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Citations sur L'Art Français de la Guerre (107)

Nous mourons à petit feu de ne plus vouloir vivre ensemble.
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On prend place devant l' assiette que l'on nous a désignée. Tout le monde s'assoit devant une assiette , tout le monde a la sienne; tout le monde s'assoit avec un soupir d'aise d'aise mais ce soupir ce peut être aussi un peu de lassitude , de résignation , on ne sait jamais avec les soupirs. Personne ne manque, mais peut-être voudrait-on être ailleurs ; personne ne veut venir mais l'on serait mortifié si l'on redoute d'être exclu; être la est un ennui mais ne pas y être serait une souffrance . Alors on soupire et on mange

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On lentibardane sous les platanes


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L'ennemi est comme un poisson dans l'eau ? Eh bien que l'on vide l'eau ! Et pour faire bonne mesure, hérissons le sol de pointes, que l'on électrifiera. Les poissons périrent, la bataille fut gagnée, le champ de ruines nous resta acquis. Nous avions gagné par une explosion méthodique de la théorie de l'information ; et tout le reste fut perdu. Nous restâmes les maîtres d'une ville dévastée, vidée d'hommes à qui parler, hantée de fantômes électrocutés, une ville où ne restaient plus que la haine, la douleur atroce, et la peur générale. La solution que nous avions trouvée montrait cet aspect très reconnaissable du génie français. Les généraux Salan et Massu appliquèrent à la lettre les principes de géniale bêtise de Bouvard et Péruchet : dresser des listes, appliquer la raison en tout, provoquer des désastres. Nous allions avoir du mal à vivre ensemble.
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Rentrer, c'est renoncer à être parti, renoncer à cette journée-là comme début d'une vie. Rentrer, c'est froisser ce jour et le jeter comme un dessin raté.
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Il avait du souffle ,le grand général sans soldat qui manoeuvrait les mots,il avait le souffle romanesque.Il en usa dans ses livres et dans l'esprit même de ceux qui le lisait.L'esprit des français constitua l'oeuvre du romancier : il les réécrivit, les Français furent son grand roman.
p.556
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En tant que couple nous pratiquions surtout l'achat. L'achat fonde le couple ; le sexe également, mais le sexe ne nous inscrit que personnellement, alors que l'achat nous inscrit comme unité sociale, acteurs économiques compétents qui meublent leur temps (...)
Entre nous, nous parlions d'achats et nous les faisions ; entre amis nous parlions de nos achats, ceux que nous avions faits, ceux à faire, ceux que nous souhaitions faire. (...) On peut, entre soi, décrire indéfiniment l'objet du désir. Celui-ci s'achète car il est un objet. Le langage le dit, et cela rassure que le langage le dise ; et cela procure un désespoir infini que l'on ne peut même pas dire.
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- Dis Mariani, on ne se mélangerait pas un peu ? Nous sommes l'armée française, et nous menons une guerre de partisans contre l'armée régulière d'un mouvement qui mène une guérilla contre nous, qui luttons pour la protection du peuple vietnamien qui lutte pour son indépendance.
- Pour se battre, on sait faire. Pour ce qui est du pourquoi, j'espère qu'à Paris ils savent.
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J'avais travail, maison et femme, qui sont trois visages d'un réel unique, trois aspects d'une même victoire : le butin de la guerre sociale. Nous sommes encore des cavaliers scythes. Le travail c'est la guerre, le métier un exercice de la violence, la maison un fortin, et la femme une prise, jetée en travers du cheval et emportée.
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Ce fut un beau massacre que celui que nous perpétrâmes en mai 1945. Les amis barbouillées de sang nous pûmes rejoindre le camp des vainqueurs. Nous en avions la force. Nous contribuâmes in extremis au massacre général, selon les modalités du génie français. Notre participation fut enthousiaste, débridées, un peu débraillée, et surtout ouverte à tous. Le massacre fut brouillon, alcoolisé sûrement, tout empreint de furia francese. Au moment de faire les comptes de la grande guerre mondiale, nous participâmes au massacre général qui donna aux nations une place dans l'Histoire. Nous le fîmes avec le génie français et cela n'eut rien à voir avec ce que firent les Allemands, qui savaient programmer les meurtres et comptabiliser les corps, entiers ou par morceaux.Non plus avec ce que firent les Anglo-Saxons, désincarnés par la technique, qui confiaient à de grosses bombes lâchées d'en haut, la nuit, toute la tâche de la mort, et ils ne voyaient aucun des corps tués, vaporisés dans des éclairs de phosphore. Cela n'eut rien à voir avec ce que faisaient les Russes, qui comptaient sur le froid tragique de leur grande nature pour assurer l'élimination de masse ; ni avec ce que firent les Serbes, animés d'une robuste santé villageoise, qui égorgeaient leurs voisins au couteau comme ils le faisaient du cochon que l'on connaît pour l'avoir nourri ; ni même avec ce que firent les Japonais, embrochant à la baïonnette d'un geste d'escrime, en poussant des hurlements de théâtre. Ce massacre fut le nôtre et nous rejoignîmes in extremis le camp des vainqueurs en nous enduisant les mains de sang. Nous avions la force. "La paix pour dix ans", annonça le général Duval. Il n'avait pas tort, le général. A six mois près nous eûmes dix ans de paix. Ensuite, tout fut perdu. Tout. Eux et nous. Là-bas. Et ici.
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    "L'art français de la guerre" de Alexis Jenni

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