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C'est des Etats-Unis où il s'est réfugié il y a un an que Ludwik apprend par la radio que la loi martiale a été décrétée dans la République socialiste de la Pologne ce 13 décembre 1981.

Il peine à dormir, le souvenir de son pays, de sa famille et de ses amis resurgit. Celui de Janusz surtout, ce jeune homme qu'il avait rencontré lors d'un camp de travail pour étudiants. C'était le roman interdit en Pologne et obtenu clandestinement « la chambre de Giovanni » de James Balwin qui les avaient rapprochés, faisant naître un amour lui aussi interdit dans un pays qui condamne l'homosexualité.

A la fin du camp ils étaient partis ensemble sillonner les campagnes, y avaient trouvé un endroit magnifique et isolé au bord d'un lac, à l'orée d'une forêt de pins où ils avaient profité paisiblement du temps qui s'écoulait pour s'aimer librement à l'abri des regards tout en sachant que la fin des beaux jours s'approchait inexorablement avec leur retour à Varsovie.

C'est avec beaucoup de sensibilité et une douce mélancolie que Tomasz Jędrowski nous offre cette histoire d'amour naissante entre deux jeunes hommes aux idéologies très différentes. Car si l'amour les réunit, tout le reste les sépare.

A travers cette histoire, c'est tout le paysage politique de la Pologne qui est dépeint, de la purge antisémite à la fin des années 60 jusqu'au début des années 80 avec le renforcement de la censure et l'apparition de mouvements de protestation contre la pauvreté et les inégalités sociales.

«Les nageurs de la nuit» est un beau premier roman qui nous emmène sur les vagues d'un amour condamné à rester dans l'ombre et relance la réflexion sur la définition personnelle de la liberté.
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Dans les années 80 en Pologne, Ludwik et Janusz sont étudiants et se rencontrent lors d'un camp d'éducation par le travail, étape obligatoire pour la poursuite des études. Leur histoire d'amour estivale sera rapidement confrontée à la réalité lors de leur retour à Varsovie. Alors que le pays est en proie à la répression d'un soulèvement populaire, ils devront faire un choix : fuir à l'étranger dans l'espoir de plus de liberté ou rester dans un pays où l'on manque de tout, devoir se cacher et mentir. Trois ans après sa parution au Royaume-Uni, ce roman de Tomasz Jedrowski sur une bouleversante histoire d'amour derrière le Rideau de fer arrive enfin en France, et c'est tout simplement magnifique.

📖 Les nageurs de la nuit de Tomasz Jedrowski paraîtra le 8 mars 2023 aux éditions La Croisée dans une traduction de Laurent Bury. 224 pages, 20€.

🔗 Service de presse adressé par l'éditeur.
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La jeunesse de Ludwig, ce sont les années 80 dans la République populaire de Pologne. Un été, il participe à un "camp d'éducation par le travail" où il passe ses journées à ramasser des betteraves (fun), condition 𝘴𝘪𝘯𝘦 𝘲𝘶𝘢 𝘯𝘰𝘯 pour obtenir son diplôme universitaire (super fun). Inutile de préciser que Ludwig n'est pas enchanté à l'idée de contribuer de cette façon "aux efforts de la mère patrie." Sauf qu'il y fait la connaissance de Janusz, dont il tombe éperdument amoureux (et nous avec lui, il est irrésistible!). A la fin du camp, ils décident de partir ensemble explorer la région des lacs et vivent une histoire passionnelle et sensuelle le temps d'un été.Mais de retour à Varsovie, leur relation se confronte brutalement à la réalité de la clandestinité de leur amour, et de la rigueur du régime.

Tomasz Jedrowski parvient à mêler avec beaucoup de maîtrise et de sensibilité l'histoire personnelle des deux amants et celle de la Pologne des années 80. Alors que Ludwig se sent révolté par la situation politique de son pays, par les conséquences de la crise économique, Janusz choisit une autre voie.

L'auteur explore les doutes, les interrogations de ces deux amants sur leur couple mais aussi face à la répression politique et aux lueurs d'espoir qu'éveille le syndicat Solidarność. J'ai aimé cette plongée dans un moment de l'histoire de la Pologne que je ne connaissais peu, ainsi que la très belle 1ere partie du roman, dans laquelle le désir et la passion sont racontés avec beaucoup de délicatesse.

