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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Pas de lac Pekuakami ou de nature verdoyante dans ce nouveau roman de l'auteur innu Michel Jean. Cette fois-ci, nous sommes confrontés à la froideur de la ville et c'est le bitume que nous foulons. Nous faisons la connaissance d'Elie Mestenapeo, libéré de prison après 10 ans, pour le meurtre de son père, un homme alcoolique et violent. le jeune homme est condamné à une double peine pour ce crime, car en plus d'être exclu de la société, il a été banni de sa communauté innue de Nutashkuan. Plus de famille, plus de chez soi, alors Elie fait comme bon nombre d'autochtones à la dérive, il vient trouver refuge à Montréal, Tiohtià:ke en mohawk, et il devient un « itinérant ».

Dans la rue, il va se constituer une nouvelle famille : Jimmy le Nakota (que nous avons découvert dans Maikan), les soeurs Nappatuk, Mafia Doc, Géronimo ou encore Caya. Des nations différentes, mais une vie en communauté, qui lui permettra de se reconstruire et de retrouver confiance en lui. La lumière au travers de l'obscurité. Car la rue, c'est aussi le froid, la violence, la mort et l'invisibilité. le récit est ponctué d'évènements dramatiques, certains proches du polar, et j'aurais souhaité que ces éléments soient encore plus approfondis.

Dans cette nouvelle parution, Michel Jean dresse les portraits de ces « invisibles parmi les invisibles ». Si je n'ai pas eu le même attachement que pour Kukum ou Atuk, j'ai tout de même pris plaisir à retrouver la plume de l'auteur, et j'ai aimé découvrir ces nouveaux personnages qui reflètent les problématiques de la société québécoise, mais qui mettent également en lumière les blessures inter-générationnelles.
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y a des auteurs que l'on reconnaît dès les premières phrases. Et c'est le cas de Michel Jean. Une douceur, une simplicité dans le style, clair et tranquille, comme l'eau d'un lac. Sauf qu'ici, c'est la ville qui est au coeur du sujet. Tiohtia:ke que de ce côté de l'Atlantique nous connaissons sous le nom de Montréal.

Une grande ville qui abrite tant bien que mal ceux qui viennent de loin. Autochtones de toutes les premières nations se retrouvent dans les parcs. Se soutiennent. Tentent d'apprendre d'autres codes, dans une autre communauté. Élie est de ceux-là, un Innu passé par la case prison. Dix ans en cellule et un bannissement. Toute une vie à construire.

Michel Jean fait le choix de s'éloigner des grands espaces pour se focaliser sur les conséquences engendrées par des politiques successives sur les autochtones. L'alcool, la drogue, un total désoeuvrement et une perte de sens et d'identité. J'ai aimé ces personnages en marge et comme toujours, j'ai aimé en savoir plus sur un monde que je connais mal. L'auteur est journaliste, et il a cette grande faculté de transmission sans lourdeur. Je n'ai jamais le sentiment de lire un texte qui se voudrait didactique. Cependant, il m'a sûrement manqué un peu de "sale". J'aurais voulu que la part sombre d'Elie soit plus creusée, tout comme le volet "policier" qui pointe à un moment du texte. Pour autant, le fait que je tienne le rythme de cette lecture commune avec @manonlit_et_vadrouilleaussi et @point.a.laligne est la preuve (la seule qui vaille actuellement) que j'ai aimé cette lecture. Et que je vous recommande toujours autant de lire Michel Jean.
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Remonter le courant.

Livre après livre, Michel Jean n'en finit pas de réveiller (ou de révéler) au monde la mémoire de ses ancêtres Innus, premières nations du Québec bien avant que les Cartier, Champlain et autres Maisonneuve s'en approprient la découverte.

Avec Tiohtiá:ke, le sujet reste le même, mais l'angle varie. Dans les pas d'Elie Mestenapeo, jeune Innu sorti de prison pour échouer dans la communauté SDF de Montréal, c'est aux déracinés de Montréal qu'il s'intéresse.

« Et Montréal ? Tout ça n'existait pas pour eux. Il n'y avait que les lacs et les rivières, Nitassinan pour les Innus, Nitaskinan pour les Atikamekw, Eeyou Istchee pour les Cris. le monde était plus simple. »

Si leurs tribus d'origine diffèrent, leur invisibilisation contemporaine est identique : survivant comme ils le peuvent dans une ville qui ne veut pas les voir après les avoir autrefois forcés à se sédentariser, l'alcool, la drogue et la violence font leur quotidien.

« Avant, survivre, c'était un travail qui occupait les gens à temps plein. À partir de là, ils n'avaient plus grand chose à faire et ils ont commencé à boire pour passer le temps. »

Loin du roman ou de l'enquête pseudo-policière invraisemblable dans laquelle il s'égare un temps, Tiohtiá:ke est une succession de portraits, de témoignages et d'hommages de Michel Jean aux siens, qui ravivent la mémoire de l'injustice passée dont les stigmates sont toujours visibles aujourd'hui.

