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Quel livre !!! On passe de Rembrandt à l'Allemagne de Weimar puis celle du nazisme en finissant par l'époque actuelle, le tout sans temps morts comme emportés par le souffle de l'histoire ou plutôt des histoires : la grande et celle au départ de la modeste famille von Hauser qui changera de nom après la seconde guerre mondiale comme pour conjurer le sort ou effacer la honte.
Sur une base réelle et extrêmement bien documentée, l'auteur (dont j'avais déjà apprécié "Mourir est un art comme tout le reste" consacré à Sylvia Plath, poétesse méconnue des non anglophones au destin tourmenté et tragique et "l'audience") nous embarque dans un voyage fantastique. Celui-ci débute avec la rencontre et la liaison amoureuse de Rembrandt avec Margot von Hauser, la nourrice de son fils, Titus, que rembrandt fera effectivement interner dans un asile-prison d'Edam à cette mystérieuse gravure d'une femme-écrevisse, censée de nos jours se trouver dans la salle 33 du Louvre.
Curieuse de nature, j'ai d'ailleurs passé mon temps soit dans d'autres livres soit sur internet afin de tirer les fils multiples de ce roman surprenant.
Il y a surtout cette maladie inconnue au début qui semble envahir Margot et émaner de la femme-écrevisse, maladie qui s'affirmera comme étant la schizophrénie (l'esprit séparé en deux) dont un grand nombre de descendant de la nourrice à travers le temps, seront porteurs et victimes. Tous composent des personnages très attachants, prisonniers de ce délire qu'on arrive à mieux soigner maintenant. le nom de famille Hauser m'a aussi relancé sur la trace de l'enfant Kaspar Hauser,l'adolescent surgi des bois en mai 1828 à Nuremberg, dont les origines n'ont jamais été éclaircies et dont la mort même, est une énigme : meurtre ou suicide ?
La femme écrevisse, symbole d'un être hybride, divisé en deux, dont une espèce particulière l'écrevisse marbrée se clone pour accoucher d'un double (parthénogénèse), comme une image de la schizophrénie où l'esprit perd le contact avec la réalité pour vivre dans une autre dimension.
Un livre magnifique qu'on ne peut que dévorer ! Merci à NetGalley de m'avoir permis de lire ce livre.
Lien : https://www.netgalley.fr/mem..
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La femme-écrevisse est le titre d'une gravure réalisée à Amsterdam en 1642 par un artiste célèbre. Elle représente un corps hybride - celui d'une femme à tête de crustacé. Entrée au service de Rembrandt, Margot von Hauser entre aussi dans son lit et développe une obsession pour cette image qui va la pousser à se dévoiler à elle-même. Lorsque le maître l'initie à l'art de la gravure, il est loin de penser qu'il offre à Margot le marchepied de son émancipation dans une cité où tout l'art, le commerce et le port sont aux mains des hommes. de l'âme pionnière de Margot, il reste des filaments qui, au XXe siècle, composent la personnalité de Ferdinand van Hausser, vedette du cinéma dans le Berlin des années 20. Un homme à succès dont le destin est guidé, depuis l'enfance, par cette femme-écrevisse qui a rendu libre son aïeule. le système de capillarité affective qui traverse l'arbre généalogique des von Hausser touche et rend gracieux Grégoire, petit-fils de Ferdinand dont on fait la connaissance en 1999 et qui, le premier, tente de briser la chaîne de l'envoûtement de la susdite femme-écrevisse. Dans une langue limpide où jamais il n'est question d'effort, Oriane Jeancourt Galignani réussit un livre d'atmosphère (la première partie à Amsterdam au temps de Rembrandt est aussi admirable qu'un tableau d'époque) et propose un roman sur la puissance de l'art.
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Bonjour, un roman intrigant en ce dernier jour d'été. roman de la rentrée littéraire "La femme-écrevisse" de Oriane Jeancourt Galignani aux Editions Grasset et Fasquelle.
Un voyage dans le temps l'histoire puisque ce roman en trois parties nous emmènent tout d'abord à l'époque de Rembrandt et d'ailleurs nous emmène chez lui, dans son atelier où nous découvrons sa vie avec Margot van Hauser, et la fameuse gravure de la femme écrevisse. Puis nous sommes à Paris en 1999, en compagnie de Grégoire et Lucie van Hauser, puis en Autriche et Berlin des années 20 avec Ferdinand van Hauser. Et toujours ce lien avec cette femme écrevisse, qui obsède les membres de cette famille, qui annonce ? qui provoque ? Bref une épopée intriguante, car j'ai cherché dans les gravures de Rembrandt cette femme écrevisse et je n'ai rien trouvé. Est-ce vrai ou pas ? J'ai refermé ce livre en voulant en découvrir plus sur la vie de Rembrandt. Si vous aimez les mystères, la vie, que vous vous questionnez sur la transmission, la "malédiction" d'une famille, la folie partagée alors partez à la découverte de cette fameuse femme-écrevisse.
Quatrième de couv. Amsterdam, 1642. Maîtresse d'un peintre célèbre, Margot von Hauser découvre dans son atelier une fascinante gravure. Qui est cette obsédante Femme-écrevisse à corps humain et à tête de crustacé ?
Berlin, 1920. Ferdinand von Hauser rompt avec sa famille pour devenir acteur de cinéma. de film en film, il découvre qu'en lui sommeille un incontrôlable délire. Et à l'image de cette Femme-écrevisse qu'enfant, il adulait, sa personnalité semble se diviser.
Paris, 1999. Grégoire von Hauser se croit libre de quitter son pays, d'aimer une inconnue, de choisir sa vie. C'est ignorer les ordres mystérieux de la Femme-écrevisse qui se transmet dans sa famille depuis des générations. Avec lui, un désordre fatal surgit.

