi pendant la guerre ! La belle affaire ! Il a fait son devoir, et était même dans un cas de légitime défense, ce qui d'ailleurs est hors de question à la guerre. Enfin, il croit qu'il était en légitime défense, il ne l'était pas et l'homme qu'il a tué était innocent, mais il ne le saura jamais, et l'auteur triche en nous le disant par le truchement du fantôme du mort, pour influencer indûment notre jugement.
Mais son obsession pousse par la suite Henri à commettre une faute, une vraie
il a quand même une excuse: il est psychanalyste et la psychanalyse, on le sait, huit gravement à est mauvaise à la santé mentale, surtout à celle de ceux qui la pratiquent.
Et puis Henri meurt. Il laisse sa confession entre les mains de ce pauvre Paul, qui n'avait pas besoin de ça.
Et l'image, la description que donne l'auteur de la mort est hélas horriblement réussie.
Et dans le fond ce livre est peut-être réussi à sa façon. Sa vision du monde n'est pas si fausse, mais on peut, et on doit peut-être, "faire comme si", en quelque sorte partie point d'honneur métaphysique.