Comme dans un conte, l'auteur ouvre les voies d'une rédemption à qui tente de remonter le courant de ses origines. Elie, dont les bribes d'enfance remontent régulièrement, y trouvera le salut par un voyage initiatique dans le Grand Nord, territoire de ses ancêtres.

« Les Innus sont un peuple de rivière, les Inuit un peuple de mer, mais vous avez en commun cet endroit mythique (…) Tu as beaucoup à apprendre là-bas. »

Et nous, encore beaucoup à apprendre de Michel Jean.
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La plume de Michel Jean est toujours aussi douce, aussi poétique pour décrire le quotidien d'un jeune Innu, banni de sa communauté suite à son passage en prison pour le meurtre de son père, qui se retrouve parmi la "communauté" SDF de Montréal.
Si j'apprécie toujours autant de me plonger dans un roman de Michel Jean, celui-ci m'a moins touchée.
Malgré les personnages, leurs parcours respectifs,le fait de retrouver Jimmy le Nakota, l'avocate Audrey Duval...je ne sais pas, cachée derrière cette douleur, il y a cette ville qui avale et dépersonnalise mais elle n'est pas seule coupable.
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LE CHEMIN VERS LA LIBERTÉ

Elie.
L'innu de Nutashkuan, côte nord du Québec.
Feuille fragile, d'abord insouciante,
qui se bat contre le vent de la vie.
Rouge de fatigue
Rouge de colère,
car là, tapi dans sa sève, le monstre le hante, l'empêche de lâcher prise face au bonheur,
se considérant indigne de ceux qui veulent l'aimer.

Elie,
cette feuille qui virevolte et parfois tombe au sol,
Lourde de son passé, dévorée par la violence.
Celle d'un père alcoolique et brisé
et la sienne qui semble être à l'affût, là, prête à bondir…

10 ans de prison plus tard,
Élie l'innu de Nutashkuan ne peut retourner parmi les siens,
chez les Autochtones on bannit à jamais pour punir l'irréparable…

Reste Tiohtiá:ke, Montréal.
La sonore et tapageuse,
là où « le silence est impossible ».
Écrasé par les arbres d'acier à perte de vue,
Élie est seul et saisi d'une mélancolie profonde, loin, trop loin, des paysages, des odeurs et des bruits apaisants de son enfance, auprès de son mushum.

Dès lors, le road trip s'élance,
chronologique, entre ville et forêt.
D'abord à pied dans les rues de Montréal près d'Élie l'itinérant (un SDF comme on dit en France).
On y est.
La ville nous oppresse.
Son bruit nous envahit.
Le repos impossible.
Comment oublier l'ineffaçable quand on est seul avec ses pensées, dans une ville aux antipodes des terres de ses origines- épuisante, suffocante ?

Pourtant le vent de la vie pousse à nouveau Élie
comme une feuille lourde de douleurs,
vers le square Cabot,
vers Geronimo, Jimmy, Mafia doc, Caya et les autres… une myriade d'hommes et de femmes Autochtones
itinérants de communautés éparses
réunis au pied d'une statue au milieu des tours.
On y parle l'innu, l'algonquin, le cri, l'atikamekw, l'inuktitut…
Ils sont marginaux parce qu'Autochtones au coeur de la blanche Montréal,
ils sont les exclus d'un pays qui longtemps chercha à affaiblir, disséminer et dégénérer l'existence de leurs communautés.
La plaie de l'Histoire dont on ne veut pas vraiment voir aujourd'hui la profondeur…

La rue c'est l'alcool, la drogue, la misère et la violence quotidiennes pour ces premières nations perdues dans l'océan urbain.
Leurs repères sont ailleurs, sur d'autres rives…
des rives, des forêts, une rivière, la pêche, la chasse, le feu de bois- autant de gestes et de lieux pour réapprendre à vivre,
revenir à la source pour ces échoués du bitume froid de la ville.

Élie s'éloigne de la torpeur urbaine,
appelé à reprendre le bon chemin.
Mais il reste cette feuille hésitante dans le souffle sinueux du vent de la vie,
des souvenirs surgissent:
ceux qui l'apaisent et ceux qui réveillent le monstre qui est en lui…

C'est le récit d'une rédemption qui un temps parait impossible
Et pourtant, ce même vent de la vie parfois pousse les êtres égarés vers des rencontres, l'amitié et l'amour,
points d'ancrage salvateurs capables de faire passer l'homme des ténèbres à la lumière…
C'est le récit d'une Nature-personnage agissant sur ces hommes et ces femmes qui ont éclos en ses terres.

C'est le nouveau roman de Michel Jean, voix précieuse des peuples Autochtones qui de texte en texte, en conteur insatiable, rend justice à ses semblables, ici les invisibles des rues de Montréal,
trop longtemps victimes opprimées, solidaires face à la misère mais toujours attachés à leurs terres.