Puissant, évocateur, troublant, La femme-écrevisse est le roman de l'éternelle folie des coeurs sensibles dans une société éternellement impitoyable.
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Un tableau semble envoûter divers membres d'une famille à travers les siècles.
Un roman envoûtant de par ses thématiques mais aussi grâce à l'écriture ciselée, belle et touchante. L'enchantement de la création artistique,
de la pièce qui vous fait rêver, vous emmène dans un autre monde, qui, parfois hélas, peut détruire (ou transformer) votre vie, vous faire sombrer, voire renaître.
Les narrateurs changent mais les thèmes se font écho dans des histoires qui s'éclairent, aux répétitions entêtantes, parlantes, telles la folie, l'amour destructeur ou potentiellement rédempteur dans certains cas, l'Art sous toutes ses formes, la création, la folie et la démesure des hommes (le nazisme en particulier) et le poids de notre héritage, des familles dysfonctionnelles, le monstre qui sommeille en nous.
Un livre sur les mystères de la prédestination, sur la peinture comme un sortilège, voire un maléfice (je songe en particulier au portrait de Dorian Gray).
Un texte fort, humain, qui m'a ébranlée et invite à tout remettre en question, y compris quand il s'agit d'hommes aussi célèbres et célébrés que Rembrandt. Ce roman fait appel à la mythologie, la littérature et tant d'autres références culturelles sous forme kaléidoscopique.
Un roman à la hauteur de son titre, délicat et intrigant.
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Si j'avais été éditeur, et si j'avais reçu ce roman par la poste, je l'aurais refusé. C'est manifestement un courage que le zig Dantzig (reste Dant), de chez Grasset, n'a pas eu, et on se demande bien pourquoi.

C'est un roman qui ne raconte pas grand-chose et dont l'écriture semble même avoir ennuyé un peu son autrice, lorsqu'à la fin l'on sent, de sa part, comme un essoufflement, un poing de côté, une hâte laborieuse à se débarrasser de son écrit, heureusement terminable (il se termine dans la corrosion), dégonflement qui brasse de plus en plus d'air.

Dans cette constipation finale d'un accouchement difficile, les soldats de Vigipirate courent dans le musée du Louvre avec, dans les mains, des kalachnikovs, arme qui n'est pas et n'a jamais été en service dans nos armées, et qui est celle des terroristes du Ba-Ta-Clan.

Pourtant l'autrice s'était montrée capable d'un soin du détail assez grand pour placer la gravure de la femme-écrevisse dans la salle anciennement numérotée 33 de l'aile Richelieu 2, « Peintures / Europe du Nord / 1600-1700, le portrait », du musée, salle numérotée 843 depuis 2018.

Cependant, admettons-le, la lecture de ce roman n'est globalement pas désagréable. C'est sans doute la première partie, à Amsterdam, magique, qui donne assez de tension d'ensemble au livre pour qu'on consente à le lire jusqu'au bout, malgré l'évident essoufflement narratif dont il pâtit. N'eût-il pas mieux valu rester dans ce segment ?

La femme-écrevisse est une gravure de Rembrandt qui n'existe pas. Invention peut-être en lien avec le cancer : la femme cancer, lien noté dans l'ouvrage.

C'est une oeuvre de Dali qui porte le nom de femme-écrevisse. Chez Dali, l'écrevisse est une métaphore à la fois de l'utérus et du sexe féminin. Maternité (le cancer procréatif) et vagina dentata. Femme castratrice (douée de désirs forts et dominants) et femme procréatrice. L'écrevisse est posée dans le dessin de Dali à l'endroit même du sexe.

La sexualité revient en effet dans le roman, précisément celle des femmes de quarante ans, Margot et Alicia. La castration, c'est la folie des hommes : Rembrandt, Grégoire, Ferdinand, le nazisme, gigantesque délire.

On nous sert ensuite un cours de morale pas très convaincant (vaincu) sur le nazisme (l'autrice est franco-allemande), et on lui enchaîne avec un à-propos sans doute involontaire le féminisme luciférien de Lucie, la Jungfrau von Hauser (un lien avec Gaspard Hauser ? oui, sans doute), aux affirmations anti-Rembrandt aussi outrancières que la logorrhée antisémite des nazis.

C'est peut-être de cela que parle au fond cet ouvrage : Margot serait l'aryenne et Rembrandt le sémite. le génie et son parasite, le sémite et l'antisémite, l'écrevisse et le vice crevé.
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3 époques que relie une gravure, celle de la femme écrevisse… Tout d'abord au XVIIème siècle à Amsterdam dans l'atelier de Rembrandt qui l'a dessinée avec sa compagne Margot. Puis au début du XXIème siècle à Paris et Londres lorsque les descendants de Margot s'intéressent à ce dessin et enfin dans les années 1930, dans l'Allemagne nazie quand le grand-père de ces derniers entamait une carrière d'acteur. Réceptif à la première partie de ce roman, j'en pinçais volontiers pour cette femme-écrevisse dont nous avons suivi la genèse. Mais les deux dernières parties du roman m'ont vite lassé, et, curieux de voir où l'auteure voulait en venir je me suis fait violence pour aller au terme de cette histoire. La fin du livre ne m'a pas convaincu, j'ai dû passer à côté de quelque chose, nos antennes n'étaient pas sur la même longueur d'ondes ; la femme-écrevisse restera un mystère.
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