À quelques jours de mes 72 ans, la mort commence inévitablement à se pointer à mon esprit. Non pas que j'ai à me plaindre de ma santé, mais arrivé à cet âge cela peut très vite changer. Et ces derniers temps la mort a été fort présente dans mes pensées, à la suite du décès de ma première et grande amie sur Babelio, ClaireG ou Claire Gérard de Bruxelles, à qui les derniers honneurs seront rendus aujourd'hui même et à qui je rends ici mon humble hommage.
Cet ouvrage d'
Oriane Jeancourt Galignani nous raconte la vie dramatique de
Sylvia Plath, la grande poétesse américaine, morte suicidée à l'âge de seulement 30 ans. La qualité de sa poésie et sa fin tragique font que ce roman de 2013 n'est pas le premier et certainement pas le dernier à être inspiré par sa vie. Presque 20 ans après s'être gazé dans la cuisine de son appartement à Londres, le 11 février 1963, elle a reçu le fameux prix Pulitzer, ce qui est unique !
À part son oeuvre littéraire et sa mort,
Sylvia Plath continue à faire l'objet d'écrits pour sa véritable place dans l'histoire du féminisme anglo-saxon et son mariage avec le poète anglais
Ted Hughes (1930-1998). de la philosophe et écrivaine émérite néerlandaise
Connie Palmen j'avais lu "
Ton histoire. Mon histoire" qui explore justement les rapports parfois tumultueux entre ces 2 poètes célèbres. Cet ouvrage m'a incité à lire son recueil de poèmes "
Ariel", publié après sa mort et qui m'a impressionné par sa qualité.
Sylvia Plath a été toute sa vie maniaco-dépressive. Depuis la mort de son père, un émigré allemand et entomologue connu, lorsqu'elle avait 8 ans, elle a été confrontée à ce que l'on appelle de nos jours des troubles bipolaires graves, qui lui ont valu des hospitalisations en psychiatrie. Au moment de la mort de son père chéri, qui venait d'avoir 40 ans, la petite Sylvia aurait (selon Wikipédia) murmuré : "Je ne parlerai plus à Dieu". Qu'elle ait été considérablement affectée, voire perturbée, par ce décès ne fait pas l'ombre d'un doute. Dans quelle mesure il a eu des conséquences néfastes sur son équilibre mental à plus longue échéance est une question sujette à spéculations contradictoires.
Toujours est-il que la pauvre poétesse a connu des moments de grandes souffrances psychologiques, comme il ressort nettement de son unique roman autobiographique "
La cloche de détresse" , publié l'année de sa mort sous un pseudonyme, qui constitue une espèce de "
Chronique d'une mort annoncée", pour reprendre le titre d'une oeuvre du Nobel colombien,
Gabriel Garcia Márquez. Un roman incontestablement beau, mais que je ne recommande pas, car trop triste.
Sylvia Plath, née près de Boston aux États-Unis en 1932, a étonné son monde par son intelligence précoce exceptionnelle. À l'âge de 8 ans elle a réussi à publier son premier poème. Elle a obtenu son diplôme au Smith Collège, une institution renommée, avec "summa cum laude" et en 1956 elle a gagné une bourse Fulbright (pas évident du tout) pour aller étudier à l'université de Cambridge en Angleterre.
C'est à Cambridge qu'elle a fait la connaissance d'Edward ou
Ted Hughes, qui a eu l'honneur d'être nommé le "poète de la Reine" et avec qui elle s'est mariée, très très peu de temps après son arrivée outre-Manche, et de qui elle a eu 2 enfants : une fille Frieda (prénommée ainsi en hommage à l'artiste peintre mexicaine
Frida Kahlo ?), née en 1960 et un fils Nicolas 2 ans plus tard. Ce Nicholas a été victime de fortes déprimes et s'est également suicidé, à l'âge de 47 ans.
J'ignore s'il y a eu un rapport avec la séparation de ses parents l'année même de sa naissance, 1962 ? Une séparation due à l'état psychique de Sylvia et l'infidélité de Ted.
Peu de temps après ces bouleversements importants se situe le suicide de
Sylvia Plath. C'est par cet événement saisissant que commence "
Mourir est un art, comme tout le reste". Elle bâillonne la porte de la cuisine avec du sparadrap pour sauver Frieda et Nicholas, avant de metre la tête dans le four de la gazinière.
Ce passage m'a donné envie d'arrêter ma lecture, tellement qu'il m'a horripilé, surtout que je sois loin de ma forme des grands jours, à cause du décès mentionné plus haut. Puis, je me suis souvenu que c'était exactement Claire qui m'a convaincu de persévérer lorsque à mes débuts sur Babelio, j'ai failli, légèrement déçu, arrêter mes billets sur notre site. C'est grâce à elle, en somme, si un an et demi plus tard j'y suis toujours activement présent.
Par ailleurs, abandonner cet ouvrage n'aurait pas été très respectueux de ma part envers le travail formidable d'
Oriane Jeancourt Galignani, dont c'était la première oeuvre littéraire. Par la suite, l'écrivaine a publié 2 autres ouvrages : "
L'Audience" en 2014 et qui a eu un franc succès sur Babelio, et l'année dernière "
Hadamar".
Oriane Jeancourt Galignani, comme journaliste sait manier sa plume et comme directrice des pages littéraires du magazine "Transfuge" peut nous apprendre beaucoup sur les belles-lettres et leur évolution. Son style est précis tout en étant remarquablement fluide. Ce roman qui "s'est accordé toute liberté" (page 213) ressemble à une "vie imaginaire" basée sur l'existence de personnalités réelles. À cette fin, l'auteure s'est documentée à fond sur la brève et riche existence de
Sylvia Plath.