Un roman dans lequel vous (re)trouverez toute la douceur, la justesse et l'émotion des mots de Michel Jean, ses mots qui font définitivement oeuvre de témoignage humaniste pour ces premières nations, saisissant l'Histoire et l'âme humaines meurtries par les douleurs du passé et du présent pour les mener à nouveau vers la lumière
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Ces derniers temps j'ai entendu et vu pas mal de bon avis sur l'auteur, j'ai donc décidé d'emprunter un de ses romans afin de me faire mon propre avis sur celui-ci.

Et dès les premières pages j'ai beaucoup apprécié la fluidité de la plume de celui-ci, nous sommes de suite embarqué dans le récit, cela est du également je pense au faible nombre de page du roman.

Nous suivons le personnage d'Elie qui se trouve à la rue dans la ville de Montréal, nous allons le suivre ainsi que les personnages que celui-ci côtoie, les jumelles, Mafia Doc, l'entraide qui existe entre ces personnages, mais aussi l'alcool et les autres type de trafic en tout genre.

J'ai aimé en découvrir plus sur les autochtones innus et j'ai du coup très envie de lire d'autres récits de l'auteur afin de compléter un peu mes lacunes sur ce sujet.

Une belle découverte, j'ai mis dans mon pense bête d'autres livres de l'auteur. Un récit différent que je garderai un petit moment en mémoire.
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Elie, jeune homme Innu, sort de prison pour le meurtre de son père violent. Cela, c'est la punition de la société occidentale. Pour son clan, la sanction est un bannissement à vie. Aussi erre-t-il dans Montréal, Tiohtia:ke en langue Innu, sans toit ni personne à qui se raccrocher.

Les autochtones errants de Montréal vont lui offrir une seconde famille, l'aider à reprendre goût à la vie. Elle est excessivement dure dans cette grande ville où les itinérants sont considérés comme moins que rien, renversés par des automobilistes qui ne les voient plus.

C'est un récit de vie poignant, soutenu par la plume journalistique de Michel Jean, qui connaît bien cette population dont il est issu. Il m'a peut-être manqué un côté romanesque, mais c'est une réalité tellement crue que cette approche était peut-être la seule possible.

Merci à NetGalley et aux éditions du Seuil pour cette lecture !
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Elie Mestenapeo sort de prison après avoir été accusé de la mort de son père il y a 10 ans . Banni de la communauté ,il prends le bus pour Montréal ou il rejoint la tonne d'itinérants autochtones au centre-ville. Heureusement il rencontre de bonnes personnes sur son chemin . Jimmy le nakota, les jumelles Mary et Tracy, mafia doc et retrouvera le goût à la vie à leurs contacts. Un roman plein d'humanité sur le phénomène des itinérants au Québec, auquel je donne 8/10.
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La médecin inuk et l'étudiant en droit innu vivent en couple à Djiodjiagué (Tiohtiá:ke), Montréal en langue mohawk. Elle n'a jamais connu les territoires ; il a vécu dans la grande plaine du Nord. Ils vont retourner ensemble aux racines des Premières Nations. Lisbeth et Élie vont tenter de concilier réussite sociale et portage de leur héritage autochtone.
De souche innue, Michel Jean, décrit la difficulté de la vie dans la métropole pour celles et ceux qui ont fui les réserves, espérant trouver l'eldorado dans la grande ville. Les migrants intérieurs se regroupent dans un village de tentes et d'abris de fortune au coeur de la cité. Il excelle à fustiger la spoliation ancienne et actuelle des nés natifs, devenus des itinérants à Montréal, réduits à mendier, à la chasse aux canettes consignées et à la soupe populaire, quand ils ne sont pas écrasés dans l'indifférence générale.
Le récit en mots simples progresse en courts chapitres ; l'écriture embellit lorsqu'elle se permet de belles échappées poétiques sur la beauté et la puissance de la nature, que ce soit l'arctique blanc ou les eaux torrentueuses du Saguenay. J'allais oublier la page magnifique sur l'envol d'une feuille entre les tours d'acier et de verre teinté.
Le dernier quart du livre est cousu de fil blanc. Ce n'est pas gênant, l'intention étant de semer une graine d'espoir chez les descendants de communautés ravagées, qui peinent à figurer dans le Canada moderne.
Michel Jean m'a donné envie d'écouter Rudy Caya et Vilain Pingouin, interprètes du spleen aurochtone. Et aussi de revoir des vues de Montréal, visitée au siècle dernier.








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A Montréal, beaucoup d'autochtones vivent dans la rue : misère, alcool, drogue , maltraitance...sombre tableau duquel émerge de la fraternité et du soutien.
On sent l'indifférence des passants, de la justice, de notre monde moderne incapable de compréhension envers ce(s) peuple(s) perdu(s). Et c'est quand il sort de la ville, retrouve ses racines en pleine nature que la lueur apparait et donne un espoir.
Michel Jean raconte avec simplicité et de façon factuelle le traumatisme , l'aberration de la situation, ces personnages sont multiples et attachants , le récit est imprégné d'une grande tristesse qui m'a envahie . C'est incroyable d'en être encore là en 2023!
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