J'ai cependant été parfois gênée par le parti pris narratif : Jedrowski choisit de confier le récit à Ludwig qui évoque dans un long flash-back son histoire passée avec Janusz en utilisant le "tu", comme dans une lettre. Et le résultat m'a semblée parfois maladroit.

Mais en définitive, j'ai été touchée par cette très belle histoire d'amour, qui résonne avec celle du roman (interdit) de James Baldwin "La chambre de Giovanni",qui accompagne l'éducation sentimentale de Ludwig et Janusz. Déjà cité comme référence par Rivers Solomon dans "Sorrowland", il est rapidement entré dans ma PAL !
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Ce bouquin a été un coup de coeur quasi instantané pour moi et j'ai failli verser ma larmichette en le refermant, autant pour la fin du récit que pour la postface sincère et touchante.

Le lecteur suit une lettre que le narrateur, Polonais d'origine, écrit depuis les States à l'homme qu'il a rencontré vers 17 ans et aimé depuis, mais qui est resté dans la Pologne du Parti des années 70 alors que le narrateur l'a manifestement fui.

C'est le récit d'une relation amoureuse naissante, et de beaucoup plus que cela : c'est le récit du délitement de cette relation sous le poids des choix que le Parti impose insidieusement ; le récit de l'amour que porte l'auteur à la nature polonaise, peinte comme un échappatoire magnifique à tout ce que la société peut contenir d'oppressif ; et le récit de la lutte interne du narrateur pour parvenir à choisir comment il veut vivre.

Ces histoires ont toutes un point commun : elles sont belles. Je ne veux pas parler du style de l'écriture lui-même, n'étant pas suffisamment bilingue pour me sentir à l'aise sur le sujet, mais de ce l'écriture a suscité chez moi. Tous ces instants où les deux hommes se retrouvent dans une nature protectrice, à travers champs, perdus dans des forêts, nageant seuls dans un lac secret, m'ont touché par leur grâce, alors que je ne suis pourtant pas d'ordinaire réceptif à cet appel à l'état de nature, parfois cliché. Ici, cela a marché, tout a fait sens, je voyais les paysages défiler en même temps que les inhibitions éclater et la proximité entre deux êtres éclore. Et ces moments de pure grâce ne peuvent que rendre d'autant plus déchirants les multiples retours à la réalité, la réalité de la ville froide, celle de la société inique du Parti, celle de l'injustice de ne pas encore savoir qu'il est possible s'aimer entre hommes.

Ha si, un élément de style me vient à l'esprit qu'il serait bien difficile d'ignorer : le narrateur te parle à toi. Par le truchement de ce you si naturel dans le registre épistolaire, et parce que je suis gay aussi, le narrateur m'a parlé. Les mots ont résonné, leur sens, le vide qu'ils laissent entendre, cette mélancolie du narrateur qui se meut en acceptation. Ces mots sont aussi un pas vers l'avant, vers une autre vie possible, comme si les coucher sur le papier refermait un petit peu la plaie d'une histoire qui aurait pu être heureuse.

Beaucoup de choses m'ont traversé l'esprit à la lecture, mais je n'essaierai pas d'en dire plus ici, j'ai simplement été conquis.
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On a toujours quelque chose à apprendre en lisant des livres. Et celui-ci ne fait pas exception.

D'autant plus qu'il se passe en Pologne et de base, la Pologne ne fait pas vraiment partie des sujets que je maîtrise le mieux. J'ai déjà du mal à placer Limoges sur une carte, alors l'histoire-géo de la Pologne ... ça me parle autant qu'un igloo pour un chameau. Je connais quand même deux ou trois trucs : la capitale Varsovie, son tristement célèbre ghetto de la seconde guerre mondiale, le film "Le pianiste" de Polanski (qui parle du ghetto de Varsovie) et ... c'est tout. Ah si, il y a aussi Jean-Paul II qui était polonais, ça compte ça aussi ?

Quoi qu'il en soit, il s'agit d'une histoire d'amour qui se passe en Pologne.

Ludwik est gamin dans les années 50-60, après la 2nd guerre mondiale. Il sait qu'il est homosexuel depuis son adolescence. Ça ne fait pas de doute pour lui étant donné l'attirance qu'il a pour les garçons de son âge, attirance qui se concrétise notamment par une certaine émotion lorsqu'il voit les stouquettes de ses camarades de classe dans le vestiaire. Elle se matérialise aussi par un bisou, échangé presque discrètement avec son meilleur copain Beniek au cours d'une boom.

Malheureusement, Beniek va disparaître brusquement de sa vie le lendemain sans prévenir, sans adieu, sans même une main serrée ...  Ludwik comprendra plus tard, lorsqu'il sera en âge de comprendre, que les juifs, même si on ne les enfermaient plus trop dans des camps sordides, n'étaient toujours pas particulièrement persona grata à cette époque là et préféraient s'exiler en Israël pensant y trouver une certaine sérénité.

Du coup, Ludwik se retrouve seul avec son homosexualité. Il va grandir avec dans un pays où, même si elle n'est plus pénalement répréhensible, l'homosexualité reste considérée comme une étrangeté malsaine par le régime en place, un poil autoritaire, sous la coupe de l'URSS déployant un socialisme qui ne ressemble pas vraiment à celui du dernier Président francais François Groland se revendiquant de cette mouvance (socialiste, hin, pas homosexuelle). Pendant que les hooligans en chandail Pierre Cardin protestaient en France contre le mariage pour tous, en Pologne, un certain nombre de lieux se voyaient interdire leur accès aux homosexuels. Deux salles, deux ambiances.

Tout ça pour dire que dans les années 80 en Pologne, il ne fait pas bon afficher son attirance pour les ensembles trois pièces quand on est un homme et qu'on souhaite ne pas avoir d'ennui. Son homosexualité, Ludwik va donc la refouler tant bien que mal en faisant semblant du mieux qu'il peut.

Mais, ce qui devait arriver arriva. Lors d'une espèce de service civique, un camp d'éducation par le travail pendant lequel les jeunes polonais pseudo-volontaires, garçons et filles, vont aux champs ramasser des betteraves au service de la patrie, Ludwik rencontre Janusz de qui il tombe immédiatement amoureux. Amour qui va s'avérer être totalement réciproque. Amour qu'ils vont devoir apprendre à vivre le plus discrètement possible afin de le vivre le plus passionnément possible.

Mais la contestation gronde contre le régime dictatorial socialiste. Les prix augmentent. Les rations dans les assiettes diminuent. Il faut faire la queue des heures pour dégotter un bout de viande. Et ça, ça ne plaît pas vraiment à Ludwik qui se sent pousser des envies d'horizon occidental, la France, les États-Unis, la liberté, le capitalisme, la vie quoi ! de son côté, Janusz est lui plutôt dans le mood collabo et se dit qu'il vaut mieux se faire discret plutôt que de la ramener, et qu'il est plus efficace de continuer à faire jouer son petit réseau à coup de passe-droits pour vivre non pas sereinement mais au moins convenablement.

Cette différence de point de vue va inévitablement mettre de l'eau dans le gaz, surtout le jour où il sera quasiment impossible de trouver un médecin pour soigner la toux sanguinolante de Pani Kolecka, la grand mère de Ludwik ...

Mais au-delà de cette histoire d'amour, c'est surtout la superbe qualité de l'écriture qui interpelle pour un premier roman. C'est fluide, c'est imagé, c'est touchant.

Il y aurait même un peu de poésie parfois dans la maniere de décrire les paysages, les sentiments, les atmosphères.

Cette atmosphère lourde de la vie sous un régime socialiste soviétique, la descente lente de la population vers la pauvreté, la privation progressive des libertés, la répression policière et le grondement émergent de la contestation de la composante ouvrière sont racontés avec une finesse qui s'empare de nous, l'air de rien.

La mélancolie transpire de ces 222 pages où la puissance de l'amour passionnel, l'espoir d'une révolution salvatrice contrastent avec la douleur d'une vie pleine de nostalgie et d'oppression.

A l'heure où une "opération spéciale russe" tout droit sortie de livres d'Histoire poussiéreux fait rage en Ukraine aux portes de l'Europe, ce livre vient rappeler (voire apprendre) à nous autres, bisounours européens de moins de 80 ans, épargnés par les conflits, que la Pologne a aussi eu un passé compliqué au XXe siècle, balancée façon ping pong entre les grosses mains dégueulasses et pas toujours bienveillantes de ses deux voisins allemand et russe.

On se consolera en écoutant la chanson Warszawa de David Bowie écrite lorsque son train s'est arrêté entre Moscou et Berlin. Ou encore un morceau de Chopin dont le coeur est inhumé dans une colonne de marbre de l'église de la Sainte-Croix de Varsovie.

Et tant d'autres détails qui donnent du corps à cette histoire pleine de tendresse et de tristesse.
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Quelle puissance.. les mots sont posés, étudiés et libérés. Dans ces années où la liberté est réduite dans certains pays, certains se risquent à aimer. Mais doit-on faire cela ? Je ne pense pas.. cet amour qui devrait être libre et sans réflexion est traité ici avec beaucoup de pudeur. Une histoire factuelle parmi un monde ou l'absurdité nous joue parfois des tours.. un monde où l'on aimerait juste aimer la personne que l'on souhaite, peu importe ses choix.
Je vous invite grandement à le lire, le découvrir et le partager, pour les valeurs véhiculées.
Encore un grand merci à la maison d'edition de m'avoir permis de le lire.
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Tomasz Jedrowski nous fait plonger dans la Pologne des années 80. Nous faisons la connaissance de Ludwik et Janusz, deux jeunes hommes qui vont se découvrir une attirance réciproque. Cette idylle a du mal à prendre son envol alors que la République Populaire de Pologne vit sa dernière décennie avant l'arrivée de la troisième république. le Parti est omniprésent et il ne fait pas bon vivre différemment de la ligne officielle. Chacun des deux garçons va essayer de trouver une solution, au risque d'appréhender la vie totalement différemment. Qu'aurions-nous fait à leur place ? Faut-il renoncer à ses rêves pour mieux vivre son quotidien ?

L'auteur narre une histoire d'amour forte, contrariée, innocente et dangereuse. Les sentiments sont percutés par la réalité d'un pays en pleine mutation. le cruel quotidien de tout un chacun ne nous est pas épargné. Heureusement, de magnifiques bulles de bonheur sont offertes à Ludwik et Janusz, nous permettant également, à nous lecteurs, de garder espoir tout au long du roman. Même s'il m'a manqué un je ne sais quoi pour apprécier pleinement ma lecture, cela reste une très belle histoire, universelle, profonde et lourde de sens.

Je souhaite bonne chance à l'auteur et aux Éditions La Croisée pour ce roman qui concourt au prix du roman gay 2023.
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Un premier roman incroyablement poignant et poétique, qui m'a fait penser à "Napalm dans le coeur" (on reconnaît les choix d'édition de la Croisée !). J'ai été happée par cette lecture, courte et souvent poétique - j'ai relu plusieurs fois certaines phrases, tant elles étaient belles.

Dans un environnement hostile, comment apprendre à être ensemble quand on n'a aucun exemple de bonheur entre deux hommes ? Loin de la civilisation, Ludwik et Janusz se sont aimés intensément, mais le retour à la réalité est jonché d'embûches.

Les différences d'opinion politique, l'obligation de se cacher, les restrictions alimentaires dans une Pologne exsangue... beaucoup de points sont abordés en si peu de pages, et j'ai enchaîné les chapitres.

La subtilité est que nous savons, dès le début, comment cela se termine. Encore faut-il comprendre comment on en est arrivé là.

Merci aux éditions La Croisée et à NetGalley pour cette belle lecture.
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J'ai beaucoup aimé cette lecture, qui très vite a réussi à m'emporter à travers ses pages.
Dans la Pologne des années 80, Ludwik rencontre Janusz alors qu'ils sont dans un camp d'été obligatoire pour valider leurs diplômes universitaires. Attirés l'un par l'autre, ils finissent par nouer une relation amoureuse. Mais le retour à Varsovie s'avère compliqué à gérer, d'autant que Ludwik réalise très vite que leur vision des choses, et notamment de la politique en place dans le pays, est très différente. Alors que Ludwik rêve de liberté, ne supporte plus les privations imposées par le Parti, son omniprésence et son emprise sur tous les domaines, Janusz lui s'adapte à ce modèle pour profiter au mieux de ce qu'il peut lui donner.
Un roman d'apprentissage donc, construit comme une longue confession que Ludwik adresse à Janusz, porté par une magnifique plume. Un récit qui nous donne à voir les réalités de la vie en Pologne dans les années 80, intime et sensible, qui m'a également beaucoup ému.
Je remercie les éditions La Croisée et Babelio, sans qui je serai probablement passée à côté de cette très belle découverte.
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J'ai lu ce roman très rapidement car l'on plonge littéralement dans la vie de ce jeune homme polonais qui tente de trouver sa voix vers le bonheur. Pourtant tout est complexe dans ce pays socialiste où il est honteux d'être homosexuel et où les privilèges ne sont accordés que si l'on s'entoure des bonnes personnes...Quel choix aurions-nous fait? Un beau livre.
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